On nous représente souvent la frontière comme une ligne de séparation entre deux territoires. Certaines seraient prétendument « naturelles » (montagnes, fleuves…), un sacré mensonge. La frontière n’est une ligne que dans les cours de géographie des écoles. Elle n’est « naturelle » que dans la bouche de ceux qui les défendent. Car la frontière est toujours le produit d’un ordre et de sa violence. Elle vit au rythme des contrôles d’identité, des kilomètres de barbelés et des avions charters. Elle est là où il y a des camps, là où l’état enferme et déporte, là où les migrant.es sont tué.es. La frontière est aussi bien dans les cols et vallées des alpes, sur les plages de Lampedusa que dans le centre de rétention de Bordeaux ou au comptoir des banques où on dénonce les sans-papiers.
Et bientôt, une nouvelle succursale de cette gigantesque machinerie de contrôle va ouvrir ses portes dans la vienne, sous la forme d’un Local de Rétention Administrative (LRA).
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Chalair aviation
Parmi les entreprises qui aident l’État français à mener sa politique raciste en contrôlant, enfermant, expulsant les personnes qui n’ont pas les bons papiers, permettez-nous de vous présenter Chalair Aviation.
Créée en 1986, cette compagnie aérienne s’est, au départ, spécialisée dans le transport de cadres d’entreprises en bossant notamment avec des boîtes parmi les plus pourries : Total, Areva, Perenco… Elle s’est aussi pendant un temps développée en Afrique où elle transportait des salariés de groupes miniers ou pétroliers au Niger, en Ouganda ou en Mauritanie… Cet été, elle a remportée un appel d’offre du ministère de l’intérieur concernant la mise à disposition d’un avion à l’aéroport du Bourget.
Or c’est justement à partir du Bourget, que la police aux frontières (PAF) réalise de nombreux vols cachés, des expulsions faites par surprise. En gros, les flics débarquent à l’aube dans les cellules des Centres de Rétention Administrative pour choper un·e ou plusieurs retenu·es, ou alors iels sont enfermé.es à l’isolement la veille, pour ensuite les emmener à l’avion avec une grande violence.
Ces dernières années, c’était la société TwinJet, qui détenait ce marché. Cela lui avait d’ailleurs valu de recevoir début avril, la visite de copaines dans son terminal de l’aéroport de Marseille-Marignane !
Chalair Aviation a déjà remplacé TwinJet et commencé sa sale collaboration. Comme le montre le fait que la PAF multiplie les vols avec des appareils gérés par Chalair. Pour cette boîte, les 8 à 13 millions d’euros sur 4 ans de ce contrat tombe à point nommé. Son patron, Alain Battisti, qui était encore récemment à la tête du lobby du secteur (FNAM), a dû injecter du pognon fin 2021 tout en quémandant un prêt de 4 millions d’euros à l’état.
Chalair Aviation est présente à l’aéroport de Poitiers Biard où elle assure la ligne avec Lyon, jusqu’au 15 mars.
L’enfermement et l’expulsion des étranger·es ne repose pas uniquement sur les keufs et le ministère de l’intérieur. De nombreuses entreprises s’enrichissent sur ce système raciste. Lutter contre tous les acteurs qui collaborent au complexe de la rétention et de l’expulsion, c’est soutenir concrètement les personnes qui subissent et combattent quotidiennement les CRA et les frontières.
Non aux constructions – feu aux CRA
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Une promotion
Ce n’est pas tout les jours qu’un fidèle serviteur de l’état est récompensé pour les services qu’il a rendu et continue de rendre au leviathan. Après 17 ans parmi les assassins de l’armée de terre (blindés et légion), c’est au sein de la gendarmerie qu’Arnaud Girault a décidé de continuer son parcours et qu’il a reçu ces derniers jours le grade de général. Parmi ses multiples postes, on peut citer notamment celui à la tête des gendarmes mobiles de Valencienne. Les gendarmes mobiles sont les troupes de maintien de l’ordre de la gendarmerie. En gros, tabasser les manifestant.es, attaquer les ZAD et maintenir la domination coloniale. Les gendarmes mobiles ont ainsi directement été engagés afin d’empêcher la décolonisation de l’algérie et sont déployés en permanence dans les outres-mers.
Une carrière qui illustre, une fois de plus, que la domination et la violence de l’état forment un continuum. Continuum des méthodes, des doctrines, du matériel mais aussi et surtout des individus.
