Présentation du CSRC

En mars 2023 est paru le 1er numéro du bulletin du Centre de documentation sur la contre-surveillance (CSRC). Le CSRC se présente sous la forme d’un site internet (csrc.link) rassemblant de nombreuses ressources pour se protéger et réagir aux stratégies répressives de l’état. On pourra y trouver aussi bien des informations sur la culture de la sécurité, sur les micros et caméras espions que sur la sécurité numérique. Si les ressources disponibles sont principalement des textes, on y trouve aussi des cartes, des logiciels, des audios ou des affiches. On y trouvera aussi bien des guides techniques, des analyses de dossier d’enquête que des articles de journaux. Le tout dans de nombreuses langues. En plus de cette bibliothèque documentaire, on trouvera sur le site la Threat Library.
La Threat Library « documente deux douzaines de techniques de maintien de l’ordre différentes, les divisant en trois tactiques (dissuasion, incrimination et arrestation) et proposant pour chacune d’elles des mesures d’atténuation [mitigations] potentielles, c’est-à-dire des moyens de limiter les dégâts. Elle établit également un lien entre ces techniques et des opérations répressives spécifiques menées par les États contre des anarchistes au cours des deux dernières décennies.
La Threat Library est destinée à vous aider à « établir un modèle de menace », processus par lequel vous essayez de comprendre quels types de mesures l’État est susceptible de prendre contre vous afin de vous y préparer.
« Le CSRC suggère d’utiliser la Threat Library pour créer des « arbres d’attaque » [attack trees]. « Les arbres d’attaque sont un outil permettant de faciliter un brainstorming collectif sur les différentes façons dont un adversaire pourrait réussir à vous attaquer dans un contexte donné, en représentant les attaques sous la forme d’un arbre. » »
« La Threat Library peut aussi être consultée en dehors de l’établissement d’un modèle de menace. Supposons que les anarchistes de ma région ont l’habitude de faire face à des infiltré·e·s ou des indics qui tentent de briser leur organisation. Dans l’onglet « Incrimination », je sélectionne « Infiltrators ». En 300 mots, l’entrée liste cinq principaux types d’infiltré·e·s et propose trois mesures d’atténuation possibles (l’attaque, le principe need-to-know, et un exercice consistant à faire une carte de nos relations sociales). Si je clique sur le lien « infiltrators topic », j’obtiens une liste de 27 textes écrits par des anarchistes sur des infiltré·e·s dans leurs réseaux. Ma peur des infiltré·e·s est atténuée par la connaissance des signes spécifiques à rechercher et par des outils pratiques pour renforcer mes réseaux de confiance. »

Pour celleux qui ont des choses à cacher

csrc.link/fr

Suggestions de lecture :

• CSRC Bulletin
• Point sécu : le « kiosk », arme ultime de la police ?
• Les Groupes Affinitaires : l’élément essentiel de l’organisation anarchiste
• Assurance, courage, lien, confiance : une proposition de culture de sécurité

Quel chemin ?

