Face à l’interrogatoire policier

« Un interrogatoire n’est pas un échange harmonieux entre deux individus.
C’est un conflit. »

De ce constat est née Comment la police interroge et comment s’en défendre, publié en juin 2022 par projet évasions. Ce livre est un outil d’autodéfense bien utile pour quiconque s’est déjà ou risque de se retrouver à être interrogé.e par la police.
Si le conseil principal de cet ouvrage : « Le silence est de loin la stratégie de défense la plus efficace et la moins dangereuse. » est bien connu, sa force ne réside pas là. En expliquant de manière claire et précise le déroulement d’une enquête de police ainsi que les techniques d’interrogatoires, l’ouvrage produit une argumentation solide et convaincante.
« Pour mener à bien son travail lors de l’interrogatoire, la police a besoin de la participation de la personne interrogée. »
Sont ainsi présentés différentes techniques de manipulation (écoute aversive, engendrer de la sympathie, harponnage…) ou d’interrogatoires (flic naïf-naïve, entretien synchronisé, contagion émotionnelle…). Tout cela est accompagné de récits de situations vécues afin d’avoir des exemples de la forme concrète de ces stratégies policières. En plus de ces récits, le livre comporte de nombreuses citations de flics :
« dans la majorité des cas, le pire ennemi de l’avocat c’est son client. Donc souvent l’avocat, il va un peu dans notre sens, ou s’il conseille bien son client, il lui dit qu’à ce stade il vaut mieux dire des choses plutôt que de raconter des salades. »
Face aux techniques policières, le livre propose de nombreux conseils d’auto-défense. D’abord en déconstruisant tout un ensemble de fausses croyances qui poussent à la collaboration mais aussi en proposant des défenses mentales pour résister aux techniques policières : pour gérer son stress, se distancier de la police, garder le pouvoir de décision ou encore pour lâcher prise.
« Monter à soi-même et aux autres qu’on accueille sereinement ses propres vulnérabilités et peurs est le premier pas pour pouvoir les affronter avec confiance et, à terme, les surpasser. »
La dernière partie de l’ouvrage est consacrée à une présentation succincte de possibles dépassements des institutions policières, judiciaires et carcérales.

Le livre est disponible au format PDF sur projet-evasions.org. Il peut être commandé sous format papier sur le même site.

Moins complet mais tout aussi utile car adaptée au cas spécifique de la garde à vue en france, nous vous conseillons trois brochures sur ces sujets, toutes disponibles sur infokiosques.net :
– Manuel de survie en garde à vue
– Petit manuel de défense collective : de la rue au tribunal
– En GaV, je n’ait rien à déclarer – manuel BD de conseils en garde à vue

Il est important de participer à la diffusion d’une culture du silence face à la police car il s’agit d’un moyen efficace d’entraver sa tâche.

Appel à soutien

Des personnes sont accusées d’avoir saboté des mâts de mesure du vent en haute-vienne sur des sites prévus pour l’installation d’éoliennes industrielles. Le 9 mars, elles passeront devant le tribunal de Limoges pour faire appel contre le contrôle judiciaire et la caution de 120 000 €. Un rassemblement de soutien aura lieu le 9 mars dès 8h place d’Aine (Limoges).
Extraits du communiqué du groupe de soutien :
« Ces personnes n’appartiennent à aucune organisation politique. Elles n’ont d’autre prétention que d’être conscientes de l’extrême gravité de la situation de notre monde.
Nous partageons leurs convictions sur la nuisance sans borne des installations des éoliennes industrielles et avons comme elles les yeux ouverts – et refusons de les fermer – sur le cauchemar technologique qui se propage dans le monde entier. »
« On veut faire croire au public-connecté, aux citoyens-esclaves qu’avec les aérogénérateurs industriels nous allons vers une transition énergétique. Il n’a jamais été dans l’intention de nos gouvernants de démanteler les centrales nucléaires. Il s’agit d’une addition énergétique. Ce qui semble durable dans tout cela n’est autre que la folie de la civilisation occidentale qui impose son modèle de développement coûte que coûte, son modèle de destruction de la vie et de notre pouvoir d’autodétermination. »
« Ici comme ailleurs, nous condamnons la déforestation, la pollution sous toutes ses formes, sonore et visuelle, la perturbation des vols d’oiseaux et tant d’autres conséquences néfastes de l’implantation de ces aérogénérateurs industriels. Sans oublier la pollution générée par l’extraction des matériaux utilisés pour la fabrication de telles machines.
Nous comprenons et soutenons les inculpé-e-s même si nous pouvons avoir d’autres façons d’agir.
Nous ne pouvons rester inactif-ves.
Nous nous devons de réagir lorsque de telles personnes se voient persécutées, fustigées, soumises à des contrôles judiciaires abusifs par des autorités qui cautionnent et financent des entreprises qui confisquent et polluent la terre, l’eau et l’air uniquement pour en tirer profit.
Si la destruction de quelques mâts de mesure est au regard de la loi un délit, c’est pour nous un acte de résistance légitime commis sans violence sur des êtres vivants, c’est un acte symbolique qui ne fait qu’entamer l’assurance sans borne, la volonté de conquête de ces prédateurs cupides.
Dans un contexte de guerre sociale, ces actes nous semblent de l’ordre de l’autodéfense. Les vraies victimes ne sont pas celles que la justice désigne. Les vraies victimes sont celles de ces prédateurs que rien n’arrête. »

