Squatter ou sauver, il faut choisir.

“Squatter ou sauver” nous plonge dans la vie d’un squat d’habitation et de lutte anarca-féministe-queer-antirasciste en non-mixité. Cela nous montre comment derrière ces mots, il existe plusieurs réalités. Comment squatter peut être récupéré pour faire dans l’humanitaire, comment l’auto-organisation ne va pas de soi et que la lutte peut être un effet de mode surtout esthétique.
À la base du problème notamment, un manque de définition des positions politiques claires pour le lieu et pour toustes. Même s’il y a eu des tentatives pour le faire au départ et en cours de route, la volonté de voir se réaliser ce projet a dépassé les doutes de chacune et tue les conceptions inconciliables de ce que sont les luttes féministes, queer et anti-raciste/décoloniale.

De cette expérience il ressort trois figures récurrentes que l’on peut transposer à d’autres luttes, si si vous les avez déjà croisées. Il y a l’ »associative », la “sauveuse” et la “radicale”. Les associatives consomment le squat comme un lieu alternatif dans un but individualiste et libéral, en oubliant régulièrement toutes les questions de sécurité. Pour elles, l’auto-organisation est soit impossible soit se fera magiquement et tout ira bien, sans penser une seule seconde que du “chaos renaît l’ordre, celui que l’on redoute, celui qui se met en place insidieusement, celui contre lequel on lutte” (coucou le féminisme blanc-bourgeois-cis-het).
Les sauveuses pensent le squat comme un moyen de pallier au manque de l’état, pensent en terme de quantité, d’hébergement de masse et d’urgence et d’intégration des personnes notamment les habitantes migrantes (coucou les gauchiasses rascistes-maternalistes). Ça efface totalement que le squat est un espace de lutte et d’émancipation vis-à-vis du pouvoir, en tout cas celui-là – car il y en a tout un tas dont les institutions se servent officieusement, ne l’oublions pas.
On en arrive aux “radicales”, celles qui veulent poser des mots, clarifier, discuter de fonctionnement, d’idéologies, de conflits. Qui s’épuisent à vouloir que toustes s’auto-forment et se remettent en question.

Le zine parle aussi des conflits, des agressions, des dynamiques affinitaires, de la safeitude, bref un sale tableau pour nous dire que nulle part, on est exempt d’oppressions systémiques et d’individualisme libérale. Partager les mêmes oppressions ne suffit pas à rassembler des individus dans une lutte. Cela ne prend pas en compte comment les personnes veulent lutter, pourquoi et avec qui. Prenons-le comme une piqûre de rappel pour tenter d’éviter de tomber dans les mêmes travers.

A lire sur :

https://paris-luttes.info/zine-squatter-ou-sauver-comment-le-14817?lang=fr

ou en cliquant ici : sauver-squatter

Les villes de servitude

Une des pratiques de la domination est de verrouiller totalement nos schémas de pensée pour que bien souvent même nos révoltes se déroulent dans la norme. Cette fermeture mentale empêche d’imaginer la possibilité d’un monde autre et donc d’agir pour mettre fin à celui-ci.
Ose-t-on seulement évoquer l’idée que les prisons doivent être rasées, et voilà que dans la tête des personnes avec qui on parle se lève une armée d’objections. Pourtant que l’on y adhère ou pas, il existe de multiples propositions de société sans prisons, certaines existent encore aujourd’hui. Certaines sont juste la continuité de ce monde, en proposant de transformer chaque appartement en cellule grâce aux bracelets électroniques. Celle que nous voulons représente une transformation largement plus radicale, puisqu’il ne s’agit pas de changer la manière de punir, mais de se débarrasser du besoin et de l’envie de punir. Mettre fin au vol en mettant fin à la propriété. Mettre fin aux viols en détruisant la culture du viol et le patriarcat. Mettre fin aux violences racistes en détruisant les races sociales et le colonialisme.
Ce verrouillage des imaginaires est clairement le produit de la propagande constante de l’état, du capital et du patriarcat, qui cherche à faire passer l’être humain comme naturellement mauvais et comme inévitable l’horreur quotidienne. Alors que c’est cette même propagande qui pourrit aussi les individus qui sont comme des éponges dans une fosse septique. À travers les médias, la publicité, les films, les séries et nombre de livres, une production culturelle permanente pour nous empêcher de voir que les rouages qui font tourner cette société peuvent non seulement être arrêtés, mais aussi détruits. Parce qu’on nous cache comment ces rouages ont été forgés et l’entretien constant qu’il demande.