A Sainte Soline en 2023, comme à Sivens en 2014 contre la contruction d’un barrage, l’état a montré qu’il était prêt à aller loin, à mutiler, à tuer (Rémi Fraisse), à mettre dans le coma (Mickaël et Serge), pour sauvegarder l’idée d’une agriculture irriguée, essentiellement au service de l’élevage intensif. Dénoncer la violence de l’état et de ses sbires, se réjouir des égratignures infligée à la face de l’ordre et soutenir le besoin, l’envie, la légitimité d’aller se fritter avec les keufs, ne doit pas empêcher d’avoir un regard critique sur comment on en arrive là. « Celui qui s’engage sur la route et prend un mauvais virage ne va pas là où il a l’intention d’aller mais là où la route le mène. » [E. Malatesta]
Ce qui questionne à Sainte Soline, et ce depuis le premier rassemblement en octobre 2022, c’est pourquoi avoir pris cette route ? Pour quels objectifs et par quel moyen elle a été tracée.
Sur la page des Soulèvement De La Terre, le but publique affiché du 25 mars est d’« impacter concrètement les projets de bassines et leur construction ». Comme en octobre, le chantier est vide, grillagé mais vachement mieux défendu. Au max il y a quelques pompes et canalisations à saboter. D’ailleurs, maintenant on dit : « désarmer » pour que ça passe mieux dans les médias, ça fait moins véner, tous le monde peut donc se l’approprier, mais en contre partie est-ce que ça ne dissocie pas le bon sabotage du mauvais sabotage ? Des sabotages de bassines, il y en a 13 de dénombrés à ce jour. Les seuls cas de répression connus liés à cela, c’est lors de manifs. Des arrestations ont eu lieu pour des sabotages en direct ou après les manifs suites aux recherches des keuf (analyse photos et vidéo, plaque immatriculation, relevé téléphonique…). Donc dans la situation actuelle, pourquoi aller chercher à « impacter » les projets de bassines sous l’œil des keufs et des caméras (des nid à merde qui ne font que donner des infos au flic au passage) ? Pourquoi rassembler des milliers de personnes à la même heure au même endroit pour cela ? Pourquoi choisir une bassine in-dégradable ? Stratégiquement ça ne tient pas la route, il se serait passé quoi s’il n’y avait pas eu de keuf ? On comprend vite que le but, c’est d’aller mettre un drapeau au fond d’un trou de cailloux pour dire : on a gagné ! Quel impact concret sur le projets de bassine de Sainte Soline ? Aucun. Gagner quoi ? La grande bataille médiatique, peut-être. Compter, tester, montrer le poids des partisan.es, peut être. Ça maîtrise la com’ aux SDLT, à la perfection, ça sature les réseaux d’info, les murs d’affiches, les portes paroles des SDLT et de Bassines Non Merci 79 sont de tous les plateaux et journaux. D’un côté ça permet de se rappeler qu’il n’y a pas que la réforme des retraites dans la vie et ça tant mieux. Mais de l’autre, ça joue sur un terrain glissant, celui d’utiliser les moyens des capitalistes et des collabo du pouvoirs tout en ayant un discours anti-système. A quel moment ça va faire des compromis pour continuer de rayonner ? Les SDLT ratissent large et brouillent les lignes politique avec des mots qui parlent à leurs partenaires politiques et citoyennistes (LFI, EELV, NUPES, CGT, Solidaires, YFC, NPA…) et un lexique communiste, pseudo-anarchiste qui font fantasmer les plus radicaux. Faut plaire à tous le monde, pour composer et se rallier sous le même drapeau pour dire « Nous sommes, toutes et tous ensemble, les Soulèvements de la Terre.». Mais ce qui questionne le plus c’est : « On ne dissout pas un mouvement »… ha bon, c’est pas une organisation avec des buts de lutte précis. Si c’est un mouvement c’est quoi l’idéologie, et là est-ce qu’on pourrait parler concrètement d’idée alors. Mais ça ce n’est pas possible, jamais, selon les organisateurices il n’y a pas d’idéologie derrière les SDLT. Non non, l’appellisme1 n’existe pas, n’en parlons plus. Comment peut-on débattre ou critiquer quelque chose qui dissimule autant ses buts et ses visions politiques ?
Et il y a de quoi être méfiant.e ou en tout cas à minima se questionner sur les intentions quand on sait que certaines têtes connues des SDLT (et non pas toutes les petites mains recrutées pour faire tourner l’événement) sont en effet les même qui ont orchestré des manipulations sur l’ex-zad de NDDL. On ne change pas une équipe qui gagne. Ce sont donc « Celleux là qui ont signé avec la préfecture de Loire-Atlantique pendant que d’autres se frittaient contre les flics sur les sentiers, les barricades et dans les champs pour que cette zone reste hors emprise d’état. Celleux-là qui poursuivaient une propagande sur zad nadir en avril 2018 appelant à venir défendre la zad… tout en occultant toute information sur les tractations en cours avec la préfecture dans le but de s’accaparer les terres squattées. Résultat : des gen-tes qui déboulent, s’exposent aux armes des flics, subissent arrestations, mutilations et autres délices propres aux affrontements avec les terroristes d’état. Celleux là qui démontaient les barricades de leurs voisin-es, à leur insu, mettant en danger les occupant-es des lieux concernés, et arguant que «les barricades attirent les flics» sic! Celleux là qui tout en appelant à faire des dons pour l’achat des terres de la zone pour en faire des terres communes n’ont eu de cesse de privatiser des espaces cultivés […] «terres communes» qui n’ont de commun que le nom. »2. Celleux là qui parlent encore de LA zad, comme d’un lieu de lutte encore vivant, alors qu’iels sont rentré.es dans une agriculture légale et marchande, qu’il s’y développe des activités socialo-commerciales (comme une colo pour 500 balles sponsorisées par la CAF), en faite ça lutte juste pour se faire une place au soleil. Alors quand on voit que ça maîtrise bien la stratégie pour ne pas se mouiller, on se demande si iels étaient en première ligne face aux keuf ou bien au chaud à gérer leurs troupes ? Quand on voit comme ça maîtrise les magouilles politiciennes, on se demande quels sont les enjeux cachés ? Avoir assez de pouvoir pour peser dans le game politicien, se faire élire (ou tenter comme le porte parole de BNM 79). Quand on voit le grand écart entre le discours vénèr et la réalité du monde qu’iels créent, on se demande à quoi iels rêvent ?
En tout cas pas aux luttes féministes apparemment quand on lit « la lutte contre les violences sexistes sur de tel évènement étaient quasiment au niveau de l’impensé dans notre organisation. ». Ça résume bien qu’il y a des priorités, déso pour les personnes sexisées. D’ailleurs il est rageant de voir que toutes les questions de soins et de solidarités (médic, psy, anti-sexisme, validisme, gestion des gosses) sont portés majoritairement, encore et toujours, par des personnes sexisées. Que les grands et beaux discours et la manœuvre générale sont l’apanage des mecs. Chez leurs acolytes de BNM 79, c’est pas mieux, pas de souci pour les mains au cul en soirée, la réponse est « faut se renforcer et se faire une bulle ». Bon courage. Pas de place pour l’anarchisme non plus car « anarchiste » devient une insulte. Bref, à fouiller dans le marais on en ressort que de la vase.

