Depuis le dernier numéro, on a eu/assisté à quelques discussions sur les questions de solidarité face à la répression, notamment vis à vis des personnes incarnées.
La solidarité, on la différencie du soutien. Le soutien s’apparente à tout ce qui est « vital » et urgent pour aider la personne en taule, et souvent effectué par des personnes (très) proches : thune, parloir, lessive… La solidarité ça peut prendre pas mal de forme. Être tournée vers la personne à l’intérieur directement : l’écriture de lettre, l’envoie de matos, l’envoie de thune à des caisses de solidarité qui reverseront des mandats aux prisonnier.es… Mais aussi par la diffusion vers l’extérieur : l’affichage de banderoles, de tag, l’écriture de texte, la diffusion des idées et des actes portées par la personne, des actes de sabotages, des attaques de collabo institutionnel, de tout ce qui fait que les taules existent et plein d’autres choses auxquelles on ne pense même pas. Ca nous fait donc un peu chier de voir par endroit le slogan « la solidarité, c’est l’attaque » comme une ligne unique à suivre. Bha nan, la solidarité, c’est « aussi » l’attaque. L’attaque comme unique mot d’ordre nous semble toujours un peu teinté de virilisme, laissant de côté tout autre envie ou possibilité.
Ce qui nous questionne, c’est de quoi sommes-nous solidaires : d’un individu ayant réalisé (ou supposé réalisé) des actes ou d’actes réalisés (ou supposé) par un individu ?
On pense qu’on ne peut pas détacher les actes des personnes, on n’est pas solidaire des actes. Ce serait certes une manière de se faciliter la vie et de ne pas se questionner sur les personnes, mais cela oubli que si l’on témoigne de la solidarité c’est avant tout pour une personne.
Dans certains cas, comme dans les 2 témoignages de solidarité publiés précédemment dans la Sinse, il n’est pas possible de se détacher de l’individu. Ils sont nommés, incarnés, on en vient à parler d’eux comme si c’étaient des potes. La personnification nous rapproche, tend à nous donner l’illusion d’une connaissance réciproque, ce qui devient un brin plus touchant. On devient donc solidaire d’une personne en chair et en os, alors certes iel a fait des choses chouettes, mais est-iel chouette pour autant ? Les appels à solidarité que l’ontvoit paraître suite à des situations de répression, peuvent s’apparenter à une glorification du mec (hum souvent, très très très souvent) pour avoir réalisé des actes spectaculaires, déterminés, presque romantiques. Plus la répression et le vécu des prisonnières est véner plus on s’en souviendra comme des martyres. Il est rare qu’il soit rappelé dans ces moment-là que les individus ne sont jamais des héros et souvent sont des être plus complexe que ce que leurs actes laissent à voir.
On sait parfois que les personnes frappées par la répressions, ont fait de la merde par le passé, se pose alors la question de quand est-ce que l’on parle de ça. Car oui le plus courageux des anar reste une personne ayant été imprégné par le sexisme de cette société et l’a perpétué (plus ou moins certes). Et c’est bien souvent les violences sexistes qui sont passées à la trappe car : c’est pas le moment ! Mais de toute façon, c’est jamais le moment !
On émet une grande méfiance quant aux rumeurs qui se déforment, prennent parfois des proportions démesurées, qu’il est important de parler de faits concrets et de tenter de s’approcher de la réalité des actes et de ne pas surfer uniquement dans les ressentis. Cependant on sait qu’on ne peut pas parler publiquement des faits car dans ce moment de vulnérabilité face à la justice où toute info peut s’avérer récupérée pour faire pression, enfoncer encore plus l’accusé ce n’est pas ce que l’on souhaite non plus. Alors, que les infos se passent, soient dites de personnes de confiance à personne de confiance, pour que le piédestal tombent. Pour l’instant, on se pose aussi des questions sur comment être solidaire des personnes victimes/cibles et a quand les commités de soutien aux victimes du sexisme chez les anars ?
On se doute que tout n’est pas toujours maîtrisé par la personne dedans, on ne peut reprocher cela, et que parfois les diffusions et les tournures dépassent les personnes. On ne rejette pas la faute, juste on se dit qu’on peut peut-être mieux faire.