Squatter ou sauver, il faut choisir.

“Squatter ou sauver” nous plonge dans la vie d’un squat d’habitation et de lutte anarca-féministe-queer-antirasciste en non-mixité. Cela nous montre comment derrière ces mots, il existe plusieurs réalités. Comment squatter peut être récupéré pour faire dans l’humanitaire, comment l’auto-organisation ne va pas de soi et que la lutte peut être un effet de mode surtout esthétique.
À la base du problème notamment, un manque de définition des positions politiques claires pour le lieu et pour toustes. Même s’il y a eu des tentatives pour le faire au départ et en cours de route, la volonté de voir se réaliser ce projet a dépassé les doutes de chacune et tue les conceptions inconciliables de ce que sont les luttes féministes, queer et anti-raciste/décoloniale.

De cette expérience il ressort trois figures récurrentes que l’on peut transposer à d’autres luttes, si si vous les avez déjà croisées. Il y a l’ »associative », la “sauveuse” et la “radicale”. Les associatives consomment le squat comme un lieu alternatif dans un but individualiste et libéral, en oubliant régulièrement toutes les questions de sécurité. Pour elles, l’auto-organisation est soit impossible soit se fera magiquement et tout ira bien, sans penser une seule seconde que du “chaos renaît l’ordre, celui que l’on redoute, celui qui se met en place insidieusement, celui contre lequel on lutte” (coucou le féminisme blanc-bourgeois-cis-het).
Les sauveuses pensent le squat comme un moyen de pallier au manque de l’état, pensent en terme de quantité, d’hébergement de masse et d’urgence et d’intégration des personnes notamment les habitantes migrantes (coucou les gauchiasses rascistes-maternalistes). Ça efface totalement que le squat est un espace de lutte et d’émancipation vis-à-vis du pouvoir, en tout cas celui-là – car il y en a tout un tas dont les institutions se servent officieusement, ne l’oublions pas.
On en arrive aux “radicales”, celles qui veulent poser des mots, clarifier, discuter de fonctionnement, d’idéologies, de conflits. Qui s’épuisent à vouloir que toustes s’auto-forment et se remettent en question.

Le zine parle aussi des conflits, des agressions, des dynamiques affinitaires, de la safeitude, bref un sale tableau pour nous dire que nulle part, on est exempt d’oppressions systémiques et d’individualisme libérale. Partager les mêmes oppressions ne suffit pas à rassembler des individus dans une lutte. Cela ne prend pas en compte comment les personnes veulent lutter, pourquoi et avec qui. Prenons-le comme une piqûre de rappel pour tenter d’éviter de tomber dans les mêmes travers.

A lire sur :

https://paris-luttes.info/zine-squatter-ou-sauver-comment-le-14817?lang=fr

ou en cliquant ici : sauver-squatter

Le validisme c’est pas valable

Si parfois on peut être amenéEs à faire attention à notre santé et à celle des autres, ce n’est pas pour les beaux yeux du pouvoir en place mais bien pour mettre fin à diverses formes d’oppressions et de privilèges que nous maintenons et qui nous révoltent. Les fascistes de ce pays (gouvernements, nombreux.ses élu.e.s, multinationales, flics, magistrat.e.s, avocat.e.s, gestionnaires et contrôleureuses en tout genre,…), elleux, n’en n’ont réellement rien à faire de la santé des personnes. Ce qu’iels souhaitent, c’est garder leurs citoyen.ne.s au travail pour que ça rapporte, mais surtout pour les maintenir dans l’engrenage bien huilé d’une vie contrôlée et conditionnée.

Mais là où ielles veulent uniquement nous « maintenir en vie », nous voulons être vivantEs !!!!

Ce que nous et d’autres souhaitons en tant qu’anarchistes, anti-autoritaristes, anti-racistes, féministes, queers, anti-validistes… c’est s’efforcer de mettre fin à toute forme d’oppression.

Aussi, si cette crise du Covid 19 doit nous permettre de nous révolter face à nos propres comportements validistes d’avant crise, qui voulaient que nous laissions crever les personnes à risque chaque hiver face à une « simple grippe », et bien tant mieux. Et parce qu’on a plein de solutions à créer ensemble, réfléchissons y collectivement en dehors du carcan gouvernemental.

Pour toutes les personnes qui se sentiront privées de leur liberté dans le contexte actuel. Si pour vous la définition de la vie libre c’est de taper sans pression la biz à vos potes alors que d’autres se demandent si iels vont survivre à l’hiver prochain, j’appelle pas ça vivre mais profiter de nos privilèges de personnes valides.