Les SDLT sont en train de devenir LA référence en matière de lutte environnementale. Les têtes pensantes « ne peuvent ignorer que, si iels organisent un mouvement de masse fort bien médiatisé, le gouvernement prévoit en parallèle un dispositif répressif à la hauteur de la mobilisation qu’il craint….donc ils mettent le paquet, comme ils nous ont mis le paquet à NDDL pour les expulsions en 2018 ou, graves blessures et mutilations ont ponctué nos journées pendant plusieurs semaines… »3. Faire de la prévention pour partir en manif et éviter de trop prendre chère ne suffit pas à éviter le carnage, lutter c’est aussi prendre soin et penser en amont aux gens. Savoir ce qui est prévu quelques petites heures ou minutes avant, pour pas mal de monde, ne suffit pas à faire des choix, lutter c’est aussi donner la liberté d’agir et de penser et ne pas prendre les gens pour des pions. La menace de dissolution et les images accablantes de Saintes Soline leurs on permis de recueillir un important soutient de personnalités et à l’international. On parle d’accaparement des terres, mais peut-on parler d’accaparement des luttes ? On voit qu’avec Saintes Solines pas mal de personnes répondent présentes et sont enthousiasmées à l’idée de trouver un chemin vers les luttes, notamment quand elles sont guidées. Est-ce qu’il y aura encore la possibilité d’imaginer d’autres forme de lutte, d’autres chemins à tracer et de donner à chacun.e la possibilité de tracer le sien.

 

1 / Terme utilisé pour désigner un ensemble flou d’autoritaires post-situationnistes dont les références idéologiques assez sont la revue Tiqqun (1999-2001), l’Appel (2003) et les ouvrages du Comité invisible. Et qui évidemment ne s’auto-désigne jamais clairement, préférant souvent se dire « autonome ». On conseillera notamment L’appelisme vu comme ensemble de pratiques contre lesquelles il faut s’organiser.

