Contre toutes les cages

Quand on commence à parler de lutte conte la prison d’un point de vu féministe, on peut avoir dans la minute une remarque du genre « mais les violeurs* quand même ! ». Alors trigger ce texte va parler de ça un peu (pas de détail, pas de description) mais c’est surtout une tentative de réflexion anarca-féministe plus générale.

pourquoi parler de ça

Les luttes féministes contre la taule ne s’arrêtent pas à la question des violeurs, heureusement. Seulement dans les critiques anti-carcérales il y a parfois un vide à ce sujet. Est-ce délibéré ? Trop épineux ? Casse-gueule ? Essayons de se frotter aux ronces. La proportion pour viol ou agression sexuelle en taule est relativement faible (10,7 %, source OIP) alors certain·e ne trouve peut-être pas judicieux de s’attarder dessus. Plus de la moitié des prisons sont remplis par des peines pour vols ou trafic de stup (source OIP). A ces sujets la critique de l’enfermement est plus “simple”, il suffit de dire que ces personnes pourraient être libres si on changeait notre relation à la propriété et à la légalité (de la défonce notamment). Un braquage, un acte quelconque de rébellion contre la société, peut être vu comme une chouette pratique subversive. Cependant, être en taule pour viol, pédocriminalité, inceste… c’est pas mythifiable, c’est pas excusable et donc on fait quoi avec ça.

la société du viol

Les violences sexuelles et sexistes font partie du patriarcat, elles ne sont pas des faits isolés ou le résultat de comportements individuels « déviants ». Elles sont la norme. Le produit d’individus bercés dans une société qui diffuse la culture du viol. On peut juste vous dire de regarder, écouter autour de vous, de réfléchir 5 minutes à vos comportements ou vécus. Ce n’est pas parce que les personnes autrices sont le produit d’une société sexiste, qu’elles ne sont pas responsables de leurs actes, elles le sont. Reconnaître qu’on merde, qu’on a merdé c’est possible, changer c’est possible. Les personnes qui acceptent de jouer ce rôle, qui choisissent de ne pas s’en extraire, qui profitent de leurs privilèges, ces personnes sont complices de ne rien faire pour changer elles-mêmes et leurs comportements et pour ça, ce sont des merdes. Seulement, on peut aussi considérer que la merde est partout, autour de nous et aussi en nous toustes. Penser que la prison pour les violeurs est un remède miracle n’a pas de sens. Penser que la prison tout court est un remède à quoi que ce soit n’a pas de sens. Penser qu’il existe un remède miracle contre les violeurs n’a pas plus de sens.

problème dans le système

La police, la justice, la prison ne sont pas là pour vous « protéger » car ces institutions sont les rouages d’un état patriarcal qui protège les auteurs et perpétue ces violences à l’intérieur même de ses institutions. Demander des droits, c’est demander à l’état patriarcal de s’en porter garant, c’est demander à la source même des oppressions d’y mettre fin. La culture du viol imprègne les flics, les juges, les avocat·es, les procureur·es, les magistrat·es, iels appliquent leurs représentations sexistes et raciste sur les concerné·es et parmi elleux il y a aussi des agresseureuses qui soutiennent et protègent les autres. Qui font les lois ? Des hommes cis, hétéronormés, blancs et riches. Qui remplissent les taules ? Toustes les autres… Les non-blanc·hes, les pauvres, les pas normé·es, les trans… Penser la taule comme une option possible, c’est oublier les biais de ce système et fermer les yeux sur ce qu’il perpétue. Bien qu’avoir recours au pénal, porter plainte, pour certaine est une question de survie à un moment donné, cela ne reste pas une solution en soit, c’est un palliatif. Le problème est systémique. Lutter contre le patriarcat ne se cantonne pas à une tentative de changer des comportements, c’est lutter aussi pour la destruction de tout un système oppressif, pénal et étatique.

