C’est quasi-officiel_: le loup est de retour dans la vienne. C’est peut-être aussi le bon moment pour remettre en question le rapport à la « nature » que nous avons hérités de celleux qui, il y a des siècles, les ont exterminés.
Cette relation est la même qu’entre le boucher et le cadavre qu’il dissèque, entre le bourreau et la victime. Un bourreau qui va toujours plus loin dans les supplices. Les plaines céréalières sont belles comme des parkings. Les campagnes sont remplis de prisons de tôle où viennent s’entasser des vies que l’on vend au poids. Les forêts deviennent des cultures comme les autres : pesticides, coupes rases et monoculture. Les cours d’eau sont couverts de barrages, retenues et se retrouvent vidés pour remplir les bassines.
Ce que l’on appelle nature est devenu le pendant biologique de l’usine quand elle n’est pas simplement ravagée pour récupérer des métaux, terres rares et combustibles en tout genre. Les paysages que l’on nous vend comme naturels sont des créations humaines. Les alpages en sont un des exemples les plus frappants : déboisement, exploitation intensive des ressources, élevage, bétonisation…
La nature n’est pas vue comme ce qui nous entoure et au sein de laquelle nous devrions nous inscrire mais comme une entité extérieure à contrôler et exploiter.
L’adaptation que l’on nous vend n’est pas la capacité de vivre dans un relatif équilibre avec son environnement mais la capacité de multiplier les ravages afin d’éviter de remettre en question le fonctionnement global. Les technologies et leurs nuisances ne se remplacent pas mais se superposent. Ainsi les anciens pesticides interdits ou plus assez efficaces n’auront pas disparus des sols, de l’air et de l’eau, quand viendront s’y rajouter leurs remplaçants. Les énergies « renouvelables » viennent augmenter la production électrique mais non pas fermer les anciennes centrales.
Le loup peut revenir mais l’environnement dans lequel ill vivait, il y a des centaines d’années, ne reviendra jamais. Les nuisances que nous avons crées, du nucléaire aux polluants éternelles (les PFAS par exemple), des terrils à la bétonisation ne disparaîtront probablement jamais, même si nous arrêtions tout maintenant.
Non seulement il faut détruire ce qui nous détruis, mais il nous faudra encore réparer pendant longtemps les conséquences de tout cela. D’où l’importance d’empêcher maintenant l’extension continue du désastre. Qu’il s’agisse de l’installation de nouveaux élevages, d’usines, de projets agro-industriels, d’infrastructures de transports (aéroports, autoroute, lignes ferroviaires…), ou énergétique (centrales, lignes THT, oléoducs ou gazoducs).