Avec le mouvement d’ocupation des théâtres, on a vu revenir la figure des artistes engagé·es. Des artistes qui ne se sont toujours pas rendue compte que l’art n’était qu’une marchandise et qu’ielles étaient des ouvriers comme les autres. Les contraintes de la production (subvention,mécène, salon…) impliquent forcément de policer la création pour rentrer dans un moule.
Les manifestations et luttes des exploité·es de l’industrie culturelle sont un spectacle parmis les autres. Parce qu’incapable de reconnaître leurs places au sein de la société spectaculaire, ces luttes sont vouées à reproduire en vain les simulacres de la révolte.
L’art est un outil utilisé par le pouvoir pour s’étendre et s’établir. Par exemple les fresques murales qui viennent recouvrir des murs habituellement couverts de slogans subversifs. Ou les processus de gentrification, comme l’école européenne supérieure de l’image qui déménage aux couronneries pour, comme le dit la présidente de Grand Poitiers (Florence Jardin) : “ouvrir le quartier”, “dynamiser”, “donner de la vie”. En bref : relancer la spéculation immobilière et dégager les pauvres.
Mais la figure de l’artiste ou des travailleureuses de la culture cache aussi les structures de pouvoir au sein du secteur. La direction des théâtres, scènes nationales et autres ne sont pas des alliées mais des ennemis de classe. Parce que toute lutte libératrice passera nécessairement par la confrontation avec la structure de classe, ces personnes ne peuvent pas êtres des allié·es parce que leurs intérêts sont ceux du pouvoir. Réouvrir les salles (de concert, spectacles, cinéma), c’est réouvrir leur droit à exploiter. Pourtant à chaque mobilisation du secteur de la culture, ce point essentielle semble disparaître. Et on voit la direction être invitée à des assemblées générales plutôt qu’être couverte de goudron. Normal dans une occupation qui n’en est pas une.
Une autre erreur habituelle, ce sont ces mobilisations (rassemblements et défilés) qui cherchent avant tout le symbolique et la forme plutôt que le fond. Et qui se retrouve donc à aller manifester devant pôle emploi plutôt que devant les entreprises qui bénéficieront d’une main d’oeuvre encore plus corvéable et précarisée, notamment les agences d’intérim et de services à la personne. Si le but est d’afficher les responsables et profiteurs, il existe bien d’autres cibles en plus que pôle emploi.
Un autre immanquable, c’est la “manif de droite”. Sous couvert de dénoncer des discours et pratiques malfaisantes, il s’agit juste de scander dans la rue les horreurs déjà diffusées par les médias. Car il est difficile de dépasser dans l’outrance les nostalgiques de vichy. Plutôt que des défilés de zemmour temporaires nous vous proposerons bien une “manif d’extrême-gauche”. Costumé avec des k-way, il s’agira d’aller symboliquement incendier les lieux du pouvoir, le tout sans caméra pour que l’évènement n’existe que dans les yeux des participant·es. Voilà le genre de théâtre de rue que nous souhaitons : subversif et participatif.