les agressions ne s’arrêtent pas aux portes des taules

Les biais patriarcaux sont présents en prison comme partout ailleurs, la prison n’est que le reflet de la société. Les prisonier·es ne sont pas des héro·ines exemptes de comportement de merde. La prison n’exclut pas le sexisme, la lesbophobie, la transphobie, l’homophobie… Au sein même de la taule il y a des viols et des agressions. Les personnes homo et les trans en sont très souvent victimes. Pour tenter d’éviter ça iels se retrouvent contraint·es d’être placé·es à l’isolement, c’est à dire en cellule individuelle, sans aucun contact avec les autres prisonier·es et le moindre mouvement encadré par des matons. Iels subissent donc une double peine. Autre exemple, les violeurs condamnés, appelés « pointeurs », se font souvent défoncer, par les autres détenus ou par les matons. La taule c’est comme la société, une vaste hypocrisie, ça condamne le viol par le viol. Quand un mec cis défonce un violeur en taule, il défonce un violeur “reconnu”, il frappe ce que la société à travers sa police, ses tribunaux et ses taules reconnaît comme un violeur. Par sa violence, il renforce la séparation symbolique entre lui et le violeur. L’usage de la violence lui permet bien souvent d’éviter de réfléchir sur ses propres comportements et de continuer de se voiler la face. Cette violence là, qui consiste à s’acharner sur le bouc émissaire du viol n’a rien à voir avec celle menée par les survivant·es contre leurs bourreaux. La prison de part sa violence permanente, encourage et perpétue la violence viriliste.

Alors franchement, si on pense encore une minute que la taule est une solution pour régler son compte au patriarcat, on se fout un barreau dans l’œil.

pour qu’on se tienne sages

Les viols ne se sont pas magiquement arrêtés depuis qu’ils sont criminalisés, ce qui remonte à 1810 quand même. La soi-disant menace de la prison ne sert donc à rien. La prison n’a aucune incidence sur la culture du viol, voir pire, elle entretient une image fantasmée du monstre alors que la plupart des agressions ont lieu dans le cercle familial ou par des personnes connues de lea survivant·e. Elle nous maintient dans une peur stéréotypée, pourtant les agressions sexistes sont perpétués par tout le monde, dans des milieux populaire, chez les bourgeois, chez les anar… Cette peur sert aussi à nous maintenir dans un statut de victime incapable d’agir, de réagir. Cela nous dépossède de tout droit de réponse, de toute recherche de solution par nous même et pour nous même. On parle souvent de la violence de l’état et de la nécessité à utiliser cette même violence contre celui-ci et ses représentant·e. Ne sommes-nous pas là aussi, face aux violences sexistes structurelles, dans la nécéssité d’utiliser cette même violence pour en combattre ses représentant·e ? C’est à chacun·e de savoir et choisir ou placer ses curseurs de vengeance, de pardon, de réparation, d’acceptation et de survie.

une prison genrée

Tout le système pénal entretient des normes de genre qui enferment doublement, physiquement et symboliquement dans des rôles stéréotypés. La prison participe activement à te faire rentrer dans la norme, soit un mec viril ou soit une meuf docile. La prison t’enferme dans un genre, le genre t’enferme dans une prison. La face cachée de la prison dans une société hétéronormé et sexiste, ce sont les femmes, les mères, les copines, qui payent les conséquences de l’enfermement même dehors. Ce sont elles qui se tapent comme toujours le travail invisible du soin (laver le linge, écrire, soutenir…) et la gestion des gosses s’il y en a. Alors si on veut dire merde à tout ça, faut dire merde aux prisons.

ce monde est une prison

S’opposer à la prison ce n’est pas juste se battre contre des barreaux de fer qui entraveraient des libertés. Les barreaux, tu les as autours de toi, tu les sens dans ta chair, tu les vois dans ta tête, tout le temps. Ce sont toutes les injonctions au genre que tu te prends sur la tronche, toutes les oppressions que tu subies, toutes ces libertés qui n’existent pas pour toi. Ce sont aussi ces barreaux du quotidien qu’il faut faire sauter pour tendre vers la liberté. *si les personnes autrices de violences sexuelles sont mises au masculin, cela ne veux pas dire que les violeuses, agresseuses n’existent pas, seulement qu’en proportion cela représente une moindre proportion.


