Secu #2 Se préparer à ….

On écrit à l’impératif, c’est plus court, direct, ça ne veux pas dire pour autant que c’est un ordre. Ça reste des conseils mais si tu prends des risques, ne les fait pas courir aux autres, stp.

SE RETROUVER
Pour parler tranquillou, on vous conseille d’éviter les endroits surveillés (résidences, centre commercial, caméra, local anar), où vous pourriez être observé.es en groupe (parc, place), les endroits d’où l’on peut vous voir entrer et sortir en groupe et où quelqu’un·e pourrait entrer inopinément. Si vous êtes peu ça peut se faire en marchant, sinon dans un bâtiment public où il est possible de se mettre à l’écart (salle d’étude de bibliothèque, classe, arrière salle d’un café de pote) ou en extérieur si c’est possible de s’isoler voir même de partir en balade. Le mieux c’est de varier les endroits où vous vous retrouvez, d’éviter la routine.

LIENS ENTRE LES PERSONNES
Depuis votre téléphone, il est très facile d’avoir la liste des numéros composés et de l’utiliser pour établir des connexions entre les gens ; pareil pour vos mails surtout s’ils ne sont pas chiffrés de bout en bout ou au minima avec des boîtes mails « sécurisées » (riseup, proton mail, tutanotta…).
Les réseaux sociaux sont magiques, ils te disent déjà qui est pote avec qui ! Trop facile.

DÉPLACEMENTS
On sait ou tu es passé si tu utilises ta carte bancaire. Les données de ton GPS de smartphone ou de bagnole sont aussi utilisables, regarde comment l’éteindre. Ton téléphone en bornant aux antennes trace aussi des itinéraires plus ou moins précis selon la couverture des zones ou tu vas.
La voiture et sa plaque d’immatriculation sera repérée aux péages, si tu te fais flasher a un radar, ou avec les caméras en tout genre sur la route, voies rapides, en ville…

DOCUMENTS PAPIER
Sachez où se trouve chaque document qui pourrait vous incriminer et détruisez-les dès que possible. Le mieux est d’utiliser votre mémoire. Vos poubelles peuvent être fouillées. Pour faire disparaître le papier ya le feu ou l’eau en en faisant de la bouillie.
Assurez-vous de ne laisser aucun double «_fantôme », imprimé sur les surfaces où vous avez écrit, qu’il s’agisse d’un bureau en bois ou de blocs de papier.

EMPREINTES
Une empreinte est une marque laissée par un objet sur une surface ou un autre objet. Ça peut être celle de tes semelles, de la tête du marteau, de tes gants (texture du cuir, du plastique, maillage du tissu)…
Le mieux est de se débarrasser de tout ce qui peut laisser des traces identifiables ou de ne rien toucher mais souvent c’est compliqué (le sol au minima). Selon le degré de risque à toi de choisir ce qui craint ou pas et d’utiliser plutôt des objets, vêtements, protections… dont tu peux te séparer facilement.
Les flics vont chercher des traces autours des lieux, mais iels ne peuvent pas fouiller toutes les poubelles de la ville non plus, à toi d’évaluer le risque des objets que tu jettes.

EMPREINTES DIGITALES
Les empreintes digitales passent à travers les gants fin de type latex, et on peut aussi laisser des traces à l’intérieur de ceux-ci. On peut laisser des empreintes même sur du tissus, du bois, pq, la peau de quelqu’un.e… Attention au scotch, ça ne pardonne pas !
Pour nettoyer un objet des empreintes digitales, on cherche à dégraisser sa surface. Pour ça, on peut utiliser une éponge et frotter bien bien avec un peu d’acétone et frotter, frotter, bien frotter. La chaux mélangée au vinaigre blanc est censée dissoudre les graisses aussi.
Sur les surfaces métalliques c’est plus compliqué. L’oxydation sur le métal (par exemple, le fer rouillé) aura la forme des motifs du bout des doigts, il va falloir poncer au papier de verre la surface à nettoyer.