2 – 3 / tiré de la brochure Lutter et/ou se faire manipuler au nom d’une lutte ?
Soulèvements de la terre versus état, même combat ! trouvable sur nantes.indymedia.org

…/ Des bouts de phrases et infos proviennent également des textes : Crapules & Assassins (dans la prairie, 25 mars 23) et [06/03/2023] Jouer à la guerre, jouer au pion parus sur nantes.indymedia.org

Face à l’interrogatoire policier

« Un interrogatoire n’est pas un échange harmonieux entre deux individus.
C’est un conflit. »

De ce constat est née Comment la police interroge et comment s’en défendre, publié en juin 2022 par projet évasions. Ce livre est un outil d’autodéfense bien utile pour quiconque s’est déjà ou risque de se retrouver à être interrogé.e par la police.
Si le conseil principal de cet ouvrage : « Le silence est de loin la stratégie de défense la plus efficace et la moins dangereuse. » est bien connu, sa force ne réside pas là. En expliquant de manière claire et précise le déroulement d’une enquête de police ainsi que les techniques d’interrogatoires, l’ouvrage produit une argumentation solide et convaincante.
« Pour mener à bien son travail lors de l’interrogatoire, la police a besoin de la participation de la personne interrogée. »
Sont ainsi présentés différentes techniques de manipulation (écoute aversive, engendrer de la sympathie, harponnage…) ou d’interrogatoires (flic naïf-naïve, entretien synchronisé, contagion émotionnelle…). Tout cela est accompagné de récits de situations vécues afin d’avoir des exemples de la forme concrète de ces stratégies policières. En plus de ces récits, le livre comporte de nombreuses citations de flics :
« dans la majorité des cas, le pire ennemi de l’avocat c’est son client. Donc souvent l’avocat, il va un peu dans notre sens, ou s’il conseille bien son client, il lui dit qu’à ce stade il vaut mieux dire des choses plutôt que de raconter des salades. »
Face aux techniques policières, le livre propose de nombreux conseils d’auto-défense. D’abord en déconstruisant tout un ensemble de fausses croyances qui poussent à la collaboration mais aussi en proposant des défenses mentales pour résister aux techniques policières : pour gérer son stress, se distancier de la police, garder le pouvoir de décision ou encore pour lâcher prise.
« Monter à soi-même et aux autres qu’on accueille sereinement ses propres vulnérabilités et peurs est le premier pas pour pouvoir les affronter avec confiance et, à terme, les surpasser. »
La dernière partie de l’ouvrage est consacrée à une présentation succincte de possibles dépassements des institutions policières, judiciaires et carcérales.

Le livre est disponible au format PDF sur projet-evasions.org. Il peut être commandé sous format papier sur le même site.

Moins complet mais tout aussi utile car adaptée au cas spécifique de la garde à vue en france, nous vous conseillons trois brochures sur ces sujets, toutes disponibles sur infokiosques.net :
– Manuel de survie en garde à vue
– Petit manuel de défense collective : de la rue au tribunal
– En GaV, je n’ait rien à déclarer – manuel BD de conseils en garde à vue

Il est important de participer à la diffusion d’une culture du silence face à la police car il s’agit d’un moyen efficace d’entraver sa tâche.

LRA

On nous représente souvent la frontière comme une ligne de séparation entre deux territoires. Certaines seraient prétendument « naturelles » (montagnes, fleuves…), un sacré mensonge. La frontière n’est une ligne que dans les cours de géographie des écoles. Elle n’est « naturelle » que dans la bouche de ceux qui les défendent. Car la frontière est toujours le produit d’un ordre et de sa violence. Elle vit au rythme des contrôles d’identité, des kilomètres de barbelés et des avions charters. Elle est là où il y a des camps, là où l’état enferme et déporte, là où les migrant.es sont tué.es. La frontière est aussi bien dans les cols et vallées des alpes, sur les plages de Lampedusa que dans le centre de rétention de Bordeaux ou au comptoir des banques où on dénonce les sans-papiers.
Et bientôt, une nouvelle succursale de cette gigantesque machinerie de contrôle va ouvrir ses portes dans la vienne, sous la forme d’un Local de Rétention Administrative (LRA).

