17 : Sévice publique

Aux États-Unis, le meurtre de Georges Floyd par des policiers fin mai a lancé une grande vague d’actions contre le racisme et la violence policière. Cette révolte a su trouver des échos aussi en France, dans le cadre de la lutte contre les « violences policières ». Mais qu’es que c’est une « violence policière » ? Est-ce seulement quand les bourreaux en uniforme tuent ? Est-ce seulement quand la vermine assermentée frappe, blesse ou mutile ?

Ou est-ce que tout cela n’est-il que l’aboutissement logique et prévisible de toute une institution conçue pour dominer ? Si cela est-le cas, alors il est vain de penser que ce sont quelques caméras, quelques formations, quelques changement de tête qui suffiront à y mettre fin.

Aujourd’hui comme hier, la police est au service de la domination. Elle est à la fois le produit et l’outil au service d’un système raciste, capitaliste, patriarcal, LGBTophobe. C’est le même uniforme qui hier déportait les juifs et aujourd’hui enferme les migrants dans les CRA, rase les campements et les torture. C’est la même mentalité de brutes sadiques qui hier ratissait les rues d’Alger pour imposer dans le sang l’ordre colonial et qui aujourd’hui harcèle les habitant·es des quartiers populaires. Et de tout temps, c’est la même matraque au service des exploiteurs. Selon les chiffres du ministère de l’intérieur, qui ne prennent pas en compte l’usage des grenades lacrymogènes ou assourdissantes, l’usage des armes non létales a été multiplié par neuf entre 2009 et 2018. Ce ne sont pas les manifestations qui sont plus violentes mais la police.

Le système policier, judiciaire et carcéral n’est une menace que pour celleux que l’état veut garder sous contrôle, celleux dont les désirs sont dangereux pour la domination. C’est pour cela que les policiers violeurs du Quai d’Orsay, qui avaient été soutenu au moment de leur procès par leurs collègues, sont aujourd’hui libre(1) mais que des centaines de Gilets Jaunes révolté.es ont été enfermé.es dans les geôles de l’état.

La police dit lutter contre les agressions sexuelles et les violences conjugales, mais ce sont bien des flics qui régulièrement violent des prostituées(2) et qui frappent/Sviolent leurs compagnes sous la menace de leurs armes de service(3). Ce sont bien les flics à la cervelle pourrie par la culture du viol et le machisme qui participent à diffuser cette mentalité dans la société. Et c’est bien Gérard Darmanin, actuel ministre de l’intérieur, qui est accusé de deux viols.

La police dit nous protéger du vol, pourtant c’est bien elle qui vient intimider, gazer et matraquer celleux qui se font chaque jour voler leur force de travail par les exploiteurs. Ce sont les salariés des raffineries qui subissent la police, pas les propriétaires de TOTAL. Pourtant, c’est bien la fortune de ces derniers qui est bâti sur le vol et l’exploitation. C’était les esclaves que la police traquait dans les Antilles, pas les esclavagistes. Ces derniers ont même eu droit en 1848 à des indemnités financière pour « compenser les pertes économiques que la fin de l’esclavage entraînait pour eux »(4).

La guerre contre la drogue qui remplit les geôles, est surtout une excuse pour criminaliser la pauvreté et procéder à un harcèlement raciste. Ce n’est pas la dangerosité des produits qui est criminalisé mais les profils des consommateurices et vendeur·euses. C’est pour cela que ce sont les plantations de cannabis qui sont détruites, mais pas les vignobles de Bernard Arnault (Henessy) ni les usines de la famille Ricard.

Les délits et les crimes qu’elle utilise comme excuse pour justifier son existence sont les produits même du monde merdique qu’elle défend et étend. Si l’on veut mettre fin aux violences policières, il faut mettre fin à la police et au monde qui en a besoin. Le monde que nous portons dans nos cœurs, ce monde de liberté, ne peut pas exister tant que l’horizon sera bouché par les commissariats, les tribunaux et les prisons. Tout cela doit disparaître pour qu’enfin l’avenir s’ouvre réellement à nous.

