Depuis le 5 décembre et la première manif contre la réforme des retraites et ce système qui nous broie, Poitiers est sortie de sa torpeur, plusieurs rassemblements et actions s’enchaînent chaque jour. On vous propose des récits et analyses, glanés sur les lieux de luttes.
Les manifs du 5 décembre et leurs conséquences
« Même si on se fout des chiffres, voir autant de monde à Poitiers dans la manif contre la réforme des retraites, ça fait plaisir. C’était un peu comme la rentrée des classes : on se retrouve, on se rencontre, en espérant faire un bout de chemin ensemble. Une tentative de sortir du parcours déposé entraîne un coup de pression des flics, pour le reste, on a marché longtemps. La manif s’est terminée devant la préfecture, et une partie des manifestant·es est partie squatter devant le comico. Alors que les bleues commençaient à nous encercler, nous sommes parties en manif sauvage, direction le centre commercial des Cordeliers. Malgré le zèle des vigiles qui ont lamentablement tentés de nous arrêter physiquement, nous avons pu gueuler collectivement notre rage et notre haine de la société capitaliste et de ses avatars. La spontanéité est efficace pour contrecarrer les forces répressives.
Pourtant, cette escapade sauvage n’est pas restée sans conséquences. Lors de la manif du 10, la police se fait plus présente encore, en costume et en civile, remontant constamment les deux côtés du cortège et bloquant les rues le long du parcours, notamment l’accès menant aux Cordeliers. A la fin de la manif à Porte de Paris, le quartier est quadrillé, les flics sont partout. Une personne partant avec une banderole où figurait ACAB est arrêtée, et des lycéen·nes sont emmerdé·es. Soyons solidaires face à la répression ! »
Blocages du 6 et 11 décembre
« Le 6 décembre, le dépôt de bus Vitalis situé 9 avenue de Northampton a été bloqué dès 4h00 du matin par des grévistes et personnes en lutte. Le 10, c’était un centre industriel de tri postal qui était bloqué dès 19h suite à un rassemblement dans un autre lieu pour garder la surprise.
Il y a de nombreuses leçon à tirer de ces actions. Les effets du blocage ne se limitent pas à la durée durant lequel il est effectif. Celui de Vitalis a été levé vers 9h, mais le trafic de bus n’a repris son cours qu’à partir de 10h30. Ce moment joyeux et dansant à su briser un peu de la normalité mortifiante d’un vendredi matin à Poitiers.
De même, s’il n’a duré que quatre heures, le blocage du centre postal couplé à des grèves coordonnées a permis d’enrayer la machinerie bien huilée de la distribution du courrier pendant plusieurs jours.
Ces deux blocages se sont fait sur des appels de la CGT, dont les responsables n’ont eu aucun remord à serrer la main des policiers alors que ces derniers viennent, casqués et matraques à la main, mettre fin au blocage de Vitalis. Les flics iront jusqu’à sortir les boucliers pour les vidéos de la presse et les selfies des militant·es syndicaux·ales.
Si nous avons passé de bons moments, il faut tout de même s’interroger sur l’attitude de la CGT qui semble avoir négocié avec les flics et le patronat l’organisation de ces blocages, conduisant possiblement à en diminuer les effets. Ainsi en 2010, lors du mouvement contre la réforme des retraites, l’intersyndicale organisait des simulacres de blocage négociés en amont avec la préfecture et les patrons. Les marchandises étaient déjà parties lorsque les actions commençaient. »
12 décembre lycéen·nes en action
« Comme depuis quelques jours, les lycéen·nes sont déter : piquet de grève à Nelson Mandela, blocage à Victor Hugo et au LP2I, manif sauvage jusqu’à Camille Guérin pour inciter les copaines à les rejoindre…
Le même jour à Victor Hugo, 5 flics arrêtent une personne. Le journaliste de la NR recrache la version policière et parle de jet de projectile alors que l’interpellation violente fait suite à un contrôle d’identité. »
Qui que tu sois protèges-toi ! Autodéfense face à la police et la justice en dernière page.
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