Lectures revanchardes

• Les orageuses / Marcia Burnier / ed. Cambourakis

C’est un petit bouquin, qui fait autant du bien qu’il tape là où ça fait mal, au cœur de l’hétérocispatriarcat. Sans trop être enrobé de fioritures, voir presque pas assez (on aimerait parfois en savoir un peu plus sur les personnages), on suit des bribes de vies reliées par une même envie. Une envie de vengeance, de violence collective par celleux qui se sont fait marcher dessus. Ça ne parle que de cela, un peu des dérives, des doutes aussi. Et ça fait du bien dans une fiction, d’avoir ce point de vue, celui des survivant.es amoché.es mais pas victimisé.es, et cette perspective, celle qui nous redonne la force et la capacité d’agir surtout quand on est épaulé.es.

Toute rage dehors/ infokiosque.net

Tu trouveras une compil de textes mettant en mots des actes de ripostes et de vengeances concrètes. Des mots de colère, de frustration mais aussi de joie et de plaisir. Ça va du récit d’expérience perso au communiqué d’action collective. Pour donner des idées, des envies, des moyens d’agir contre celleux qui perpétuent et profitent de la domination sexiste. Mais aussi pour nous questionner dans notre propre rapport au conflit, à la violence et faire notre chemin perso là dedans sans suivre une voie toute tracée.

J’ai perdu tout espoir

J’ai perdu tout espoir qu’un jour ce monde change réellement. J’avais déjà perdu celui qu’on puisse le changer par la démocratie, mais j’ai perdu récemment celui qu’on le change par l’extérieur de la démocratie. L’espoir est la laisse de la soumission, disait l’autre.

Pourquoi donc ça me rend si triste ? Parce que l’espoir est aussi la branche sur laquelle j’avais juché mes plus précieux rêves de soulèvement, et qu’en la sciant ils se sont brisés. Et je me trouve là, seule devant l’immensité du néant. Et il n’y a aucune racine qui ne survive à l’abattage du tronc.
Me voilà donc démuni, entre l’effondrement de ma vision fantasmée d’un futur potentiel et ma compréhension du passé qui s’effrite à sa suite. Enfermé dans le « no future » des punks, tant décriés par les spécialistes politiques d’un « milieu radical » quelconque. Je me retrouve à poil au centre d’un monde qui me fait gerber, des militaires aux assistants sociaux, des capitalistes aux pacificatrices qui ne font que frustrer ma rage en temporisant son expression jusqu’à nouvel ordre.

Mais pourquoi attendre encore lorsqu’on a réalisé qu’il n’y a rien à attendre ? Et pourquoi ne dit-on pas qu’on a perdu cet espoir alors que plus personne n’ose vraiment croire à un grand basculement possible ? Parce qu’on n’ose pas s’avouer qu’on a toutes eu la même idée ? Qu’on préfère se rassurer en propagandes sur l’insurrection qui n’en finit plus de venir ? Qu’on n’ose pas vraiment tirer les conclusions qui s’imposent après la perte de cette illusion ? Que finalement on partage l’idée naïve que répéter à l’envi un slogan résolument mensonger peut le rendre vrai, et que tout le monde se mette réellement à détester la police ?

On essaie de parler aux opprimées pour politiser leur révolte, ou aux gens politisés pour qu’ielles se révoltent. Mais on ne se demande même pas pourquoi ce qui nous semble être l’évidence représente pour tout le monde un non-sens évident.
Pourquoi même consacre-t-on tant d’énergie à cette vaine tentative de persuasion ? On méprise le verbiage condescendant de celleux qui cherchent à « massifier le mouvement », mais on s’imagine apparemment que les attaques diffuses et anonymes vont parler à des complices potentiels et se multiplier. Si l’anonymat limite assez certainement l’apparition de spécialistes de l’attaque, est-ce qu’il n’y a pas, dans notre hallucination collective à voir des complicités révoltées partout, la persistance tenace d’une croyance qu’un jour ces complices imaginés se soulèveront pour détruire ce qui les détruit ?