colère noire

sans fard, dans la nuit
nourrie sans fin au bois de palette
tu me consumes et me pourris

romantique illusion d’un être puissant
pourtant les vers de rage rongent mes tripes
pour aller vers rien

un vide dans le bide qui jamais ne se remplit
un adieux aux sourires qui nous fuient

seule
recoudre ces plaies incandescentes
des points de futurs
sans se mettre sur la gueule
sans pour autant se la fermer
sans laisser de côté l’agir, mais en renouant avec le rire

les tendons se relâchent
mes bras de bois sont plus agiles
Il ne reste que la tension éternelle entre moi
et mes désirs

La reproduction de la vie quotidienne

Freddy Perlmann (1934 – 1985) est né dans une famille juive en tchécoslovaque. Alors qu’il n’a que 4 ans sa famille quitte le pays pour fuir le nazisme et s’installer aux états-unis.
Écrit en 1969, un an après sa participation aux émeutes et luttes des ouvriers de citroën,
La reproduction de la vie quotidienne est une analyse du rôle du salariat et de la consommation dans le maintien et l’extension du système capitaliste.

« L’activité quotidienne concrète des salariés reproduit le salariat et le capital. Par leurs activités quotidiennes, les hommes « modernes », comme les membres d’une tribu ou les esclaves, reproduisent les habitudes, leurs relations sociales et les idées de leur société, ils reproduisent la forme sociale de la vie quotidienne. »

« En effectuant leurs activités quotidiennes, les membres de la société capitaliste accomplissent simultanément deux processus : ils reproduisent la forme de leur activité, et ils éliminent les conditions matérielles auxquelles cette activité répondait à l’origine. Mais ils ne savent pas qu’ils accomplissent ces processus ; leur propre activité demeure opaque à leurs propres yeux. Ils croient que leurs activités répondent à des conditions naturelles qu’ils ne peuvent maîtriser, et ne voient pas qu’ils génèrent eux-mêmes ces conditions. Le rôle de l’idéologie capitaliste est de maintenir le voile qui empêche la compréhension de l’activité en ce qu’elle reproduit la forme de la vie quotidienne ; le rôle de la théorie critique est de dévoiler les activités de la vie quotidienne, de les rendre transparentes, de faire apparaître la reproduction de la forme sociale du capitalisme dans les activités quotidiennes. »

« Le travail est une activité abstraite qui n’a qu’une propriété : elle peut se vendre, s’échanger contre une quantité donnée d’argent. Le travail est une activité indifférente : indifférente à la tâche particulière accomplie et indifférente au sujet particulier qui en bénéficiera. Creuser, imprimer et sculpter sont des activités différentes, mais toutes trois sont du travail dans la société capitaliste. Le travail consiste simplement à « gagner de l’argent ». L’activité vivante qui prend la forme du travail est un moyen de gagner de l’argent. La vie devient un moyen de survie. »