Pour aller plus loin

Pourquoi faudrait-il punir ?, Catherine Baker, éditions Tahin Party, 2004

Pour elles toutes, Gwenola Ricordeau, Lux Éditeur, 2019

Femme trans en prison, juin 2011 , disponible aussi sur infokiosques.net

Emissions de radio féministe/queer sur la prison sur radiorageuses. net

 

L’inceste et ses complices

En théorie tout le monde déteste le viol. Le “bon viol”, celui dans une ruelle sombre par un inconnu, évidemment armé, où la “bonne victime” s’est évidemment débattue. Mais en pratique, le viol c’est presque jamais ça.
Chaque année près de 65 000 personnes sont violées (90 000 en comptant les tentatives). Au moins 1 enfant sur 10 est victime de violences sexuelles, à 80 % dans la sphère familiale, soit 2 à 3 par classe. Et plus de 90_% de ces violences sexuelles sur enfant sont commises par des hommes. Ces chiffres nous rappellent juste la réalité qui nous entoure. N’oublions pas que la culture du viol nous empêche de réaliser et de nommer comme telles nombres de violences sexuelles subies. Ces chiffres ne sont que le sommet de l’iceberg.
Parce que la réalité, c’est que les violeurs disposent partout de complices quand les victimes ont pas ou peu de soutien. La réalité c’est que l’immense majorité des personnes qui tiennent des discours virulents envers le viol sont incapables d’agir si il s’agit d’un proche. Quand le violeur n’est plus cette créature mythique dans sa monstruosité mais une personne de chair et de sang avec lequel nous partageons nombre de liens. Ces mêmes liens qui forment les rapports de domination qui imposent le silence.
C’est ce que nous rappelle un livre sorti récemment, un livre qui nous parle de comment une ordure ordinaire de la bourgeoisie, Olivier Duhamel, a violé son beau-fils. Comment celles et ceux qui savaient ont gardé le silence, du père de la victime (Bernard Kouchner) à sa mère, du directeur de Science-po aux autres, qui se sont contenté de s’éloigner socialement au mieux. La fuite du conflit empêche toute éventuelle prise de conscience des problèmes et les possibles règlements qui vont avec.
Parce qu’il est riche et influent, les complices d’Olivier Duhamel qui viendront prendre sa défense sont aussi riches et influents. Tous les pédocriminels n’ont pas la chance de pouvoir être défendu par Alain Finkelkrault, officier de la légion d’honneur. Les prolos devront se contenter de Didier Monteil de la Nouvelle République, qui dressant le portrait d’un entraîneur violeur pédocriminel écrit « Des rondeurs auxquelles le sportif Berland n’est pas indifférent » ou parle plus loin « d’initiation à la sexualité ».
Comme on le voit, les complices et les excuses pathétiques excuses des complices, qu’iels trouvent aux violeurs, les injures faites aux victimes et les autres mécanismes de défense des violeurs mises en place seront les mêmes que dans les cadres éloignés des hautes sphères du pouvoir.
Il faut comprendre que les violences sexuelles sur les enfants ne sont pas une collection d’incidents isolés, c’est le résultat de la culture du viol produite par le système patriarcal. Le problème n’est pas seulement Matzneff qui viole des ados, mais aussi Gallimard qui publie ses bouquins, les librairies qui le vendent et le torche-cul Le Point qui lui donne une chronique. Le problème, ce n’est pas seulement les prêtres catholiques qui violent des gosses, l’église qui les couvrent mais toutes celles et ceux qui continuent de financer cette organisation. Le problème, ce n’est pas seulement que Luc Besson ait un enfant avec une fille de 16 ans alors qu’il en a 33, c’est aussi que ses attractions trônent au Futuroscope.
Il ne faut pas se contenter de dénoncer les violeurs, il faut détruire la société qui les crée et qui les soutient. Il ne faut pas seulement cesser d’être le complice des agresseurs mais s’y opposer.

Nihilisme de genre : un anti-manifeste

https://breakdown.noblogs.org

Cette brochure propose un point de vue plutôt rare et méconnue sur les questions de genre et d’identité. Si certains points peuvent paraître complexe et nécessiteront d’aller chercher des termes de vocabulaires, nous pensons que le propos en vaut largement la peine. Un propos clair et cohérent qui réussit très bien à expliquer des termes et des concepts pas forcément évident. Bref une brochure qu’on ne peut que conseiller.
« Le soi, le sujet est un produit du pouvoir. Le « Je » dans « Je suis un homme » ou « Je suis une femme » n’est pas un « Je »qui transcende ces déclarations. Ces déclarations ne révèlent pas une vérité sur le « Je », mais elles constituent plutôt le« Je ». Homme et Femme n’existent pas comme étiquettes pour certaines catégories métaphysiques ou essentielles d’être, se sont plutôt des symboles discursifs, sociaux et linguistiques qui sont historiquement contingents. Ils évoluent et changent à travers le temps ; leurs implications ont toujours été déterminés par le pouvoir.»

