Notre sobriété est révolutionnaire

Nous vivons dans une société où la consommation de produits altérant notre comportement est la norme : de l’alcool au cannabis, du café à l’héroïne, du tabac au LSD. Cette normalité repose sur un ensemble d’attitudes, de représentations et de pratiques sociales, c’est la culture de l’intoxication ou culture de la défonce. Cette culture est le produit de l’action d’individu.e.s, d’entreprises et de l’état. Elle varie donc selon les territoires, les classe sociale, le genre et autres. La culture de l’intoxication est composée de multiples cultures de l’intoxication.

Partout où il existe, l’état décide si certains de ces produits sont autorisés ou non. Ces interdictions ne sont pas basées sur les effets sur la santé, mais sur des héritages historiques, des rapports économiques et afin de développer des outils d’oppression des classes populaires et des populations racisées. La « guerre contre la drogue » aux états-unis avait notamment pour but de cibler les communautés noires, les opposant.e.s à la guerre coloniale du vietnam et les populations dites hispaniques. Le prohibitionnisme conduit à protéger le monopole des vendeurs de drogues déjà en place, à renforcer le pouvoir de l’état et persécuter des populations spécifiques.

Notre sobriété :
• n’est qu’un refus parmi tous les autres. Une hostilité de plus envers ce monde. Une tentative de plus de prendre plus soin les un·es des autres.

• n’a rien à voir avec le prohibitionnisme d’état, dont nous sommes des ennemi·es. Nous nous battons pour un monde sans police, sans tribunaux et sans prisons.

• s’oppose à l’injonction permanente à être toujours performant·es, toujours au top. Que ça soit socialement, par exemple lorsqu’on boit de l’alcool pour se mettre à l’aise en soirée. Mais aussi dans l’exploitation laborieuse, par exemple en buvant du café pour mieux endurer une journée de boulot ou de cours. Pour une meilleure acceptation de nos vulnérabilités. Parce que ça devrait être OK de pas aller bien, de se sentir fatigué·e, d’avoir des angoisses et donc pour un rapport plus sain à tout ça.

• s’oppose à la destruction de nos corps et de nos esprits. Pour ne plus avoir à pleurer des proches parti·es trop tôt, dans des accidents dramatiques liés à la consommation de défonce. Et parce que même sans parler de décès, la culture de la défonce détruit des vies.

• est un refus des codes de genre dans la consommation des substances. Car la culture de l’intoxication a un rôle coercitif fort vis à vis du genre et de sa binarité. En avançant que tel ou telle produit ou pratique serait des marqueurs de réalisation de sa masculinité ou de sa féminité.

• s’oppose à l’industrie de l’intoxication et à son patronat.

• est un refus de la pacification sociale opérée par la drogue.

• n’est pas un code moral, mais une lutte. Nous nous opposons aux habituels poncifs virilistes, validistes et psychophobes employés par les collectifs et les individu·es se revendiquant du straigt-edge et restons vigilant·es pour éviter ces écueils.

• comme une tentative de se réapproprier nos existences en acceptant les responsabilités dû à notre idée de la liberté. En responsabilisant nos comportements, surtout les plus merdiques comme ceux encouragé par la culture du viol dont les connivences avec la culture de l’intoxication sont nombreuses. La culture de l’intoxication/défonce déresponsabilise les agresseurs et fait culpabiliser les victimes.

Nous menons cette lutte pour nous-mêmes et en solidarité avec celleux que la culture de l’intoxication conduit à exclure d’espace de socialisation : les personnes enceintes, les enfants, les personnes malades, les personnes qui décrochent ou souhaitent décrocher. Et aussi pour tenter à notre échelle de couper court aux phénomènes d’initiation par les pairs, car c’est bien souvent sous l’influence de proches que nous consommons de ces produits.

Pour mener ce combat, nous appelons chaque personne à s’interroger sur ses pratiques de consommations, à déconstruire les idées reçues et à développer des outils pour se passer de ces compléments. Cela passe par l’organisation de moments sobres, que ce soit des discussions, des réunions ou des fêtes. Pour montrer que cela n’est pas une nécessité.