« Le pouvoir mystérieux du Capital, son « pouvoir » de production, son humanité, ne réside pas en lui-même, mais dans le fait que les gens aliènent leur activité créatrice, qu’ils vendent leur travail aux capitalistes, qu’ils matérialisent ou réifient le travail en marchandises. En d’autres termes, les gens sont achetés par le produit de leur propre activité, pourtant ils considèrent leur activité comme celle du Capital, et leurs produits comme ceux du Capital. En projetant un pouvoir créatif sur le Capital et non sur leur propre activité, ils abandonnent leur activité vivante, leur vie quotidienne, au Capital ; ils s’abandonnent quotidiennement à la personnification du Capital, au capitaliste. En vendant leur travail, en aliénant leur activité, les gens reproduisent les personnifications des formes dominantes d’activité en régime capitaliste, ils reproduisent le salarié et le capitaliste. Ils ne reproduisent pas simplement les individus physiquement, mais aussi socialement ; ils reproduisent des individus qui vendent leur force de travail, ainsi que d’autres qui possèdent les moyens de production ; ils reproduisent les individus et également les activités particulières de la vente comme de la propriété. »

« Avec les syndicats, la vie quotidienne ressemble à ce qu’elle était avant qu’ils ne soient fondés. De fait, elle est à peu près identique. La vie quotidienne est toujours consacrée au travail proprement dit, à l’activité aliénée, au travail non-rémunéré et au travail forcé. Le travailleur syndiqué n’a plus a discuter l’ampleur de son aliénation puisque les fonctionnaires du syndicat s’en occupent. »

« Pour la société capitaliste dans son ensemble, le Capital total est égal à la somme du travail impayé accompli par des générations d’êtres humains dont les vies ont consisté en l’aliénation quotidienne de leur activité vivante. En d’autres termes, le Capital, à qui les hommes vendent les jours de leur existence, est le produit de la vente de cette activité humaine, et il se reproduit et s’étend chaque jour qu’un homme vend sa journée de travail, chaque fois que cet homme décide de perpétuer la forme capitaliste de la vie quotidienne »

LRA

On nous représente souvent la frontière comme une ligne de séparation entre deux territoires. Certaines seraient prétendument « naturelles » (montagnes, fleuves…), un sacré mensonge. La frontière n’est une ligne que dans les cours de géographie des écoles. Elle n’est « naturelle » que dans la bouche de ceux qui les défendent. Car la frontière est toujours le produit d’un ordre et de sa violence. Elle vit au rythme des contrôles d’identité, des kilomètres de barbelés et des avions charters. Elle est là où il y a des camps, là où l’état enferme et déporte, là où les migrant.es sont tué.es. La frontière est aussi bien dans les cols et vallées des alpes, sur les plages de Lampedusa que dans le centre de rétention de Bordeaux ou au comptoir des banques où on dénonce les sans-papiers.
Et bientôt, une nouvelle succursale de cette gigantesque machinerie de contrôle va ouvrir ses portes dans la vienne, sous la forme d’un Local de Rétention Administrative (LRA).

« Innovatec, milice des irrigants »

C’est au 203, route de gençay, dans la zone commerciale de Saint-Benoît que se trouve l’entreprise Innovatec sécurité. Ces zélés protecteurs du capital fournissent notamment alarmes et caméras pour bâtiments et chantiers. Et notamment le chantier de la bassine de Sainte-Soline. C’est ce qui lui valut de retrouver ses vitres constellées d’une quinzaine d’impacts le lundi 30 janvier 2023. Le tout étant accompagné d’un imposant tag :« Innovatec, milice des irrigants. Vive le Mignon. No Bassaran ! ».

Chalair aviation

Parmi les entreprises qui aident l’État français à mener sa politique raciste en contrôlant, enfermant, expulsant les personnes qui n’ont pas les bons papiers, permettez-nous de vous présenter Chalair Aviation.
Créée en 1986, cette compagnie aérienne s’est, au départ, spécialisée dans le transport de cadres d’entreprises en bossant notamment avec des boîtes parmi les plus pourries : Total, Areva, Perenco… Elle s’est aussi pendant un temps développée en Afrique où elle transportait des salariés de groupes miniers ou pétroliers au Niger, en Ouganda ou en Mauritanie… Cet été, elle a remportée un appel d’offre du ministère de l’intérieur concernant la mise à disposition d’un avion à l’aéroport du Bourget.
Or c’est justement à partir du Bourget, que la police aux frontières (PAF) réalise de nombreux vols cachés, des expulsions faites par surprise. En gros, les flics débarquent à l’aube dans les cellules des Centres de Rétention Administrative pour choper un·e ou plusieurs retenu·es, ou alors iels sont enfermé.es à l’isolement la veille, pour ensuite les emmener à l’avion avec une grande violence.