Et si on n’y croit pas réellement, mais qu’on continue de prêcher la mythologie de la révolution insurrectionnelle, est-ce qu’on ne fuit pas notre confrontation avec l’absurde ? Si on tente de convaincre d’autres que cette révolution/insurrection va venir, sans y croire nous-mêmes, qu’est-ce qui nous distingue des pires charlatans, promoteurs sans relâche de la marchandise et du Spectacle ? Et qu’est-ce que cela révèle sur notre rapport aux autres et sur notre humilité, lorsqu’on essaie de faire croire à d’autres ce à quoi nous ne croyons même plus nous-mêmes ?

S’il n’y a rien à espérer, pourquoi conserver de tels vestiges du catéchisme révolutionnaire ?
Et comment imagine-t-on répondre à celles et ceux qui en voudront aux évêques de l’insurrection, lorsqu’on les tiendra pour responsables de la souffrance endurée lors de la disparition de ces rêves impossibles ?

Si on a pu être séduites par ce refus catégorique d’attendre sagement la réunion des conditions objectives, pourquoi nous sommes-nous alors empressées d’élaborer des stratégies théoriques, qui ne sont finalement que de nouveaux prétextes à la patience et à l’inaction ?

J’en ai marre de me trouver des prétextes. J’en ai marre d’essayer de convaincre d’autres de ce à quoi je ne crois plus. J’en ai marre d’être sans cesse déçu par ces mouvements qui meurent et tout ce monde qui revient si facilement à la normalité.

La triste réalité me dit que je ne suis que quelques-unes, au beau milieu d’une foule de résignations accumulées. Je n’ai rien d’autre que mon corps, et au-delà de ma mort il n’y a rien. Ni Dieu, ni Euromillions, ni Révolution, ni Insurrection.

La survie quotidienne n’a rien à voir avec ce que j’appelle vivre. La vie sérieuse des adultes responsables me répugne, car je veux rester un vilain garnement. Leurs principes et leur vivre-ensemble puent la charogne, parce qu’ils consistent surtout à toujours supporter dans la douleur, sans réagir. J’emmerde le stoïcisme et leur pieuse religiosité, j’ai pas envie de m’autodétruire en laissant ce monde me dissoudre peu à peu.

Ils veulent m’anéantir en me rendant prévisible, en me surveillant dans la rue, en traçant mon téléphone, en supprimant les recoins et les virages, limitant ainsi les possibilités d’embuscade ; en fixant solidement le mobilier urbain au sol et en remplaçant les pavés par des grandes dalles indestructibles ; en délimitant scrupuleusement les espaces et les pratiques autorisées, tout ce qui sort de ce cadre étant blasphème ; en nourrissant ma peur des châtiments infligés à celleux qui franchissent la ligne qu’ils ont tracée pour que je réprime moi-même mes désirs singuliers.

Mais je sais aussi que rien de vivant n’est prévisible et que je refuse de mourir de l’être.

Si je tiens tant à vivre, c’est pour ces rayons de soleil qui percent les sous-bois, pour l’embrasement de cette voiture de flics, pour le son de cette vitrine qui éclate, mais surtout pour la sensation de celle qui serre le marteau lorsqu’il traverse le verre, pour le frisson qui me traverse lorsque j’allume la mèche, pour la sensation de ton sexe qui jaillit par saccades dans le fond de mon rectum, pour les pas feutrés et nocturnes dans mon nouveau chez-moi, pour la chaleur enveloppante de l’amitié qui m’envahit lorsque je pense à toi, pour mes larmes irrépressibles à l’annonce de ton incarcération, pour tous ces fous-rires incontrôlables et ces orgasmes fulgurants qui se gravent dans ma mémoire.

J’ai perdu tout espoir de voir un jour ce monde rêvé dont on m’a tant chanté les louanges et qui me permettrait de vivre dans l’harmonie avec mes semblables, en l’absence de tout pouvoir et de toute autorité. J’ai perdu tout espoir que ce monde soit réellement détruit, que je vive cette fameuse révolution.

Mais cet espoir était un mirage artificiel qui camouflait bien mal les ravages qui s’annoncent.