Actuellement, nombre de lieux et collectifs militants, mais aussi de scènes musicales alternatives réussissent à réunir de l’argent grâce à de la vente d’alcool. Il n’est pourtant pas nécessaire d’acheter un objet pour donner de l’argent aux projets que l’on soutient. C’est important de déconstruire cette habitude, car elle rend les collectifs dépendants de la vente d’alcool pour se financer, mais aussi, car elle donne une justification à la consommation de drogue.

Mais ce combat est aussi une lutte contre l’industrie de la drogue dans son ensemble. Contre les dealeurs qui s’associent à la police pour pacifier les luttes sociales ou expulser les squats. Contre les usines où viennent se crever à la tâche les ouvrièr·es. Contre celleux qui s’enrichissent sur l’addiction. Contre la destruction de l’environnement produit par cette industrie : monoculture, pesticides, fabrication du verre… Contre le colonialisme qui s’est appuyé et s’appuie encore sur la culture de l’intoxication.


Contre le capital, l’état et le patriarcat Pour une liberté totale ! Pour l’anarchie !

 

Pour aller plus loin :

• Mon Edge est tout sauf Straight : vers une critique queer radicale de la culture de l’intoxication (brochure disponible sur infokiosques.net). Une critique et réflexion sur la masculinité et l’hoophobie dans les mouvements straight-edge mais aussi une réflexion sur les liens entre la communauté queer et la culture de l’intoxication. Si le contexte et de nombreuses références de la brochure sont très états-uniennes, le propos demeure largement pertinent et peut facilement être adapté en fRance.

https://infokiosques.net/spip.php?article1492

• Tumer fue (disponible aussi sur infokiosques.net). Une brochure qui fonctionne comme un outil afin de se débarasser de son addiction à la cigarette. Mais dont les méthodes peuvent servir pour d’autres dépendances.

https://infokiosques.net/spip.php?article1749

• Vers un monde moins défoncé et merdique – Sobriété et lutte anarchiste (disponible sur lasinse.noblogs.org). Une bonne base pour réfléchir et agir sur les questions de sobriété mais surtout autour de l’alcool.

Télécharger la brochure.

 

Gloire aux déserteurs

C’est un bloc de béton au milieu d’un petit parc. Un bloc de béton “à la gloire des coloniaux du poitou” en lettres en fer forgé. Mais voilà certaines mains un peu farceuses ont décidé de retirer “coloniaux”. Alors que c’était l’occasion pour la mairie de poitiers de se débarasser du reste, celle-ci a décidé de dépenser de l’argent pour continuer la valorisation des massacres coloniaux.
Ici le massacre en question, c’est la guerre d’Indochine (1946-1954) qui s’ouvre avec l’extermination de plusieurs milliers de civils vietnamiens à Haïphong lors du bombardement de la ville par l’armée française. Plusieurs milliers de noms qui manquent dans la liste des morts pour la domination coloniale sur les plaques vissées au monument.
Voilà une part de l’histoire qui est oubliée bien complaisament, celle de comment les troupes de “libération » sitôt la 2nd guerre mondiale terminée se sont embarquées dans une guerre de reconquête coloniale.
Et voilà un monument qui bien décidément peut être réduit en ruine sans risque de victimes.

par ici la carte des honorations d’oppresseurs à Poitiers et alentours :

 

Pour y contribuer envoyez-nous vos infos à lasinse@riseup.net

Pourquoi la sinse ?

