Un braquage

5 ans de prison pour 1 573 € braqué à un bureau de tabac. 1 825 jours de taule pour un fond de caisse et quelques cartouches de clopes. 1 825 jours enfermé 22h sur 24 dans une cellule insalubre, à supporter les matons sadiques, isolés de ces proches. 1 825 jours de torture pour à peine un mois de smic brut (1 554,58 €).
Pendant que juges et procureurs distribuent les années de prison, les marchands de poison continuent leurs sinistre business. Avec près de 1 000 000 000 € de profit par an en france, les cigarettiers se remplissent largement les poches. Et les 75 000 morts par an liée au tabagisme, les corps détruits et le temps passé à les soigner font de leurs gains un braquage largement plus sanglants.
Mais ce braquage là est autorisé, parce qu’il se fait sur le dos des exploité.es, parce qu’il enrichit les puissants. Parce que l’alliance entre le capital et l’état se fait sur notre dos.

Notre sobriété est révolutionnaire

Nous vivons dans une société où la consommation de produits altérant notre comportement est la norme : de l’alcool au cannabis, du café à l’héroïne, du tabac au LSD. Cette normalité repose sur un ensemble d’attitudes, de représentations et de pratiques sociales, c’est la culture de l’intoxication ou culture de la défonce. Cette culture est le produit de l’action d’individu.e.s, d’entreprises et de l’état. Elle varie donc selon les territoires, les classe sociale, le genre et autres. La culture de l’intoxication est composée de multiples cultures de l’intoxication.

Partout où il existe, l’état décide si certains de ces produits sont autorisés ou non. Ces interdictions ne sont pas basées sur les effets sur la santé, mais sur des héritages historiques, des rapports économiques et afin de développer des outils d’oppression des classes populaires et des populations racisées. La « guerre contre la drogue » aux états-unis avait notamment pour but de cibler les communautés noires, les opposant.e.s à la guerre coloniale du vietnam et les populations dites hispaniques. Le prohibitionnisme conduit à protéger le monopole des vendeurs de drogues déjà en place, à renforcer le pouvoir de l’état et persécuter des populations spécifiques.

Notre sobriété :
• n’est qu’un refus parmi tous les autres. Une hostilité de plus envers ce monde. Une tentative de plus de prendre plus soin les un·es des autres.

• n’a rien à voir avec le prohibitionnisme d’état, dont nous sommes des ennemi·es. Nous nous battons pour un monde sans police, sans tribunaux et sans prisons.

• s’oppose à l’injonction permanente à être toujours performant·es, toujours au top. Que ça soit socialement, par exemple lorsqu’on boit de l’alcool pour se mettre à l’aise en soirée. Mais aussi dans l’exploitation laborieuse, par exemple en buvant du café pour mieux endurer une journée de boulot ou de cours. Pour une meilleure acceptation de nos vulnérabilités. Parce que ça devrait être OK de pas aller bien, de se sentir fatigué·e, d’avoir des angoisses et donc pour un rapport plus sain à tout ça.

• s’oppose à la destruction de nos corps et de nos esprits. Pour ne plus avoir à pleurer des proches parti·es trop tôt, dans des accidents dramatiques liés à la consommation de défonce. Et parce que même sans parler de décès, la culture de la défonce détruit des vies.

• est un refus des codes de genre dans la consommation des substances. Car la culture de l’intoxication a un rôle coercitif fort vis à vis du genre et de sa binarité. En avançant que tel ou telle produit ou pratique serait des marqueurs de réalisation de sa masculinité ou de sa féminité.

• s’oppose à l’industrie de l’intoxication et à son patronat.

• est un refus de la pacification sociale opérée par la drogue.

• n’est pas un code moral, mais une lutte. Nous nous opposons aux habituels poncifs virilistes, validistes et psychophobes employés par les collectifs et les individu·es se revendiquant du straigt-edge et restons vigilant·es pour éviter ces écueils.

• comme une tentative de se réapproprier nos existences en acceptant les responsabilités dû à notre idée de la liberté. En responsabilisant nos comportements, surtout les plus merdiques comme ceux encouragé par la culture du viol dont les connivences avec la culture de l’intoxication sont nombreuses. La culture de l’intoxication/défonce déresponsabilise les agresseurs et fait culpabiliser les victimes.

Nous menons cette lutte pour nous-mêmes et en solidarité avec celleux que la culture de l’intoxication conduit à exclure d’espace de socialisation : les personnes enceintes, les enfants, les personnes malades, les personnes qui décrochent ou souhaitent décrocher. Et aussi pour tenter à notre échelle de couper court aux phénomènes d’initiation par les pairs, car c’est bien souvent sous l’influence de proches que nous consommons de ces produits.

Pour mener ce combat, nous appelons chaque personne à s’interroger sur ses pratiques de consommations, à déconstruire les idées reçues et à développer des outils pour se passer de ces compléments. Cela passe par l’organisation de moments sobres, que ce soit des discussions, des réunions ou des fêtes. Pour montrer que cela n’est pas une nécessité.

Actuellement, nombre de lieux et collectifs militants, mais aussi de scènes musicales alternatives réussissent à réunir de l’argent grâce à de la vente d’alcool. Il n’est pourtant pas nécessaire d’acheter un objet pour donner de l’argent aux projets que l’on soutient. C’est important de déconstruire cette habitude, car elle rend les collectifs dépendants de la vente d’alcool pour se financer, mais aussi, car elle donne une justification à la consommation de drogue.