1 : https://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/viol-au-36-les-deux-policiers-liberes-en-attendant-leur-proces-en-appel_2065958.html

2 : https://www.nouvelobs.com/societe/20070907.OBS3784/viol-de-prostituees-un-crs-accuse-sa-hierarchie.html

3 : Silence, on cogne de Sophie Boutboul, Alizé Bernard

4 : https://lejournal.cnrs.fr/articles/quelles-reparations-pour-lesclavage

autodéfense ortographe

Ortografe

Plus de 300 000 000 de personnes parlent français. Des langues françaises aux prononciations diverses, aux vocabulaires changeants. 300 millions de langues qu’une quarantaine de bourgeois voudraient voir soumises. 40 académiciens en costume qui souhaitent imposer leurs règles, leurs prescriptions. Des commandements à leur image évidemment, celles de vieillards blancs sexistes et réactionnaires. Ils sont contre l’écriture inclusive sous toute ces formes, contre les emprunts à d’autres langues. Le bon usage de la langue, c’est à dire le leur, les préoccupe tellement qu’ils ont une rubrique entière dédié à épingler tout ce qui leur déplaît. Comme un immense tableau macabre de collectionneurs de papillons.

De la même manière que les flics patrouillent dans les rues pour faire appliquer les lois écrites par les bourgeois du parlement, il existe des policiers de la langue. Des journalistes, des universitaires, des enseignants et une foule de médiocres qui croient briller en rabaissant celleux qui sortent de leur schéma linguistique. Qui croient ke le respect de normes absurdes leur donne une quelconque valeur et qui s’en servent pour rabaisser les autres, pour les normer, pour les exclure. Pour que la langue reste la chasse gardée des hommes blancs aisés. Pour que rien ne puisse menacer leur emprise.

Et si on se débarrassait de tout ça ? Pour que la langue reste et demeure vivante, pour kelle ne fossilise pas. Pour ne pas laisser des morts-vivants nous dicter nos existences. Pour que chacun·e puisse utiliser, créer, transformer. Il n’y a pas de faute lorskon se comprend, l’erreur c’est de les cherché. Devenir l’auxiliaire des dominants, chercher à les imiter est une perte de temps, une perte de soi. C’est les laisser envahir nos pensées, c’est devenir le valet de leurs volontés jusque dans nos paroles.

Écriture inclusive

L’écriture inclusive, c’est quelque chose de simple : arrêter d’invisibiliser les femmes jusque dan les textes. Rappeler qu’il y a des détenues, des autrices, des militantes, des avocates. C’est arrêter de faire du regard masculin l’unique point de vue. Rappeler dans l’ortograff, dans la grammaire qu’il y a des voix qui sont sans cesse étouffée. Pratiquer une langue inclusive, c’est commencer à penser et agir pour un monde qui le soit.

Nous n’avons pas choisis de normes pour féminiser nos textes, pour que chacune soit libre de choisir comment écrire, de choisir le moyen qui lui parle.

De l’action directe

Voltairine de Cleyre (1866-1912) est une militante et théoricienne anarchiste américaine. Elle s’engage pour une société libre, dénonce l’institution du mariage comme esclavage sexuel, s’oppose à la domination masculine… Elle vie une période de lutte et de combats politiques parfois violents qui l’amèneront à défendre l’action directe comme un moyen d’action pour une révolution sociale. De l’action directe est extrait d’une conférence donnée en 1912 et paraîtra par la suite dans la revue Mother Earth.

