La glane – ou récup – faut juste passer le cap, sortir des pensées moralisatrices qui nous trottent dans la tête, du genre : il y a des personnes pour qui c’est vital et moi non, et bien redonne, partage et rassure toi il y a souvent assez pour touste le monde ; on va me regarder chelou et bien emmerde leurs normes, organise-toi avec d’autres pour être plus fort·e.
Glaner c’est une manière de dire merde au capitalisme, à l’industrie alimentaire qui crée autant de déchets qu’elle produit de bouffe, de ne pas filer de thune aux patrons, de manger parfois des trucs que je ne pourrais jamais me payer, de régaler les copaines, de faire des cantines de soutiens pour mille et une choses. A Poitiers, c’est pas le paradis, beaucoup de supermarchés ont rendus inaccessibles leurs poubelles notamment les grandes surfaces, et les marchés c’est irrégulier, mais faut pas désespérer pour autant, reste déter !
Petit à petit
Pour commencer, le plus simple c’est de glaner en fin de marché. Il y a souvent des cagettes visibles avec des fruits et légumes dans des états plus ou moins chouettes, allant de la salade pré-compostée à la belle carotte juste tordue.
Quand tu rentres de glane c’est pas mal de prendre le temps de virer les parties moisies pour conserver les légumes plus longtemps et de tout laver. Il n’y a aucune « garantie fraîcheur » donc ça arrive que ton estomac soit mis à l’épreuve. Il y a des légumes qui tournent plus vite que d’autres, même après avoir été cuisiné. Conserve ça bien au frais et fait confiance à ton odorat et tes papilles, si c’est acide ou que ça pétille… c’est loupé. On parle souvent de javel balancée par des raclures, là aussi vu l’odeur tu ne peux pas te tromper, ça doit exister mais j’en ai jamais croisé. Sache que le proprio du conteneur est responsable de ses déchets donc tu peux porter plainte pour intox à la javel.
Aller à la source
Les fins de marchés : il faut capter l’heure ou les commercant.es commencent à remballer et donc jettent des trucs mais ou le service de nettoyage n’est pas encore passé. Les jours de beaux temps ça traîne plus que quand il fait moche. Tu peux aussi y aller direct et demander stand par stand si ielles n’ont pas des trucs à jeter. C’est un peu à la tête du client·e je trouve.
Les biobiotrucs : la majorité laisse leurs conteneurs accessibles, ou laisse les végétaux dehors le soir, certains donnent les invendus à des asso.
Les supermarchés : de plus en plus se dotent de compacteurs, ça se voit notamment sur une vue aérienne car il n’y a pas d’espace poubelle à l’air libre. Ceux-là c’est mort. Pour les autres qui ont barricadé leurs poubelles derrière des palissades ou dans des cages, tu peux guetter quel jour ielles les sortent dans la rue. Et il y en a encore qui ont leurs conteneurs accessibles, souvent derrière le magasin.
Qu’est-ce qu’on mange ?
J’espère que tu aimes les légumes car c’est quand même l’essentiel de ce que tu peux choper facilement. Dans les conteneurs ça mélange parfois végétaux et produits d’origine animale. A toi de voir ou de sentir et d’adapter à tes limites ou tes choix alimentaires. L’été faut oublier tout de suite ce qui est d’origine animale, avec la chaleur il y a des risques que ça ait tourné voir que la vie ait repris le dessus d’une autre manière.
Du côté de la loi
Si les poubelles sont sur l’espace public (trottoir, place de marché, route) tu peux y aller peinard·e, tu as pour une fois le droit avec toi. Il est tout de même possible que les gérant·es ou les riverain·es viennent te saouler. Quand c’est derrière ou à côté des magasins, même sans connaître le statut exact de l’espace (privé ou public), perso je ne me suis jamais fait emmerder dans ce genre d’endroit car les poubelles restent accessibles.
Matos
Une lampe frontale s’il fait nuit, des gants en plastiques, des sacs ou autre pour trimballer tes trouvailles (parfois ça jute un peu).
Pour que ça continu pour toi et les autres, pense à bien remettre tout ce que tu as sorti et laisse propre derrière toi.
par ben