« Cela ne signifie cependant pas que celleux qui s’identifient comme trans, queer, ou non­binaires sont coupables de la(re)production du genre. C’est l’erreur que commet l’approche féministe radicale traditionnelle. Nous rejetons de telles affirmations, car elles ne font qu’attaquer celleux les plus blesser par le genre.Même si la déviation du genre est toujours assimilée et neutralisée, elle est pour sur toujours puni. Le corps queer, trans, non­binaire est toujours le lieu de graves violences. »

« Pour elles [les féministes radicales révolutionnaires], nous devons abolir le genre de sorte que le sexe (les caractéristiques physiques du corps) puisse être une base matérielle stable à partir duquel nous pourrions être regroupé. Nous rejetons tout cela allégrement. Le sexe lui­même est enraciné dans les groupements discursifs, ayant été donné autorité par la médecine, et violemment imposé sur les corps des individu­e­s intersexes. Nous décrions cette violence. »

Relever les bras

Pour beaucoup, quand on évoque le sport, on pense aux cours de sport humiliants, aux profs qui nous forcent, aux mecs virils et violents qui nous matent, nous jaugent, nous jugent. Et puis on pense aux millionnaires, à la pub, et à toutes ces conneries dont parlent constamment les medias alors qu’on s’en tape. En gros, on pense oppression patriarcale et capitalisme. Mais loin de tout ça, le sport, ça peut aussi être autre chose. Ca peut même être émancipateur, à condition qu’il soit non-autoritaire.
Quand on parle de sport non-autoritaire, on veut en fait parler de sport avec le moins d’autorité possible. Comme dans toutes interactions sociales, l’absence d’autorité n’existe pas. Mais elle est moins un problème à partir du moment où elle est partagée, discutée, et ouvertement consentie. L’objectif, c’est de tendre vers le moins d’autorité possible. Pour cela, il faut sortir des schémas traditionnels des clubs sportifs, et penser la pratique différemment : ici comme ailleurs, les normes n’ont rien de normal.

Pour commencer, on a besoin de virer la compétition et son imaginaire. L’objectif de la compétition, c’est de gagner, c’est d’être meilleur que les autres, à tout prix, quitte à les écraser. C’est pour ça que la violence, physique comme verbale, les humiliations, le dopage, entre autres, font partie intégrante de nos représentations du sport. A la finalité (gagner), on préférera la manière, la forme. Se faire plaisir, jouer ensemble, s’entraider, progresser. Dans un environnement bienveillant et safe pour tout le monde. Virer la compétition, ça ne veut pas dire ne plus rencontrer d’autres équipes, juste ne plus les affronter : on organise des matchs pour jouer, rencontrer et s’amuser plutôt que pour dominer et gagner.

L’autorité dans une équipe est personnifié dans la figure du coach, qui est la plupart du temps un mec, même dans les équipes féminines. Le coach a toujours raison, et il sait mieux que tout le monde ce qui est bon pour l’équipe. Pour tuer le coach, il y a l’autocoaching. L’idée, c’est de permettre à chaque membre de l’équipe, ensemble ou à tour de rôle, d’être coach. En pratique, il peut s’agir de binomes qui préparent les différents temps d’un entrainement. Comme ce binome change à chaque fois, ça permet d’impliquer les personnes qui le souhaitent. Et pour celles qui ne se sentent pas assez légitime, l’équipe peut constituer un classeur, physique ou virtuel, avec des marches à suivre, des exercices, etc. Des moments d’échanges et des stages avec d’autres équipes qui ont plus d’expériences peuvent aussi s’organiser pour partager des techniques et des savoirs.

En dehors de l’équipe, l’autorité dans le sport est représenté par l’arbitre, qui est là pour faire respecter les règles et sanctionner. Pour tuer l’arbitre, il y a l’auto-arbitrage ! Contrairement à des idées reçues, l’auto-arbitrage, c’est possible dans tous les sports. A condition parfois de changer les règles pour les simplifier et pacifier le jeu. Par pacifier, on entend éviter les embrouilles et prise de tête, pas les contacts s’ils font partis du jeu et sont librement consentis. Dans beaucoup de sports, les règles sont faites pour les professionnel·les, dans le but de créer du spectacle. Ce qui provoque une augmentation du nombre d’arbitres pour les contrôler. Le foot est un bon exemple : il peut y avoir jusqu’à 5 arbitres sur le terrain. Pourtant, il existe des championnats de foot à 7 en auto-arbitrage, avec des règles différentes. Par exemple, les tacles sont interdits. L’auto-arbitrage suppose de changer de mentalité : alors que dans le sport traditionnel, tout ce qui n’est pas vu par l’arbitre est autorisé, il s’agit là de s’arrêter quand on commet une faute, ou quand on nous dit qu’on a commis une faute. Ce qui suppose de respecter les adversaires, et de leur faire confiance.