Chalair aviation

Parmi les entreprises qui aident l’État français à mener sa politique raciste en contrôlant, enfermant, expulsant les personnes qui n’ont pas les bons papiers, permettez-nous de vous présenter Chalair Aviation.
Créée en 1986, cette compagnie aérienne s’est, au départ, spécialisée dans le transport de cadres d’entreprises en bossant notamment avec des boîtes parmi les plus pourries : Total, Areva, Perenco… Elle s’est aussi pendant un temps développée en Afrique où elle transportait des salariés de groupes miniers ou pétroliers au Niger, en Ouganda ou en Mauritanie… Cet été, elle a remportée un appel d’offre du ministère de l’intérieur concernant la mise à disposition d’un avion à l’aéroport du Bourget.
Or c’est justement à partir du Bourget, que la police aux frontières (PAF) réalise de nombreux vols cachés, des expulsions faites par surprise. En gros, les flics débarquent à l’aube dans les cellules des Centres de Rétention Administrative pour choper un·e ou plusieurs retenu·es, ou alors iels sont enfermé.es à l’isolement la veille, pour ensuite les emmener à l’avion avec une grande violence.

Ces dernières années, c’était la société TwinJet, qui détenait ce marché. Cela lui avait d’ailleurs valu de recevoir début avril, la visite de copaines dans son terminal de l’aéroport de Marseille-Marignane !
Chalair Aviation a déjà remplacé TwinJet et commencé sa sale collaboration. Comme le montre le fait que la PAF multiplie les vols avec des appareils gérés par Chalair. Pour cette boîte, les 8 à 13 millions d’euros sur 4 ans de ce contrat tombe à point nommé. Son patron, Alain Battisti, qui était encore récemment à la tête du lobby du secteur (FNAM), a dû injecter du pognon fin 2021 tout en quémandant un prêt de 4 millions d’euros à l’état.
Chalair Aviation est présente à l’aéroport de Poitiers Biard où elle assure la ligne avec Lyon, jusqu’au 15 mars.
L’enfermement et l’expulsion des étranger·es ne repose pas uniquement sur les keufs et le ministère de l’intérieur. De nombreuses entreprises s’enrichissent sur ce système raciste. Lutter contre tous les acteurs qui collaborent au complexe de la rétention et de l’expulsion, c’est soutenir concrètement les personnes qui subissent et combattent quotidiennement les CRA et les frontières.

Une promotion

Ce n’est pas tout les jours qu’un fidèle serviteur de l’état est récompensé pour les services qu’il a rendu et continue de rendre au leviathan. Après 17 ans parmi les assassins de l’armée de terre (blindés et légion), c’est au sein de la gendarmerie qu’Arnaud Girault a décidé de continuer son parcours et qu’il a reçu ces derniers jours le grade de général. Parmi ses multiples postes, on peut citer notamment celui à la tête des gendarmes mobiles de Valencienne. Les gendarmes mobiles sont les troupes de maintien de l’ordre de la gendarmerie. En gros, tabasser les manifestant.es, attaquer les ZAD et maintenir la domination coloniale. Les gendarmes mobiles ont ainsi directement été engagés afin d’empêcher la décolonisation de l’algérie et sont déployés en permanence dans les outres-mers.
Une carrière qui illustre, une fois de plus, que la domination et la violence de l’état forment un continuum. Continuum des méthodes, des doctrines, du matériel mais aussi et surtout des individus.
Les systèmes de domination s’entrecroisent et se maintiennent entre eux. L’ordre néo-colonial à l’extérieur du pays fournit et forme les troupes de maintien de l’ordre capitaliste à l’intérieur du pays.
Une domination qui ne manque pas d’ironie puisqu’elle a trouvé opportune que ce même général, issus d’une institution, qui a directement participé à l’extermination des juifs et tsiganes ainsi qu’à l’arrestation des résistants, soit présent à l’hommage à un réseau de résistants gaullistes de la vienne. Surtout quand on sait que les responsables n’ont jamais été véritablement inquiété et ont continué leur carrière dans la gendarmerie après la seconde guerre mondiale.
Comme le disait un individu singulier du XIXe siècle :
« Aux mains de l’individu, la force s’appelle crime. Aux mains de l’état, elle se nomme droit. » Max Stirner.