Ces dernières années, c’était la société TwinJet, qui détenait ce marché. Cela lui avait d’ailleurs valu de recevoir début avril, la visite de copaines dans son terminal de l’aéroport de Marseille-Marignane !
Chalair Aviation a déjà remplacé TwinJet et commencé sa sale collaboration. Comme le montre le fait que la PAF multiplie les vols avec des appareils gérés par Chalair. Pour cette boîte, les 8 à 13 millions d’euros sur 4 ans de ce contrat tombe à point nommé. Son patron, Alain Battisti, qui était encore récemment à la tête du lobby du secteur (FNAM), a dû injecter du pognon fin 2021 tout en quémandant un prêt de 4 millions d’euros à l’état.
Chalair Aviation est présente à l’aéroport de Poitiers Biard où elle assure la ligne avec Lyon, jusqu’au 15 mars.
L’enfermement et l’expulsion des étranger·es ne repose pas uniquement sur les keufs et le ministère de l’intérieur. De nombreuses entreprises s’enrichissent sur ce système raciste. Lutter contre tous les acteurs qui collaborent au complexe de la rétention et de l’expulsion, c’est soutenir concrètement les personnes qui subissent et combattent quotidiennement les CRA et les frontières.

Mauvaise mine

Voilà un mot qu’on avait plus trop entendu sur le territoire français métropolitain depuis la vague de fermeture des années 1970-1980. Pourtant il y a toujours des exploitations de sel, bauxite, calcaires bitumineux, étain-tantale-niobium en métropole, à croire qu’elles se font discrètes. Les territoires colonisés, ont quant à eux jamais connu de répit, mines de nickel en Nouvelle-Calédonie et mines d’or en Guyane.
Concrètement une mine, c’est l’extraction industrielle d’un ou plusieurs minerais ou terre rares présentes dans les roches su sous-sol. Des milliers de m³ de roches brassées pour quelques tonnes de métaux. Quand on pense à quoi sert l’or… c’est-à-dire à pas-grand-chose à part en faire des bijoux (plus de 80_% de l’or sert à ça) ou des feuilles qui doreront le cul de jésus, on peut se dire que c’est franchement pas très utile. Après avoir été extrait à coup de bulldozer et d’explosif, fait du sous-sol un gruyère ou creusé des cratères géants à ciel ouvert, la roche est concassée dans une usine de raffinage pour ne pouvoir garder que les éléments présentant les matières recherchées. Dans les stériles (roche non exploitées), il reste des métaux soit en trop faible quantité, soit trop complexe à extraire pour être rentable, et oui une mine c’est fait pour faire de la thune. Ces stériles, contrairement à leur nom ne sont pas pour autant inoffensifs. Les roches stockées en tas géant à l’air libre font remonter des substances toxiques anciennement enfermées dans les couches du sous-sol. Avec le ruissellement et le lessivage des eaux de pluie, les substances s’écoulent tranquillement tout autour des sites, contaminant le sol et les eaux souterraines et de surfaces sur des kilomètres. L’ancienne mine de Salau en Ariège laisse ainsi s’échapper de l’amiante, dans la vallée de la Brévenne c’est le drainage minier acide qui dissous les métaux présents dans les roches et fait se déverser du cuivre… Mais sentons-nous rassuré, certains dépôts, ont été remodelés afin « d’adoucir les pentes » et « recouvert de terre végétale et ensemencé ».
Pour extraire les métaux des particules sélectionnées, celles-ci vont être secouées mécaniquement ou baignées de produits toxiques. Soit les produit dissolvent les métaux et permettent de les récupérer en surface, soit ils agrègent ceux-ci et permettent de les récupérer par gravité. Suite à ce traitement il reste des résidus, une boue hautement toxique qu’il faut stocker. Comme sur pas mal de site minier, les résidus sont stockés, parfois enfouis, parfois bâchés, souvent bâclé. I n’existe pas de recette miracle pour les faire disparaître.
Et pour couronner (en carton la couronne) le tout, les mines c’est aussi une construction de grosses infrastructures (route, chemin de fer…) pour acheminer les matériaux, la militarisation de zone pour défendre des cailloux et de l’exploitation d’humaine.s 24h/24h pour faire tourner la machine. Voilà le joli tableau.