La question de la mixité ou la non-mixité est essentielle. Pour les femmes, mecs trans et personnes non-binaires, la non-mixité peut-être sécurisante, et permettre de reprendre confiance en soi loin du regard oppressant des hommes. Alors que pour les hommes, la mixité peut permettre de sortir de l’ambiance viriliste.

Pour sortir de l’imaginaire du sport compétitif et donc viril, l’existence de clubs tels que le Black Star et les Pict’aliens est essentiel, puisqu’ils permettent de montrer qu’une autre pratique du sport est possible. Ils permettent à d’autres, dans d’autres sports, de se dire qu’il est possible de continuer à pratiquer ce qu’iels aiment sans forcément subir des violences et des humiliations. Que créer des clubs qui se revendiquent non-autoritaire et qui pratiquent leur sport de manière bienveillante avec un but émancipateur n’est pas une utopie.

Les Pict’Alien

Les Pict’Alien, c’est un jeune club de roller derby en mixité choisie (sans mec cisgenre*) qui se reconnaît dans des valeurs féministes, qui souhaite être engagé et inclusif. Pour nous le roller derby, c’est pas juste du sport !
Ca veut dire créer un cadre accueillant pour évoluer ensemble sur nos compétences et sur nos idées. C’est faire du sport sans la peur d’être jugé.e ou regardé.e de travers parce qu’on à pas fait de sport depuis longtemps, qu’on n’est pas dans l’hétéro-cis-norme, qu’on a pas un corps standardisé, qu’on dis crotte aux stéréotypes de genre imposés… C’est se serrer les coudes, se redonner confiance et rouler, rouler, rouler. On ne sait pas encore où ça nous mènera, mais pt’être un jour, vous nous croiserez en cortège à roulette.
Techniquement, c’est aussi ne pas laisser la gestion du club ou des entraînements dans les mains de peu de personne. Une des devises du roller derby c’est par les joueureuses pour les joueureuses, et ça nous plait bien. Dans le derby, il y a le côté technique du roller qui fait que les personnes plus à l’aise techniquement vont prendre la place de transmetteureuses plus facilement (mais pas toujours), on cherche des solutions pour que le coaching ne soit pas une prise de pouvoir définitive et hiérarchique. Pour cela les entraînements fonctionnent en auto-coaching, un.e ou plusieurs joueureuses anime l’entraînement sur patin ou le renforcement musculaire ou l’échauffement.
Dans le derby une des difficultés c’est l’arbitrage, il y a beaucoup de règles de jeu et notamment qui portent sur la sécurité des autres joueureuses car c’est un sport avec des contacts physiques règlementés. Pour les matchs il faut aujourd’hui quasiment autant d’arbites que de joueureuse sur la piste. Pour ça les joueureuses sont également sollicité.es pour arbitrer les matchs qu’ielles ne jouent pas.
Pour la partie administrative de l’asso, toutes les réus sont des CA où tout.es les membres sont invité.es à prendre partie et à participer à la gestion et à l’organisation.
Et quand même, pour savoir de quoi on parle le roller derby est un sport d’équipe et de contact sur patins à roulettes (appelé aussi quad). On apprend à être agile, solide, rapide… mais aussi la stratégie et le collectif.
Petite explication du jeu : Pour marquer des points, les jammeureuses (attaquant·es) vont devoir doubler un maximum de fois les bloqueureuses (défenseureuses) adverses en effectuant des tours de la piste (track) ovale et plate. Les bloqueureuses ont pour but d’empêcher lea jammeureuse adverse de les doubler, tout en facilitant le passage de leur coéquipier.e. Pour cela, les contacts physiques sont autorisés, mais très réglementés, on ne tape pas n’importe où !
rollerderbypictalien@riseup.net // ou sur facebook – Roller derby Pict’Alien

* personne se reconnaissant dans le genre masculin et qui correspond à celui qu’on lui a assigné à sa naissance, on défend l’autodétermination

Autour des violences sexuelles

Le texte et les brochures qui suivent parlent de sexualités et d’agression. Ce sont des sujets qui remuent, donc faites attention à vous avant.