« Qu’est-ce que l’action directe ?
[…]
Toute personne qui a pensé, ne serait-ce qu’une fois dans sa vie, avoir le droit de protester, et a pris son courage à deux mains pour le faire ; toute personne qui a revendiqué un droit, seule ou avec d’autres, a pratiqué l’action directe. […]
Toute personne qui a eu un projet, et l’a effectivement mené à bien, ou qui a exposé son plan devant d’autres et a emporté leur adhésion pour qu’ils agissent tous ensemble, sans demander poliment aux autorités compétentes de le concrétiser à leur place, toute personne qui a agi ainsi a pratiqué l’action directe. Toutes les expériences qui font appel à la coopération relèvent essentiellement de l’action directe.
Toute personne qui a dû, une fois dans sa vie, régler un litige avec quelqu’un et est allé droit vers la ou les personne(s) concernée(s) pour le régler, en agissant de façon pacifique ou par d’autres moyens, a pratiqué l’action directe. Les grèves et les campagnes de boycott en offrent un bon exemple ; […]
Ne vous méprenez pas : je ne pense pas du tout que l’action directe soit synonyme de non-violence. L’action directe aboutit tantôt à la violence la plus extrême, tantôt à un acte aussi pacifique que les eaux paisibles de Siloé. Non, les vrais non-violents peuvent seulement croire en l’action directe, jamais en l’action politique. La base de toute action politique est la coercition ; même lorsque l’État accomplit de bonnes choses, son pouvoir repose finalement sur les matraques, les fusils, ou les prisons, car il a toujours la possibilité d’y avoir recours. […]
C’est grâce aux actions, pacifiques ou violentes, des précurseurs du changement social que la Conscience Humaine, la conscience des masses, s’éveille au besoin du changement. Il serait absurde de prétendre qu’aucun résultat positif n’a jamais été obtenu par les moyens politiques traditionnels ; parfois de bonnes choses en résultent. Mais jamais tant que la révolte individuelle, puis la révolte des masses ne l’imposent. L’action directe est toujours le héraut, l’élément déclencheur, qui permet à la grande masse des indifférents de prendre conscience que l’oppression devient intolérable.
[…]
1) Les partisans de l’action politique nous racontent que seule l’action électorale du parti de la classe ouvrière pourra atteindre un tel résultat ; une fois élus, ils entreront en possession des sources de la Vie et des moyens de production ; ceux qui aujourd’hui possèdent les forêts, les mines, les terres, les canaux, les usines, les entreprises et qui commandent aussi au pouvoir militaire à leur botte, en bref les exploiteurs, abdiqueront demain leur pouvoir sur le peuple dès le lendemain des élections qu’ils auront perdues.
Et en attendant ce jour béni ?
En attendant, soyez pacifiques, travaillez bien, obéissez aux lois, faites preuve de patience et menez une existence frugale […]
[…]
2) Mais la foi aveugle en l’action indirecte, en l’action politique, a des conséquences bien plus graves : elle détruit tout sens de l’initiative, étouffe l’esprit de révolte individuelle, apprend aux gens à se reposer sur quelqu’un d’autre afin qu’il fasse pour eux ce qu’ils devraient faire eux-mêmes ; et enfin elle fait passer pour naturelle une idée absurde : il faudrait encourager la passivité des masses jusqu’au jour où le parti ouvrier gagnera les élections ; alors, par la seule magie d’un vote majoritaire, cette passivité se transformera tout à coup en énergie. En d’autres termes, on veut nous faire croire que des gens qui ont perdu l’habitude de lutter pour eux-mêmes en tant qu’individus, qui ont accepté toutes les injustices en attendant que leur parti acquière la majorité ; que ces individus vont tout à coup se métamorphoser en véritables « bombes humaines », rien qu’en entassant leurs bulletins dans les urnes !
[…]
3 ) En attendant, tant que la classe ouvrière internationale ne se réveillera pas, la guerre sociale se poursuivra, malgré toutes les déclarations hystériques de tous ces individus bien intentionnés qui ne comprennent pas que les nécessités de la Vie puissent s’exprimer ; malgré la peur de tous ces dirigeants timorés ; malgré toutes les revanches que prendront les réactionnaires ; malgré tous les bénéfices matériels que les politiciens retirent d’une telle situation. Cette guerre de classe se poursuivra parce que la Vie crie son besoin d’exister, qu’elle étouffe dans le carcan de la Propriété, et qu’elle ne se soumet pas.
Et que la Vie ne se soumettra pas. […] »

texte complet disponible sur la bibliothèque anarchiste en ligne :

https://fr.theanarchistlibrary.org/library/voltairine-de-cleyre-de-l-action-directe

On bloque et il se barre

Roman Polansky est un violeur mais aussi un réalisateur. Son dernier film, J’accuse, lui sert pour réécrire son histoire en dressant un parallèle entre sa situation de violeur et celle d’Alfred Dreyfus, militaire victime de persécution antisémite à la fin du XIXe siècle. Comme Alfred Dreyfus a été victime d’un complot antisémite, il se présente comme une victime des féministes. Dans le dossier de presse du film, il dit : « Je peux voir la même détermination à nier les faits et me condamner pour des choses que je n’ai pas faites ». Plus loin il ajoute : « Je dois dire que je connais bon nombre de mécanismes de persécution qui sont à l’œuvre dans ce film et que cela m’a évidemment inspiré. » Et personne dans le champ médiatique pour le contredire, au contraire !
Comme cette crevure de Jean-Claude Brisseau, merde devenu cadavre, il se sert de ces films comme un moyen d’inverser les rôles, il se sert de son statut d’artiste pour écraser ses victimes. Mais la solidarité n’est pas réservée aux exploiteurs, et c’est ainsi qu’en novembre 2019, des féministes par leur action ont empêché à ce pitoyable spectacle de continuer à Poitiers. En bloquant l’entrée du cinéma TAP Castille, elles ont forcées le cinéma à déprogrammer le film. Plutôt que passer par la médiation, elles ont agies sans intermédiaires et ont réussi là où les supplications échouaient. Par l’action directe, elles ont fait entendre leurs voix. L’action a portée ses fruits.

