Préparer son antirep

Trop souvent quand la répression tombe, on n’est pas assez préparé.es et nos proches non plus, ce qui peut coûter plus d’énergie encore que ce que l’état nous prend avec ces situations. En plus, la répartition des rôles genrés et la spécialisation sur ces questions est présente, même dans les milieux anarchistes. Alors voilà quelques pistes pour casser un peu tout ça et lancer des réflexions avec soi-même ou à plusieurs.
Il y en a sûrement d’autres !

Qui prévenir ? Qui ne pas prévenir ? La famille ? A partir de quelle étape ?
Qui tu voudrais ou voudrais pas en soutien ?
Garenties de représentation ou pas ? (document prouvant une identité et censé rassurer un juge sur le fait que tu te pointeras à ton procès, pour peut-être éviter une détention préventive par exemple).
Faux blase, refus d’identité ou vrai blase ? Jusqu’où tu penses tenir sans déclarer ou avec un faux blaze ? Verif, garde à vue, comparution immédiate ou tout ? En fonction de quel niveau de charges retenu ?
Quel identité de genre du donnes ?
Quel.e avocat.e ?
C’est quoi les risques si tu te fais choper ? (déjà du sursis, pas les bons papiers…)
Tu veux quoi dans tes colis ?
Ok ou pas de parler de ton rapport au genre, à la sexualité dans les lettres (tôle) ? Les matons ouvrent les lettres et n’en ont rien à foudre de dire des infos que t’aurais voulu garder pour toi. Ok envoie de trucs anarchisants un peu craignos ?
Tu prends des médocs, t’as une ordo ? Quel médecin serait ok de transmetre ? Si faux blase, tu veut gérer comment ? (médecin « militant » qui peut aider et contacter l’AP…)
T’as des problèmes de santé particulier ? Tu veux que ce soit visible au niveau des flics, des matons, de la justice ou pas ?
Tu as des enfants et/ou est l’humaine d’un animal ? Qui s’en occupe en ton absence ? Comment ?
Tu stock où ton dossier antirep ? Qui y a déjà accès ? Oral, papier, numérique ?
Hésite pas à y inclure des ressources pour les proches.
Mort à l’état, au capital, au patrarcat et à toutes les dominations. Prenons soin de nous.

Réflexions sur la solidarité

Depuis le dernier numéro, on a eu/assisté à quelques discussions sur les questions de solidarité face à la répression, notamment vis à vis des personnes incarnées.
La solidarité, on la différencie du soutien. Le soutien s’apparente à tout ce qui est « vital » et urgent pour aider la personne en taule, et souvent effectué par des personnes (très) proches : thune, parloir, lessive… La solidarité ça peut prendre pas mal de forme. Être tournée vers la personne à l’intérieur directement : l’écriture de lettre, l’envoie de matos, l’envoie de thune à des caisses de solidarité qui reverseront des mandats aux prisonnier.es… Mais aussi par la diffusion vers l’extérieur : l’affichage de banderoles, de tag, l’écriture de texte, la diffusion des idées et des actes portées par la personne, des actes de sabotages, des attaques de collabo institutionnel, de tout ce qui fait que les taules existent et plein d’autres choses auxquelles on ne pense même pas. Ca nous fait donc un peu chier de voir par endroit le slogan « la solidarité, c’est l’attaque » comme une ligne unique à suivre. Bha nan, la solidarité, c’est « aussi » l’attaque. L’attaque comme unique mot d’ordre nous semble toujours un peu teinté de virilisme, laissant de côté tout autre envie ou possibilité.
Ce qui nous questionne, c’est de quoi sommes-nous solidaires : d’un individu ayant réalisé (ou supposé réalisé) des actes ou d’actes réalisés (ou supposé) par un individu ?
On pense qu’on ne peut pas détacher les actes des personnes, on n’est pas solidaire des actes. Ce serait certes une manière de se faciliter la vie et de ne pas se questionner sur les personnes, mais cela oubli que si l’on témoigne de la solidarité c’est avant tout pour une personne.
Dans certains cas, comme dans les 2 témoignages de solidarité publiés précédemment dans la Sinse, il n’est pas possible de se détacher de l’individu. Ils sont nommés, incarnés, on en vient à parler d’eux comme si c’étaient des potes. La personnification nous rapproche, tend à nous donner l’illusion d’une connaissance réciproque, ce qui devient un brin plus touchant. On devient donc solidaire d’une personne en chair et en os, alors certes iel a fait des choses chouettes, mais est-iel chouette pour autant ? Les appels à solidarité que l’ontvoit paraître suite à des situations de répression, peuvent s’apparenter à une glorification du mec (hum souvent, très très très souvent) pour avoir réalisé des actes spectaculaires, déterminés, presque romantiques. Plus la répression et le vécu des prisonnières est véner plus on s’en souviendra comme des martyres. Il est rare qu’il soit rappelé dans ces moment-là que les individus ne sont jamais des héros et souvent sont des être plus complexe que ce que leurs actes laissent à voir.
On sait parfois que les personnes frappées par la répressions, ont fait de la merde par le passé, se pose alors la question de quand est-ce que l’on parle de ça. Car oui le plus courageux des anar reste une personne ayant été imprégné par le sexisme de cette société et l’a perpétué (plus ou moins certes). Et c’est bien souvent les violences sexistes qui sont passées à la trappe car : c’est pas le moment ! Mais de toute façon, c’est jamais le moment !
On émet une grande méfiance quant aux rumeurs qui se déforment, prennent parfois des proportions démesurées, qu’il est important de parler de faits concrets et de tenter de s’approcher de la réalité des actes et de ne pas surfer uniquement dans les ressentis. Cependant on sait qu’on ne peut pas parler publiquement des faits car dans ce moment de vulnérabilité face à la justice où toute info peut s’avérer récupérée pour faire pression, enfoncer encore plus l’accusé ce n’est pas ce que l’on souhaite non plus. Alors, que les infos se passent, soient dites de personnes de confiance à personne de confiance, pour que le piédestal tombent. Pour l’instant, on se pose aussi des questions sur comment être solidaire des personnes victimes/cibles et a quand les commités de soutien aux victimes du sexisme chez les anars ?
On se doute que tout n’est pas toujours maîtrisé par la personne dedans, on ne peut reprocher cela, et que parfois les diffusions et les tournures dépassent les personnes. On ne rejette pas la faute, juste on se dit qu’on peut peut-être mieux faire.