Ce verrouillage mental se retrouve aussi dans le monde que nous parcourons à pied plutôt qu’en pensée. Une des illustrations les plus parlantes, c’est celle de toutes ces petites villes où l’économie repose sur quelques activités du pouvoir.
Comment les 7 200 habitant·es de Saint-Maixant l’école pourrait imaginer un monde sans armée quand toute la ville repose sur l’existence d’un lieu de formation annuelle de plusieurs milliers de bourreaux d’état ?
Comment penser un monde sans nucléaire dans l’ombre menaçante de la centrale de Civaux ? Une centrale qui apporte son lot d’ouvrier·es intérimaires (les plus exposé·es aux radiations) et d’absurdités en tout genre. Comme cette cage géante à crocodiles en plein cœur du poitou.
La ville de Vivonne, c’est 4 300 habitant·es, dont au moins 600 prisonnier·es des geôles de l’état. Et combien des 261 tortionnaires se sont installé·es sur place ? Entre 2009 (construction de la prison) et 2014, la commune est ainsi passée de 3 200 habitant·es à 4 200. L’ancien maire, Maurice Ramblière, ne cesse de se féliciter de la présence d’un lieu de torture et d’exploitation à longueur d’interview dans la presse. Sans contrat de travail, payé·e 1,23€ de l’heure (voir à la pièce), avec des comptes bancaires gérés par l’administration pénitentiaire, il est évident que ce genre de conditions fait saliver bien des employeurs (comme EDF, Renault, Yves Rocher, L’Oreal, Agnes B, Post It, Hachette, JC Decaux et d’autres).
Comment imaginer ce monde sans la prison, quand du voisin·e au buraliste, tous en « profitent » ? Nouvelle ligne de bus, écoles agrandies, trains régionaux augmentés, halle des sports, station d’épuration, et bien sûr une nouvelle gendarmerie.

Des prisons aux casernes en passant par le nucléaire, la domination n’est pas une accumulation de faits séparés. Elle est une immense toile qui partout s’étend.
La domination, ce n’est pas quelques personnes en costume et uniforme qui siègent dans des palais lointains. La domination, c’est aussi un ensemble de structures réparties sur tout le territoire.
Mais la domination est aussi dans la résignation quotidienne. Dans nos tolérances envers celleux qui permettent la reproduction de ce monde.
Et Poitiers dans tout ça ? De quoi la ville aux mille clochers de trop est-elle dépendante ? Ne serait-ce pas de cette tentaculaire université ?

« Mort aux porcs »

Voilà quelques mots qui visiblement ont bien choqué Sacha Houlié, député de la 2e circonscription de la vienne. Quelques mots tracés sur la façade de son domicile et qui l’ont visiblement mis dans tous les états.
Ce n’est pourtant pas la première fois que des peintres s’en prennent à lui. Jusqu’à maintenant c’était surtout sa permanence (11 place de France, Poitiers) qui avait été re-décorée.
Visiblement peu fan des arts plastiques appliqués, il a su donner de la voix et traiter les artistes de « fascistes ». Or question fascisme, il s’y connait Sacha Houlié. Non content de ne pas s’opposer à la loi sécurité globale, il est le co-raporteur de la loi sur le « séparatisme ». Une loi qui vise avant tout à encore plus pourrir la vie des musulman·es et des personnes racisées. Renforcer le pouvoir de nuisance des flics, stigmatiser des minorités religieuses.

Halte aux cathos

Peut-être faites-vous partie de ces esthètes qui apprécient le charme discret des églises en ruines. De ces âmes poètes qui préfèrent les blasphèmes aux sermons. Que vous préférez les chemins et les sommets sans croix. Peut-être même que si dieu existait vous feriez partie de celleux qui le tuerait.
Alors vous serez ravis d’apprendre que la halte jacquaire des amis de saint jacques de compostelle, c’est-à-dire un hôtel pour pèlerins cathos est hébergé dans des locaux municipaux. Et vous serez ravis d’apprendre que les charges et le loyer ont été annulés lors des conseils municipaux de février.
Non contents de louer pour une bouchée de pain les églises, les cathos vont jusqu’à nous faire payers pour leur prétendue rédemption.
Et dans le même temps, leur église continue d’opprimer les gays, lesbiennes et trans, de s’opposer à la contraception et à l’avortement, et de défendre les pédophiles qui sévissent dans ses rangs.
Si vous aussi vous souhaitez profitez de l’hospitalité de la municipalité et de la chrétienté, sachez que la Halte jacquaire se trouve au 10 rue du Général-Demarçay, Poitiers.