Aventurière dans la fourmilière, à la recherche d’une vie vraiment vécue, je ne crois plus en rien et je vivrai tout.

france, novembre 2016

texte trouvé sur attaque.noblogs.org et qui nous a parlé

Les petits colibris de l’extrême droite

Pour se diffuser les idées ont besoin de mots. L’extrême-droite, la droite, ou plutôt toutes les personnes ne reconnaissant pas l’existence des oppressions systémiques et ne luttant pas contre, mettent en place des termes pour véhiculer leurs idées de merde. On a vu fleurir le concept de théorie du genre, de cancel culture, d’islamo-gauchiste… On les retrouve dans les discours des policien·nes et relayé dans leurs médias. Mais malheureusement leur diffusion ne s’arrête pas là, et tels des petits colibris de l’extreme-droite, les mots et les idées sont reprises dans tous le spectre politique, chacun·e faisant sa part pour les rendre acceptables. La droite n’est pas en reste, elle reprend à sa sauce des concepts (l’affiche « liberté » de marine le pen) et revisite l’histoire sans aucun problème (théories révisionnistes en plus des faits habituellement passés sous silence). Il n’y a plus de vérité des faits, les mots sont vidés de leur sens et des théories improbables sont acceptées. Dans cette confusion ambiante, il nous parait important de ne pas céder à cela et donc de ne pas accepter des discours confus peu importe d’où ils viennent.

La cancel culture est une expression fourre-tout, inventée par la droite américaine pour disqualifier certaines revendications en matière de justice sociale. C’est un ensemble de réponses à l’impunité des dirigeants et à l’effacement des dominations. Et pourtant la cancel culture fait aussi peur à gôche (charli hebdo par exemple qui a peur de la censure populaire). Quand les personnes qui se font marcher dessus décident de dénoncer et d’agir sans avoir recours au système judiciaire que l’on sait complice des gens de pouvoirs, c’est la panique. Quand on boycotte le film d’un violeur ou qu’on toy un graff qu’on trouve nase, c’est la panique. Quand on veut dégager une statue de colon esclavagiste, c’est la panique. Que ce soit sur internet ou dans la rue ces « annulations » sont un moyen d’action face aux puissan·es.
L’acheter français gangrène certains cerveaux. Derrière ces mots n’y a-t-il pas des relents de protectionnisme nationaliste. Le silp français n’est-il pas produit par des travailleureuse francais·es exploité·es. L’usine en france n’est pas plus reluisante que celle en pologne. On a envie de crier au PCF que sont des exploité·es où qu’ielles soient.
Le mot migrant.e a remplacé sans papier. Une manière de reporter les problèmes sur leur passage alors que ce qui est merdique ce sont ces frontières étatiques et ces bouts de papier appelé carte d’identité qui te donne des avantages de passage ou te relègue dans les marges.
La théorie du genre, est une expression créee pour décrédibiliser la prise en compte du genre dans la sociabilissation des gosses. Attention à vous, la « théorie du genre » va transformer les filles en garçons et les garçons en filles, avec une idée très précise de ce qu’est une fille ou un garçon (entre les deux rien n’existe évidement !). Comment un concept comme celui là a pu se retrouver au programme d’une discussion à la grotte, à poitiers, un lieu ou les personnes se reconnaissent plus dans les squatteureuses que dans les huissiers ? Une des luttes de la manif pour tous est crédibilisée dans le milieu libertaire et se diffuse tranquillou, sans questionnement sur l’origine de cette théorie fumeuse.

Les mots engendrent la mise en place de pratiques. Cela amène souvent à des phénomènes d’exclusions, de rejet et de stigmatisations des minorités.
On peut parler du courant « féministe » TERF (trans exclusionary radical feminism), qui ne se revendique pas toujours ouvertement sous cette appellation, mais qui, par des pratiques et des oublis volontaires excluent les meufs trans des luttes féministes. Radicale oui, dans certaines de leur action, mais pour nous la radicalité, c’est de lier toutes les luttes et les causes des oppressions. Les TERFs basent les oppressions sexistes sur le vécu d’un corps féminin stéréotypé (reproducteur, avec des organes génitaux femelle binaire) et invisibilisent le sexisme vécu par les trans. Nous pensons que le sexisme est lié au genre que nous performons, perçu par la société. Que ce soit des féminismes aux anarchismes, n’importe qui se doit de se questionner sur, qui iel oubli, qui iel stigmatise.