Affinité et Organisation Informelle

Dès que l’on est plus qu’un, soi-même, il se pose la question d’avec qui je lutte, pourquoi et comment. Voilà quelques réflexions proposées dans ce 2e numéro des cahiers anarchistes internationalistes Hourriya, résumées ici (et copié sans scrupules) dans les grandes lignes.

L’organisation est un outil fonctionnel, c’est la coordination des efforts mentaux et physiques initiés par des individus pour atteindre un but ou réaliser quelque chose. Ici on ne parle pas d’organisation comme de structure au-dessus des individus, de forme à laquelle il faut adhérer (syndicat, parti, asso, drapeau…). Sans perspective personnelle claire, s’organiser devient une fin en soi, et il est courant que l’on se laisse porter par les envies des autres sans réfléchir à ses propres buts et motivations, ce qui revient à se laisser guider par des chef.fes même si iels n’en portent pas le nom.
Le regroupement affinitaire est une forme de mise en relation de personnes, basé sur des idées, méthodes, pratiques communes, envies, peurs, limites… L’affinité est mouvante et se crée pour certains projets et pas d’autres, avec certaines personnes, et pas d’autres. L’affinité ne se décrète pas, elle ne correspond pas à un contrat, ce n’est pas une bande de pote, ni un sentiment amoureux, ni un regroupement lié à un vécu d’oppression commune. L’organisation affinitaire favorise la qualité des liens et des échanges, est basée sur la confiance mutuelle ce qui prend du temps et de l’investissement. L’affinité est une recherche de la qualité et non de la quantité. Il n’y a pas de recherche de croissance au groupe affinitaire, ce qui nécessairement ferait rogner sur des idées ou des pratiques pour correspondre au plus grand nombre.

