Nous sommes tous les camarades du S

A l’heure où nous écrivons ces lignes, notre camarade Serge se trouve dans le coma depuis 15 jours et son pronostic vital est toujours engagé. Nous tenons à remercier chaleureusement tous les camarades dont l’intervention rapide a permis de le maintenir en vie et celles et ceux qui le soignent au meilleur de leurs moyens aujourd’hui. Nous remercions également toutes les personnes qui, d’une manière ou d’une autre, ont fait part de leur solidarité à destination des blessés et des enfermés du mouvement.

Nous assistons, de loin, aux différentes tentatives de récupération par des politicards pour faire leur beurre sur la situation de Serge. Ils se dépouillent pour faire de nos luttes un tremplin afin de renforcer leur position dans le jeu politique. Et pour ça, ils veulent qu’on se tienne sage. Pourtant, ils savent pertinemment que l’État et les bourgeois, dont ils font partie, sont déterminés à ne rien lâcher.

Cette situation n’est pas nouvelle. Elle est mondiale, de la France à la Chine, de la Colombie à l’Iran. Partout, l’espoir des miettes s’estompe. Nos conditions de vie se dégradent aussi vite qu’ils s’enrichissent et partout où on se soulève, nous ne rencontrons plus que la répression et la violence de l’État comme réponse. Dire que le capitalisme n’a d’horizon que la mort, la guerre, la destruction, c’est prendre acte que la solution pour en finir se trouve du côté des luttes contre notre exploitation, des débordements, de nous.

Après des semaines de lutte en France, les directions syndicales et politiques peinent à défendre leur stratégie de maintien de l’ordre face aux millions de prolétaires qui ont donné de leur temps, de leur corps voire de leur vie pour gagner. Nous refusons leur défaite programmée et pour ça, à plein d’endroits, des formes d’organisations ont émergé pour nous permettre de prendre l’initiative et de renforcer la lutte, par les assemblées, par les occupations, par les manifs, par les grèves, par les blocages, par les sabotages. L’essentiel pour nous, c’est de construire l’unité à partir de celles et ceux qui refusent la division de la lutte et qui font aujourd’hui face à l’État. Ce qu’ils ont fait à Serge, ce qu’ils ont fait à tous les blessés et les enfermés, il n’y a pas moyen que ça passe.

Dans cette perspective, nous appelons à poursuivre les actions pour renforcer le mouvement et à les dédicacer à tous les blessés et les enfermés d’ici et d’ailleurs. De nombreuses banderoles ont fleuri dans les cortèges et sur les murs. Des métros portent le nom des blessés. Des chansons sortent. Des occupations et des sabotages se multiplient. Continuons.

Nous demandons également à toutes celles et ceux qui en France et autour du monde se reconnaîtront dans cet appel à faire de la semaine du 1er mai une semaine intensive d’actions contre l’État et le capital : au travail, dans les cortèges, sur les ronds-points, en dédicace à tous nos camarades blessés, tués et enfermés, d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui, qui ne peuvent pas y participer. Non pas dans un sens symbolique ou mémoriel mais bien dans l’objectif de lancer, relancer ou continuer les luttes auxquelles nous participons. Parce que ça aurait pu être n’importe lequel d’entre nous qui luttons, NOUS SOMMES TOUS LES CAMARADES DU S !

Vive la révolution !

PS : Nous relayons sur le blog lescamaradesdus.noblogs.org et les différents réseaux, l’ensemble des initiatives en dédicace aux blessés et enfermés qui pullulent un peu partout. Pour qu’on relaie les initiatives locales, envoyez les svp à s.informations@proton.me. Si des assemblées/groupes pensent mettre en place des actions fraîches pour la semaine d’action et après, faîtes le nous savoir.