Mais ce combat est aussi une lutte contre l’industrie de la drogue dans son ensemble. Contre les dealeurs qui s’associent à la police pour pacifier les luttes sociales ou expulser les squats. Contre les usines où viennent se crever à la tâche les ouvrièr·es. Contre celleux qui s’enrichissent sur l’addiction. Contre la destruction de l’environnement produit par cette industrie : monoculture, pesticides, fabrication du verre… Contre le colonialisme qui s’est appuyé et s’appuie encore sur la culture de l’intoxication.


Contre le capital, l’état et le patriarcat Pour une liberté totale ! Pour l’anarchie !

 

Pour aller plus loin :

• Mon Edge est tout sauf Straight : vers une critique queer radicale de la culture de l’intoxication (brochure disponible sur infokiosques.net). Une critique et réflexion sur la masculinité et l’hoophobie dans les mouvements straight-edge mais aussi une réflexion sur les liens entre la communauté queer et la culture de l’intoxication. Si le contexte et de nombreuses références de la brochure sont très états-uniennes, le propos demeure largement pertinent et peut facilement être adapté en fRance.

https://infokiosques.net/spip.php?article1492

• Tumer fue (disponible aussi sur infokiosques.net). Une brochure qui fonctionne comme un outil afin de se débarasser de son addiction à la cigarette. Mais dont les méthodes peuvent servir pour d’autres dépendances.

https://infokiosques.net/spip.php?article1749

• Vers un monde moins défoncé et merdique – Sobriété et lutte anarchiste (disponible sur lasinse.noblogs.org). Une bonne base pour réfléchir et agir sur les questions de sobriété mais surtout autour de l’alcool.

Télécharger la brochure.

 

Tumer Fue

Quelle idée pourrie que de prendre en charge l’écriture de cet article alors que je fume. Ca a surement bien fait marrer les autres du torchon qui elleux n’y touche pas. Merci bien. Me voila à lire cette brochure avec un double poids sur les épaules : résumer 80 pages en XXX signes et arrêter de fumer sinon ça prouvera juste que cette brochure est merdique. Me voila à commencer la lecture, on me dit bien de continuer à fumer jusqu’a la fin du texte, je m’exécute, et continu de m’enfiler mes petites clopes par-ci par-là. Parce que je fais partie de cette catégorie de fumeur.euses-qui-fume-pas-trop-que-quand-ielle-le-veux-qui-arrete-quand-ielles-le-veulent-evidement. Dès le départ on me dit que c’est nulle comme conception, la dépendance est déjà là et ce sera même pire que les « vrai » fumeureuse pour arrêter. Chouette, j’ai hâte.

La brochure est la réécriture « militante » d’un bouquin, donc au moins c’est inclusif, épargné de croyances mystiques ou de sauce « développement personnelle ».
La méthode se base sur quelques trucs simples :
Se dire que c’est facile et être sûre que ça va marcher !
Etre heureux.ses d’arrêter !
Ne jamais reprendre !
La dépendance à la nicotine est un des sevrages des plus simple, trois semaines max pour ne plus sentir un effet de manque et des effets physiquement infimes (un peu la sensation du ventre vide). Le plus tenace c’est la dépendance psychologique. Et oui le tabac c’est surtout un conditionnement mental.

La brochure parle surtout de pourquoi tu as besoin de fumer et comment on est conditionné. Sans tomber dans le « si je ne fume plus, je serais trop sain.e, vive les salsifis et la salle de sport tous les jours », ça te démontre comment la clope te vend un plaisir coupable.
Qu’on te fous bien dans le crâne des choses complètements fausses que tout le monde a totalement assimilé : la clope détend (heu non c’est un excitant, ce qui te détend c’est d’assouvir ton besoin de nicotine), la clope rend magique les moments chouettes du quotidien (ya aucun effet euphorisant dans la clope, c’est dans ta tête et qui a déjà eu un orgasme en clopant ? ), la clope ça te plaît en goût (heu nan ça te flingue tes papilles ; et fanchement ta première clope elle avait quel goût ? )…
Fumer va avec son lot d’images publicitaires qui te vendent du rêve plus ou moins subversif, le mythe de la liberté et la sensation de braver les interdits (quel.le fumeureuse ne sent pas sa liberté de cloper entravée quand on lui dit que c’est non fumeureuse), une image de mec virile ou de meuf indépendante/sexy (génial c’est des rôles qu’on adore). Fumer c’est un conditionnement social, on croit avoir besoin de ça pour appartenir à un groupe, pour avoir l’impression d’exister… En gros en fumant on construit une histoire, sa petite histoire pour continuer.

Une fois que tu sais que tout ça c’est dans ta tête et que tu ne l’as pas choisi, moi ça me donne juste envie de dire merde. On en reparle la prochaine fois.

Un des facteurs de reprise, c’est tes clopes à toi, à vous mes copaines fumeureuses, à cette ambiance la clope c’est cool, à nos réu aquarium, aux pauses que seule toi va prendre, aux lieux amis qui éloigent la question… Pt’être que tu penses que c’est mon choix de vouloir arrêter de fumer mais nan t’es aussi concerné, alors est-ce qu’on peut commencer à en causer collectivement et à être écouté aussi. cimer.

https://infokiosques.net/spip.php?article1749