Antisémitisme et racisme

En 1942, alors secrétaire général de la préfecture de la gironde, maurice papon (1910 – 2008) participait à l’organisation de la déportation des juifs. Après la guerre, en tant que préfet il deviendra un zélé rouage de la politique coloniale française en algérie. Dès 1958, il devient préfet de police de paris où il organisera un important dispositif de violence d’état contre les algérien·nes en couvrant systématiquement tous les crimes policiers les visant. Un des points culminants de cette politique est le massacre du 17 octobre 1961 où plusieurs centaines de personnes désarmés (selon la demande du FLN) protestant contre le couvre-feu seront massacrés par la police parisienne.
Ce petit exemple, loin d’être complet, nous montre que du génocide des juifs aux massacres des populations colonisées, on retrouve une continuité de structures et d’individus. C’est la police qui hier raflait les juifs qui aujourd’hui expulse, enferme dans les camps et déporte les migrant·es. C’est l’ordre des médecins, fondé par pétain en 1940, qui dénonçait les médecins juifs et qui aujourd’hui ne fait rien contre le racisme dans le milieu médical (visant soignant.es ou patient.es). C’est bien évidemment le clan le pen, eric zemmour et autres politiciens. C’est l’Oréal, fondé par un antisémite fasciste en 1909, qui servit de repère à toute une partie de l’extrême-droite après la seconde guerre mondial et qui fût condamné en 2007 car l’entreprise refusait d’embaucher des arabes, des noires et des asiatiques. Ou qui continue de faire fortune en promouvant un idéal de beauté raciste et en vendant des produits toxiques promettant de «_blanchir_» la peau.
Il nous faut déconstruire nos stéréotypes, les clichés qui nous divisent, bâtir les solidarités concrètes entre les opprimées, produits de la compréhension mutuelle des dominations contre lesquelles nous souhaitons nous révolter ensemble.
Les fachos disent que les juifs contrôlent les banques, mais c’est bien ces mêmes banques qui ont aidé les nazis à piller et dissimuler les biens accaparés aux déporté·es : du Crédit Suisse à la Deutsch Bank en passant par les 106 établissements bancaires français. Ces mêmes banques qui aujourd’hui encore huilent les rouages du système colonial et extractiviste. On voudrait nous faire croire que les juifs sont « communautaires », mais n’est ce pas là le terme qu’utilise le pouvoir pour désigner toutes celleux qui s’organisent contre son oppression ? N’est-ce pas-là, le terme brandi dès lors que s’organise une discussion ou atelier en non-mixité ? L’antisémitisme est structurel, il repose sur les mêmes moyens et les mêmes buts que les autres racismes. C’est la disparition (déportation, exode ou massacre) ou l’assimilation, la dissolution dans le fantasme national. Assimilation révocable à n’importe quel moment, sous n’importe quel prétexte. Voilà que l’état colonial d’israël massacre de manière plus visible que d’habitude, et chaque juif·ve devint responsable, chaque synagogue considéré comme un avant-poste de l’armée d’occupation. Mais le simple fait de manger kasher ne rend pas responsable de la Nakba. Comme faire le ramadan ne rend pas responsable des massacres de l’état islamique.
Les racismes sont des constructions sociales et historiques. Ce sont les productions des religions, de l’esclavage, des colonisations et conquêtes, des états-nations ou du mode de production capitaliste. On ne peut pas espérer y mettre fin sans en détruire les racines mêmes. Ces racines produisent des clichés qu’il nous faut déconstruire mais s’incarnent aussi dans des objets matériels et des individus sur lesquels il est possible d’agir. Ainsi, la frontière n’est pas qu’une ligne absurde sur un papier. C’est des contrôles, des centres de rétention, des locaux des douanes et de la PAF… L’esclavagisme, comme le génocide des juifs (et le travail forcé), n’est pas un événement historique terminé, mais l’origine de nombreuses fortunes actuels en france (de Chanel à Lafarge). Ce sont des maisons de maître, des distilleries de rhum, des entreprises de négoces, des usines…