Les camarades du S

Réflexions sur la solidarité

Depuis le dernier numéro, on a eu/assisté à quelques discussions sur les questions de solidarité face à la répression, notamment vis à vis des personnes incarnées.
La solidarité, on la différencie du soutien. Le soutien s’apparente à tout ce qui est « vital » et urgent pour aider la personne en taule, et souvent effectué par des personnes (très) proches : thune, parloir, lessive… La solidarité ça peut prendre pas mal de forme. Être tournée vers la personne à l’intérieur directement : l’écriture de lettre, l’envoie de matos, l’envoie de thune à des caisses de solidarité qui reverseront des mandats aux prisonnier.es… Mais aussi par la diffusion vers l’extérieur : l’affichage de banderoles, de tag, l’écriture de texte, la diffusion des idées et des actes portées par la personne, des actes de sabotages, des attaques de collabo institutionnel, de tout ce qui fait que les taules existent et plein d’autres choses auxquelles on ne pense même pas. Ca nous fait donc un peu chier de voir par endroit le slogan « la solidarité, c’est l’attaque » comme une ligne unique à suivre. Bha nan, la solidarité, c’est « aussi » l’attaque. L’attaque comme unique mot d’ordre nous semble toujours un peu teinté de virilisme, laissant de côté tout autre envie ou possibilité.
Ce qui nous questionne, c’est de quoi sommes-nous solidaires : d’un individu ayant réalisé (ou supposé réalisé) des actes ou d’actes réalisés (ou supposé) par un individu ?
On pense qu’on ne peut pas détacher les actes des personnes, on n’est pas solidaire des actes. Ce serait certes une manière de se faciliter la vie et de ne pas se questionner sur les personnes, mais cela oubli que si l’on témoigne de la solidarité c’est avant tout pour une personne.
Dans certains cas, comme dans les 2 témoignages de solidarité publiés précédemment dans la Sinse, il n’est pas possible de se détacher de l’individu. Ils sont nommés, incarnés, on en vient à parler d’eux comme si c’étaient des potes. La personnification nous rapproche, tend à nous donner l’illusion d’une connaissance réciproque, ce qui devient un brin plus touchant. On devient donc solidaire d’une personne en chair et en os, alors certes iel a fait des choses chouettes, mais est-iel chouette pour autant ? Les appels à solidarité que l’ontvoit paraître suite à des situations de répression, peuvent s’apparenter à une glorification du mec (hum souvent, très très très souvent) pour avoir réalisé des actes spectaculaires, déterminés, presque romantiques. Plus la répression et le vécu des prisonnières est véner plus on s’en souviendra comme des martyres. Il est rare qu’il soit rappelé dans ces moment-là que les individus ne sont jamais des héros et souvent sont des être plus complexe que ce que leurs actes laissent à voir.
On sait parfois que les personnes frappées par la répressions, ont fait de la merde par le passé, se pose alors la question de quand est-ce que l’on parle de ça. Car oui le plus courageux des anar reste une personne ayant été imprégné par le sexisme de cette société et l’a perpétué (plus ou moins certes). Et c’est bien souvent les violences sexistes qui sont passées à la trappe car : c’est pas le moment ! Mais de toute façon, c’est jamais le moment !
On émet une grande méfiance quant aux rumeurs qui se déforment, prennent parfois des proportions démesurées, qu’il est important de parler de faits concrets et de tenter de s’approcher de la réalité des actes et de ne pas surfer uniquement dans les ressentis. Cependant on sait qu’on ne peut pas parler publiquement des faits car dans ce moment de vulnérabilité face à la justice où toute info peut s’avérer récupérée pour faire pression, enfoncer encore plus l’accusé ce n’est pas ce que l’on souhaite non plus. Alors, que les infos se passent, soient dites de personnes de confiance à personne de confiance, pour que le piédestal tombent. Pour l’instant, on se pose aussi des questions sur comment être solidaire des personnes victimes/cibles et a quand les commités de soutien aux victimes du sexisme chez les anars ?
On se doute que tout n’est pas toujours maîtrisé par la personne dedans, on ne peut reprocher cela, et que parfois les diffusions et les tournures dépassent les personnes. On ne rejette pas la faute, juste on se dit qu’on peut peut-être mieux faire.

