On n’en entend pas encore trop parler alors qu’il va bientôt nous tomber sur la tronche une nouvelle merde dématérialisée… on vous présente : le portefeuille d’identité numérique.
A la benne ton vieux larfeuille en cuir végan si encombrant, place au tout numérique.
En scannant ta tronche avec ton smartphone (et un code de sécurité quand même), tu vas avoir accès à tout tes documents « officiels », ta carte d’identité pour consommer dans les bars, ton passeport pour passer les frontières, ta carte de sécu pour la pharmacie, ton permis pour les keuf, ton diplôme pour ton employeur… Des documents pour des usages de services publics, mais aussi pour des acteurs du privé qui auraient envie d’une ou plusieurs données d’identification. Ce qui sera super, c’est que tu pourras l’utiliser partout en europe, juste pour préciser que c’est déjà le cas aujourd’hui avec tes papiers en papiers, mais bon un peu de fausse nouveauté ne fait pas de mal. La commission européenne vise à convertir 80 % de la population d’ici 2030 à l’utilisation de l’identification numérique. Évidement personne ne sera obligé d’y recourir mais la vie te sera juste un peu plus compliqué (voir impossible), on peut s’imaginer la complexité s’il n’y a plus que des machines pour traiter des Qcodes, s’il n’y a plus que des applis pour faire je ne sais quoi (comme c’est déjà le cas pour louer des vélos libre service…), il te faudra galérer pour avoir un rendez-vous avec un.e humain.e pour traiter avec tes vieux papiers obsolètes, sachant que la tendance est plutôt à la disparition de ce genre de service. Tu ne sera donc pas obligé.e mais fortement contraint.e.
Mais rassurons nous, c’est « Une technologie qui nous permettra de contrôler quelles données nous partageons et l’usage qui pourra en être fait. ». Le tout sera dans une appli super sécurisée alors tout va bien. Ils font même ça pour notre plus grand bien, car « la puissance publique [cherchent] à éviter que les Gafam ou d’autres géants d’internet étrangers ne préemptent ces dispositifs d’identification […] ». Nous, ça ne nous rassure pas tant que ça, car on se méfie des méchants Gafam mais aussi de l’État .
Ce qu’on constate, c’est que la pente glissante de la vérification d’identité permanente (mais pas obligatoire hein, tu as encore le droit de rester enfermé chez toi), banalisée par le pass sanitaire est en train d’être institutionnalisée et diffusée comme une pratique anodine et quotidienne. Actuellement, on te demande ton nom, prénom, etc, pour un billet de train, ta carte d’identité pour acheter un bouquin avec le pass culture… Et ce contrôle d’identité permanent servira à fliquer toujours plus les personnes sans les bons papiers que ce soit en raison de leur provenance géographique, de leur genre non conforme, de leur situation illégale… Et on peut se demander quelle sera la limite des infos qui seront accessibles par ce biais-là. Bref on peut imaginer le pire. On peut nous accuser d’être alarmiste et d’utiliser l’argument de la pente glissante à tors et à travers. Pourtant on voit bien qu’avec la diffusion du numérique on est dedans. Les ordis sont passés du choix privé à l’obligation/nécessité en prenant de plus en plus de place dans les écoles de la primaire à la fac, pour devenir incontournable, au lycée du futuroscope LP2II, tu y vas pas si t’as pas d’ordi. Charmante sélection sociale. Au départ, ça devait nous faciliter la vie… aujourd’hui sans smartphone il est de plus en plus compliqué de faire certaine chose car il n’y a plus que des applis pour le faire : avoir accès à des fonctions de ta banque, prendre un vélo soit disant en libre service, recevoir des infos de sous-traitant de pôle emploi… Donc on va se laisser à penser au pire, car le smartphone et le portefeuille d’identification numérique sont des prérequis nécessaires pour la mise en place de système de surveillance et de contrôle. On pense au crédit sociale développé en chine où environ 95% des utilisateurs utilisent le web via un smartphone. Les infos privées (l’historique de crédits, les liquidités, les données personnelles, les achats, les habitudes, les comportements et les contacts de réseaux sociaux) et publics (la base de données des tribunaux) sont collectées pour le calcul des scores à attribuer aux personnes. Ce score facilite ou restreint tes accès à des services publics ou privés. Voilà de quoi nous réjouir.