Sur cette question de l’oubli, il y a une marge de tolérance face à des personnes n’ayant jamais été confrontée ces questions. Seulement, jusqu’où va l’ignorance ? Nous ne pensons pas que les Terf oublient, car elles se confortent dans cette exclusion, nous ne pensons pas que les anti-tec actuels comme PMO oubli que leurs propos sont validistes et sexistes, car cela leur a déjà été dit et que rien ne change dans leurs discours, nous ne pensons pas que les habitants légalisés et propriétaires de l’ex-zad de nndl est oubliés dans la lutte les personnes faisant le choix (ou étant contraint) d’occuper illégalement. L’oubli a bon dos pour mettre des questions de côté ou des gens, des choses que l’on trouve plus facile d’omettre, car cela colle mieux à des théories ou parce que cela facilite des pratiques.

On trouve ça dégeux de piocher tranquillement ce qui nous arrange ou des idées créées par la droite et de s’opposer farouchement à d’autres, c’est comme s’il y avait les mots de haines tolérables et ceux qui ne le seraient pas. Et donc on continuera à s’opposer à tous ces discours, à toutes les personnes qui les diffusent, qu’ielles brandissent un drapeau noir, rouge, violet ou bleu/blanc/rouge.

Bonne année !

La nuit qui marque la fin d’une année et le début d’une autre donne lieu à un déluge de messages de vœux. C’est un vœu un peu particulier qui a été adressé cette nuit-là aux vermines en uniforme dans le quartier de Saint-Eloi. En effet, c’est sous la forme d’un tir de mortier visant une voiture de flics que les souhaits ont été transmis. Bien évidemment, nous souhaitons à l’interpellé force, courage et liberté. Quand aux flics, on leur souhaite tout plein de choses mais certainement pas la santé.
Ce sont les flics qui font que les frontières existent et qu’on en meurent. Ce sont les flics qui font que des personnes dorment à la rue quand tant de maisons sont vides. Ce sont les flics qui hier déportaient les juifs et noyaient les algériens qui aujourd’hui tabassent et violent dans les centres de rétention administrative (CRA). Ce sont les flics qui mutilent et tuent pour que se construisent aéroports, barrages, centrales nucléaires, autoroutes, mines…
Ils sont aujourd’hui les gardiens zélés de l’ordre démocratique bourgeois et sauront demain, sans même retourner leurs uniformes, devenir les défenseurs du fascisme. Parce que la pièce dont ils sont les deux mêmes faces est l’alliage du capitalisme, du racisme, du colonialisme et du patriarcat.

Le bus ne passera pas

 

La part payée par les usager·eres de Vitalis représente seulement 20 % des recettes. Cet argent sert avant tout à payer les dispositifs pour contrôler le fait que les usager·eres payent (contrôleur·euses, tickets, machines, gestion administrative des abonnements…). Ce contrôle visent à restreindre la mobilité des populations les plus pauvres qui ne rentrent pas dans les critères (par exemple les sans-papiers) ou n’ont pas les moyens de faire les démarches (personnes juste de passage par exemple).
La gratuité du bus faisait partie du projet de l’actuelle équipe municipale mais semble désormais totalement enterrée. Malgré cela, de nombreu·ses « désobéissant·es civils » continuent de refuser de payer pour se déplacer. Malheureusement, la mentalité policière gangrène de plus en plus de cerveaux. Le 28 décembre dernier, une conductrice à décidée de jouer la contrôleuse. Le désobéissant interpellé ne s’est pas laissé faire et à réagi à l’excès d’autorité. C’est cette réaction que les médias appellent agression.
Pour répondre à la situation, les grosses têtes de la direction de Vitalis et des syndicats ont cogités dur : 4 contrôleurs de plus et des vitres plus épaisses. Bref encore plus de flicage et de surveillance, comme si les caméras dans les bus n’étaient pas déjà de trop.
Tout cela pour que les pauvres continuent de raquer pour aller au travail, à l’école, à la fac, au supermarché, à l’hôpital… Tout cela pour éviter de remettre en question le fait que les conducteurs de bus se comportent comme des merdes.
Comme nous le montre notamment l’histoire l’histoire d’un passager en mai 2020. Parce qu’il ne portait pas son masque comme le chauffeur le voulait, celui-ci a bloqué les portes pour l’empêcher de descendre à son arrêt et décide de rameuter des contrôleurs. Le passager, accusé de manière mensongère d’agression, il a été relaxé lors du procès qui s’est tenu récemment.
Si les chauffeurs se comportent comme des flics, qu’ils ne s’étonnent pas de se faire traiter comme.