Le système patriarcal ce n’est pas seulement des individus de pouvoir et des institutions qui perpétuent la domination masculine, c’est un véritable poison qui vient pourrir jusqu’à nos interactions quotidiennes. Lutter contre les violences sexuelles, c’est aussi bien déconstruire toutes ces pressions qui nous font accepter et tolérer l’inacceptable qu’apprendre à régler nos comptes. La culture du viol n’est pas le privilège de quelques ordures mais une culture dans laquelle nous baignons toustes. Il faut détruire un ensemble de mentalité, d’institution et d’individu qui l’entretiennent et en tirent profit.

Une étape indispensable est de comprendre les jeux de pouvoirs et de manipulations au sein de nos relations. Démasquer les pressions que l’on se met nous-mêmes, révéler les manipulations et violences qui conduisent à ce qu’une relation désirée entre des personnes ne se transforme pas en un asservissement aux désirs d’une seule ou à ceux que nous impose la société. Il s’agit aussi de détruir les représentations de la sexualité véhiculées autour de nous et de les remplacer par ce que nous désirons.
Pour continuer cette réflexion, nous vous conseillons les articles du blog antisexisme.net sur les « interactions sexuelles à coercition graduelle »

Entre les interactions librement consenties et celles qui sont qualifiées de violences sexuelles, il existe toute une gamme d’interactions qui dépassent nos limites à des degrés divers. Ces dépassements ne sont pas forcément considérés comme des violences, que ce soit par la personne qui les dépassent ou la personne dont les limites sont dépassée. Cela est liée au fait que nos représentations des violences sexuelles sont si dramatiques qu’elles conduisent à dissimuler un nombre d’actions qui nous posent probleme à divers degrés. Nous nous retrouvons privé.es de terme pour définir de manière appropriée ce que nous avons vécu.es.
C’est ce sujet qu’approfondis la brochure Nous sommes touTEs des survivanTEs, nous sommes touTEs des agresseurSE.

Mais une fois que nous avons identifié un comportement problématique, réussi à mettre des mots sur nos expériences et nos ressenties, que faire ? Surtout comment faire lorsque l’on refuse de participer au jeux des tribunaux et de l’Etat ? Pas une réponse unique mais une multitude de possibilités, de propositions qui peuvent se succéder comme se combiner. Cela peut aussi bien passer par des processus de responsabilisation et transformation des personnes qui ont blessés, que par l’exclusion ou autres. Cela peut aussi être une remise en question des comportements et normes sociales qui servent de terreau à ces agressions (par exemple certaines manifestations de la culture du viol ou des éléments de la culture de l’intoxication), la mise en place de groupes en non-mixité… Mais aussi en élargissant la question aux réflexions concernant la gestion des conflits de manière plus générale.
C’est sur cet ensemble de perspectives que des compas nord-américain livrent un retour critique dans Accounting for ourselves. En quelques pages sont évoquées les limites de ces méthodes ainsi que des idées pour les dépasser.

Parce que sur le sujet des violences sexuelles, un des éléments importants est d’aider aux bien-être des personnes concernées, nous ne pouvons que très fortement vous conseiller la lecture de la brochure Soutenir un-e survivant-e d’agression sexuelle.

Les pieds dans le guidon

C’est le 9 septembre que le tour de france est passé à poitiers. Un spectacle sans critiques tant l’unanimité semble de mise, du côté des politiciens de Poitiers Collectif comme parmi les journalistes du cru. Il y en a pourtant des choses à dire sur la petite entreprise de Marie-Odile Amaury et sa famille (452e fortune de France).

Tout d’abord ce spectacle est loin d’être gratuit puisque c’est plus de 750 000 € qui sont déboursés pour satisfaire aux exigences de l’entreprise qui gère le tour de France. Un coût qui représente plus de la moitié du budget prévisionnel en travaux de voirie et stationnement du plan vélo pour la période 2016-2020. Des travaux qui peuvent aller jusqu’à l’absurde, par exemple en démontant des aménagements routiers puis en les reconstruisant une fois le spectacle terminé, comme pour le rond point de l’avenue de Nantes. Cela aura pu être des vélos pour toustes, des pistes cyclables pour les usages de tous les jours, ce sera du goudron luisant pour l’unique passage de sportifs et leur cour de motos, voitures et ses kilomètres de camions publicitaires.