Les systèmes de domination s’entrecroisent et se maintiennent entre eux. L’ordre néo-colonial à l’extérieur du pays fournit et forme les troupes de maintien de l’ordre capitaliste à l’intérieur du pays.
Une domination qui ne manque pas d’ironie puisqu’elle a trouvé opportune que ce même général, issus d’une institution, qui a directement participé à l’extermination des juifs et tsiganes ainsi qu’à l’arrestation des résistants, soit présent à l’hommage à un réseau de résistants gaullistes de la vienne. Surtout quand on sait que les responsables n’ont jamais été véritablement inquiété et ont continué leur carrière dans la gendarmerie après la seconde guerre mondiale.
Comme le disait un individu singulier du XIXe siècle :
« Aux mains de l’individu, la force s’appelle crime. Aux mains de l’état, elle se nomme droit. » Max Stirner.
Antisémitisme et racisme
En 1942, alors secrétaire général de la préfecture de la gironde, maurice papon (1910 – 2008) participait à l’organisation de la déportation des juifs. Après la guerre, en tant que préfet il deviendra un zélé rouage de la politique coloniale française en algérie. Dès 1958, il devient préfet de police de paris où il organisera un important dispositif de violence d’état contre les algérien·nes en couvrant systématiquement tous les crimes policiers les visant. Un des points culminants de cette politique est le massacre du 17 octobre 1961 où plusieurs centaines de personnes désarmés (selon la demande du FLN) protestant contre le couvre-feu seront massacrés par la police parisienne.
Ce petit exemple, loin d’être complet, nous montre que du génocide des juifs aux massacres des populations colonisées, on retrouve une continuité de structures et d’individus. C’est la police qui hier raflait les juifs qui aujourd’hui expulse, enferme dans les camps et déporte les migrant·es. C’est l’ordre des médecins, fondé par pétain en 1940, qui dénonçait les médecins juifs et qui aujourd’hui ne fait rien contre le racisme dans le milieu médical (visant soignant.es ou patient.es). C’est bien évidemment le clan le pen, eric zemmour et autres politiciens. C’est l’Oréal, fondé par un antisémite fasciste en 1909, qui servit de repère à toute une partie de l’extrême-droite après la seconde guerre mondial et qui fût condamné en 2007 car l’entreprise refusait d’embaucher des arabes, des noires et des asiatiques. Ou qui continue de faire fortune en promouvant un idéal de beauté raciste et en vendant des produits toxiques promettant de «_blanchir_» la peau.
Il nous faut déconstruire nos stéréotypes, les clichés qui nous divisent, bâtir les solidarités concrètes entre les opprimées, produits de la compréhension mutuelle des dominations contre lesquelles nous souhaitons nous révolter ensemble.
Les fachos disent que les juifs contrôlent les banques, mais c’est bien ces mêmes banques qui ont aidé les nazis à piller et dissimuler les biens accaparés aux déporté·es : du Crédit Suisse à la Deutsch Bank en passant par les 106 établissements bancaires français. Ces mêmes banques qui aujourd’hui encore huilent les rouages du système colonial et extractiviste. On voudrait nous faire croire que les juifs sont « communautaires », mais n’est ce pas là le terme qu’utilise le pouvoir pour désigner toutes celleux qui s’organisent contre son oppression ? N’est-ce pas-là, le terme brandi dès lors que s’organise une discussion ou atelier en non-mixité ? L’antisémitisme est structurel, il repose sur les mêmes moyens et les mêmes buts que les autres racismes. C’est la disparition (déportation, exode ou massacre) ou l’assimilation, la dissolution dans le fantasme national. Assimilation révocable à n’importe quel moment, sous n’importe quel prétexte. Voilà que l’état colonial d’israël massacre de manière plus visible que d’habitude, et chaque juif·ve devint responsable, chaque synagogue considéré comme un avant-poste de l’armée d’occupation. Mais le simple fait de manger kasher ne rend pas responsable de la Nakba. Comme faire le ramadan ne rend pas responsable des massacres de l’état islamique.
