Ce vendredi 13 mai, deux procureurs ainsi que l’archevêque pascal wintzer ont signés à poitiers un protocole concernant les violences commises par des membres de l’église catholique. Trois petites signatures pour donner le change. Faire croire que l’église a changée quand elle se contente de fixer une journée de prière collective et de signer des papiers sans valeurs. Tout cela est évidemment un jeu de dupe qui cherche à faire croire que la protection que l’église à offerte aux agresseurs et violeurs pédophiles n’était pas la conséquence structurelle d’une organisation patriarcale dont l’idéologie empêche les femmes et les enfants de disposer librement de leurs corps. L’église catholique s’oppose encore actuellement à l’IVG mais est aussi fondamentalement homophobe et transphobe. Mais cette opération de com’ ne pourrait pas avoir lieu sans les pisses-merde de la presse local, comme Vincent Buche. Fin philosophe, celui-ci écrit : « Ce protocole ne règle pas forcément tous les problèmes moraux auxquels peut-être confronté un prêtre, notamment en relation avec le secret de la confession.». Une manière pour le moins particulière pour évoquer les violences sexuelles commises par les religieux, couvertes par leurs collègues et leur hiérarchie qui ont faites, rien qu’en fRance, plusieurs milliers de victimes. Le rapport Sauvé estime que depuis les années 50, l’église catholique a été le refuge de près de 3 000 violeurs pédophiles. De même, «Tout signalement émanant soit directement d’un membre de l’Eglise (prêtre ou laïc) ou via l’autorité épiscopale (qui disposera d’une adresse mail dédiée) donnera lieu à des investigations.». Visiblement il faut faire partie d’une organisation complice de génocides, de l’esclavage et s’opposant aux libertés les plus élémentaires pour que sa parole ait la moindre valeur aux oreilles de la flicaille. A moins bien sur que tout ceci ne soit qu’une mise en spectacle du minimum. Le 27 novembre 2021, pascal wintzer déclarait dans le torche-cul la croix, aux victimes de mettre leur douleur en veilleuse, de pardonner aux agresseurs et de refuser tout changement dans l’église. Le 18 octobre 2020, au chili, des rebelles iconoclastes incendièrent deux églises à Santiago. L’une était dédiés aux flics, le presbytère de l’autre avait servit de centre de détention et de torture durant la dictature militaire de pinochet. Et si nous avons une confession à faire, c’est que tout cela nous semble une manière plutôt efficace de régler le problème qu’est l’église catholique.
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Il n’y a pas de liberté surveillée
Cortège de fete
Depuis plusieurs semaines, on se retrouve chaque samedi en centre ville contre l’ordre policier et la société qui en a besoin. On se retrouve nombreux.ses et déter. Et ça fait plaisir! Ça fait plaisir de voir de moins en moins de gens qui filment et de plus en plus de personnes qui leur disent d’arrêter cette pratique qui nous met en danger. Plaisir de voir que certaines caméras ont été repeintes. Ça fait plaisir de voir autant de personnes qui ne se reconnaissent plus dans les promenades syndicales et préfèrent les manifs sauvages, largement plus vivantes. Les sauvages ne sont pas des moments folkloriques mais sont un moyen concret de perturber le dispositif policier. Les trajets convenus avec la préfecture permettent aux flics de se préparer aux mieux et donc de limiter notre action. La police peut dévier le trafic, stationner à des endroits clés ou nous bloquer l’accès à certaines rues.
Face à un dispositif policier poitevin très lourdement équipé par rapport à nous, notre force repose en partie sur notre imprévisibilité. Une sauvage qui reproduit semaine après semaine les mêmes parcours et tente vainement d’accéder à des endroits inaccessibles perd de de sa spontanéité et donc une partie de ce qui fait sa force : sa capacité à contourner le dispositif policier.
Un autre élément qui fait notre force, c’est la solidarité. Si nous courons, si nous nous dispersons, si nous nous scindons dès les premiers tirs de lacrymo, nous allons laisser des compas isolé.es derrière nous. C’est ces moments là que la police va utiliser pour arrêter des manifestant.es, ce qui à conduit à une GaV samedi 12 décembre. Ne pas courir mais marcher vite pour éviter des mouvements de panique, se regrouper et attendre pour permettre aux blessé.es de reprendre des forces, nous permettent d’être solidaire.
Bash BAC
Il y a parmi les organisations dite de gauche une rhétorique qui revient à chaque fois que les manifestations ont une allure autres que celle de procession religieuse au son des cantiques syndicaux, c’est celle des « agents provocateurs ». Il y aurait dans les cortèges des flics infiltrés qui ne seraient là que pour casser afin de « discréditer la manifestation ». Bien évidemment qu’il y a des policiers infiltrés dans les cortèges ou organisations et il faudrait parfois être aveugle pour ne pas les voir, mais faire croire que derrière chaque casse il y a la main de la police, c’est sombrer dans le complotisme.