solidarité

Repris de la première lettre de prison et d’une affiche en solidarité disponible sur sansnom.noblogs.org

Un compagnon anarchiste, Ivan, a été arrêté en région parisienne le 11 juin 2022 par des flics de la Sous-Direction Anti-Terroriste de la Direction centrale de la police judiciaire. Il est actuellement inculpé pour six incendies de véhicules qui ont eu lieu à Paris et Montreuil entre janvier et juin, souvent revendiqué en solidarité avec des anarchistes en prison. Les flics ont mis en place des filatures, installé une caméra dans l’entrée de son immeuble, intercepté son courrier pour lui et une autre personne (non inculpée).

Vous pouvez lui écrire en taule à : Ivan Alocco
n°46355 MA de Villepinte
Avenue Vauban
93420 Villepinte

Repris d’un tract plus détaillé expliquant la situation disponible sur indymédia.lille

En avril 2020, Boris, un compagnon anarchiste a incendié sur le Mont Poupet (Jura) les antennes-relais des quatre opérateurs de téléphonie mobile, ainsi que celles des flics et des gendarmes. Il a été incarcéré en septembre 2020 à la prison de Nancy, puis condamné en avril 2021 à quatre ans de prison dont deux fermes. Dans une lettre publique écrite depuis la taule, il a défendu haut et fort son acte par sa volonté de s’opposer à travers l’action directe à la numérisation croissante de nos vies, avec tout le contrôle, les ravages environnementaux et sociaux qu’elle implique. En août 2021, il a été grièvement blessé dans un incendie de cellule, et se trouve depuis aux mains du pouvoir médical.
Alternant entre le coma artificiel et la semi-conscience pendant quelques mois, Boris n’a pas pu faire ses choix. Les médecins n’ont pas manqué de se tromper sur les diagnostics, mais toujours avec une assurance sans faille. Récemment Boris a été transféré dans un service qui ne correspond ni à sa situation ni à ses besoins. Profitant de sa tétraplégie actuelle, et malgré le fait qu’il est en état de parler, lucide et combatif, les médecins ont décidé de ne pas le réanimer si une nouvelle infection grave survenait. Ce n’est alors qu’en protestant et en faisant écrire des lettres qu’ils ont dû prendre en compte sa volonté de survivre et reprendre un minimum de soins actifs.
Mais cela est évidemment devenu peu à peu inacceptable pour le pouvoir hospitalier. C’est ainsi que tout un ensemble d’autoritaire ont décidé de le punir. Suite à un signalement d’une médecin et d’une assistante sociale, le parquet de besançon (le même chargé de l’affaire des antennes brûlées) et une juge ont décidé de mettre Boris sous tutelle renforcée. C’est la section département une association d’origine vichyiste, l’UDAF qui aura désormais la main sur l’ensemble de son courrier, ses comptes et ses ressources futures.
L’exploitation et la mise au pas des personnes considérées comme « fragiles » ou « anormales » est un business subventionné et un rouage bien ancré, que font tourner toute une clique de détenteurs d’autorité et de bonnes intentions paternalistes. C’est aussi contre la dépossession à l’œuvre de toutes et tous qu’il s’agit de lutter,
Solidarité active avec Boris, de la manière que chacun chacune trouvera la plus adéquate…

Solidarité avec Boris

Un compagnon, Boris, incarcéré à la taule de Nancy-Maxéville depuis septembre 2020 pour l’incendie de deux antennes-relais dans le Jura pendant le confinement, est actuellement plongé en coma artificiel au service des grands brûlés de l’hôpital de Metz. Le feu aurait pris vers 6h30 dans la cellule samedi 7 août. La seule certitude est que la prison est un système de torture institutionnalisée, et que l’État –de la police à la justice jusqu’à la prison–, est directement responsable de cette situation. Que la tristesse se transforme en rage contre toute autorité….