Chair à patrons

En décembre 2015, deux salariés de Bonilait étaient blessés lors d’une explosion dans une tour de séchage. Alors que ces deux ouvriers étaient en train de décoller de la poudre de petit-lait, une opération de soudure se déroulait sur la cuve. C’est cette opération de soudure qui est à l’origine de l’explosion qui a blessé les deux ouvriers dont l’un à vie (notamment à cause d’une surdité causée par l’accident). Et puisque visiblement 18 000 € d’amendes était bien trop cher, Bernard Rivano, directeur général de Bonilait a décidé de faire appel.

En 2019, selon l’Assurance Maladie, il y aurait eu 655 715 accidents du travail en france. Des accidents qui n’ont rien d’accidentels puisqu’ils sont le produit de la soif de richesses des capitalistes. Parce qu’il faut toujours faire plus, toujours plus vite, les principes de sécurités élémentaires ne sont pas respectés. Leurs profits se font sur nos corps, en france ou ailleurs. Que ce soit lors de destruction spectaculaires ou à l’usure quotidienne, nous ne sortons pas indemnes du travail. Des problèmes de dos liés à la posture au transport de charges lourdes, des corps détruit par les explosions dans les silos, des cancers, des dépressions, des suicides voilà le salaire caché que l’on nous verse.

Mais l’avarice seule des patrons ne suffirait pas pour remplir les hôpitaux et les cimetières (500 à 550 morts au travail par an). Non, pour cela, il faut bien des complicités. Il ne faut pas seulement la complicité de quelques avocats, de quelques procureurs et de quelques juges. Un tel exploit n’est pas le produit de quelques directeurs généraux plus avares que les autres mais de toute une société. C’est une œuvre collective que voilà. C’est le produit de l’alliance toujours renouvelée entre le capital et l’état. En laisser un debout et c’est permettre à l’autre de revenir. Pour être libre, c’est les deux que nous devons détruire.

Le 6/01/2020, les tribunaux ont décidé l’impossibilité de toute indemnisation et ont réduit l’amende à 3 500€.

 

Une page d’histoire

Dans le centre ville de poitiers, juste à côté des jardins des droits de l’homme se trouve la médiathèque mitterand. Mais quels sont les extraordinaires exploits qui ont conduit à ce qu’on nomme, seulement quelques mois après sa mort, un bâtiment à son nom ?

Né en 1916, françois mitterand s’engage à partir de 1934 dans les volontaires nationaux, un groupement de jeunesse nationaliste. Les volontaires nationaux seront dissous en 1936 avec d’autres organisations nationalistes et fascistes, 2 ans après leur participation à la tentative avortée de prise de pouvoir par l’extrême-droite en février 1934. En 1935, il participe à la manifestation de l’action française contre l’exercice de médecins étrangers en fRance sous le mot d’ordre de l’opposition à «_l’invasion métèque ». L’action française est une organisation royaliste violente, nationaliste, antisémite, raciste et catholique, encore active aujourd’hui. L’actuel ministre de l’intérieur, gérald darmanin a notamment publié des articles dans un mensuel royaliste proche de l’action française, politique magazine (voir « Séparatisme : darmanin était lié à un groupuscule royaliste et pétaniste », Nantes révoltée, 04/02/21).
En 1938, françois mitterand se porte ensuite volontaire dans l’infanterie coloniale pour son service militaire. Il l’effectuera au sein du 23e régiment d’infanterie colonial.

Après avoir rejoint le régime du maréchal pétain, dont il est sympathisant, il rejoint au cour de la 2nd guerre mondiale des groupes de résistance avant d’entrer en clandestinité et de quitter le sol français. Devenu président, il refusera de présenter des excuses au nom de l’état français pour la participation active de celui-ci au génocide des juifs, des tsiganes ainsi qu’aux massacres nazis visant notamment les personnes handicapé·es, LBGTQI+ ou autres.
En 1945, il se servira de son prestige issu de la résistance pour protéger Eugène Schueller, propriétaire de l’oréal. Mais Schueller est aussi un des financeurs de l’organisation terroriste fasciste la cagoule, un auteur d’articles antisémites et un fondateur de partis fascistes durant la collaboration. Schueller saura remercier Mitterand comme il se doit en lui offrant la direction des éditions du rond-point.
Après diverses élections et poste de ministre, il devient en 1954 ministre de l’intérieur. En pleine guerre d’indépendance algérienne (1954-1962), il s’oppose à l’indépendance algérienne et déclare «_L’Algérie, c’est la France … ceux qui veulent l’en dissocier seront partout combattus et châtiés ». En 1956, alors ministre de la justice, il défend le projet de loi donnant les pleins pouvoirs à l’armée et qui légalisera les tortures et massacre commis par les parachutistes de jacques massu l’année suivante. Durant les 1 ans et 3 mois au ministère de la justice, 45 militants algériens sont guillotinés, notamment grâce aux lois qu’il a lui même signé et qui permettent de guillotiner à tour de bras les indépendantistes.