Ce ne sont pas les dégradations qui affaiblissent le mouvement, mais celleux qui se mettent en retrait dès qu’une banque est redécorée. Celleux qui aiment la masse quand elle reste sagement dans la nasse. Celleux qui font semblant de ne pas comprendre pourquoi des banques, des agences immobilières ou des magasins de luxe sont attaqués. Les révolté.es d’hier comme d’aujourd’hui n’ont jamais eu besoin d’une quelconque provocation policière pour s’attaquer aux causes de leurs malheurs, et pas seulement de manière symbolique.
Si ces organisations tiennent ce discours pacificateur, ce n’est pas parce qu’elles y croient mais pour tenter de garder le contrôle de la contestation. Et si ce discours sert la propagande de l’état qui veut séparer les « bon.nes » des « mauvais » manifestant.es, c’est parce que ces gestionnaires de la colère veulent un jour être aux manettes de l’état. Si ils condamnent l’assaut contre la domination, c’est parce que le monde qu’ielles veulent n’en sera pas débarrassé.
Des pavés dans le ciel, des étoiles dans les vitrines.
Des médias dépendants
Suite à l’assassinat de Georges Floyd aux Etats-Unis et aux manifestations contre les violences policières appelés notamment par le comité Adama, cette question des violences policières refait son apparition dans les médias en France au mois de juin. Tout le monde en parle, et des expressions comme « violence systémique » et « racisme structurel » pour qualifier les keufs existent dans les médias.
Mais cela ne dure pas. Début juillet, Darmanin devient ministre de l’intérieur et reprend la défense aveugle des bleus, tout en parlant « d’ensauvagement », terme piqué à l’extrême droite, pour remettre en avant la fable de l’insécurité galopante. Et les journalistes suivent. Alors qu’en juin, des habitant·es racisé·es des quartiers populaires interviewés demandent justice, un mois plus tard d’autres demandent plus de police. L’ordre est rétabli.
Mais comment passe-t-on, en quelques jours, d’une situation médiatique à son contraire ? Rapide analyse et critique des médias en France.
Le secteur de la presse est dans les mains des plus riches et des plus puissants. Selon des chiffres de 2017 publié par bastamag1, huit milliardaires et deux millionnaires se partagent les principaux médias, qui représentent 90 % des quotidiens nationaux vendus chaque jour, 55 % des parts d’audience télé et 40 % de celles des radios. Parmi eux citons Bernard Arnault, à la tête du groupe de luxe LVMH, et patron des Echos et du Parisien, Patrick Drahi, principal actionnaire de SFR et à la tête de Libération, L’Express, BFM-TV, RMC, Martin Bouygues, PDG du groupe de construction et de télécomunication Bouygues, dont fait partie le groupe TF1. En plus, les principaux revenus de la presse proviennent de la publicité, et donc des grands groupes capitalistes.
Pour travailler dans ces rédactions, il ne faut donc pas fâcher les financeurs. Mieux même : il faut leur plaire. Et ça se ressent dans le choix des journalistes mis en avant, aussi appelé éditorialistes. Ce sont toujours les mêmes, qui passe d’un média à l’autre sans problème, grâce à leur docilité, leur idéologie mortifère, et leur défense des puissant·es. Deux exemples, pas avares pour défendre les puissants et dénoncer les plus faibles : Nicolas Demorand est notamment passé par Libération, Europe 1, RTL, France 5, Canal + et France inter. Natacha Polony est elle entre autres passée par France 2, Canal +, Europe 1, France inter et Marianne. Les autres journalistes doivent bien souvent garder leurs idées dans leur poche et s’adapter à la ligne éditoriale édictée.
Les puissant·es à la tête de ces médias les gèrent comme leurs autres entreprises : à coup de suppression d’emplois et de hausse de productivité. Cette industrialisation entraîne une uniformisation des sujets : tout le monde parle de la même chose, tout le monde interroge les mêmes personnes, tout le monde a les mêmes les mêmes angles et points de vue : réactionnaire et dominant. Et les personnes ne voulant pas s’adapter doivent partir, comme le montre ce qui s’est passé à Itélé (aujourd’hui CNews) en 2016, suite aux changements consécutif à rachat du groupe Canal+ par Bolloré : 100 journalistes sur 120 ont démissionné.
La concentration des médias aux mains d’une oligarchie, ainsi que la monopolisation de la parole par les éditorialistes, porte-voix de leur maître·sses, a pour conséquence une droitisation toujours plus poussée de la presse. A tel point que les élus du rassemblement national, constamment invités à s’exprimer par tous les médias, apparaissent presque comme les personnes les plus modérées sur les plateaux de CNews ou LCI.