Solidarité avec les rebelles de la forêt

Parce quee nous pensons que la solidarité doit s’affranchir des frontières, nous diffusons cet appel à la solidarité avec une lutte en Allemagne ainsi qu’une photo qui nous est parvenue par mail.

[squat.net]

Le 10 novembre a commencé l’expulsion de la forêt de Dannenröder (Allemagne), squattée depuis septembre 2019. La police a attaquée de nombreuses cabanes perchées dans les arbres. Ces cabane, situées sur le couloir de construction du tronçon d’autoroute A49, visent notamment à empêcher l’abattage des arbres et donc à empêcher la réalisation de l’autoroute.
À cause des interventions quotidiennes des flics, plusieurs personnes sont blessées, parfois gravement. D’autres ont été arrêtées et quelques unes ont étés jetées en prison.En envoyant des centaines de flics occuper la zone et procéder à l’expulsion, l’état (propriétaire de DEGES, entrepris e qui construit le tronçon) se met comme toujours au service de ceux qui recherchent à tout prix à faire du fric sur la vie.
Cette décision ne nous surprend pas et réaffirme notre volonté de lutter contre le capital et pour une écologie radicale, sans concessions !
Nous qui vivons en ville, exprimons notre solidarité la plus chaleureuse aux rebelles de la forêt, et n’oublions pas que si nos luttes prennent des formes différentes, elles se retrouvent dans des pratiques communes, celles des groupes auto-organisés, des barricades et des assemblées horizontales, contre l’oppression, l’exploitation, et pour la liberté !
Envoyez vos messages de soutien à solidaritynoborders@@@riseup.net, en précisant si les photos peuvent être publiées sur internet ou juste transmises aux ami.es.

Qui sème la misère récolte une volée de pierres, écolos, déters et révolutionnaires !

Ce n’est pas seulement en Allemagne que les forêts sont rasées pour laisser la place aux infrastructures du capitalisme ou transformées en usine à bois, mais partout dans le monde. Nous pensons notamment aux coupes rases dans la forêt de Scévolles, près de Loudun ou encore à la tentative infructueuse d’installation d’une usine à pellets à Bugeat. Nous n’oublions pas non plus les 13 zadistes condamnés récemment en appel dans la lutte contre le CGO à Strasbourg.

Cortège de fete

Depuis plusieurs semaines, on se retrouve chaque samedi en centre ville contre l’ordre policier et la société qui en a besoin. On se retrouve nombreux.ses et déter. Et ça fait plaisir! Ça fait plaisir de voir de moins en moins de gens qui filment et de plus en plus de personnes qui leur disent d’arrêter cette pratique qui nous met en danger. Plaisir de voir que certaines caméras ont été repeintes. Ça fait plaisir de voir autant de personnes qui ne se reconnaissent plus dans les promenades syndicales et préfèrent les manifs sauvages, largement plus vivantes. Les sauvages ne sont pas des moments folkloriques mais sont un moyen concret de perturber le dispositif policier. Les trajets convenus avec la préfecture permettent aux flics de se préparer aux mieux et donc de limiter notre action. La police peut dévier le trafic, stationner à des endroits clés ou nous bloquer l’accès à certaines rues.
Face à un dispositif policier poitevin très lourdement équipé par rapport à nous, notre force repose en partie sur notre imprévisibilité. Une sauvage qui reproduit semaine après semaine les mêmes parcours et tente vainement d’accéder à des endroits inaccessibles perd de de sa spontanéité et donc une partie de ce qui fait sa force : sa capacité à contourner le dispositif policier.
Un autre élément qui fait notre force, c’est la solidarité. Si nous courons, si nous nous dispersons, si nous nous scindons dès les premiers tirs de lacrymo, nous allons laisser des compas isolé.es derrière nous. C’est ces moments là que la police va utiliser pour arrêter des manifestant.es, ce qui à conduit à une GaV samedi 12 décembre. Ne pas courir mais marcher vite pour éviter des mouvements de panique, se regrouper et attendre pour permettre aux blessé.es de reprendre des forces, nous permettent d’être solidaire.