Si depuis le début, la vie de françois mitterand est marqué par ses idées racistes et colonialistes, c’est dans les années 90, alors qu’il est président de la fRance qu’il participera au pire. Cette horreur, c’est son implication personnelle dans génocide des tutsis au rwanda (800 000 à 1 000 000 de tué·es). Car c’est depuis le palais de l’élysée qu’a été décidée et mise en place une politique française de soutien aux génocidaires. Que ce soit avant, pendant ou après, l’état français a déployé tous les moyens possibles. Des formations militaires aux livraisons en passant par l’envoi de troupes en renfort sans compter de reprendre le discours extrêmement haineux des extrémistes hutus. Un soutien qui n’a jamais véritablement cessé que ce soit avant, pendant et après le génocide. Ainsi les livraisons d’armes continueront alors même que le génocide a commencé.

Du service militaire au génocide rwandais, mitterand aura été un membre actif de toutes les horreurs coloniales. Voilà l’homme qu’on nous montre en exemple : un nationaliste, un colonisateur, un collaborateur, un génocidaire. Voilà un des visages du plus froid des monstres froid : l’état.


par ici la carte des honorations d’oppresseurs à Poitiers et alentours :

https://umap.openstreetmap.fr/fr/map/recensement-des-honorations-doppresseurs-a-poitier_471271

Pour y contribuer envoyez-nous vos infos à lasinse@riseup.net

L’inceste et ses complices

En théorie tout le monde déteste le viol. Le “bon viol”, celui dans une ruelle sombre par un inconnu, évidemment armé, où la “bonne victime” s’est évidemment débattue. Mais en pratique, le viol c’est presque jamais ça.
Chaque année près de 65 000 personnes sont violées (90 000 en comptant les tentatives). Au moins 1 enfant sur 10 est victime de violences sexuelles, à 80 % dans la sphère familiale, soit 2 à 3 par classe. Et plus de 90_% de ces violences sexuelles sur enfant sont commises par des hommes. Ces chiffres nous rappellent juste la réalité qui nous entoure. N’oublions pas que la culture du viol nous empêche de réaliser et de nommer comme telles nombres de violences sexuelles subies. Ces chiffres ne sont que le sommet de l’iceberg.
Parce que la réalité, c’est que les violeurs disposent partout de complices quand les victimes ont pas ou peu de soutien. La réalité c’est que l’immense majorité des personnes qui tiennent des discours virulents envers le viol sont incapables d’agir si il s’agit d’un proche. Quand le violeur n’est plus cette créature mythique dans sa monstruosité mais une personne de chair et de sang avec lequel nous partageons nombre de liens. Ces mêmes liens qui forment les rapports de domination qui imposent le silence.
C’est ce que nous rappelle un livre sorti récemment, un livre qui nous parle de comment une ordure ordinaire de la bourgeoisie, Olivier Duhamel, a violé son beau-fils. Comment celles et ceux qui savaient ont gardé le silence, du père de la victime (Bernard Kouchner) à sa mère, du directeur de Science-po aux autres, qui se sont contenté de s’éloigner socialement au mieux. La fuite du conflit empêche toute éventuelle prise de conscience des problèmes et les possibles règlements qui vont avec.
Parce qu’il est riche et influent, les complices d’Olivier Duhamel qui viendront prendre sa défense sont aussi riches et influents. Tous les pédocriminels n’ont pas la chance de pouvoir être défendu par Alain Finkelkrault, officier de la légion d’honneur. Les prolos devront se contenter de Didier Monteil de la Nouvelle République, qui dressant le portrait d’un entraîneur violeur pédocriminel écrit « Des rondeurs auxquelles le sportif Berland n’est pas indifférent » ou parle plus loin « d’initiation à la sexualité ».
Comme on le voit, les complices et les excuses pathétiques excuses des complices, qu’iels trouvent aux violeurs, les injures faites aux victimes et les autres mécanismes de défense des violeurs mises en place seront les mêmes que dans les cadres éloignés des hautes sphères du pouvoir.
Il faut comprendre que les violences sexuelles sur les enfants ne sont pas une collection d’incidents isolés, c’est le résultat de la culture du viol produite par le système patriarcal. Le problème n’est pas seulement Matzneff qui viole des ados, mais aussi Gallimard qui publie ses bouquins, les librairies qui le vendent et le torche-cul Le Point qui lui donne une chronique. Le problème, ce n’est pas seulement les prêtres catholiques qui violent des gosses, l’église qui les couvrent mais toutes celles et ceux qui continuent de financer cette organisation. Le problème, ce n’est pas seulement que Luc Besson ait un enfant avec une fille de 16 ans alors qu’il en a 33, c’est aussi que ses attractions trônent au Futuroscope.
Il ne faut pas se contenter de dénoncer les violeurs, il faut détruire la société qui les crée et qui les soutient. Il ne faut pas seulement cesser d’être le complice des agresseurs mais s’y opposer.

