Aux États-Unis, le meurtre de Georges Floyd par des policiers fin mai a lancé une grande vague d’actions contre le racisme et la violence policière. Cette révolte a su trouver des échos aussi en France, dans le cadre de la lutte contre les « violences policières ». Mais qu’es que c’est une « violence policière » ? Est-ce seulement quand les bourreaux en uniforme tuent ? Est-ce seulement quand la vermine assermentée frappe, blesse ou mutile ?
Ou est-ce que tout cela n’est-il que l’aboutissement logique et prévisible de toute une institution conçue pour dominer ? Si cela est-le cas, alors il est vain de penser que ce sont quelques caméras, quelques formations, quelques changement de tête qui suffiront à y mettre fin.
Aujourd’hui comme hier, la police est au service de la domination. Elle est à la fois le produit et l’outil au service d’un système raciste, capitaliste, patriarcal, LGBTophobe. C’est le même uniforme qui hier déportait les juifs et aujourd’hui enferme les migrants dans les CRA, rase les campements et les torture. C’est la même mentalité de brutes sadiques qui hier ratissait les rues d’Alger pour imposer dans le sang l’ordre colonial et qui aujourd’hui harcèle les habitant·es des quartiers populaires. Et de tout temps, c’est la même matraque au service des exploiteurs. Selon les chiffres du ministère de l’intérieur, qui ne prennent pas en compte l’usage des grenades lacrymogènes ou assourdissantes, l’usage des armes non létales a été multiplié par neuf entre 2009 et 2018. Ce ne sont pas les manifestations qui sont plus violentes mais la police.
Le système policier, judiciaire et carcéral n’est une menace que pour celleux que l’état veut garder sous contrôle, celleux dont les désirs sont dangereux pour la domination. C’est pour cela que les policiers violeurs du Quai d’Orsay, qui avaient été soutenu au moment de leur procès par leurs collègues, sont aujourd’hui libre(1) mais que des centaines de Gilets Jaunes révolté.es ont été enfermé.es dans les geôles de l’état.
La police dit lutter contre les agressions sexuelles et les violences conjugales, mais ce sont bien des flics qui régulièrement violent des prostituées(2) et qui frappent/Sviolent leurs compagnes sous la menace de leurs armes de service(3). Ce sont bien les flics à la cervelle pourrie par la culture du viol et le machisme qui participent à diffuser cette mentalité dans la société. Et c’est bien Gérard Darmanin, actuel ministre de l’intérieur, qui est accusé de deux viols.
La police dit nous protéger du vol, pourtant c’est bien elle qui vient intimider, gazer et matraquer celleux qui se font chaque jour voler leur force de travail par les exploiteurs. Ce sont les salariés des raffineries qui subissent la police, pas les propriétaires de TOTAL. Pourtant, c’est bien la fortune de ces derniers qui est bâti sur le vol et l’exploitation. C’était les esclaves que la police traquait dans les Antilles, pas les esclavagistes. Ces derniers ont même eu droit en 1848 à des indemnités financière pour « compenser les pertes économiques que la fin de l’esclavage entraînait pour eux »(4).
La guerre contre la drogue qui remplit les geôles, est surtout une excuse pour criminaliser la pauvreté et procéder à un harcèlement raciste. Ce n’est pas la dangerosité des produits qui est criminalisé mais les profils des consommateurices et vendeur·euses. C’est pour cela que ce sont les plantations de cannabis qui sont détruites, mais pas les vignobles de Bernard Arnault (Henessy) ni les usines de la famille Ricard.
Les délits et les crimes qu’elle utilise comme excuse pour justifier son existence sont les produits même du monde merdique qu’elle défend et étend. Si l’on veut mettre fin aux violences policières, il faut mettre fin à la police et au monde qui en a besoin. Le monde que nous portons dans nos cœurs, ce monde de liberté, ne peut pas exister tant que l’horizon sera bouché par les commissariats, les tribunaux et les prisons. Tout cela doit disparaître pour qu’enfin l’avenir s’ouvre réellement à nous.
3 : Silence, on cogne de Sophie Boutboul, Alizé Bernard
4 : https://lejournal.cnrs.fr/articles/quelles-reparations-pour-lesclavage