Impunité organisée

Se trouver des excuses est une pratique habituelle de celleux qui ont le pouvoir. Lorsqu’il s’agit de violences sexuelles, cela devient pour les violeurs un véritable art de la manipulation mentale. La conduite des victimes de leurs violences sont scrutées, inspectées sous tout leurs aspects. De la longueur de la jupe à l’état d’ébriété supposé, des sms envoyés aux regards échangés. Et l’agresseur alors peut utiliser tout les registres de la culpabilisation pour forcer le silence. Et quand cela ne suffit pas, il saura trouver chez les membres de sa classe des soutiens de poids. D’autres hommes, politicien⋅nes, cinéastes, éditeur⋅rices, écrivain⋅es pour le dédouaner. Et dans un immense exercice de groupe, se dédouaner, accuser les victimes. Se dédouaner de continuer à éditer les récits d’abus sexuels sur mineurs de Gabriel Matzneff, de récompenser le violeur Roman Polanski. Un grand cercle de bourgeois de merde qui se serrent les couilles. Si il y a bien une solidarité qui n’est pas morte, c’est bien celle des exploiteurs.

Dans les médias dominants, ils pourront y vomir leurs pathétiques excuses de crocodiles, aller y inverser les rôles. Ils deviennent victimes de cabale de la part de personnes présentées comme folles, comme menteuses déséquilibrées qui cherchent de l’argent en même temps qu’un quart d’heure de gloire. Et les lois, les tribunaux, les jugements que leurs alters-ego politiciens nous présentent comme la seule preuve de leur culpabilité sauront les blanchir. Car les juges, les députés, les sénateurs, les procureurs sortent du même moule comme nous le rapelle le classement sans suite des agressions commises par Denis Baupin. Ou encore la cavale très tranquille du pédocriminel Roman Polanski. Ou la protection des pédophiles par l’église catholique. Et c’est bien pratique : tant qu’ils ne sont pas jugés, ils sont présumés innocents, et la justice et très lente dans ce genre d’affaire. De plus, la prescription des faits permets parfois d’échapper à tout jugement, comme c’est le cas pour Polanski, qui a violé Valentine Monnier en 1975.

C’est ce même esprit de solidarité de classe que l’on voit à l’oeuvre dans la loi de prolongation de l’état d’urgence sanitaire et qui protège les gouvernants, des maires aux ministres, de poursuites contre eux. Aujourd’hui comme hier, la loi n’est qu’un outil au service de la domination. Jérôme Cahuzac qui planquait près de 15 millions d’euros provenant de la corruption par des entreprises du secteur médical reçoit une peine de deux ans de prison ferme. Deux ans qu’il effectuera sous bracelet électronique dans sa villa de corse. Les braqueurs du bureau de tabac des Couronneries ont pris 3 ans de prison pour zéro euro de butin et pour eux, il n’y aura pas d’aménagement.

Couvre-feu : les réacs attaquent

A la suite de villes aux maires bien réac comme Béziers, Perpignan, Nice, Cannes, Mulhouse, six communes de la Vienne ont décidé de décréter un couvre-feu de 22h à 5h pour « lutter contre la propagation du virus » : Buxerolles, Biard, Châtellerault, Fontaine-le-Comte, Poitiers et Saint-Benoît.
Alain Claeys, le maire de Poitiers, est le premier à demander son instauration par la préfecture. Selon lui, les mesures de confinement hyper restrictives qui interdisent de sortir sans attestation, ne le sont pas assez. « La situation n’est pas encore complètement satisfaisante et nous constatons un nombre important de verbalisations la nuit. Ainsi, hier soir [dimanche 22_mars], ce sont 40 verbalisations qui ont été effectuées par les services de police. Il est de notre devoir de prévenir le plus en amont possible les effets d’une vague épidémique afin d’assurer le meilleur fonctionnement de nos centres hospitaliers. Aussi, cette mesure s’impose dès aujourd’hui avec force. »
Voilà pour les mots. Et concrètement, qu’est-ce que cela change ? Rien puisqu’il est interdit de sortir sans attestation dérogatoire, sous peine d’une amende de 135€ en cas de contrôle par les flics, qui décident ou non de verbaliser selon que ces derniers jugent la raison valable ou pas. Comme la journée.
Le couvre-feu n’est pas une mesure sanitaire, mais une mesure sécuritaire et raciste qui relève d’abord de la communication. Il n’a jamais été appliqué dans des communes rurales, puisqu’il vise les quartiers dits populaires, en fait racisés. En regardant l’histoire, cela est clair. Le couvre-feu a été utilisé en France lors de la fin de la guerre d’Algérie, et c’est lors d’une manifestation contre le couvre-feu pour tous les « Français musulmans d’Algérie » qu’a eu lieu le massacre du 17 octobre 1961 à Paris. On se souvient de son utilisation lors des émeutes de 2005 dans les banlieues suite à la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré ou plus récemment à La Réunion au début du mouvement des Gilets jaunes.

