Ils sont beaux sur les photos. Droit comme des rangées de fusils dans leurs uniformes. Il y a des militaires, des élus et le préfet. Et tout ses fidèles prêtres du culte sanglant de la nation se livrent à un rituel annuel de leurs secte. Ici, à potiers, ils viennent célébrer les 60 ans de la fin de la guerre d’algérie ainsi que les « morts pour la France » comme le rappelle le préfet. 60 ans après, la mémoire des bourreaux coloniaux continue d’être entretenue, au détriment de leurs victimes.
La nation est un mythe. Une légende qui justifie massacres et génocides. Un subterfuge qui permet entre autre chose de diviser les exploités sur des bases racistes au profit des exploiteurs. Les morts pour la nation meurent avant tout pour les intérêts des pouvoirs politiques, économiques et religieux.
60 ans, c’est environ aussi le temps qui nous sépare du meurtre de Ramon Vila Capdevila, dit Caracremada, par la guardia civil franquiste en août 1963. Pendant plusieurs dizaines d’années, il participa à la guerre sociale : des groupes d’actions armées dans l’espagne des années 20 aux sabotages des lignes électriques sous le régime franquiste des années 60 en passant par la révolution sociale espagnol des années 30 et le maquis en france. Un intransigeant comme il y en eut tant, qui n’accepta pas les trahisons des syndicats, fédérations et partis et qui préféra continuer à lutter. Non pas pour des mensonges d’états, non pas pour des légendes nationalistes mais pour une liberté réelle.
Les personnes que l’état honore sont celles qui respectent et suivent les ordres des autorités. C’est la mémoire du suivisme et de la soumission. La mémoire que nous diffusons est celle des réfractaires, des déserteurices, des ennemies de l’autorité et du pouvoir. L’état encourage la résignation, nous voulons nourrir la rébellion.
« Je suis un amant fanatique de la liberté, la considérant comme l’unique milieu au sein duquel puissent se développer et grandir l’intelligence, la dignité et le bonheur des hommes ; non de cette liberté toute formelle, octroyée, mesurée et réglementée par l’etat, mensonge éternel et qui en réalité ne représente jamais rien que le privilège de quelques-uns fondé sur l’esclavage de tout le monde. » Mikhaïl Bakounine.