Bash BAC

Il y a parmi les organisations dite de gauche une rhétorique qui revient à chaque fois que les manifestations ont une allure autres que celle de procession religieuse au son des cantiques syndicaux, c’est celle des « agents provocateurs ». Il y aurait dans les cortèges des flics infiltrés qui ne seraient là que pour casser afin de « discréditer la manifestation ». Bien évidemment qu’il y a des policiers infiltrés dans les cortèges ou organisations et il faudrait parfois être aveugle pour ne pas les voir, mais faire croire que derrière chaque casse il y a la main de la police, c’est sombrer dans le complotisme.
Ce ne sont pas les dégradations qui affaiblissent le mouvement, mais celleux qui se mettent en retrait dès qu’une banque est redécorée. Celleux qui aiment la masse quand elle reste sagement dans la nasse. Celleux qui font semblant de ne pas comprendre pourquoi des banques, des agences immobilières ou des magasins de luxe sont attaqués. Les révolté.es d’hier comme d’aujourd’hui n’ont jamais eu besoin d’une quelconque provocation policière pour s’attaquer aux causes de leurs malheurs, et pas seulement de manière symbolique.
Si ces organisations tiennent ce discours pacificateur, ce n’est pas parce qu’elles y croient mais pour tenter de garder le contrôle de la contestation. Et si ce discours sert la propagande de l’état qui veut séparer les « bon.nes » des « mauvais » manifestant.es, c’est parce que ces gestionnaires de la colère veulent un jour être aux manettes de l’état. Si ils condamnent l’assaut contre la domination, c’est parce que le monde qu’ielles veulent n’en sera pas débarrassé.

Des pavés dans le ciel, des étoiles dans les vitrines.

Complote de pomme

Voilà un sujet terriblement à l’ordre du jour : le complot. Depuis quelques temps, un peu partout se répandent les rumeurs d’un complot mondial, rumeurs qui n’ont fait que s’amplifier depuis le début le début de pandémie de COVID-19.
En effet, il existe un complot mondial. Mais celui-ci n’est nullement caché, bien au contraire. Les plans ne reposent pas sur de complexes machinations tortueuses à base de manipulations génétiques, d’implants cachés ou de vaccins mais sur la continuité de cette société mortifère.
De la naissance à la mort, chacune de nos journées sont soumises à la tyrannie de l’horloge. Nos journées nous sont volées par le travail, notre temps sert à l’accumulation de richesse des Jeff Bezos, des Carlos Slim Helú, Mukesh Ambani ou autres capitalistes. Et que nous osons refuser de subir son sort ou que l’on décide de le bouleverser et voilà les vigiles, les flics et les matons.
Les laboratoires dans lesquels se fabriquent ce virus qu’est l’autorité n’ont rien de secret, ils se dressent dans toute leur hideuse monstruosité à travers tout le paysage. Commissariats, tribunaux, prisons, casernes, préfectures, voilà là les clusters de cette peste qu’est l’état.
Notre docilité n’est pas le fruit d’un quelconque vaccin mais d’une propagande, qui de la naissance à la mort, ne cesse de nous inciter à la résignation. C’est à l’école, public comme privée, que sont endoctrinés dès leur plus jeune âge les enfants, toujours dans la soumission à l’autorité. Ce sont les prêtres, ceux des temples comme des partis et des syndicats, qui ne cessent de nous pousser à nous contenter de peu, qui excommunient celles et ceux qui osent sortir du troupeau et mordre la main du berger. Et ce poison mental là ne provient d’aucune seringue.
Oui il y a un plan pour soumettre l’humanité, mais il est déjà là. C’est cette société capitaliste, patriarcal, colonial, véritable prison social. Prison dans laquelle nous avons bien souvent à la fois le rôle de détenu et geôlier. Bien souvent nous acceptons, reproduisons et imposons nous même cet ordre. Par nos paroles et nos actions, nous nous faisons les relais de l’exploitation, du sexisme et du racisme.
Les révolutionnaires qui délèguent à leur compagne le travail domestique ne font que reproduire à la maison ce qu’ils et elles subissent au travail. La reproduction de ces rapports sociaux de domination au quotidien est ce qui permet la reproduction permanente de cette société.
Nous vous proposons un autre complot, celui dont parlait déjà Zo d’Axa dans « Notre complot » publié en 1892 dans L’En-dehors :
« Songez un peu que la conspiration dont vous parlez n’est pas nouvelle ; s’il s’agit de jeter bas les édifices vermoulus de la société que nous haïssons, il y a longtemps que cela se prépare.

C’est notre complot de toujours. »