Il y a des mots qui tout de suite provoquent une succession d’images et de réactions épidermiques. C’est le cas du terme « fasciste ». Car voilà, le fascisme, c’est les camps, les prisons, les disparitions, les cadavres dans les rues ou dans les fours.
Alors tout le monde se dit antifasciste. Des cadres des partis aux syndicalistes, des petits patrons aux dernières des exploité·es. Et tous ensemble, ielles peuvent marcher en criant « Plus jamais ça ». Parce qu’ielles voient le fascisme comme une sorte de mal absolu surgissant du néant. Comme quelque chose en rupture profonde avec ce qui est déjà en place.
Mais le fascisme n’est pas une monstruosité historique, c’est le point le plus extrême des systèmes de domination qu’est cette société. Un antifascisme qui reconnaît ce fait, redevient subversif car il amène à remettre en question la situation actuelle. C’est un antifascisme dont ne peuvent pas se réclamer la fRance insoumise (qui veut construire plus de prisons) ou EELV (pour un capitalisme bio).
Le fascisme, c’est aussi une solution de repris des élites capitalistes face aux risques de révolution sociale. Hier c’était la famille Krupp, propriétaire d’une importante entreprise de la métallurgie, qui finançaient le parti nazi et profitaient du travail forcé des prisonniers du nazisme. Aujourd’hui c’est la famille Bolloré qui diffuse les idées fascistes à travers les médias qu’elle possède (dont Cnews) et qui exploite les travailleureuses en afrique grâce à ses liens avec les pouvoirs locaux. S’attaquer aux idées d’extrême-droite nécessite de s’attaquer à celleux qui les financent, les soutiennent et en tirent profit, donc aux capitalistes.
Le fascisme est la continuité du capital mais aussi de l’état. L’état fasciste n’est pas une création surgi du néant mais la perpétuation en plus violent et plus autoritaire de la structure précédente. L’avortement était déjà illégal quand le régime de vichy décida de le punir par l’assassinat d’état. Qu’il s’agisse d’Hitler et de Mussolini, ce sont bien les institutions des « démocraties » qui les ont amenés au pouvoir.
Parce qu’ils s’inscrivent dans une continuité, les états fascistes ne sont jamais détruits, d’autres structures de pouvoir viennent se greffer par-dessus. La police nationale, la carte d’identité ou encore l’ordre des médecins ont été mis en place sous le régime de vichy. Tous les flics, juges, matons et fonctionnaires collaborateurs n’ont pas reçu le paiement en plomb qu’ils méritaient lors des pseudos-libération. Prenons Maurice Papon, il put tranquillement organiser la déportation des juifs sous le régime de Vichy puis sous les 4e et 5e république, c’est l’organisation du contrôle et des massacres d’algériens qui deviendront son gagne-pain.
De l’état démocratique au fascisme, c’est un continuum. Les états « démocratiques » sont des terreaux du fascisme parce qu’ils entretiennent le nationalisme, colonialisme, autoritarisme et patriarcat. Les Centre de Rétention Administrative (CRA), véritables prisons pour étrangers, sauront se transformer sans problème en camps. Les troupes coloniales qui sévissent par-delà le monde n’hésiteront pas pour venir montrer en métropole l’étendue de leurs sévices. Quant aux policiers, avec plus de la majorité qui votent pour l’extrême-droite, ils ne cessent de montrer toute leur cruauté dans les campements des exilé·es, dans les CRA, dans les ghettos urbains et les manifestations.
La démocratie tolère très bien le fascisme en son sein. Les bars et clubs fascistes ont pignon sur rue et sont protégés et fréquentés par la police. Comme l’Alvarium à Angers ou la citadelle à Lille. Depuis quelques mois, mais de l’autre côté du Rhin, ces lieux de rencontre et d’organisation sont détruits par les flammes, du restaurant au manoir en passant par les clubs de sport et les bars.
L’action antifasciste doit viser à détruire le terreau même dans lequel le fascisme se développe. Le meilleur moyen de se battre contre les camps et prisons de demain, c’est de commencer par détruire ceux d’ajourd’hui. C’est dès maintenant qu’il faut détruire la famille, la patrie et le travail.