Les racismes sont des constructions sociales et historiques. Ce sont les productions des religions, de l’esclavage, des colonisations et conquêtes, des états-nations ou du mode de production capitaliste. On ne peut pas espérer y mettre fin sans en détruire les racines mêmes. Ces racines produisent des clichés qu’il nous faut déconstruire mais s’incarnent aussi dans des objets matériels et des individus sur lesquels il est possible d’agir. Ainsi, la frontière n’est pas qu’une ligne absurde sur un papier. C’est des contrôles, des centres de rétention, des locaux des douanes et de la PAF… L’esclavagisme, comme le génocide des juifs (et le travail forcé), n’est pas un événement historique terminé, mais l’origine de nombreuses fortunes actuels en france (de Chanel à Lafarge). Ce sont des maisons de maître, des distilleries de rhum, des entreprises de négoces, des usines…
Hydre
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Gloire aux déserteurs
C’est un bloc de béton au milieu d’un petit parc. Un bloc de béton “à la gloire des coloniaux du poitou” en lettres en fer forgé. Mais voilà certaines mains un peu farceuses ont décidé de retirer “coloniaux”. Alors que c’était l’occasion pour la mairie de poitiers de se débarasser du reste, celle-ci a décidé de dépenser de l’argent pour continuer la valorisation des massacres coloniaux.
Ici le massacre en question, c’est la guerre d’Indochine (1946-1954) qui s’ouvre avec l’extermination de plusieurs milliers de civils vietnamiens à Haïphong lors du bombardement de la ville par l’armée française. Plusieurs milliers de noms qui manquent dans la liste des morts pour la domination coloniale sur les plaques vissées au monument.
Voilà une part de l’histoire qui est oubliée bien complaisament, celle de comment les troupes de “libération » sitôt la 2nd guerre mondiale terminée se sont embarquées dans une guerre de reconquête coloniale.
Et voilà un monument qui bien décidément peut être réduit en ruine sans risque de victimes.
par ici la carte des honorations d’oppresseurs à Poitiers et alentours :
Pour y contribuer envoyez-nous vos infos à lasinse@riseup.net
Squatter ou sauver, il faut choisir.
“Squatter ou sauver” nous plonge dans la vie d’un squat d’habitation et de lutte anarca-féministe-queer-antirasciste en non-mixité. Cela nous montre comment derrière ces mots, il existe plusieurs réalités. Comment squatter peut être récupéré pour faire dans l’humanitaire, comment l’auto-organisation ne va pas de soi et que la lutte peut être un effet de mode surtout esthétique.
À la base du problème notamment, un manque de définition des positions politiques claires pour le lieu et pour toustes. Même s’il y a eu des tentatives pour le faire au départ et en cours de route, la volonté de voir se réaliser ce projet a dépassé les doutes de chacune et tue les conceptions inconciliables de ce que sont les luttes féministes, queer et anti-raciste/décoloniale.
De cette expérience il ressort trois figures récurrentes que l’on peut transposer à d’autres luttes, si si vous les avez déjà croisées. Il y a l’ »associative », la “sauveuse” et la “radicale”. Les associatives consomment le squat comme un lieu alternatif dans un but individualiste et libéral, en oubliant régulièrement toutes les questions de sécurité. Pour elles, l’auto-organisation est soit impossible soit se fera magiquement et tout ira bien, sans penser une seule seconde que du “chaos renaît l’ordre, celui que l’on redoute, celui qui se met en place insidieusement, celui contre lequel on lutte” (coucou le féminisme blanc-bourgeois-cis-het).
Les sauveuses pensent le squat comme un moyen de pallier au manque de l’état, pensent en terme de quantité, d’hébergement de masse et d’urgence et d’intégration des personnes notamment les habitantes migrantes (coucou les gauchiasses rascistes-maternalistes). Ça efface totalement que le squat est un espace de lutte et d’émancipation vis-à-vis du pouvoir, en tout cas celui-là – car il y en a tout un tas dont les institutions se servent officieusement, ne l’oublions pas.
On en arrive aux “radicales”, celles qui veulent poser des mots, clarifier, discuter de fonctionnement, d’idéologies, de conflits. Qui s’épuisent à vouloir que toustes s’auto-forment et se remettent en question.
Le zine parle aussi des conflits, des agressions, des dynamiques affinitaires, de la safeitude, bref un sale tableau pour nous dire que nulle part, on est exempt d’oppressions systémiques et d’individualisme libérale. Partager les mêmes oppressions ne suffit pas à rassembler des individus dans une lutte. Cela ne prend pas en compte comment les personnes veulent lutter, pourquoi et avec qui. Prenons-le comme une piqûre de rappel pour tenter d’éviter de tomber dans les mêmes travers.
A lire sur :
https://paris-luttes.info/zine-squatter-ou-sauver-comment-le-14817?lang=fr
ou en cliquant ici : sauver-squatter
Une page d’histoire
Dans le centre ville de poitiers, juste à côté des jardins des droits de l’homme se trouve la médiathèque mitterand. Mais quels sont les extraordinaires exploits qui ont conduit à ce qu’on nomme, seulement quelques mois après sa mort, un bâtiment à son nom ?
