Hourriya, c’est une série de petits livres format A6 qui explorent des sujets spécifiques dans une optique anarchiste internationaliste. Ce numéro et les précédents peuvent être commandés sur hourriya.noblogs.org. Dans le numéro 6, La guerre du sous-sol, paru à l’été 2020, les auteurices évoquent la question des matières premières à travers cinq articles.
On a bien apprécié les deux premiers articles. Le premier offre un balayage assez complet de 200 ans d’industrialisation, des plantations coloniales de caoutchouc à l’extraction des terres rares en passant par les puits de pétrole. Un bref récit pour nous rappeler que « La terre entière est devenu un immense gisement à piller pour fabriquer et alimenter des machines. Aucune solution de continuité ne nous sortira de l’abîme, aucune “résilience” n’est possible sur une planète ravagée par les pillages, empoisonnée par les déchets et traversée par des guerres pour le contrôle des matières premières. Seul un bouleversement profond de l’existant pourrait amener une perspective autre. »
Le second, nous entraîne de manière pointue (peut-être trop) dans le domaine assez méconnu des réseaux de la vente de matières premières. Sont ainsi citées des noms d’entreprise que l’on connaît bien peu (Vittol, Gunvor, Trafigura, Koch, Louis Dreyfus…) et qui pourtant brassent des centaines de milliards et sont un rouage central de l’industrie mondiale.
Le propos clair et accessible permet d’avoir un aperçu d’ensemble des ravages passés et actuels ainsi que des mécanismes qui produisent cette désolation. Même si on regrette que le livre n’aborde pas les moyens concrets pour réaliser ces rêves de destructions.
Les deux articles suivant, centrés sur l’amérique du sud, nous ont semblés moins pertinents pour alimenter les réflexions et pratiques locales. Le livre termine par une réflexion générale sur les luttes de territoire et sur comment « Au-delà du simple slogan, remettre en cause le monde (autoritaire, capitaliste, industriel, technologique) qui en a besoin et produit les structures mortifères qui se construisent partout, peut s’adresser à toutes celles et ceux qui, tout en ne subissant pas nécessairement les impacts directs de quelques nouveau “grand projet”, n’en font pas moins quotidiennement les frais des aberrations du Progrès ».