 

Soutien aux 7 de Toulouse

[…] Mardi 15 septembre, des personnes se sont baladé.e.s dans le quartier des Minimes (Mazade) à Toulouse et ont recouvert les murs d’affiches et de tags contre la police, la justice, le confinement imposé, l’Etat et le patriarcat. Suite à la dénonciation d’un voisin, les flics débarquent et arrêtent 7 personnes.
Trois jours plus tard, ils/elles sont condamné.e.s à deux mois de prison ferme pour « dégradations en réunion », « identité imaginaire », « refus de signalétique et de prélèvement ADN ». Suite à cette audience, une autre personne sera poursuivie pour « outrage à magistrat » et sera condamnée à trois mois de sursis. Ces condamnations, si elles sont rudes, n’ont rien d’étonnantes. La police et la justice n’aiment pas que l’on s’en prenne à eux et/ou que l’on déjoue ses tentatives d’identification. Bras armé de l’Etat, ils font comme d’hab leur sal taff d’enfermer, d’humilier, d’essayer de briser tout élan de révolte et de subversion.ferme bien sa gueule et subisse en silence. […]

Le 26 septembre 2020, à la MAF (Maison d’arrêt des femmes) de Seysses.

Salut le dehors,
On vient d’achever une semaine de flou, d’inquiétude et d’incertitude, par rapport à nos choix (avoir tenu les identités, nié les faits, accepté la compa, refusé l’adn et la signalétique…)
Mais aussi en partie grâce au précieux soutien de l’extérieur, nous tenions à réaffirmer ces choix qui ont été difficiles à prendre à 7 sans communications ni avocat.
Nous ne sommes pas là JUSTE pour des tags et des affiches.
On est là pour nos choix, pour nos idées, parce qu’on est anarchistes, parce qu’on a craché sur leurs gueules jusqu’au bout. Et même si le jugement a été dur, on a rien lâché! Ce n’est pas une injustice à nos yeux parce qu’on ne croît pas en la justice. Quelques soient nos actes, nous ne serons jamais innocentes, ni victimes!
C’est important pour nous de réaffirmer ça parce que c’est important pour nous et qu’en plus, pour la plupart des gens ici, nos actes paraissent absurdes, ce qui rajoute de l’isolement à l’enfermement. D’ailleurs, les juges, les flics et les matonnes le savent très bien, et n’ont de cesse de jouer sur ça.
On espère que cette lettre puisse nous redonner de la force et en redonner à toutes celles qui, peut-être, feraient des choix similaires. A y bien penser, si c’était à refaire, nous referions pareil :)
Encore une fois, contre les juges les flics et les maton-n-es, CRÈVE L’AUTORITÉ!!
Aujourd’hui, on écrit à 2 mais peut-être bientôt à 7! Big up à nos 5 compagnons, si loin et si proches!

Pour leur écrire :
https://nantes.indymedia.org/articles/51162

textes trouvés sur nantes.indymedia.org

Autour des violences sexuelles

Le texte et les brochures qui suivent parlent de sexualités et d’agression. Ce sont des sujets qui remuent, donc faites attention à vous avant.

Le système patriarcal ce n’est pas seulement des individus de pouvoir et des institutions qui perpétuent la domination masculine, c’est un véritable poison qui vient pourrir jusqu’à nos interactions quotidiennes. Lutter contre les violences sexuelles, c’est aussi bien déconstruire toutes ces pressions qui nous font accepter et tolérer l’inacceptable qu’apprendre à régler nos comptes. La culture du viol n’est pas le privilège de quelques ordures mais une culture dans laquelle nous baignons toustes. Il faut détruire un ensemble de mentalité, d’institution et d’individu qui l’entretiennent et en tirent profit.