Dépasser la défense de territoire

La lutte contre les bassines est une lutte bien vivante : manifestations, sabotages et soirée de soutien sans compter évidemment toutes les actions diverses et variées. Nous soutenons cette lutte et cela fait déjà un moment que nous en parlons dans ce modeste torchon.
Les bassines font partis des processus d’adaptation du capitalisme à la catastrophe climatico-écologique dont il est à l’origine. Comme tout ces processus d’adaptation (de la voiture électrique à l’éolienne industrielle), elles ne feront qu’aggraver la situation. Ainsi je pense que la lutte des bassines doit se concevoir comme un support spécifique et concret de lutte contre un ensemble largement plus vaste et plus difficile voir impossible à saisir dans son entièreté. Parce qu’il s’agit seulement d’un rouage de la méga-machine, il me paraît important que cette lutte serve aussi à élargir et approfondir la critique contre le reste.
Nombres d’opposants notent que les bassines servent à la culture de maïs fourrage, destinée à alimenter les animaux d’élevage. Ceux dont les cadavres et les sécrétions, une fois devenues marchandises sont renommées viande et lait. Cette information aurait dû conduire à inclure des réflexions et pratiques anti-spécistes dans la lutte. Car l’élevage, sous toutes ses formes, est une nuisance. Une nuisance à la vie car il est inacceptable d’enfermer, de reproduire de force et de tuer des êtres qui ressentent la douleur pour le prétendu plaisir gustatif de quelqu’un·es. Une nuisance écologique car la question de la gravité des dommages écologiques produit par l’élevage ne dépend qu’à la marge du mode d’élevage. Par exemple, les émissions de gaz à effet de serre des bovidés ne changent pas fondamentalement si ils se nourrissent d’herbe dans les champs ou de fourrage (l’élevage représente 14,5 % des émissions de gaz à effets de serre).
Une nuisance sanitaire, l’élevage pollue les sols et les cours d’eau mais est aussi le lieu d’incubation et de mutation des maladies de demain : développement des résistances aux antibiotiques, transmission des animaux d’élevage aux humains…
Les bassines sont, pour simplifier, une réponse technique à une question simple : comment permettre que malgré le fait que tout va changer tout puisse continuer comme avant ? Comment permettre que la chaîne industriel de la viande et du lait puisse continuer de produire de la marchandise et générer du profit ?
Les réflexions et luttes antispécistes permettent d’ouvrir un nouveau champ d’action contre les bassines, en proposant un non ferme et définitif non seulement à réponse technique mais à la question. Si les bassines sont tant défendues, c’est parce qu’elles sont un des maillons clés de l’agriculture industrielle et de l’élevage. Derrière les grands céréaliers se trouvent les éleveurs qui utilisent le maïs fourrage, les laiteries et abattoirs qui transforment les cadavres et les sécrétions issus des stabulation… Et les banques qui fournissent les liquidités, huilant ainsi tout les rouages. Une chaîne qui va des bassines de Mauzé-sur-le-Mignon à l’entreprise Bonnilait à Chasseneuil du Poitou en passant par le Crédit Agricole et Groupama. Ces projets de bassines se font grâce à tout un système, cela doit être prise en compte dans les réflexions comme dans les pratiques.
Prendre en compte les réflexions antispéciste, implique aussi de remettre en question des éléments de l’alliance hétéroclite anti-bassine. Comme la question de la présence des fédérations de pêche qui se préoccupent de la pollution et des manques d’eau car elle pourrait impacter leur loisir meurtrier. Celle de la vienne se range du côté des irriguant, celle des deux-sèvres contre les bassines.
Que les bassines se construisent ou non, il est déjà trop tard pour espérer préserver encore longtemps ce mode de vie privilégié dont la consommation massive de produits animaux est un marqueur. Ce mode de vie est le produit de massacres : passés, présents et à venir. Le refuser dès maintenant, c’est une manière concrète de s’y opposer.
Ces critiques peuvent être posés dans de nombreuses luttes qui peinent souvent à lier le spécifique au général, le local au global, le personnel au structurel. Penser ces liens permet des luttes horizontales, forte, vivante et résistante aux méthodes actuelles de la répression.