Le torchon a dès le départ été pensé comme un outil de propagande destiné à la rue, un moyen pour diffuser des idées et réflexions en dehors des petits cercles et milieux anarchistes et féministes. En nostalgique peut-être, on se laisse rêver à un temps ou les idées anarchistes étaient publiées dans des journaux, diffusées à la criée, à un temps où elles n’étaient pas cantonnées au fond d’un local, au sein de groupe affinitaires, mais discutées en place publique. À un temps où le président recevait des coups de couteaux et pas des gifles.
On sait que nos sujets et analyses sont limitées par le format même du torchon, 8 pages A5 c’est peu. C’est un exercice, de mettre en mots ou en images un sujet, c’est parfois trop court, ce qui nous amène à renvoyer souvent vers d’autres supports plus complets. Les articles n’ont pas vocation à faire le tour du sujet, à être exhaustifs, ils apportent des pistes, lancent des pavés dans des idées. On n’arrive pas avec des savoirs appris par cœur dans des bouquins ou en gourou, mais plutôt avec des regards et du tâtonnement.
Si la parution est relativement fréquente, c’est que nous souhaitons partir de ce qui se passe autour de nous localement et actuellement. Partir du quotidien, de choses palpables et concrètes pour démontrer que ce monde est pourri de l’intérieur, ça nous parle et on pense que ça peut parler à d’autres.
Le format papier et la gratuité est essentiel pour être donné de main à la main dans la rue ou déposé par-ci par-là. Donner en face-à-face permet parfois l’échange, de discuter sur les numéros précédents. Car concrètement, nous avons très peu de retours ou de critiques qui nous arrivent de l’extérieur, ce qui parfois amène à penser que ce projet est peut-être vain. Alors on ne cessera de le redire, que tu peux envoyer tes retours ou contributions.
Nous avons fait le choix de mettre La Sinse sur internet, pas parce que nous croyons aux bienfaits des technologies numériques, mais parce que nous croyons à son utilité à un instant T, ce but utilitariste nous confronte à nos propres contradictions.
Techniquement internet permet d’accéder aux anciens numéros et de pouvoir facilement récupérer des textes ou des images pour en faire d’autres choses. Un texte papier sous licence libre, c’est cool, mais qui va s’amuser à le retaper, pas grand monde.
On pense que ça peut également parler à un autre public que celui qui descend dans la rue ou fréquente les mêmes lieux que nous. Peut-être que cela n’est qu’une illusion mais celle-ci nous l’acceptons, celle que nous n’acceptons pas c’est celle qui serait de croire que grâce à internet une masse de gens se mettraient magiquement à lire un torchon anar. On n’est pas si crédule.

Antifascisme et anarchisme

Il y a des mots qui tout de suite provoquent une succession d’images et de réactions épidermiques. C’est le cas du terme « fasciste ». Car voilà, le fascisme, c’est les camps, les prisons, les disparitions, les cadavres dans les rues ou dans les fours.
Alors tout le monde se dit antifasciste. Des cadres des partis aux syndicalistes, des petits patrons aux dernières des exploité·es. Et tous ensemble, ielles peuvent marcher en criant « Plus jamais ça ». Parce qu’ielles voient le fascisme comme une sorte de mal absolu surgissant du néant. Comme quelque chose en rupture profonde avec ce qui est déjà en place.
Mais le fascisme n’est pas une monstruosité historique, c’est le point le plus extrême des systèmes de domination qu’est cette société. Un antifascisme qui reconnaît ce fait, redevient subversif car il amène à remettre en question la situation actuelle. C’est un antifascisme dont ne peuvent pas se réclamer la fRance insoumise (qui veut construire plus de prisons) ou EELV (pour un capitalisme bio).

Le fascisme, c’est aussi une solution de repris des élites capitalistes face aux risques de révolution sociale. Hier c’était la famille Krupp, propriétaire d’une importante entreprise de la métallurgie, qui finançaient le parti nazi et profitaient du travail forcé des prisonniers du nazisme. Aujourd’hui c’est la famille Bolloré qui diffuse les idées fascistes à travers les médias qu’elle possède (dont Cnews) et qui exploite les travailleureuses en afrique grâce à ses liens avec les pouvoirs locaux. S’attaquer aux idées d’extrême-droite nécessite de s’attaquer à celleux qui les financent, les soutiennent et en tirent profit, donc aux capitalistes.

Le fascisme est la continuité du capital mais aussi de l’état. L’état fasciste n’est pas une création surgi du néant mais la perpétuation en plus violent et plus autoritaire de la structure précédente. L’avortement était déjà illégal quand le régime de vichy décida de le punir par l’assassinat d’état. Qu’il s’agisse d’Hitler et de Mussolini, ce sont bien les institutions des « démocraties » qui les ont amenés au pouvoir.