Le but de tout ce spectacle est avant tout de vendre des heures et des heures de publicité. Les cyclistes sont ainsi des panneaux publicitaires ambulants et les noms des équipes sont composés de marques. Ces noms d’entreprises sont martelés sans cesse durant toute la durée de la compétition. Conduisant à oublier que ce sont ces entreprises. Groupama-Française des jeux, ce n’est pas seulement une équipe, ce sont deux entreprises et marques s’enrichissant sur les plus pauvres. Groupama (assurance-banque) arnaque notamment ses clients à travers des assurances obsèques. Quand aux jeux de hasard, ils ne font qu’appauvrir celleux qui y jouent.

Après avoir démontré leur virilité dans cette absurde compétition, les pathétiques champions du jour, pourront recevoir leur « dû » décerné par des femmes réduites à satisfaire les fragiles égos masculins ou à distribuer d’inutiles et polluants gadgets publicitaires. C’est la seule place accordée aux femmes sur le tour de France.
Ce que vend le tour de france, ce n’est pas le vélo populaire mais une pratique bourgeoise élevée au rang de divertissement. Le vélo, à la pointe de la technologie, devient un objet de luxe. Rien à voir avec un usage quotidien comme moyen de déplacement. Le passage du tour de france, présenté comme une vitrine du vélo, aura servi surtout à refaire les routes servant aux voitures. Sans diminution de la place prise par la voiture, d’autres modes de déplacements ne peuvent pas se développer, même pas le vélo.

autodéfense ortographe

Ortografe

Plus de 300 000 000 de personnes parlent français. Des langues françaises aux prononciations diverses, aux vocabulaires changeants. 300 millions de langues qu’une quarantaine de bourgeois voudraient voir soumises. 40 académiciens en costume qui souhaitent imposer leurs règles, leurs prescriptions. Des commandements à leur image évidemment, celles de vieillards blancs sexistes et réactionnaires. Ils sont contre l’écriture inclusive sous toute ces formes, contre les emprunts à d’autres langues. Le bon usage de la langue, c’est à dire le leur, les préoccupe tellement qu’ils ont une rubrique entière dédié à épingler tout ce qui leur déplaît. Comme un immense tableau macabre de collectionneurs de papillons.

De la même manière que les flics patrouillent dans les rues pour faire appliquer les lois écrites par les bourgeois du parlement, il existe des policiers de la langue. Des journalistes, des universitaires, des enseignants et une foule de médiocres qui croient briller en rabaissant celleux qui sortent de leur schéma linguistique. Qui croient ke le respect de normes absurdes leur donne une quelconque valeur et qui s’en servent pour rabaisser les autres, pour les normer, pour les exclure. Pour que la langue reste la chasse gardée des hommes blancs aisés. Pour que rien ne puisse menacer leur emprise.

Et si on se débarrassait de tout ça ? Pour que la langue reste et demeure vivante, pour kelle ne fossilise pas. Pour ne pas laisser des morts-vivants nous dicter nos existences. Pour que chacun·e puisse utiliser, créer, transformer. Il n’y a pas de faute lorskon se comprend, l’erreur c’est de les cherché. Devenir l’auxiliaire des dominants, chercher à les imiter est une perte de temps, une perte de soi. C’est les laisser envahir nos pensées, c’est devenir le valet de leurs volontés jusque dans nos paroles.

Écriture inclusive

L’écriture inclusive, c’est quelque chose de simple : arrêter d’invisibiliser les femmes jusque dan les textes. Rappeler qu’il y a des détenues, des autrices, des militantes, des avocates. C’est arrêter de faire du regard masculin l’unique point de vue. Rappeler dans l’ortograff, dans la grammaire qu’il y a des voix qui sont sans cesse étouffée. Pratiquer une langue inclusive, c’est commencer à penser et agir pour un monde qui le soit.

Nous n’avons pas choisis de normes pour féminiser nos textes, pour que chacune soit libre de choisir comment écrire, de choisir le moyen qui lui parle.