Une étape indispensable est de comprendre les jeux de pouvoirs et de manipulations au sein de nos relations. Démasquer les pressions que l’on se met nous-mêmes, révéler les manipulations et violences qui conduisent à ce qu’une relation désirée entre des personnes ne se transforme pas en un asservissement aux désirs d’une seule ou à ceux que nous impose la société. Il s’agit aussi de détruir les représentations de la sexualité véhiculées autour de nous et de les remplacer par ce que nous désirons.
Pour continuer cette réflexion, nous vous conseillons les articles du blog antisexisme.net sur les « interactions sexuelles à coercition graduelle »

Entre les interactions librement consenties et celles qui sont qualifiées de violences sexuelles, il existe toute une gamme d’interactions qui dépassent nos limites à des degrés divers. Ces dépassements ne sont pas forcément considérés comme des violences, que ce soit par la personne qui les dépassent ou la personne dont les limites sont dépassée. Cela est liée au fait que nos représentations des violences sexuelles sont si dramatiques qu’elles conduisent à dissimuler un nombre d’actions qui nous posent probleme à divers degrés. Nous nous retrouvons privé.es de terme pour définir de manière appropriée ce que nous avons vécu.es.
C’est ce sujet qu’approfondis la brochure Nous sommes touTEs des survivanTEs, nous sommes touTEs des agresseurSE.

Mais une fois que nous avons identifié un comportement problématique, réussi à mettre des mots sur nos expériences et nos ressenties, que faire ? Surtout comment faire lorsque l’on refuse de participer au jeux des tribunaux et de l’Etat ? Pas une réponse unique mais une multitude de possibilités, de propositions qui peuvent se succéder comme se combiner. Cela peut aussi bien passer par des processus de responsabilisation et transformation des personnes qui ont blessés, que par l’exclusion ou autres. Cela peut aussi être une remise en question des comportements et normes sociales qui servent de terreau à ces agressions (par exemple certaines manifestations de la culture du viol ou des éléments de la culture de l’intoxication), la mise en place de groupes en non-mixité… Mais aussi en élargissant la question aux réflexions concernant la gestion des conflits de manière plus générale.
C’est sur cet ensemble de perspectives que des compas nord-américain livrent un retour critique dans Accounting for ourselves. En quelques pages sont évoquées les limites de ces méthodes ainsi que des idées pour les dépasser.

Parce que sur le sujet des violences sexuelles, un des éléments importants est d’aider aux bien-être des personnes concernées, nous ne pouvons que très fortement vous conseiller la lecture de la brochure Soutenir un-e survivant-e d’agression sexuelle.

Le placard

Le placard c’est un lieu à remplir d’outils pour déconstruire ce qui nous détruit et reconstruire selon d’autres envies. Un bric à brac pour tendre vers l’autonomie, échanger des savoirs et pratiques, se défendre contre ce monde pourri, créer, inventer… Dans ce lieu on tente d’être attentif·ves aux autres, de créer de nouvelles étagère pour y ranger plein de trucs plus que de reconstruire des murs entre nous.
Le placard est ouvert pour se rencontrer, apprendre les un.es des autres, faire évoluer les et ses idées.
Le placard est un lieu collectif, avec la volonté que sa gestion et son organisation le soit aussi. On tentera d’être moins opaque qu’une porte de placard. *C’est qui on ? C’est un nuage d’individus, à géométrie variable, regroupé pour faire vivre ce lieu et des idées, indépendant de tous partis, orga institutionnelle, petit·e chef·fe… et on souhaite le rester.
Si tu as envie de t’y investir, de proposer des choses la porte du placard est ouverte.

Ouvert le dimanche après-midi et parfois le mercredi
Au 23 route de paris à Poitiers
Le programme à jour sur https://leplacard.noblogs.org

Pensée anarchiste : J’aurais jeté cette bombe moi-même

Lucy Parsons (1851-1942) s’est battue toute sa vie pour la liberté, que ce soit par ses écrits dans The Alarm ou The Liberator, mais aussi en fondant l’Industrial Workers of the World (IWW), un des plus grand syndicat états-uniens de la fin du XIXe siècle. Dans ce texte de 1886, elle prend la défense des anarchistes de Chicago condamnés à mort suite à l’affaire de Haymarket Square. Parmis eux, son époux Albert Parsons.