Dans certaines situations il est nécessaire que des groupes affinitaires se coordonnent pour un but défini et partagé. Cela en laissant une liberté de mouvement et de l’autonomie aux petits groupes, pour ne pas tomber dans la synthèse, dont le seul objectif est celui de composer, pour faire naître un ensemble dont on finirait par dépendre. La supériorité de cet ensemble sacrifie l’unicité individuelle pour avancer sur une route à sens unique pour toustes. Ces rassemblements de groupes affinitaires sont éphémères et n’ont pour durée que celle du but collectif à atteindre ou bien quand on estime qu’il n’est plus possible ou adéquat de chercher à l’atteindre. Dans ce cas, on parle d’organisation informelle. « Organisation, parce qu’il s’agit d’une coordination des volontés, des moyens et des capacités entre différents groupes affinitaires et individualités qui partagent un projet spécifique, limité dans le temps. Informelle, parce qu’il ne s’agit pas de promouvoir un nom quelconque, de renforcer quantitativement l’organisation, d’y adhérer formellement ou de souscrire à quelques programmes ou déclarations de principe, mais d’une coordination agile et légère pour répondre aux besoins du projet de lutte. ».

« S’auto-organiser, donc – en s’opposant à l’inversion contemporaine entre les moyens et les fins, qui a fait du moyen sa propre fin. La fin doit déjà être contenue dans le moyen, le moyen doit déjà être contenu dans la fin. Pour se désaltérer, il faut remonter à la source, et le parcours est déjà rafraîchissant en soi. Voilà la raison de l’organisation informelle. Le monde auquel nous aspirons ne peut être un continent régi par une seule loi, fut-elle celle de la justice sociale décrétée à l’unanimité, mais est plutôt un archipel aux mille expérimentations. Si nous ne voulons pas vivoter pour trouver une solution progressive au faux problème de quelle civilisation choisir, alors il nous faudra reconnaître qu’on ne peut trouver la liberté que dans la jungle obscure, dont l’exploration se fait à nos risques et périls, de jour comme de nuit, avec des marches et des pauses, le long des sentiers déjà battus et de maquis à travers lesquels s’ouvrir un passage. Une exploration qui a besoin de compagnons de voyage, d’instruments et de connaissances.
Qui n’a pas besoin de programmes, mais d’attention et d’idées claires. »

Portefeuille d’identité numér’hic

On n’en entend pas encore trop parler alors qu’il va bientôt nous tomber sur la tronche une nouvelle merde dématérialisée… on vous présente : le portefeuille d’identité numérique.
A la benne ton vieux larfeuille en cuir végan si encombrant, place au tout numérique.
En scannant ta tronche avec ton smartphone (et un code de sécurité quand même), tu vas avoir accès à tout tes documents « officiels », ta carte d’identité pour consommer dans les bars, ton passeport pour passer les frontières, ta carte de sécu pour la pharmacie, ton permis pour les keuf, ton diplôme pour ton employeur… Des documents pour des usages de services publics, mais aussi pour des acteurs du privé qui auraient envie d’une ou plusieurs données d’identification. Ce qui sera super, c’est que tu pourras l’utiliser partout en europe, juste pour préciser que c’est déjà le cas aujourd’hui avec tes papiers en papiers, mais bon un peu de fausse nouveauté ne fait pas de mal. La commission européenne vise à convertir 80 % de la population d’ici 2030 à l’utilisation de l’identification numérique. Évidement personne ne sera obligé d’y recourir mais la vie te sera juste un peu plus compliqué (voir impossible), on peut s’imaginer la complexité s’il n’y a plus que des machines pour traiter des Qcodes, s’il n’y a plus que des applis pour faire je ne sais quoi (comme c’est déjà le cas pour louer des vélos libre service…), il te faudra galérer pour avoir un rendez-vous avec un.e humain.e pour traiter avec tes vieux papiers obsolètes, sachant que la tendance est plutôt à la disparition de ce genre de service. Tu ne sera donc pas obligé.e mais fortement contraint.e.