On bloque et il se barre

Roman Polansky est un violeur mais aussi un réalisateur. Son dernier film, J’accuse, lui sert pour réécrire son histoire en dressant un parallèle entre sa situation de violeur et celle d’Alfred Dreyfus, militaire victime de persécution antisémite à la fin du XIXe siècle. Comme Alfred Dreyfus a été victime d’un complot antisémite, il se présente comme une victime des féministes. Dans le dossier de presse du film, il dit : « Je peux voir la même détermination à nier les faits et me condamner pour des choses que je n’ai pas faites ». Plus loin il ajoute : « Je dois dire que je connais bon nombre de mécanismes de persécution qui sont à l’œuvre dans ce film et que cela m’a évidemment inspiré. » Et personne dans le champ médiatique pour le contredire, au contraire !
Comme cette crevure de Jean-Claude Brisseau, merde devenu cadavre, il se sert de ces films comme un moyen d’inverser les rôles, il se sert de son statut d’artiste pour écraser ses victimes. Mais la solidarité n’est pas réservée aux exploiteurs, et c’est ainsi qu’en novembre 2019, des féministes par leur action ont empêché à ce pitoyable spectacle de continuer à Poitiers. En bloquant l’entrée du cinéma TAP Castille, elles ont forcées le cinéma à déprogrammer le film. Plutôt que passer par la médiation, elles ont agies sans intermédiaires et ont réussi là où les supplications échouaient. Par l’action directe, elles ont fait entendre leurs voix. L’action a portée ses fruits.

Impunité organisée

Se trouver des excuses est une pratique habituelle de celleux qui ont le pouvoir. Lorsqu’il s’agit de violences sexuelles, cela devient pour les violeurs un véritable art de la manipulation mentale. La conduite des victimes de leurs violences sont scrutées, inspectées sous tout leurs aspects. De la longueur de la jupe à l’état d’ébriété supposé, des sms envoyés aux regards échangés. Et l’agresseur alors peut utiliser tout les registres de la culpabilisation pour forcer le silence. Et quand cela ne suffit pas, il saura trouver chez les membres de sa classe des soutiens de poids. D’autres hommes, politicien⋅nes, cinéastes, éditeur⋅rices, écrivain⋅es pour le dédouaner. Et dans un immense exercice de groupe, se dédouaner, accuser les victimes. Se dédouaner de continuer à éditer les récits d’abus sexuels sur mineurs de Gabriel Matzneff, de récompenser le violeur Roman Polanski. Un grand cercle de bourgeois de merde qui se serrent les couilles. Si il y a bien une solidarité qui n’est pas morte, c’est bien celle des exploiteurs.

Dans les médias dominants, ils pourront y vomir leurs pathétiques excuses de crocodiles, aller y inverser les rôles. Ils deviennent victimes de cabale de la part de personnes présentées comme folles, comme menteuses déséquilibrées qui cherchent de l’argent en même temps qu’un quart d’heure de gloire. Et les lois, les tribunaux, les jugements que leurs alters-ego politiciens nous présentent comme la seule preuve de leur culpabilité sauront les blanchir. Car les juges, les députés, les sénateurs, les procureurs sortent du même moule comme nous le rapelle le classement sans suite des agressions commises par Denis Baupin. Ou encore la cavale très tranquille du pédocriminel Roman Polanski. Ou la protection des pédophiles par l’église catholique. Et c’est bien pratique : tant qu’ils ne sont pas jugés, ils sont présumés innocents, et la justice et très lente dans ce genre d’affaire. De plus, la prescription des faits permets parfois d’échapper à tout jugement, comme c’est le cas pour Polanski, qui a violé Valentine Monnier en 1975.

C’est ce même esprit de solidarité de classe que l’on voit à l’oeuvre dans la loi de prolongation de l’état d’urgence sanitaire et qui protège les gouvernants, des maires aux ministres, de poursuites contre eux. Aujourd’hui comme hier, la loi n’est qu’un outil au service de la domination. Jérôme Cahuzac qui planquait près de 15 millions d’euros provenant de la corruption par des entreprises du secteur médical reçoit une peine de deux ans de prison ferme. Deux ans qu’il effectuera sous bracelet électronique dans sa villa de corse. Les braqueurs du bureau de tabac des Couronneries ont pris 3 ans de prison pour zéro euro de butin et pour eux, il n’y aura pas d’aménagement.