Alliance

Finger Gun. Hand gesture signal. Known symbol and sign.

Alliance, c’est le nom d’une corporation de flics d’extrême-droite. Le 9 mai dernier, c’est à propos d’une autre alliance que ces portes-paroles des flics se sont plaint. Tout commence lors de la ronde d’une bagnole de keufs. Rondes qui ont pour but le contrôle policier de l’espace et des individus à travers un harcèlement policier continuel. Comme les contrôles d’identités qui servent de prétextes à de multiples humiliations, injures voir violences. Pendant la ronde, une personne aurait « mimé avec sa main un pistolet tirant sur les policiers ». On imagine sans peine la terreur que ce geste à dû inspirer à des policiers équipés de gilets pare-balles, matraques, tasers, grenades ainsi de véritables armes à feu et d’une certaine impunité judiciaire. Un arsenal qui as conduit les flics à tuer près d’une trentaine de personnes en 2020. Un des flics sort de la caisse et se lance à pied à la poursuite de l’artiste mime et de ses amis. Et c’est alors qu’il les as rattrapés que se serait produit ce qui énerve tant la corporation de flics. Deux agents municipaux présents auraient filmé la scène et alertés les alentours en voyant le flic arriver. Une réaction pleine de bon sens qui a sûrement empêché une énième violence policière. Une preuve de la nécessité et de l’utilité de l’alliance des opprimés face à la flicaille. Le genre d’alliance qui fait plaisir à voir.

La police du futur

La police du futur, le marché de la violence et de ce qui lui résiste. Mathieu Rigouste
version longue 2022 en bouquin / version 2018 en article dans la revue le crieur

Si vous aimez les films d’angoisse futuriste, ce texte est pour vous ! On survol les nouvelles créations techno-policières en service ou en projet, sans rentrer non plus trop dans les détails très précis ou technique. En allant voir ce qui se trame au salon Milipol, grand rdv des boîtes d’armement et de sécurité on peut avoir un bon aperçu des tendances.
Une prolifération des armes dites non létale ou sublétale, qui ne viennent en rien remplacer les armes existantes ou réduire le nombre de mort par la police, mais viennent juste étendre le champ d’action, augmentent le degré de violence au quotidien et engendre de plus en plus de mutilation.
« la police du futur, c’est un peu comme l’armée du futur, c’est une police connectée » déclarait le ministre de l’intérieur en 2017. Flic connecté, camera connecté, drone connecté… On voit bien les liens entre flicage et télécom-
munication qui permettent d’aller toujours plus vite dans la transmission et la collecte de donnée, notamment avec la 5G.
La tendance actuelle c’est aussi la robotisation des moyens de contrôle et la recherche d’un policier « augmenté ».
Et pour encore plus de sérénité pourquoi ne pas instaurer le contrôle permanent et l’auto-surveillance des populations. Un flicage autogéré ! Cela passe par le concept de « safe ciy », des espaces en permanence vidéosurveillés où des algorithmes prédisent et/ou repèrent les situations où les personnes « à risques ». Lea bon·ne cityoen·ne vigilant·e est mis·e à contribution et encouragé·es à balancer ces voisin·es grâce à des applications participatives.
Ces évolutions technologiques ne sortent pas de nulle part, elles sont directement le fruit d’un business en constante augmentation. Comme n’importe quel produit (bon quand même là ça nous impacte plus que la nouvelle boite de chocapic) la sécurité et l’armement sont là pour faire du fric. L’économie et l’armement/sécurité, les entreprises privées et les institutions sont dans une étroite collaboration, les unes pour faire du fric, les autres pour la réalisation d’une croyance en un monde techo-sécuritaire.
Les keufs alimentent clairement le marché de l’armement en conseillant les entreprises et les entreprises incitent à la consommation et créent des besoins de toute pièce, en proposant des produits technologico-policier soit disant toujours plus performant. Les boîtes ne sont pas là pour répondre à des besoins (disons plutôt des envies), aussi nuls soit ils, elles sont là pour créer ces besoins. Les institutions achètent pour réaliser leurs mythes mais aussi dans des logiques de copinages de classe, filer de la thune à ses potes c’est chouette.
Il n’y aurait peut être pas de suréquipement technologique de la police si il n’y avait pas d’entreprise pour les inventer et les réaliser. Le livre file cite pas mal d’entreprises responsables de cela : IDEMIA, IBM, Thalès, Engie Ineo, Atos, Huawei, Verney-Carron, TBC-France…

