Autodéfense face aux expulsions

La trêve hivernal prenant fin le 31 juillet, le bal sinistre des expulsions va pouvoir reprendre. Comprendre quelles sont les différentes étapes est un premier pas pour se défendre. Rappel important : une expulsion ne peut avoir lieu que si une décision judiciaire l’ordonne.

Dans tous les cas, le mieux est d’agir collectivement et de se faire aider le plus tôt possible. Cette fiche est extraite de la brochure éditée par le collectif anti-expulsions de Lille.

1. Les motifs pour enclencher une procédure d’expulsion

La dette de loyer : il faut au minimum deux mois d’impayés pour que le bailleur puisse enclencher la procédure, qui commence par le commandement de payer (avec un délai de deux mois pour régler la dette).

Le congé délivré par le propriétaire peut être donné pour motifs de vente, de reprise, ou motifs légitimes et sérieux (troubles de voisinage, dégradation…). Il doit être envoyé par lettre recommandée avec accusé de réception ou via un huissier 6 mois avant la date anniversaire du bail.

2. Assignation au tribunal d’instance

Si l’on n’a pas pu payer la dette ou si l’on n’a pas pu quitter le logement suite au congé délivré par le propriétaire, on peut être assigné au tribunal. Il est vraiment important de prendre contact avec une association de défense des locataires et/ou un avocat⋅e (avec l’aide juridictionnelle). Obtenir des reports d’audience pourra vous faire gagner du temps.

3. Audience au tribunal

Il est important d’être présent⋅e pour expliquer sa situation et se défendre. Dans le jugement, qui tombe quelques semaines après l’audience, peut être prononcé l’étalement du remboursement de la dette ou ordonné l’expulsion. Il est possible de faire appel dans un délai de 15 jours à un mois selon la procédure.

4. Commandement de quitter les lieux

Deux mois après la signification du jugement, un huissier vient vous remettre un commandement de quitter les lieux, qui ouvre un délai de deux mois pour quitter le logement. L’huissier doit informer les locataires des voies de recours. Vous pouvez saisir la commission DALO pour obtenir un relogement dans un HLM. Si la commission décide que votre demande est prioritaire, le préfet devra vous proposer un logement adapté avant toute expulsion. Vous pouvez aussi faire un recours devant le juge d’exécution (JEX) pour obtenir de 3 à 36 mois de délai pour quitter votre logement.

5. Tentative d’expulsion

Si les délais sont terminés, un huissier peut venir pour tenter de vous expulser. Il ne peut venir que de 6 h à 21 h, pas le dimanche, ni les jours fériés ni en période scolaire quand vous avez des enfants scolarisés, ni pendant la trêve hivernale. Vous pouvez refuser la tentative d’expulsion.

6. Demande de concours de la force publique

À la suite de votre refus de partir ou à votre absence lors de sa venue, l’huissier se tourne vers le préfet pour lui demander de pouvoir vous expulser avec l’intervention de la police. Après enquêtes, le préfet signe un arrêté autorisant l’intervention de la police ou non. Des recours sont encore possible.

Pendant la période de la trêve hivernale, entre le 1er novembre et le 31 mars de chaque année, ni l’huissier ni la police ne pourront venir vous expulser, exception faite des squats où aucun nom n’a été donné.

http://apuvieuxlille.org/wp-content/uploads/2019/08/Brochure-2.pdf

Dans le coin, vous pouvez contacter le DAL86 ou l’ADIL86.

Contre l’amour

« L’amour est un dieu. On communie avec lui dans l’extase la plus complète. On l’attend au tournant, on l’appelle au secours, on rêve d’être touché-e par sa grâce, on craint ses courroux plus que tout. On l’adore. On le prie, le soir dans son lit, de se manifester. Il nous sauvera. »
« L’Amour, c’est une forme d’échange affectif totale. Totalisante. Totalitaire. L’Amour, c’est toutes les formes d’échanges affectifs réunies. Un monstre, un léviathan, une hydre à moultes têtes._»

Cinq textes courts pour abandonner l’Amour avec un grand A, l’Amour mièvre, romantique, exclusif, hétéronormé, codé, catégorisé, possessif… Et pour entamer la construction d’une affection abondante, sans dominations et sans dépendances. Petites analyses de la culture de l’Amour, idées pour s’en défaire progressivement.

Pour lire la brochure : infokiosques.net/spip.php?article158

Vers un monde moins défoncé

L’alcool est un fléau qui emporte prématurément la vie de près de 40 000 personnes par an en France. Les méfaits de l’alcool ne peuvent être réduit à une question de santé personnelle ou d’accidents de la route. C’est aussi un élément constitutif de la virilité et des violences patriarcales mais également un outil de contrôle et de soumission des individus et populations, que ce soit au travail ou dans les ghettos américains. C’est avec l’aide de l’alcool que les colons ont massacré les populations amérindiennes, c’est ce qui permet à Danièle Ricard et à sa famille d’être parmi les plus grandes fortunes de France (plus de 6 500 000 000 €).

Le texte a été publié dans le contexte nord-américain, et cela se ressent à différents niveaux. Mais ça ne change rien à la pertinence des nombreuses réflexions présentes. Ce texte n’est pas seulement un témoignage, c’est aussi un appel à réfléchir sur notre rapport à l’alcool (et à toutes drogues), non pas seul·e mais avec nos proches, afin de s’émanciper de l’intoxication. Réfléchir à la place de l’alcool dans nos vies quotidiennes, dans nos fêtes et dans nos luttes. Prendre conscience qu’il est toujours présent, c’est cette bière aux concerts de soutiens, ce vin chaud sur les blocages, ce verre au bar après la réunion.

Vers un monde moins défoncé et merdique – Sobriété et lutte anarchiste de Nick Riotfag | traduit par les éditions Pailettes

Télécharger la brochure.

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Ni or ni maître, Montagne d’or et consorts

6 830 km. C’est la distance qui sépare Poitiers de Cayenne, chef lieu du département de Guyane. 6 830 km, c’est 310 fois Poitiers-Vivonne, alors pourquoi parler ici de la ville du mythique bagne plutôt que de celui de la Vienne ?

C’est que là-bas, dans la forêt se trouve une montagne, une montagne d’or qui fait frémir tous les conquistadors du XXIe siècle. Alors dans les bureaux, les avides préparent la conquête de la forêt. Une immense machinerie humaine et mécanique qui détruira la forêt comme ceux qui y vivent, qui réduira la vie à un lac de cyanure. Tout ça pour quelques paillettes d’or, pour des bijoux, des lingots et quelques soudures.

Mais ce qui se déroule en Guyane, ce n’est pas seulement la création d’une énième mine d’or, la perpétuation et l’extension de l’industrie de l’extraction, toujours prêt à ravager la terre et celleux qui y vivent. Ce qui se déroule là-bas, c’est la continuation du massacre, une autre salle de l’abattoir que certains nomment société.

« Avec l’intention de nuire à la Montagne d’or et au monde qui en a besoin, cet ouvrage est écrit par des individus profondément hostiles à toutes formes d’autoritarisme. C’est avec cette sensibilité que sont abordés la conquête du sous-sol de la Guyane réputée riche en or, son sol, sa géographie, ses populations et multiples réalités sociales. Voyageant de ronds-points en villages, de bureaux d’études en sites miniers, c’est une part de ce pays et de ses complexités qui tente d’être mise en mots avant de tirer les fils d’un entrelcas macabre : ceux de l’extraction minière qui s’intensifie sur ce territoire. »

Les éditions du couac, 190 p., septembre 2019
4 euros prix distro, 6 euros librairie
leseditionsducouac [arobase] riseup [point] net