Pourquoi la sinse ?

Le torchon a dès le départ été pensé comme un outil de propagande destiné à la rue, un moyen pour diffuser des idées et réflexions en dehors des petits cercles et milieux anarchistes et féministes. En nostalgique peut-être, on se laisse rêver à un temps ou les idées anarchistes étaient publiées dans des journaux, diffusées à la criée, à un temps où elles n’étaient pas cantonnées au fond d’un local, au sein de groupe affinitaires, mais discutées en place publique. À un temps où le président recevait des coups de couteaux et pas des gifles.
On sait que nos sujets et analyses sont limitées par le format même du torchon, 8 pages A5 c’est peu. C’est un exercice, de mettre en mots ou en images un sujet, c’est parfois trop court, ce qui nous amène à renvoyer souvent vers d’autres supports plus complets. Les articles n’ont pas vocation à faire le tour du sujet, à être exhaustifs, ils apportent des pistes, lancent des pavés dans des idées. On n’arrive pas avec des savoirs appris par cœur dans des bouquins ou en gourou, mais plutôt avec des regards et du tâtonnement.
Si la parution est relativement fréquente, c’est que nous souhaitons partir de ce qui se passe autour de nous localement et actuellement. Partir du quotidien, de choses palpables et concrètes pour démontrer que ce monde est pourri de l’intérieur, ça nous parle et on pense que ça peut parler à d’autres.
Le format papier et la gratuité est essentiel pour être donné de main à la main dans la rue ou déposé par-ci par-là. Donner en face-à-face permet parfois l’échange, de discuter sur les numéros précédents. Car concrètement, nous avons très peu de retours ou de critiques qui nous arrivent de l’extérieur, ce qui parfois amène à penser que ce projet est peut-être vain. Alors on ne cessera de le redire, que tu peux envoyer tes retours ou contributions.
Nous avons fait le choix de mettre La Sinse sur internet, pas parce que nous croyons aux bienfaits des technologies numériques, mais parce que nous croyons à son utilité à un instant T, ce but utilitariste nous confronte à nos propres contradictions.
Techniquement internet permet d’accéder aux anciens numéros et de pouvoir facilement récupérer des textes ou des images pour en faire d’autres choses. Un texte papier sous licence libre, c’est cool, mais qui va s’amuser à le retaper, pas grand monde.
On pense que ça peut également parler à un autre public que celui qui descend dans la rue ou fréquente les mêmes lieux que nous. Peut-être que cela n’est qu’une illusion mais celle-ci nous l’acceptons, celle que nous n’acceptons pas c’est celle qui serait de croire que grâce à internet une masse de gens se mettraient magiquement à lire un torchon anar. On n’est pas si crédule.