Mais rassurons nous, c’est « Une technologie qui nous permettra de contrôler quelles données nous partageons et l’usage qui pourra en être fait. ». Le tout sera dans une appli super sécurisée alors tout va bien. Ils font même ça pour notre plus grand bien, car « la puissance publique [cherchent] à éviter que les Gafam ou d’autres géants d’internet étrangers ne préemptent ces dispositifs d’identification […] ». Nous, ça ne nous rassure pas tant que ça, car on se méfie des méchants Gafam mais aussi de l’État .
Ce qu’on constate, c’est que la pente glissante de la vérification d’identité permanente (mais pas obligatoire hein, tu as encore le droit de rester enfermé chez toi), banalisée par le pass sanitaire est en train d’être institutionnalisée et diffusée comme une pratique anodine et quotidienne. Actuellement, on te demande ton nom, prénom, etc, pour un billet de train, ta carte d’identité pour acheter un bouquin avec le pass culture… Et ce contrôle d’identité permanent servira à fliquer toujours plus les personnes sans les bons papiers que ce soit en raison de leur provenance géographique, de leur genre non conforme, de leur situation illégale… Et on peut se demander quelle sera la limite des infos qui seront accessibles par ce biais-là. Bref on peut imaginer le pire. On peut nous accuser d’être alarmiste et d’utiliser l’argument de la pente glissante à tors et à travers. Pourtant on voit bien qu’avec la diffusion du numérique on est dedans. Les ordis sont passés du choix privé à l’obligation/nécessité en prenant de plus en plus de place dans les écoles de la primaire à la fac, pour devenir incontournable, au lycée du futuroscope LP2II, tu y vas pas si t’as pas d’ordi. Charmante sélection sociale. Au départ, ça devait nous faciliter la vie… aujourd’hui sans smartphone il est de plus en plus compliqué de faire certaine chose car il n’y a plus que des applis pour le faire : avoir accès à des fonctions de ta banque, prendre un vélo soit disant en libre service, recevoir des infos de sous-traitant de pôle emploi… Donc on va se laisser à penser au pire, car le smartphone et le portefeuille d’identification numérique sont des prérequis nécessaires pour la mise en place de système de surveillance et de contrôle. On pense au crédit sociale développé en chine où environ 95% des utilisateurs utilisent le web via un smartphone. Les infos privées (l’historique de crédits, les liquidités, les données personnelles, les achats, les habitudes, les comportements et les contacts de réseaux sociaux) et publics (la base de données des tribunaux) sont collectées pour le calcul des scores à attribuer aux personnes. Ce score facilite ou restreint tes accès à des services publics ou privés. Voilà de quoi nous réjouir.

Portrait d’un capitaliste : Bernard Arnault

Bernard Arnault est née en 1949 dans la bourgeoisie française. Son père dirige une entreprise de travaux publiques suite à son mariage avec la fille du patron. Entreprise dans laquelle Bernard sera évidemment engagée après ses études à polytechnique. De même que ses 5 enfants seront engagés au sein du groupe à des postes de direction.
Dans les années 80, en utilisant la fortune familiale, il rachète une entreprise textile en faillite. Il touchera d’importantes aides de l’état en échange de « sauvegarder l’emploi ». Il ne respectera évidemment pas ses promesses, et il faudra 10 ans et l’intervention de l’Union Européenne (alors CEE) pour qu’il rembourse la somme initiale (sans les intérêts ni l’inflation donc).
En octobre 2022, sa fortune personnelle est estimée à 159 milliards d’euros. Ce qui est pas mal dans un pays où le budget de l’état est de 400 milliards. Une fortune en très grande majorité basée sur la mode, l’alcool, les parfums, les cosmétiques et les bijoux. Un empire qui va donc de sephora à dior, du cognac aux montres de luxe en passant par les moteurs pour yatchs.
Pour construire une telle fortune, il faut évidemment utiliser tous les moyens possibles. Chaque histoire de ses entreprises est un témoignage de l’exploitation, de la violence et de l’horreur du système capitaliste. De l’entente sur les prix au travail forcé, de la surveillance des opposants et journalistes par la police à la collaboration avec des états génocidaires. De sephora qui utilise le travail en prison, à dior fondé par un industriel enrichie par la collaboration avec les régimes nazis et pétainistes ainsi que la colonisation. Sans oublier évidemment l’entreprise louis vuitton, qui fabriquait, entre autre chose des bustes de pétain pendant la 2nd guerre mondiale.
Car c’est bien sur l’exploitation que se construit la richesse. L’année 2022 a été marquée par plusieurs grèves en france au sein de LVMH et ses sous-traitants, notamment suite à l’annonce d’un bénéfice net de 12 000 000 000 €, en augmentation de 55% en un an. En mai 2022, une grève à été déclenché à l’usine Arco (maroquinerie de luxe) de Châtellerault. C’est dans cette usine que sont notamment cousus une partie des sacs à main vuitton. Suite à cette grève, les salaires ont été augmentés de 128 euros bruts mensuels…
Au-delà de la question syndicaliste de la gestion de la répartition des richesses, certaines voix font entendre d’autres demandes. Comme celle de l’autogestion des moyens de production. Mais dans le monde que nous souhaitons, y-a-t-il de la place pour de la maroquinerie de luxe, autogérée ou non ?