Né en 1916, françois mitterand s’engage à partir de 1934 dans les volontaires nationaux, un groupement de jeunesse nationaliste. Les volontaires nationaux seront dissous en 1936 avec d’autres organisations nationalistes et fascistes, 2 ans après leur participation à la tentative avortée de prise de pouvoir par l’extrême-droite en février 1934. En 1935, il participe à la manifestation de l’action française contre l’exercice de médecins étrangers en fRance sous le mot d’ordre de l’opposition à «_l’invasion métèque ». L’action française est une organisation royaliste violente, nationaliste, antisémite, raciste et catholique, encore active aujourd’hui. L’actuel ministre de l’intérieur, gérald darmanin a notamment publié des articles dans un mensuel royaliste proche de l’action française, politique magazine (voir « Séparatisme : darmanin était lié à un groupuscule royaliste et pétaniste », Nantes révoltée, 04/02/21).
En 1938, françois mitterand se porte ensuite volontaire dans l’infanterie coloniale pour son service militaire. Il l’effectuera au sein du 23e régiment d’infanterie colonial.
Après avoir rejoint le régime du maréchal pétain, dont il est sympathisant, il rejoint au cour de la 2nd guerre mondiale des groupes de résistance avant d’entrer en clandestinité et de quitter le sol français. Devenu président, il refusera de présenter des excuses au nom de l’état français pour la participation active de celui-ci au génocide des juifs, des tsiganes ainsi qu’aux massacres nazis visant notamment les personnes handicapé·es, LBGTQI+ ou autres.
En 1945, il se servira de son prestige issu de la résistance pour protéger Eugène Schueller, propriétaire de l’oréal. Mais Schueller est aussi un des financeurs de l’organisation terroriste fasciste la cagoule, un auteur d’articles antisémites et un fondateur de partis fascistes durant la collaboration. Schueller saura remercier Mitterand comme il se doit en lui offrant la direction des éditions du rond-point.
Après diverses élections et poste de ministre, il devient en 1954 ministre de l’intérieur. En pleine guerre d’indépendance algérienne (1954-1962), il s’oppose à l’indépendance algérienne et déclare «_L’Algérie, c’est la France … ceux qui veulent l’en dissocier seront partout combattus et châtiés ». En 1956, alors ministre de la justice, il défend le projet de loi donnant les pleins pouvoirs à l’armée et qui légalisera les tortures et massacre commis par les parachutistes de jacques massu l’année suivante. Durant les 1 ans et 3 mois au ministère de la justice, 45 militants algériens sont guillotinés, notamment grâce aux lois qu’il a lui même signé et qui permettent de guillotiner à tour de bras les indépendantistes.
Si depuis le début, la vie de françois mitterand est marqué par ses idées racistes et colonialistes, c’est dans les années 90, alors qu’il est président de la fRance qu’il participera au pire. Cette horreur, c’est son implication personnelle dans génocide des tutsis au rwanda (800 000 à 1 000 000 de tué·es). Car c’est depuis le palais de l’élysée qu’a été décidée et mise en place une politique française de soutien aux génocidaires. Que ce soit avant, pendant ou après, l’état français a déployé tous les moyens possibles. Des formations militaires aux livraisons en passant par l’envoi de troupes en renfort sans compter de reprendre le discours extrêmement haineux des extrémistes hutus. Un soutien qui n’a jamais véritablement cessé que ce soit avant, pendant et après le génocide. Ainsi les livraisons d’armes continueront alors même que le génocide a commencé.
Du service militaire au génocide rwandais, mitterand aura été un membre actif de toutes les horreurs coloniales. Voilà l’homme qu’on nous montre en exemple : un nationaliste, un colonisateur, un collaborateur, un génocidaire. Voilà un des visages du plus froid des monstres froid : l’état.
par ici la carte des honorations d’oppresseurs à Poitiers et alentours :
https://umap.openstreetmap.fr/fr/map/recensement-des-honorations-doppresseurs-a-poitier_471271
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Des médias dépendants
Suite à l’assassinat de Georges Floyd aux Etats-Unis et aux manifestations contre les violences policières appelés notamment par le comité Adama, cette question des violences policières refait son apparition dans les médias en France au mois de juin. Tout le monde en parle, et des expressions comme « violence systémique » et « racisme structurel » pour qualifier les keufs existent dans les médias.