Mes conflits

Pendant longtemps je ne me suis pas ou peu plaint voir énervé. Puis avec le temps qui passe et des réflexions sur moi-même, j’ai commencé à me mettre en colère plus régulièrement contre ce que je trouve injuste ou inacceptable. En regardant en arrière, je me rends compte du nombre de comportements intolérables que j’ai pourtant toléré, de mécaniques nocives que j’ai soutenu par mon silence. De comment mes difficultés à réagir ont non seulement impacté ma vie mais aussi celle des personnes que j’apprécie.
J’ai l’impression de ne pas être seul dans mes difficultés à réagir à ce que je ne voudrais pas tolérer. Si j’ai autant de mal, c’est parce que j’ai subi tout un travail social visant à me pacifier de la part des institutions qui structurent cette société : l’école, la famille, la police, le travail… Non seulement elles nous inculquent la soumission et la résignation mais en plus elles nous dépossèdent d’outils et de compétences pour gérer les conflits que nous rencontrons inévitablement dans nos vies.
Il est arrivé un moment où plus que de la capacité d’exposer mes désaccords, j’avais (et j’ai encore besoin) de moyens et d’outils pour résoudre les conflits que ces expressions génèrent. Aussi bien pour désescalader le conflit et aboutir à travers la discussion à une résolution qu’à monter le niveau de conflictualité si le conflit s’enlise. Des outils pour ne pas laisser faire sans réagir mais qui me permettent tout de même de garder une certaine maîtrise du risque. Garder son calme et se trouver des complices peut s’avérer plus intéressant que laisser tout de suite s’exprimer sa rage.

Le conflit est le champ social dans lequel se retrouve les personnes impliquées dans les désaccords. Si je pense que le comportement d’une personne dans un lieu est problématique, le conflit n’implique pas que moi et cette personne mais de manière indirecte celleux qui sont présent dans le lieu.
Il ne suffit pas seulement de gueuler sur un tocard qui raconte de la merde, mais aussi soutenir les personnes qui le subissent, confronter les personnes qui défendent le tocard mais aussi toutes celles qui ne réagissent pas. Refuser de prendre position dans une situation d’oppression, c’est maintenir le statu quo, celui qui donne la confiance permettant au tocard de déverser sa chiasse. Un conflit est toujours le produit d’une situation initiale, ne pas prendre parti c’est toujours prendre le parti du dominant.
Mes renoncements ne sont pas seulement des choix personnels mais sont les petites briques qui cons-truisent les prisons qui nous enferment collectivement.
Quand je ne reprends pas les propos sexistes des autres keums, je ne me contente pas d’esquiver le conflit avec des potes mais participe à cette solidarité masculine si nocive. Quand je ne réagis pas aux propos racistes d’un collègue, j’entretiens l’entre-soi blanc. Etc…
Je ne veux plus accepter des demi-changements, des promesses bancales. Je ne veux plus accepter les fausses excuses. Je ne veux plus accepter les silences embarrassés. Je ne veux plus de ce calme qui cache les tempêtes qui bouillonnent en nous. Je veux porter les conflits à la surface et troubler l’eau boueuse de nos compromissions.