Il y a un moment où il faut arrêter de décider pour d’autres de leur propre sort. Je vois pas pourquoi faire attention à pas refiler la maladie à n’importe qui ça nous priverait de nos libertés. Personnellement, si une de mes libertés détruit ou ruine la vie de certaines personnes, j’appelle pas ça une liberté mais une oppression ou un privilège. Pour moi, ça nous met juste devant le faite accompli qu’on entretien des rapports d’oppressions dans nos comportements et qu’on est pas prêt.e.s à questionner un temps soit peu nos privilèges. Si je peux changer mes habitudes pour que les personnes avec qui je vis et je vibre puissent se sentir un peu plus en sécurité, je le fait. Et même je mériterais des beignes si je m’en foutais.

Ce que toi tu appelles liberté, les autres appellent ça oppression, qui les discrimine, les stigmatise, les rends parfois impuissant.e.s, et les mets en danger. Si une femme te dis que tu monopolises la parole en tant que mec cis, tu fermes ta gueule, tu écoutes et tu te remets en cause. Si une personnes racisée te dis que prendre l’accent noir c’est pas drôle mais c’est raciste, tu te tais, t’arrête de « rire de tout » et tu te remets en cause. Alors si dans un contexte de pandémie mondiale une personne à risque te dis que ton « privilège de maintenir une vie normale » alors que sa vie est menacée c’est un comportement validiste, tu la crois, tu te questionnes sur tes habitudes et tu fais ce qui est possible pour prendre soin d’elle. Si on écoute les personnes concernées et s’il y a des choses qu’on peut faire pour arrêter de maintenir des dominations sur elleux, faisons-le. Arrêter de faire la biz, porter un masque, me faire dépister, rester éloigné de personnes à risque si je suis suspecté de maladie… si ça peut permettre de pas envoyer des gens qui kiffent la vie rejoindre le tombeau des lucioles, et bah banco.

La liberté que les genTEs citent souvent c’est pas la même que la mienne. La considérer comme une quantité finie c’est un concept néo-libéral auquel je crois plus. Pour moi, ma liberté commence uniquement si les autres sont libres aussi. Et du coup je peux pas me considérer libre si cette soit-disante liberté maintien une domination. Perso, je ne me sentirai pas libre dans ce monde tant qu’on enfermera des personnes agées dans des ephad à leur insu pour les y laisser mourir. Je ne me sentirai pas libre tant qu’on mettra des personnes racisées en prison pour obtenir une main d’œuvre bon marché, tant que des personnes devront cacher leurs pronoms par peur du mépris ou de l’exclusion, tant que des forêts seront rasées au profit des grand.e industriel.le.s, tant qu’on prendra des décisions directement à la place des personnes concernées. Je ne serais pas libre tant qu’il existera des oppressions auxquelles j’ai participé et participe encore (bien que j’essais de les saboter en moi-même), mais surtout tant que je saurai que certaines personnes participent à ces mêmes oppressions mais qu’elles font le choix délibéré de ne pas y mettre fin.

Comme de toute façon je suis pas libre pour le moment, autant en profiter pour essayer d’étendre ma liberté en même temps que j’essaye d’étendre celle des autres.

Dire qu’un couvre feu ça va tousTEs nous sauver d’un craquellement des services de réanimations durant tout l’hiver, je crois que personne n’y crois. Et là encore, si on se considère privée de notre liberté face à cette mesure répressive, il faut se dire que c’est déjà le quotidien de certainEs qui payent le « coût » de leur genre ou de leur couleur de peau de quelques points de sutures à la matraque si iels ont la hardise de se balader dans le mauvais quartier à la nuit tombée. Alors peut-être que la peur des keufs va maintenant se répandre, viscérale, aussi chez celleux dont les vies étaient jusqu’ici bien tapies. C’est seulement au moment où on rentre dans la vie des autres qu’on se rend compte de la merde.

Alors ? Faudra attendre le covid numéro combien pour que les valides d’aujourd’hui acceptent de lâcher leurs privilèges parce qu’enfin iels seront concerné.e.s par les risques d’une telle situation ?

Le monde il était malade bien avant le covid. Alors n’attendons pas que les orages passent en continuant à prendre toujours le même chemin alors qu’il mène droit à un mur ; soit on change toustes de chemin et on avance vers du mieux, soit on sort les paillettes et les massettes et on fracasse le mur pour enfin accéder à la forêt qu’est derrière ! (n’essayez pas de trouver un sens clair à cette métaphore, même moi j’en ai pas forcément..)

Sous la rage la rage !!!!

Vent