Mais cela ne dure pas. Début juillet, Darmanin devient ministre de l’intérieur et reprend la défense aveugle des bleus, tout en parlant « d’ensauvagement », terme piqué à l’extrême droite, pour remettre en avant la fable de l’insécurité galopante. Et les journalistes suivent. Alors qu’en juin, des habitant·es racisé·es des quartiers populaires interviewés demandent justice, un mois plus tard d’autres demandent plus de police. L’ordre est rétabli.
Mais comment passe-t-on, en quelques jours, d’une situation médiatique à son contraire ? Rapide analyse et critique des médias en France.
Le secteur de la presse est dans les mains des plus riches et des plus puissants. Selon des chiffres de 2017 publié par bastamag1, huit milliardaires et deux millionnaires se partagent les principaux médias, qui représentent 90 % des quotidiens nationaux vendus chaque jour, 55 % des parts d’audience télé et 40 % de celles des radios. Parmi eux citons Bernard Arnault, à la tête du groupe de luxe LVMH, et patron des Echos et du Parisien, Patrick Drahi, principal actionnaire de SFR et à la tête de Libération, L’Express, BFM-TV, RMC, Martin Bouygues, PDG du groupe de construction et de télécomunication Bouygues, dont fait partie le groupe TF1. En plus, les principaux revenus de la presse proviennent de la publicité, et donc des grands groupes capitalistes.
Pour travailler dans ces rédactions, il ne faut donc pas fâcher les financeurs. Mieux même : il faut leur plaire. Et ça se ressent dans le choix des journalistes mis en avant, aussi appelé éditorialistes. Ce sont toujours les mêmes, qui passe d’un média à l’autre sans problème, grâce à leur docilité, leur idéologie mortifère, et leur défense des puissant·es. Deux exemples, pas avares pour défendre les puissants et dénoncer les plus faibles : Nicolas Demorand est notamment passé par Libération, Europe 1, RTL, France 5, Canal + et France inter. Natacha Polony est elle entre autres passée par France 2, Canal +, Europe 1, France inter et Marianne. Les autres journalistes doivent bien souvent garder leurs idées dans leur poche et s’adapter à la ligne éditoriale édictée.
Les puissant·es à la tête de ces médias les gèrent comme leurs autres entreprises : à coup de suppression d’emplois et de hausse de productivité. Cette industrialisation entraîne une uniformisation des sujets : tout le monde parle de la même chose, tout le monde interroge les mêmes personnes, tout le monde a les mêmes les mêmes angles et points de vue : réactionnaire et dominant. Et les personnes ne voulant pas s’adapter doivent partir, comme le montre ce qui s’est passé à Itélé (aujourd’hui CNews) en 2016, suite aux changements consécutif à rachat du groupe Canal+ par Bolloré : 100 journalistes sur 120 ont démissionné.
La concentration des médias aux mains d’une oligarchie, ainsi que la monopolisation de la parole par les éditorialistes, porte-voix de leur maître·sses, a pour conséquence une droitisation toujours plus poussée de la presse. A tel point que les élus du rassemblement national, constamment invités à s’exprimer par tous les médias, apparaissent presque comme les personnes les plus modérées sur les plateaux de CNews ou LCI.
En juin, à la sortie du confinement, les violences policières sont un sujet mondial. Les manifestations se multiplient partout aux Etats-Unis et un peu partout dans le monde, dont en France. Les journalistes sont obligés de s’emparer du sujet. Iels le font à leur manière, en faisant mine de s’interroger, et adoptent tou·tes le même angle : celui de la comparaison avec la situation étasunienne, pour en conclure qu’en France, ça n’a rien à voir. On a pu y voir une brèche, la suite nous a refroidi. Le terme ensauvagement s’installe au ministère de l’intérieur, qui ordonne une opération de police à Grenoble sur la base de vidéos extraites d’un clip de rap. Parce que l’insécurité n’augmente pas vraiment, il faut agir au nom du sentiment d’insécurité, véhiculé par les médias. La boucle est bouclée, le serpent se mord la queue.
Le champ médiatique est verrouillé. Il n’y a rien à attendre des grands médias, dont le seul but, en plus d’engranger les profits, est de justifier et faire perdurer le capitalisme et les autres systèmes de dominations.
1/ https://www.bastamag.net/Le-pouvoir-d-influence-delirant-des-dix-milliardaires-qui-possedent-la-presse (retour au texte)