Parce qu’ils s’inscrivent dans une continuité, les états fascistes ne sont jamais détruits, d’autres structures de pouvoir viennent se greffer par-dessus. La police nationale, la carte d’identité ou encore l’ordre des médecins ont été mis en place sous le régime de vichy. Tous les flics, juges, matons et fonctionnaires collaborateurs n’ont pas reçu le paiement en plomb qu’ils méritaient lors des pseudos-libération. Prenons Maurice Papon, il put tranquillement organiser la déportation des juifs sous le régime de Vichy puis sous les 4e et 5e république, c’est l’organisation du contrôle et des massacres d’algériens qui deviendront son gagne-pain.

De l’état démocratique au fascisme, c’est un continuum. Les états « démocratiques » sont des terreaux du fascisme parce qu’ils entretiennent le nationalisme, colonialisme, autoritarisme et patriarcat. Les Centre de Rétention Administrative (CRA), véritables prisons pour étrangers, sauront se transformer sans problème en camps. Les troupes coloniales qui sévissent par-delà le monde n’hésiteront pas pour venir montrer en métropole l’étendue de leurs sévices. Quant aux policiers, avec plus de la majorité qui votent pour l’extrême-droite, ils ne cessent de montrer toute leur cruauté dans les campements des exilé·es, dans les CRA, dans les ghettos urbains et les manifestations.

La démocratie tolère très bien le fascisme en son sein. Les bars et clubs fascistes ont pignon sur rue et sont protégés et fréquentés par la police. Comme l’Alvarium à Angers ou la citadelle à Lille. Depuis quelques mois, mais de l’autre côté du Rhin, ces lieux de rencontre et d’organisation sont détruits par les flammes, du restaurant au manoir en passant par les clubs de sport et les bars.

L’action antifasciste doit viser à détruire le terreau même dans lequel le fascisme se développe. Le meilleur moyen de se battre contre les camps et prisons de demain, c’est de commencer par détruire ceux d’ajourd’hui. C’est dès maintenant qu’il faut détruire la famille, la patrie et le travail.

Subversion ou Subvention

Avec le mouvement d’ocupation des théâtres, on a vu revenir la figure des artistes engagé·es. Des artistes qui ne se sont toujours pas rendue compte que l’art n’était qu’une marchandise et qu’ielles étaient des ouvriers comme les autres. Les contraintes de la production (subvention,mécène, salon…) impliquent forcément de policer la création pour rentrer dans un moule.
Les manifestations et luttes des exploité·es de l’industrie culturelle sont un spectacle parmis les autres. Parce qu’incapable de reconnaître leurs places au sein de la société spectaculaire, ces luttes sont vouées à reproduire en vain les simulacres de la révolte.

L’art est un outil utilisé par le pouvoir pour s’étendre et s’établir. Par exemple les fresques murales qui viennent recouvrir des murs habituellement couverts de slogans subversifs. Ou les processus de gentrification, comme l’école européenne supérieure de l’image qui déménage aux couronneries pour, comme le dit la présidente de Grand Poitiers (Florence Jardin) : “ouvrir le quartier”, “dynamiser”, “donner de la vie”. En bref : relancer la spéculation immobilière et dégager les pauvres.
Mais la figure de l’artiste ou des travailleureuses de la culture cache aussi les structures de pouvoir au sein du secteur. La direction des théâtres, scènes nationales et autres ne sont pas des alliées mais des ennemis de classe. Parce que toute lutte libératrice passera nécessairement par la confrontation avec la structure de classe, ces personnes ne peuvent pas êtres des allié·es parce que leurs intérêts sont ceux du pouvoir. Réouvrir les salles (de concert, spectacles, cinéma), c’est réouvrir leur droit à exploiter. Pourtant à chaque mobilisation du secteur de la culture, ce point essentielle semble disparaître. Et on voit la direction être invitée à des assemblées générales plutôt qu’être couverte de goudron. Normal dans une occupation qui n’en est pas une.

Une autre erreur habituelle, ce sont ces mobilisations (rassemblements et défilés) qui cherchent avant tout le symbolique et la forme plutôt que le fond. Et qui se retrouve donc à aller manifester devant pôle emploi plutôt que devant les entreprises qui bénéficieront d’une main d’oeuvre encore plus corvéable et précarisée, notamment les agences d’intérim et de services à la personne. Si le but est d’afficher les responsables et profiteurs, il existe bien d’autres cibles en plus que pôle emploi.