Un des outils de la reproduction quotidienne du système capitaliste, c’est le travail. Ce rapport social, qui fait que jour après jour, les ouvrières retournent fabriquer des sacs pour les bourges en enrichissant leurs patrons. La critique du capitalisme ne peut pas se contenter de dénoncer les profits des uns et la misère des autres, elle doit attaquer les racines mêmes du problème. Une organisation ouvrière qui ne remet pas en question le travail devient inévitablement un organe de la co-gestion du système capitaliste.
Mais il n’est pas seulement question de retomber dans une dichotomie facilement trompeuse entre travail nécessaire et inutile/superflu. Car dans le système capitaliste, bien souvent le travail est à la fois nécessaire ET inutile. Personne n’oserait remettre en question l’utilité sociale des cancérologues pourtant leur nécessité est bien souvent le produit du travail inutile des buralistes.
L’anti-capitalisme nécessite une réflexion critique radical sur le rôle actuel des différents métiers, c’est à dire sur l’organisation qu’ils perpétuent et étendent. Raser les prisons sans détruire l’idéologie carcéral qui les construisent ne sert qu’à donner du travail au secteur des travaux publics.

60 ans

Ils sont beaux sur les photos. Droit comme des rangées de fusils dans leurs uniformes. Il y a des militaires, des élus et le préfet. Et tout ses fidèles prêtres du culte sanglant de la nation se livrent à un rituel annuel de leurs secte. Ici, à potiers, ils viennent célébrer les 60 ans de la fin de la guerre d’algérie ainsi que les « morts pour la France » comme le rappelle le préfet. 60 ans après, la mémoire des bourreaux coloniaux continue d’être entretenue, au détriment de leurs victimes.
La nation est un mythe. Une légende qui justifie massacres et génocides. Un subterfuge qui permet entre autre chose de diviser les exploités sur des bases racistes au profit des exploiteurs. Les morts pour la nation meurent avant tout pour les intérêts des pouvoirs politiques, économiques et religieux.
60 ans, c’est environ aussi le temps qui nous sépare du meurtre de Ramon Vila Capdevila, dit Caracremada, par la guardia civil franquiste en août 1963. Pendant plusieurs dizaines d’années, il participa à la guerre sociale : des groupes d’actions armées dans l’espagne des années 20 aux sabotages des lignes électriques sous le régime franquiste des années 60 en passant par la révolution sociale espagnol des années 30 et le maquis en france. Un intransigeant comme il y en eut tant, qui n’accepta pas les trahisons des syndicats, fédérations et partis et qui préféra continuer à lutter. Non pas pour des mensonges d’états, non pas pour des légendes nationalistes mais pour une liberté réelle.
Les personnes que l’état honore sont celles qui respectent et suivent les ordres des autorités. C’est la mémoire du suivisme et de la soumission. La mémoire que nous diffusons est celle des réfractaires, des déserteurices, des ennemies de l’autorité et du pouvoir. L’état encourage la résignation, nous voulons nourrir la rébellion.
« Je suis un amant fanatique de la liberté, la considérant comme l’unique milieu au sein duquel puissent se développer et grandir l’intelligence, la dignité et le bonheur des hommes ; non de cette liberté toute formelle, octroyée, mesurée et réglementée par l’etat, mensonge éternel et qui en réalité ne représente jamais rien que le privilège de quelques-uns fondé sur l’esclavage de tout le monde. » Mikhaïl Bakounine.

Une promotion

Ce n’est pas tout les jours qu’un fidèle serviteur de l’état est récompensé pour les services qu’il a rendu et continue de rendre au leviathan. Après 17 ans parmi les assassins de l’armée de terre (blindés et légion), c’est au sein de la gendarmerie qu’Arnaud Girault a décidé de continuer son parcours et qu’il a reçu ces derniers jours le grade de général. Parmi ses multiples postes, on peut citer notamment celui à la tête des gendarmes mobiles de Valencienne. Les gendarmes mobiles sont les troupes de maintien de l’ordre de la gendarmerie. En gros, tabasser les manifestant.es, attaquer les ZAD et maintenir la domination coloniale. Les gendarmes mobiles ont ainsi directement été engagés afin d’empêcher la décolonisation de l’algérie et sont déployés en permanence dans les outres-mers.
Une carrière qui illustre, une fois de plus, que la domination et la violence de l’état forment un continuum. Continuum des méthodes, des doctrines, du matériel mais aussi et surtout des individus.
Les systèmes de domination s’entrecroisent et se maintiennent entre eux. L’ordre néo-colonial à l’extérieur du pays fournit et forme les troupes de maintien de l’ordre capitaliste à l’intérieur du pays.
Une domination qui ne manque pas d’ironie puisqu’elle a trouvé opportune que ce même général, issus d’une institution, qui a directement participé à l’extermination des juifs et tsiganes ainsi qu’à l’arrestation des résistants, soit présent à l’hommage à un réseau de résistants gaullistes de la vienne. Surtout quand on sait que les responsables n’ont jamais été véritablement inquiété et ont continué leur carrière dans la gendarmerie après la seconde guerre mondiale.
Comme le disait un individu singulier du XIXe siècle :
« Aux mains de l’individu, la force s’appelle crime. Aux mains de l’état, elle se nomme droit. » Max Stirner.