L’œil mécanique

Véritable lubie des autoritaires et autres flics de l’existence, la vidéosurveillance ne cesse de gagner du terrain. Dans l’agglomération poitevine, c’est le maire de buxerolles, gérard blanchard, qui a décidé de l’installation de pas moins de 22 caméras (280 000 €) pour fliquer les habitant·es. Comme si l’ajout d’un 3e flic municipal et l’armement de la milice du maire n’était pas suffisant. A poitiers, dès 2016, c’était alain claeys qui faisait installer 24 caméras (350 000 €). Sans compter évidemment les caméras dans les bus vitalis, à proximité des lieux de la domination (préfecture, commicos, science-po…), dans les commerces et chez les particuliers.
Tout autour de nous se tisse la toile d’une surveillance permanente, qui vise à empêcher toute rébellion face à l’autorité plutôt qu’à nous protéger. Toutes les études sur le sujet le montrent d’ailleurs : le vidéoflicage ne fait pas baisser la délinquance ou la criminalité et les vidéos stockées sont rarement utilisées ou concluantes. Dans une étude sur le sujet, le sociologue Laurent Muchielli indique qu’à marseilles, pourtant une ville très vidéofliqué, sur 60 000 enquêtes sur la voie publique, les caméras n’ont été utiles que dans 300 affaires. Soit 0,5 % des cas. Pour un coût annuel d’au moins 7 millions d’euros sans compter les 63 millions d’euros d’installation.
La vidéosurveillance ne stoppe pas les viols car l’immense majorité est le fait de proches dans des lieux privées. Le vidéoflicage dans les transports ne protège pas les passagers mais sert à renforcer le pouvoir des contrôleurs, et donc à soutirer encore plus d’argent aux personnes qui en ont besoin. Dans les centres de rétention, les prisons ou au veston des flics elles servent à punir encore plus celleux qui réagissent à l’arbitraire, au racisme et à la violence des bourreaux en uniforme. Les flics peuvent abattre des gens dans la rue, violer dans les comicos et continuer à parader librement tandis que le moindre crachat sur un contrôleur peut vous emmener en taule.
Pour chaque excuse donnée pour justifier l’installation de la surveillance, il existe une solution plus juste. De la gratuité des transports à la légalisation des drogues en allant jusqu’à l’abolition du capitalisme, des frontières, du patriarcat et des prisons.
Si les caméras continuent de s’installer, c’est parce qu’elles sont une des briques nécessaire au déploiement d’une surveillance global et total. La reconnaissance automatique d’images qui permet actuellement le déploiement de caméras lectrices de plaques permettrait, couplée avec le déploiement de la 5G, la mise en place de la reconnaissance facial. Instaurant de fait, un contrôle d’identité permanent.
Notons d’ailleurs que malgré les nombreuses prises de positions des différents groupes d’EELV contre la vidéosurveillance, la maire actuelle de poitiers léonore moncond’huy ne laissa aucune donnée accessible dessus et n’a absolument rien fait pour retirer les vidéoflics.