Nihilisme de genre : un anti-manifeste

https://breakdown.noblogs.org

Cette brochure propose un point de vue plutôt rare et méconnue sur les questions de genre et d’identité. Si certains points peuvent paraître complexe et nécessiteront d’aller chercher des termes de vocabulaires, nous pensons que le propos en vaut largement la peine. Un propos clair et cohérent qui réussit très bien à expliquer des termes et des concepts pas forcément évident. Bref une brochure qu’on ne peut que conseiller.
« Le soi, le sujet est un produit du pouvoir. Le « Je » dans « Je suis un homme » ou « Je suis une femme » n’est pas un « Je »qui transcende ces déclarations. Ces déclarations ne révèlent pas une vérité sur le « Je », mais elles constituent plutôt le« Je ». Homme et Femme n’existent pas comme étiquettes pour certaines catégories métaphysiques ou essentielles d’être, se sont plutôt des symboles discursifs, sociaux et linguistiques qui sont historiquement contingents. Ils évoluent et changent à travers le temps ; leurs implications ont toujours été déterminés par le pouvoir.»

« Cela ne signifie cependant pas que celleux qui s’identifient comme trans, queer, ou non­binaires sont coupables de la(re)production du genre. C’est l’erreur que commet l’approche féministe radicale traditionnelle. Nous rejetons de telles affirmations, car elles ne font qu’attaquer celleux les plus blesser par le genre.Même si la déviation du genre est toujours assimilée et neutralisée, elle est pour sur toujours puni. Le corps queer, trans, non­binaire est toujours le lieu de graves violences. »

« Pour elles [les féministes radicales révolutionnaires], nous devons abolir le genre de sorte que le sexe (les caractéristiques physiques du corps) puisse être une base matérielle stable à partir duquel nous pourrions être regroupé. Nous rejetons tout cela allégrement. Le sexe lui­même est enraciné dans les groupements discursifs, ayant été donné autorité par la médecine, et violemment imposé sur les corps des individu­e­s intersexes. Nous décrions cette violence. »

Le validisme c’est pas valable

Si parfois on peut être amenéEs à faire attention à notre santé et à celle des autres, ce n’est pas pour les beaux yeux du pouvoir en place mais bien pour mettre fin à diverses formes d’oppressions et de privilèges que nous maintenons et qui nous révoltent. Les fascistes de ce pays (gouvernements, nombreux.ses élu.e.s, multinationales, flics, magistrat.e.s, avocat.e.s, gestionnaires et contrôleureuses en tout genre,…), elleux, n’en n’ont réellement rien à faire de la santé des personnes. Ce qu’iels souhaitent, c’est garder leurs citoyen.ne.s au travail pour que ça rapporte, mais surtout pour les maintenir dans l’engrenage bien huilé d’une vie contrôlée et conditionnée.

Mais là où ielles veulent uniquement nous « maintenir en vie », nous voulons être vivantEs !!!!

Ce que nous et d’autres souhaitons en tant qu’anarchistes, anti-autoritaristes, anti-racistes, féministes, queers, anti-validistes… c’est s’efforcer de mettre fin à toute forme d’oppression.

Aussi, si cette crise du Covid 19 doit nous permettre de nous révolter face à nos propres comportements validistes d’avant crise, qui voulaient que nous laissions crever les personnes à risque chaque hiver face à une « simple grippe », et bien tant mieux. Et parce qu’on a plein de solutions à créer ensemble, réfléchissons y collectivement en dehors du carcan gouvernemental.

