Pour contrer les craintes qui nous envahissent dès qu’on bouge d’un poil, pour ne pas virer dans la paranoïa, pour tenter d’éviter la répression, mieux vaut faire attention en amont et développer notre culture de la sécurité.
● Avant tout se taire. C’est valable pour toutes informations compromettantes liés de près ou de loin à une action : identité des personnes, lieux de réunions privée, plan d’action, méthodes…
● Ne racontez pas les actions (illégales) que vous ou d’autres avez réalisées, ni des choses qui vont, ou risquent d’arriver. Ne vous laissez pas aller non plus à des sous-entendus qui laissent tout entendre… Refusez de répondre aux questions de vos potes ou proches les plus intimes. Apprenez à accepter que les gens fassent de même avec vous. Prévenez les personnes avec qui vous partagez votre vie que des zones d’ombres vont exister et que votre silence n’est pas un manque de confiance mais une protection.
● Ne demandez pas aux autres de partager une info confidentielle dont vous n’avez pas besoin. Ne laissez personne vous parler de quelque chose qui vous fasse prendre des risques que vous n’êtes pas prêt·e à assumer.
● Avant de proposer une action, discutez et préparez-la en détail avec un·e complice, penser aux imprévus éventuels, définissez le ou les niveau de sécurité, ce qui vous emmènera à élargir le groupe ou non. Ne vous impliquez pas dans un projet ou avec des personnes que vous ne sentez pas.
☼ Sabotages, graffiti, collage incriminant…
1/ Seul·es celleux qui sont impliqué·es directement dans l’action ont vent de son existence. Inviter quelqu’un·e qui finalement ne participera pas est une prise de risques inutile
2/ Le groupe décide, au cas par cas, de dévoiler l’action à des personnes de confiance dont le soutien est nécessaire.
☼ Réunion de prépa d’un black bloc, nuit d’actions coordonnées, collage sans message répréhensible, bordelisation d’une conf’ (balance entre la prise de risque et le besoin d’affluence)… :
3/ Le groupe peut inviter à participer à l’action des personnes qui pourraient refuser mais qui savent se taire
4/ Les participant·e·s peuvent inviter d’autres personnes et les encourager à faire de même, tout en insistant sur la nécessité de garder l’information dans des sphères de confiance.
☼ Piratage de concert pour finir en marche « spontanée », contre manif, trollage divers… :
5/ Des « rumeurs » de l’action peuvent être largement répandues au sein de la communauté, mais pas l’identité des personnes à l’origine
☼ Rassemblement non déclaré contre un truc, concert de soutien…
6/ L’action est largement annoncée, tout en conservant un peu de discrétion, afin que les autorités les plus somnolentes n’en aient pas vent.
☼ Une manifestation autorisée, une projection de films… :
7/ L’action est annoncée publiquement par tous les moyens possibles.
● Il est important de s’organiser parce que l’on partage des envies, des engagements, des idées et pas parce qu’on a quoi que ce soit à prouver à soi ou à d’autres. La confiance se crée sur le long terme, elle est faite d’amitiés, de connaissance de l’autre et de pratiques communes. A quel point pouvez-vous compter sur les gens ? connaissez vous leurs points forts et leurs faiblesses, leur réaction à la pression, leurs expériences dans d’autres groupe ? jusqu’où peut-on retracer leur implication dans la communauté, quel est leur vie « à l’extérieur » ?
● Savoir aussi se faire confiance, se livrer, échanger des infos non compromettante sur soi. Soyer conscient.e et informez les personnes des risques que vous pouvez faire courir — involontairement ou non : contrôle judiciaire, mandat d’arrêt, fichage, sans-papier, problèmes ou limites quelconque (physique, mentale, environnement social…). Soit le risque est accepté collectivement, soit il est possible d’adapter l’action, ou alors il est plus raisonnable de savoir se retirer.
Dans le prochain numéro on verra un autre volet de la sécurité, se rencontrer, limiter les traces et les liens entre les personnes.
Largement pompé sur la brochure : Cultures de la sécurité