Un autre immanquable, c’est la “manif de droite”. Sous couvert de dénoncer des discours et pratiques malfaisantes, il s’agit juste de scander dans la rue les horreurs déjà diffusées par les médias. Car il est difficile de dépasser dans l’outrance les nostalgiques de vichy. Plutôt que des défilés de zemmour temporaires nous vous proposerons bien une “manif d’extrême-gauche”. Costumé avec des k-way, il s’agira d’aller symboliquement incendier les lieux du pouvoir, le tout sans caméra pour que l’évènement n’existe que dans les yeux des participant·es. Voilà le genre de théâtre de rue que nous souhaitons : subversif et participatif.

 

 

 

 

Numérique partie 2

Le monde numérique par sa conception même facilite la surveillance et le fichage. Que ce soit celui de l’état ou des entreprises. De la même manière qu’il est important de développer une culture de la sécurité et de prendre ses précautions lors d’actions, il est plus que nécessaire de le faire aussi dans le monde numérique.Vous avez suivi les conseils donnés dans l’autodéfense du numéro 1 et vous vous êtes débarassés de votre vieille adresse gmail pour une adresse protonmail sous pseudo pour vos activités subversives. Et bien sûr TOR browser n’a plus aucun secret pour vous.
Ces solutions permettent d’accéder à un relatif anonymat en ligne mais ne protège pas les données qui restent dans les appareils électroniques.

Gestion des mots de passe
Il est important d’utiliser des mots de passe unique pour chaque site, long et complexe. L’unicité permet d’éviter que la découverte d’un mot de passe sur un site/service mail donne tout les autres. La longueur et la complexité (chiffres, symboles, majuscules) rendent plus difficile voir impossible certaines attaques informatiques. Un bon mot de passe doit être composé d’au moins 12 caractères diverses (par exemple : HJkP58$éTyBn). Il est aussi possible d’utiliser une combinaison d’au moins 5 mots et de chiffres/caractères spéciaux (Baleine$Antilope05toucan^guepard[]zebu)

Chiffrement
Le chiffrement consiste à rendre incompréhensible un document à celleux qui n’en ont pas le code. Vous pouvez décidez de chiffrer uniquement des parties de votre disque dur/clé usb ou votre système d’exploitation. Nous vous conseillons Veracrypt qui dispose de nombreuses options ainsi que d’un manuel assez clair.
Il est possible de chiffrer ses mails en utilisant la fonction interne de protonmail, de plus il est normalement possible d’utiliser TOR pour se connecter à protonmail, afin d’avoir anonymat ET chiffrement.
Il est aussi possible de configurer le gestionnaire de mail Thunderbird pour avoir chiffrement ET anonymat. Mais la manoeuvre est plus complexe. Si vous souhaitez uniquement le chiffrement, vous pouvez vous contenter d’utiliser la dernière version de thunderbird qui inclue de base un système de chiffrement PGP.

Supprimer les méta-données
Les documents numériques (photos, pdf, fichier texte…) comportent de nombreuses informations concernant le contexte de création. Il peut s’agir de l’heure, du logiciel utilisé, voir des coordonnées GPS. Évidemment, il faut les effacer avant toute publication en ligne surtout dans le cas de photo.
Les méthodes varient selon les systèmes d’exploitation. Sur windows, il faut faire un clic droit sur le fichier, puis aller dans propriétés, puis détails. Vous verrez alors toutes les métadonnées. Cliquer ensuite sur “Supprimer les propriétés et les informations personelles”.

TAILS (https://tails.boum.org/)
Tails est un système d’exploitation conçu pour protéger de la répression d’état. Par exemple il ne se connecte à Internet qu’à travers TOR, les éléments conservées sont entièrement chiffrées, effacements des métadonnées en deux clics, certaines fonctionnalités sont désactivées pour des raisons de sécurité…Tails s’installe sur une clé USB et peut être lancé sur n’importe quel ordinateur sans laisser aucune trace.
On vous conseille de lire la brochure Tutoriel Tails disponible sur infokiosques.net ou sur le site de la sinse (ici).