Vous demandez-vous pourquoi il y a des anarchistes dans ce pays, dans cette grande terre de liberté, comme vous aimez l’appeler ? Allez donc à New York. […] Faites le compte des myriades d’affamés ; du nombre croissant des milliers de sans-logis ; comptez donc tous ceux qui travaillent plus dur que des esclaves et vivent de moins encore, avec moins de confort que les esclaves les plus démunis. […] Ils ne sont pas objets de charité, ils sont les victimes de l’injustice flagrante qui imprègne le système de gouvernement, et de l’économie politique qui prédomine de l’Atlantique au Pacifique.
[…]
Vous avez entendu parler d’un certain rassemblement d’Haymarket. Vous avez entendu parler d’une bombe. Vous avez entendu parler d’arrestations et d’arrestations suivantes par des inspecteurs.
[…] Les bombes de dynamite peuvent tuer, peuvent assassiner, comme le peuvent les mitrailleuses Gatling. Supposez que la bombe ait été lancée par un anarchiste. Le rassemblement d’Haymarket Square était un rassemblement pacifique. Supposez, lorsqu’un anarchiste a vu les policiers arriver sur place, avec le meurtre dans leurs yeux, déterminés à briser ce rassemblement, supposez qu’il ait lancé cette bombe ; il n’aurait enfreint aucune loi. Voilà ce que serait le verdict de vos enfants. Si j’avais été présente, si j’avais vu ces policiers assassins s’approcher, si j’avais entendu cet ordre insolent de dispersion, si j’avais entendu Fielden dire « Capitaine, c’est un rassemblement pacifique », si j’avais vu les libertés de mes concitoyens foulées aux pieds, j’aurais jeté cette bombe moi-même. … Je méprise le meurtre. Mais lorsqu’une balle de revolver d’un policier tue, il s’agit bien plus d’un meurtre que lorsque la mort résulte de l’explosion d’une bombe.
[…]
La découverte de la dynamite et son utilisation par des anarchistes est une répétition de l’histoire. Quand la poudre fut découverte, le système féodal était au faîte de sa puissance. Sa découverte et son usage engendrèrent les classes moyennes. Sa première détonation sonna le glas du système féodal. La bombe de Chicago a sonné la chute du système salarial du dix-neuvième siècle. Pourquoi ? Parce que je sais qu’à l’avenir plus aucune personne intelligente ne se soumettra au despotisme. Elle signifie la dispersion du pouvoir. Je ne dis à personne d’en user. Mais ce fut une réalisation de la science, non de l’anarchie, faite pour les masses. […]

Il fut démontré au procès que le rassemblement d’Haymarket n’était le résultat d’aucun complot, mais advint de la façon suivante. La veille du jour où les esclaves salariés de l’usine McCormick firent grève pour la journée de travail de huit heures, McCormick, de son luxueux bureau, d’un seul coup de crayon tenu par ses doigts oisifs et ornés de bagues, avait privé 4.000 hommes de leurs emplois. Certains se sont réunis et ont bloqué l’usine. … Les policiers furent envoyés et ils tuèrent six esclaves salariés. Et cela, vous ne le saviez pas. La presse capitaliste passa cela sous silence, mais elle fit grand bruit de la mort de quelques policiers. Alors ces fous d’anarchistes, c’est ainsi qu’ils furent appelés, pensèrent qu’un rassemblement devrait être tenu pour réfléchir sur le meurtre des six camarades et discuter du mouvement des huit heures. Le rassemblement se tint. Il était pacifique. Quand Bonfield ordonna à la police de charger ces pacifiques anarchistes, quand il hissa le drapeau américain, il aurait dû être flingué sur le champ.
[…]
Laissez les enfants des travailleurs placer des lauriers sur le front de ces héros modernes, parce qu’ils n’ont commis aucun crime. Brisez le double joug. Le pain c’est la liberté et la liberté c’est le pain.