En juin, à la sortie du confinement, les violences policières sont un sujet mondial. Les manifestations se multiplient partout aux Etats-Unis et un peu partout dans le monde, dont en France. Les journalistes sont obligés de s’emparer du sujet. Iels le font à leur manière, en faisant mine de s’interroger, et adoptent tou·tes le même angle : celui de la comparaison avec la situation étasunienne, pour en conclure qu’en France, ça n’a rien à voir. On a pu y voir une brèche, la suite nous a refroidi. Le terme ensauvagement s’installe au ministère de l’intérieur, qui ordonne une opération de police à Grenoble sur la base de vidéos extraites d’un clip de rap. Parce que l’insécurité n’augmente pas vraiment, il faut agir au nom du sentiment d’insécurité, véhiculé par les médias. La boucle est bouclée, le serpent se mord la queue.
Le champ médiatique est verrouillé. Il n’y a rien à attendre des grands médias, dont le seul but, en plus d’engranger les profits, est de justifier et faire perdurer le capitalisme et les autres systèmes de dominations.
1/ https://www.bastamag.net/Le-pouvoir-d-influence-delirant-des-dix-milliardaires-qui-possedent-la-presse (retour au texte)
Couvre-feu : les réacs attaquent
A la suite de villes aux maires bien réac comme Béziers, Perpignan, Nice, Cannes, Mulhouse, six communes de la Vienne ont décidé de décréter un couvre-feu de 22h à 5h pour « lutter contre la propagation du virus » : Buxerolles, Biard, Châtellerault, Fontaine-le-Comte, Poitiers et Saint-Benoît.
Alain Claeys, le maire de Poitiers, est le premier à demander son instauration par la préfecture. Selon lui, les mesures de confinement hyper restrictives qui interdisent de sortir sans attestation, ne le sont pas assez. « La situation n’est pas encore complètement satisfaisante et nous constatons un nombre important de verbalisations la nuit. Ainsi, hier soir [dimanche 22_mars], ce sont 40 verbalisations qui ont été effectuées par les services de police. Il est de notre devoir de prévenir le plus en amont possible les effets d’une vague épidémique afin d’assurer le meilleur fonctionnement de nos centres hospitaliers. Aussi, cette mesure s’impose dès aujourd’hui avec force. »
Voilà pour les mots. Et concrètement, qu’est-ce que cela change ? Rien puisqu’il est interdit de sortir sans attestation dérogatoire, sous peine d’une amende de 135€ en cas de contrôle par les flics, qui décident ou non de verbaliser selon que ces derniers jugent la raison valable ou pas. Comme la journée.
Le couvre-feu n’est pas une mesure sanitaire, mais une mesure sécuritaire et raciste qui relève d’abord de la communication. Il n’a jamais été appliqué dans des communes rurales, puisqu’il vise les quartiers dits populaires, en fait racisés. En regardant l’histoire, cela est clair. Le couvre-feu a été utilisé en France lors de la fin de la guerre d’Algérie, et c’est lors d’une manifestation contre le couvre-feu pour tous les « Français musulmans d’Algérie » qu’a eu lieu le massacre du 17 octobre 1961 à Paris. On se souvient de son utilisation lors des émeutes de 2005 dans les banlieues suite à la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré ou plus récemment à La Réunion au début du mouvement des Gilets jaunes.
Les media à la rescousse : racisme et paternalisme
Pour vendre cette mesure dégueulasse, les pouvoirs publics peuvent, comme d’habitude, compter sur les media locaux. On a lu et vu pas mal d’articles et de sujets pendant le confinement, parce qu’on avait du temps, et pour votre santé mentale, on ne vous conseille vraiment pas. On a choisi un reportage de France 3, du 25 mars.
Le sujet traite de la première nuit de couvre-feu à Poitiers en suivant la police. Il s’assimile à un reportage de guerre : nous sommes avec les keufs dans une « ville en guerre contre le virus ». Il y a deux camps : les gentil·les dont les flics qui lutte contre, et les méchant·es qui propagent le virus. Oui oui, la vie c’est super simple.
Les gentil·les sont dans le centre, les méchant·es dans les quartiers périphériques. Dans le centre, on voit des gens marcher dans la rue, tranquille. Et deux personnes sont interrogées, l’une d’accord avec le couvre-feu, l’autre qui va travailler, alors que les keufs sont pour l’instant absents. Et puis on va à Saint-Eloi, un « quartier connu pour ses trafics de drogue ». Un quartier de méchant·es, où les keufs se baladent avec des lampes torches. Jérôme, policier, s’adresse à deux personnes à leur fenêtre : « Faut plus sortir à cette heure. On est d’accord ? Oui ? C’est très bien ». Les méchant·es, faut leur parler comme à des chiens pour qu’iels comprennent. Il enchaîne, à la caméra : « Y’a tout l’temps, tout l’temps du monde. Ils sont présents, ils sont là encore, parce qu’ils sont partis par les parkings souterrains. » Les rats se cachent pour propager le virus, merci Jérôme de nous protéger, grâce à ta lampe torche ! On va ensuite à Beaulieu, où Jérôme ouvre des portes pour débusquer les rats. Il n’en trouve pas. Les gentils vont gagner la guerre.