Il est important de comprendre que les résumés ici ne sont en aucun cas suffisant et qu’il est nécessaire d’approfondir les sujets évoqués. On ne peut que vous conseiller le guide d’autodéfense numérique tome 2 de guide.boum.org, très complet et très clair sur les questions abordés dans cet article et sur d’autres.

Ville de mort

Ville folie. Ville foutoir. Ville foutaise. Ville fourre tout. Ville fourmis. Ville de fer, ville feuillue, ville en flammes. Ville fumée. Ville famille. Ville fétide, frénétique, fanatique. Fantanyl. Ville Famine. Ville qui enferme, qui fermente, qui fait la loi. Ville fantasme. Fabuleuse. Fantastique. Foule de gens dans foule de villes. Foule d’enfants qui grandissent mal. Ville fantôme. Ville fugace, futile, frétille. Ville fanée. Farniente. Ville furieuse, frottements, frotteurd. Vieille ville. Vilaine. Vicieuse. Vautour. Vulgaire. Ville ulcère. Ville cancer. Ville anxieuse, violente, pouillouse. Ville hautaine. Ville au centre. Ville vorace. Ville panique, ville plaintive, ville en panne. Ville qui se vide. Ville qui se vante. Ville morbide, morose, moqueuse. Ville affreuse. Ville qui tue mes ami.e.s. Ville qui brille, qui vrille. Ville de merde qui sue la tristesse. Ville toute grise qui sue l’étroitesse. Ville injuste. Ville vomi de désirs. Ville sans vie, sans vent. Ville voleuse de rêves. Voleuse d’envies. Voleuse de ciel. Voleuse de calme. Voleuse de lien. Voleuse de vrai. Ville vermine, à mes yeux, ne vaut plus rien.

Squatter ou sauver, il faut choisir.

“Squatter ou sauver” nous plonge dans la vie d’un squat d’habitation et de lutte anarca-féministe-queer-antirasciste en non-mixité. Cela nous montre comment derrière ces mots, il existe plusieurs réalités. Comment squatter peut être récupéré pour faire dans l’humanitaire, comment l’auto-organisation ne va pas de soi et que la lutte peut être un effet de mode surtout esthétique.
À la base du problème notamment, un manque de définition des positions politiques claires pour le lieu et pour toustes. Même s’il y a eu des tentatives pour le faire au départ et en cours de route, la volonté de voir se réaliser ce projet a dépassé les doutes de chacune et tue les conceptions inconciliables de ce que sont les luttes féministes, queer et anti-raciste/décoloniale.

De cette expérience il ressort trois figures récurrentes que l’on peut transposer à d’autres luttes, si si vous les avez déjà croisées. Il y a l’ »associative », la “sauveuse” et la “radicale”. Les associatives consomment le squat comme un lieu alternatif dans un but individualiste et libéral, en oubliant régulièrement toutes les questions de sécurité. Pour elles, l’auto-organisation est soit impossible soit se fera magiquement et tout ira bien, sans penser une seule seconde que du “chaos renaît l’ordre, celui que l’on redoute, celui qui se met en place insidieusement, celui contre lequel on lutte” (coucou le féminisme blanc-bourgeois-cis-het).
Les sauveuses pensent le squat comme un moyen de pallier au manque de l’état, pensent en terme de quantité, d’hébergement de masse et d’urgence et d’intégration des personnes notamment les habitantes migrantes (coucou les gauchiasses rascistes-maternalistes). Ça efface totalement que le squat est un espace de lutte et d’émancipation vis-à-vis du pouvoir, en tout cas celui-là – car il y en a tout un tas dont les institutions se servent officieusement, ne l’oublions pas.
On en arrive aux “radicales”, celles qui veulent poser des mots, clarifier, discuter de fonctionnement, d’idéologies, de conflits. Qui s’épuisent à vouloir que toustes s’auto-forment et se remettent en question.

Le zine parle aussi des conflits, des agressions, des dynamiques affinitaires, de la safeitude, bref un sale tableau pour nous dire que nulle part, on est exempt d’oppressions systémiques et d’individualisme libérale. Partager les mêmes oppressions ne suffit pas à rassembler des individus dans une lutte. Cela ne prend pas en compte comment les personnes veulent lutter, pourquoi et avec qui. Prenons-le comme une piqûre de rappel pour tenter d’éviter de tomber dans les mêmes travers.