La propagande capitaliste

On connaît bien les impossibles exigences que sont les normes de beauté vis-à-vis du corps féminin. Ces normes stigmatisent tout ce qui fait qu’un corps est vivant, qu’il est celui d’une personne qui pense et agit, contemple et profite_: des poils au gras, en passant par vergetures et cicatrices. Une publicité pour tel rasoir ou cire ne va pas seulement chercher à faire changer de marque mais participe à la pression globale à l’épilation en normalisant le fait de s’épiler et en réduisant les questions à ce sujet à_: quelle méthode_? Quelle entreprise va s’enrichir_?
La publicité crée des besoins pour des produits en développant les peurs et insécurités que ces mêmes produits prétendent combler. Face aux questions sociales, elle ne propose qu’une réponse_: la consommation. Des crèmes pour blanchir la peau pour moins subir le racisme, des coupes-faims et régimes pour moins subir la grossophobie, des produits pour cacher le vieillissement, d’autres pour dissimuler la fatigue des doubles journées. Mais aucun produit, aucune solution technicienne ne fera disparaître les structures de domination.
La publicité ne vise pas seulement à nous faire acheter un produit plutôt qu’un autre mais aussi à transformer nos imaginaires, nos représentations et nos pratiques. Elle nous masque les causes profondes et nous aveugle de mirages. La publicité fait du désert capitaliste le seul horizon, car c’est le seul qu’elle représente. De la même manière qu’il n’y a pas de place pour les vélos ou les piétons dans une publicité pour la voiture, il n’y a pas de place dans le spectacle publicitaire pour une vie loin du triomphe de la marchandise. La publicité automobile nous vend à la fois la voiture mais aussi une vision spécifique du déplacement ainsi qu’une valorisation générale de la civilisation de la bagnole. Les paysages se découvrent en suivant les routes qui les défigure.
Cette propagande capitaliste n’est pas cantonnée à des espaces spécifiques (panneaux, pages dans les magazines, publicité sur internet ou autres) mais se retrouve partout. Dans les films et les séries, dans le discours des influenceur·euses, dans les magasins, les romans, dans les articles de journaux, les compétitions sportives ou encore les reportages télévisés. La publicité offre aussi aux capitalistes un outil de contrôle des médias en leur offrant un moyen de contrôle direct sur les rentrées d’argent. Sans compter évidemment quand les médias ne sont tout simplement pas une filiale d’un groupe industriel d’un autre domaine. Le cinéma est ainsi utilisé avec succès par l’industrie du tabac pour présenter de manière positive le fait de se remplir les poumons de goudron, le lier à des activités de la vie quotidienne et au glamour.
L’intériorisation des normes nous transforme aussi en panneau de pub, que ce soit par les vêtements siglés que nous portons, le mode de vie que nous valorisons ou les propositions d’activités que nous faisons. Il n’est pas réellement possible de fuir la publicité,, ne reste alors qu’une seule solution l’affronter. Comme à Saint-Lo cette année, où au moins 15 panneaux publicitaire ont été réduits à néant par le feu et deux autres sciés sur pied. Où à Saint-Herblain en juillet 2020, quand 6 véhicules JCDecaux ont été entièrement brûlés dans une attaque revendiqué par l’Action Directe Anarchiste (ADA).
«_Face à ces nuisances, n’importe qui peut agir : un marteau, un brise-vitre ou même une pierre et quelques secondes de votre temps pour participer à dépolluer l’espace public de ces panneaux publicitaire._» extrait du communiqué de l’ADA.