Les media à la rescousse : racisme et paternalisme

Pour vendre cette mesure dégueulasse, les pouvoirs publics peuvent, comme d’habitude, compter sur les media locaux. On a lu et vu pas mal d’articles et de sujets pendant le confinement, parce qu’on avait du temps, et pour votre santé mentale, on ne vous conseille vraiment pas. On a choisi un reportage de France 3, du 25 mars.
Le sujet traite de la première nuit de couvre-feu à Poitiers en suivant la police. Il s’assimile à un reportage de guerre : nous sommes avec les keufs dans une « ville en guerre contre le virus ». Il y a deux camps : les gentil·les dont les flics qui lutte contre, et les méchant·es qui propagent le virus. Oui oui, la vie c’est super simple.
Les gentil·les sont dans le centre, les méchant·es dans les quartiers périphériques. Dans le centre, on voit des gens marcher dans la rue, tranquille. Et deux personnes sont interrogées, l’une d’accord avec le couvre-feu, l’autre qui va travailler, alors que les keufs sont pour l’instant absents. Et puis on va à Saint-Eloi, un « quartier connu pour ses trafics de drogue ». Un quartier de méchant·es, où les keufs se baladent avec des lampes torches. Jérôme, policier, s’adresse à deux personnes à leur fenêtre : « Faut plus sortir à cette heure. On est d’accord ? Oui ? C’est très bien ». Les méchant·es, faut leur parler comme à des chiens pour qu’iels comprennent. Il enchaîne, à la caméra : « Y’a tout l’temps, tout l’temps du monde. Ils sont présents, ils sont là encore, parce qu’ils sont partis par les parkings souterrains. » Les rats se cachent pour propager le virus, merci Jérôme de nous protéger, grâce à ta lampe torche ! On va ensuite à Beaulieu, où Jérôme ouvre des portes pour débusquer les rats. Il n’en trouve pas. Les gentils vont gagner la guerre.

Stratégie du choc

Durant les deux mois de confinement, les exploiteurs nous ont tous servis le même discours. Que tout cela c’était pour notre bien, notre santé. Ils ont ainsi justifié les patrouilles des brutes en uniformes et leurs pouvoirs de verbaliser, la vidéosurveillance et les drones.

Tout ces déguisements langagiers disparaissent rapidement dans les faits. Ainsi le 2 avril, la mairie de poitiers expulse un squat dans la rue des herbeaux. L’insalubrité est invoqué pour mettre des personnes à la rue.
Le 8 avril, c’est l’expulsion de la ZAD de la Dune, avec le soutien de 70 zélés citoyen·nes réunis en milice. Pas de confinement et de “distanciation sociale” pour les serviteurs de l’ordre et du pouvoir.
Au nom de la lutte contre l’épidémie et la protection des personnes, la police a tué au moins 11 personnes durant le confinement, selon le décompte de désarmons-les, et des milliers d’autres ont été blessés.

Les crises sont à chaque fois l’occasion d’une restructuration de la domination, de son amplification. L’occasion d’aller plus loin, de serrer encore plus le collier, d’accélérer les transformations en cours. Naomi Klein a théorisé cela en parlant de stratégie du choc. Travail, cours et procès en visioconférence, brigades sanitaires pour venir fliquer encore plus nos vies. Et surveillance accrus grâce aux mouchards électroniques, smartphones et autres objets connectés. Ils comptent sur la puissance du choc sur nos vies, sur notre apathie pour avancer sans opposition.
Mais à l’image de la quadrature du net, qui a remporté une victoire contre l’utilisation des drones de reconnaissance, nous sommes là, et nous continuons la lutte.