A lire sur :

https://paris-luttes.info/zine-squatter-ou-sauver-comment-le-14817?lang=fr

ou en cliquant ici : sauver-squatter

Le labyrinthe technologique

Ce texte a été publié dans le numéro 3 de la revue Salto – subversion & anarchie parue en aout 2013 et diffusée sur internet sur salto.noblogs.org. Nous avons mis dans cette version uniquement des extraits du début de l’article pour des raisons de place. Nous vous incitons à aller voir l’article dans sa version complète en ligne.

«Comment s’attaquer à une question aussi complexe que celle de la technologie ? Passer la technologie au crible signifie analyser la totalité de cette civilisation moderne : non seulement ses perspectives industrielles, ses appareils et structures, mais aussi les hiérarchies et les spécialisations que ces appareils induisent dans les rapports sociaux, ces « modestes objets » qui ont bouleversé notre mode de vie jusque dans ses racines et ont mis sans dessus-dessous nos rêves et désirs, la façon de se concevoir soi-même et de concevoir notre monde.

Un mode de vie

[…] identifier la technologie uniquement comme des instruments et des machines, ou prétendre que tout effort physique pour fabriquer des objets matériels relève de la technologie, revient à ne pas avoir compris sa signification. La technologie a totalement changé la vie, et les structures technologiques ont modifié entièrement les rapports humains et les ont remodelés à leur propre image.
Définir la technologie comme la façon dont l’humain accomplit une action – de la récolte des fruits au lancement d’une fusée spatiale –, prétendre qu’une société où tous les efforts humains sont dominés par la technologie est substantiellement semblable à une société qui dispose de techniques limitées, revient à voiler le fait que la technologie est un mode de vie, un type spécifique de société. Ainsi fonctionne la conscience technocratique qui objectivise le monde et l’ampute de façon à ce que la technologie soit d’un côté perçue comme omniprésente et universelle et de l’autre réifiée comme un objet extérieur aux rapports sociaux, car soi-disant « neutre ». […]
Tout comme le capital a été assimilé aux structures industrielles et aux richesses accumulées, alors qu’en vérité il est beaucoup plus que des usines et de l’argent – car un fait des rapports sociaux –, la technologie a été confondue de la même manière avec les machines et les instruments alors qu’il s’agit d’une forme qualitativement différente de domination – consistant en des rapports sociaux. La technologie, c’est le Capital, le triomphe de l’inorganique, l’humanité séparée de ses outils et universellement dépendante des appareils technologiques. (Les critiques de la technologie sont régulièrement accusées de s’opposer à l’outil, tandis que c’est la technologie moderne qui, à travers la mécanisation de la vie, a détruit les outils et a ainsi dégradé l’activité humaine.)
La technologie, c’est l’incorporation et la mécanisation de la vie, la prolétarisation universelle de l’humanité et la destruction de la sociabilité. Il ne s’agit pas simplement de machines, ni de la seule mécanisation ou incorporation. Un tel phénomène n’est pas nouveau dans l’histoire ; ce qui est nouveau, c’est le fait que ces fonctions aient été projetées et incorporées dans tous les aspects de notre existence.
[…]
Aujourd’hui, la technologie n’est plus un ensemble d’instruments et de techniques, mais un ordre social. Autrefois les techniques locales, diverses et limitées portaient la marque de la culture et des individus qui s’en servaient (ce qui ne signifie pas pour autant que cette culture était émancipatrice), tandis que la technologie actuelle transforme universellement toutes les conditions individuelles. Elle crée une civilisation singulière, écrasante et homogène qui abat « toute muraille de Chine », crée un sujet humain dépossédé et atomisé, sous le voile de la différentiation apparente, identique de la Laponie à Taïwan.
Aucune machine spécifique ou aspect particulier de la technologie n’est responsable de cette transformation. C’est plus la convergence d’une pluralité dans l’être humain, non pas de techniques, mais de systèmes techniciens. Le résultat est un totalitarisme opératif ; aucun aspect de l’humain n’est libre et indépendant de ces techniques. […] »