En juin dernier, la cour suprême des états-unis a abrogé le droit à l’avortement, laissant ainsi chaque état faire leur tambouille et décider si oui ou non les personnes enceintes pourraient encore avorter légalement. En octobre 2020, c’est la pologne qui restreint encore un peu plus les possibilités d’avortement (déjà mince), dorénavant autorisé uniquement pour protéger la « vie » ou la santé des personnes enceintes, ou quand la grossesse résulte d’un viol. Sachant comment la reconnaissance des viols est simple dans ce monde patriarcal, on imagine l’horreur de la situation pour les victimes. Toujours en octobre 2020, 35 états (dont les deux cités plus haut) ont signé la Déclaration de consensus de Genève sur la promotion de la santé de LA femme et le renforcement de LA famille. Rien que le nom ça fait rêver. Des états qui ne peuvent pas se piffrer sur le plan politique ont signé un texte en commun pour cracher sur l’existence d’un droit à l’avortement international et sur l’obligation des états à faciliter ou financer des avortements. Apparemment l’ingérence sur les corps des personnes sexisées ça met tout le monde d’accord.
En france, quand tu veux avorter et même si c’est «_légal_», les locaux sont les mêmes que pour les personnes sur le point d’accoucher, histoire de bien te faire sentir que tu es une erreur dans la matrice de la reproduction de la vie, un bug dans le modèle de la famille hétéro-patriarcale. La culpabilisation te tombe dessus alors qu’un ovule ça se féconde pas tout seul (ou si mais c’est désiré dans ce cas là) et que la charge contraceptive est toujours très largement portée par les assignées meuf. Les idées conservatrices pro-life sont toujours présentes dans le paysage français, portées notamment par les fanatiques catho et facho dans leurs églises et leurs écoles. On peut citer la fraternité pie X qui a près de 200 lieux de culte (la chapelle de l’Immaculée Conception à Poitiers, la collégiale de Thouars, un pensionnat pour filles à Romagne…), les Survivants, Sos tout petits, la Fondation Lejeune et par le biais de la Lejeune Académie qui s’est tenue au domaine de l’abbaye de Pontlevoy (41), iels commencent à enrôler de plus en plus tôt. Et tout ce beau monde se retrouvera le 16 janvier à la marche pour la vie à paris.
Tout ça pour dire que les conditions d’accès à l’avortement ne vont pas continuer de s’améliorer. Et il restera toujours des personnes qui n’auront pas accès à ce ‘droit’ car sans papier, sans sécu, mineure, pauvre, trans, ayant dépassé le délai légal des 12 semaines (délais légal en france), car malmenée, horrifié, influencé par le personnel médical, ou situé dans un désert médical aux délais de prise en charge trop long…
Nos corps sont entre les mains des institutions. Nous sommes dorénavant tributaires du bon vouloir de politicien·ne et des médecins pour gérer nos vies et nos envies ou non de reproduction. Une pratique légale un jour peut devenir illégale le lendemain, voilà les limites des droits et des lois.
La légalisation de l’avortement en france en 1975 a certes contribué à sauver la vie de personnes enceintes qui pratiquaient des avortements de manière risqué mais elle a aussi criminalisé toutes les pratiques sortant du cadre imposé par l’ordre médical institutionnel. Le MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contrecaption) s’est battu ouvertement à partir de 73 pour la réappropriation des savoirs et pratiques médicales autour du corps des femmes et plus discrètement pour diffuser l’auto-avortement notamment avec la méthode Karman (par aspiration) simple et peu risquée. La répression est tombée sur certaine membre du MLAC et les groupes locaux se sont dissous dans les années 80. L’avortement par les plantes était également un savoir historique connu et transmis. Bien que les plantes soient de retour sur la scène de l’auto-médication, par le biais de bouquin, de brochures, faut se le sentir pour s’avorter sois-même et faire confiance aux gratte-papier qui peuvent être à peu près n’importe qui. Les savoirs directs transmis de personnes à personnes, avec une pratique et une expérience concrète sont rares, difficilement trouvable car toujours criminalisés, les initiatives collectives et autonome réduites à néant. En étant dépossédées des pratiques et des connaissances propres à nos corps nous sommes devenues dépendantes de ce système et dans l’impossibilité de pouvoir faire les choix qui nous conviennent.
Au états unis et sûrement ailleurs, il existe encore (mais pour combien de temps) des groupes pratiquants l’avortement auto-géré, le groupe Jane ou le groupe Boston Women’s Health Collective. Et il existe encore des personnes pour faire entendre leurs voix et porter leurs idées dans les actes.
Eglise Saint John XXIII de Fort Collins vitres détruites et tags – Entrée de l’organisation anti-avortement Oregon Right to Life à Keizer endomagée aux molotovs – Asso anti-avortement à Madison 2 vitres brisées et molotov lancé à l’interieur – Centre de grossesse anti-avortement Next Step Pregnancy Center à Lynnwood vitres détruites – Centre de grossesse anti-avortement Mountain Aera Pregnancy Services à West Ashville porte brisée – Centre de santé des anti-avortement CompassCare à Amherst incendié et tag « Jane was here » – Centre anti-avortement de l’organisation chrétienne fondamentaliste First Image de Gresham incendié – Centre de grossesse Hope de Philadelphie vitres bisées – Manif sauvage à Portland banque, commerces et centre anti-avortement aux vitrines détruites – Siège des députés et scénateurs du Vermont 7 fenêtres détruites et tag disant « si l’avortement est menacé, vous l’êtes aussi »…