Le retour des mines en france advient actuellement pour plusieurs raisons. Il y a le discours autour de la « souveraineté nationale », que l’on nous essaye de nous faire avaler. Celui-ci s’est développé dans un contexte de guerre aux portes de l’europe qui a provoqué une rupture de certains liens avec la russie, à qui la france achète pas mal de métaux et de terres rares. Environ 50_% du titane utilisé dans l’industrie de l’aéronautique en france proviendrait de russie. La pandémie a compliqué l’approvisionnement en provenance de chine, qui à elle seule produit plus de 80 % des terres rares. L’idée d’une nation souveraine, ne dépendant de (presque) rien d’autre que d’elle-même pour s’approvisionner est une illusion surfant sur des ressorts nationalistes.
La transition écologique et la numérisation du monde sont les autres pendants du retour des mines. Sous ses belles images vertes, l’éolien et le photovoltaïque sont des grands consommateurs (17kg de terre rare pour une éolienne, silicium cristallin et le tellurure de cadmium pour le solaire). La domotique et la smart city toute connectée, vidéo-surveillée, captée grâce à l’électronique et l’informatique omniprésente consomment également énormément (10kg de cobalt pour un ordi, 70 kg de matières premières extraites pour produire, utiliser et éliminer un seul smartphone). Le lithium, utilisé notamment dans les batteries de tous ses nouveaux joujoux électriques : bagnole, trottinette, vélo, soit disant non-polluant (sauf à la fabrication et à leur fin de vie) devient le nerf de la guerre techno-écolo.

La multinationale Imerys, grande représentante de l’extractivisme à l’international, a obtenu un permis d’exploitation pour l’extraction de lithium dans l’Allier, à Echassière, à l’emplacement d’une actuelle carrière de kaolin (granit). Sur ce site, enfermé dans ce granit métallifère se retrouve également d’autre métaux : étain, tungstène, plomb… et une grande quantité d’uranium et de thorium. Dans cette future mine, il est prévu de récupérer 0,9 % de lithium sur les roches. On peut se demander ce que va devenir les 99,1 % de roche au potentiel radioactif, teinté de métaux lourds. Imerys reste flou sur la question de la quantité de résidus miniers, mais également sur la quantité d’eau qu’il utilisera pour transporter et traiter son minerai, car les mines sont de grandes consommatrices d’eau. On pense au Chili, à l’Argentine et à la Bolivie qui extraient une grande partie du lithium du monde. Dans ces régions, il faut deux millions de litres d’eau pour produire une tonne de lithium (par un procédé d’évaporation), c’est une menace permanente qui plane sur les écosystèmes et les populations locales. Mais les populations ne sont pas dupes. En Serbie, la firme Rio Tino s’est vu refuser le permis d’exploitation pour l’ouverture d’une mine de lithium. Face aux massives manifestations et nombreux blocages de routes, mais aussi pour des raisons électoralistes, le gouvernement a toutefois cédé.

Des écolo au grand cœur pourraient s’attarder à dire, vaut mieux ici qu’ailleurs, au moins les conditions d’exploitation et de travail seront moins pire. Et bien nous répondons ni ici, ni ailleurs. Ouvrir des mines ici ne fera pas fermer de mines ailleurs. La machine ne s’arrête pas_, elle ne fait que s’agrandir. L’utilisation d’énergie qu’elle quelle soit est grandissante_: l’éléctrique n’a pas remplacé le pétrole, le pétrole n’a pas remplacé le charbon… Ce n’est pas remplacer qu’il faut envisager, c’est tout arrêter.