Pour toutes les personnes qui se sentiront privées de leur liberté dans le contexte actuel. Si pour vous la définition de la vie libre c’est de taper sans pression la biz à vos potes alors que d’autres se demandent si iels vont survivre à l’hiver prochain, j’appelle pas ça vivre mais profiter de nos privilèges de personnes valides.

Il y a un moment où il faut arrêter de décider pour d’autres de leur propre sort. Je vois pas pourquoi faire attention à pas refiler la maladie à n’importe qui ça nous priverait de nos libertés. Personnellement, si une de mes libertés détruit ou ruine la vie de certaines personnes, j’appelle pas ça une liberté mais une oppression ou un privilège. Pour moi, ça nous met juste devant le faite accompli qu’on entretien des rapports d’oppressions dans nos comportements et qu’on est pas prêt.e.s à questionner un temps soit peu nos privilèges. Si je peux changer mes habitudes pour que les personnes avec qui je vis et je vibre puissent se sentir un peu plus en sécurité, je le fait. Et même je mériterais des beignes si je m’en foutais.

Ce que toi tu appelles liberté, les autres appellent ça oppression, qui les discrimine, les stigmatise, les rends parfois impuissant.e.s, et les mets en danger. Si une femme te dis que tu monopolises la parole en tant que mec cis, tu fermes ta gueule, tu écoutes et tu te remets en cause. Si une personnes racisée te dis que prendre l’accent noir c’est pas drôle mais c’est raciste, tu te tais, t’arrête de « rire de tout » et tu te remets en cause. Alors si dans un contexte de pandémie mondiale une personne à risque te dis que ton « privilège de maintenir une vie normale » alors que sa vie est menacée c’est un comportement validiste, tu la crois, tu te questionnes sur tes habitudes et tu fais ce qui est possible pour prendre soin d’elle. Si on écoute les personnes concernées et s’il y a des choses qu’on peut faire pour arrêter de maintenir des dominations sur elleux, faisons-le. Arrêter de faire la biz, porter un masque, me faire dépister, rester éloigné de personnes à risque si je suis suspecté de maladie… si ça peut permettre de pas envoyer des gens qui kiffent la vie rejoindre le tombeau des lucioles, et bah banco.

La liberté que les genTEs citent souvent c’est pas la même que la mienne. La considérer comme une quantité finie c’est un concept néo-libéral auquel je crois plus. Pour moi, ma liberté commence uniquement si les autres sont libres aussi. Et du coup je peux pas me considérer libre si cette soit-disante liberté maintien une domination. Perso, je ne me sentirai pas libre dans ce monde tant qu’on enfermera des personnes agées dans des ephad à leur insu pour les y laisser mourir. Je ne me sentirai pas libre tant qu’on mettra des personnes racisées en prison pour obtenir une main d’œuvre bon marché, tant que des personnes devront cacher leurs pronoms par peur du mépris ou de l’exclusion, tant que des forêts seront rasées au profit des grand.e industriel.le.s, tant qu’on prendra des décisions directement à la place des personnes concernées. Je ne serais pas libre tant qu’il existera des oppressions auxquelles j’ai participé et participe encore (bien que j’essais de les saboter en moi-même), mais surtout tant que je saurai que certaines personnes participent à ces mêmes oppressions mais qu’elles font le choix délibéré de ne pas y mettre fin.

Comme de toute façon je suis pas libre pour le moment, autant en profiter pour essayer d’étendre ma liberté en même temps que j’essaye d’étendre celle des autres.

Dire qu’un couvre feu ça va tousTEs nous sauver d’un craquellement des services de réanimations durant tout l’hiver, je crois que personne n’y crois. Et là encore, si on se considère privée de notre liberté face à cette mesure répressive, il faut se dire que c’est déjà le quotidien de certainEs qui payent le « coût » de leur genre ou de leur couleur de peau de quelques points de sutures à la matraque si iels ont la hardise de se balader dans le mauvais quartier à la nuit tombée. Alors peut-être que la peur des keufs va maintenant se répandre, viscérale, aussi chez celleux dont les vies étaient jusqu’ici bien tapies. C’est seulement au moment où on rentre dans la vie des autres qu’on se rend compte de la merde.

Alors ? Faudra attendre le covid numéro combien pour que les valides d’aujourd’hui acceptent de lâcher leurs privilèges parce qu’enfin iels seront concerné.e.s par les risques d’une telle situation ?

Le monde il était malade bien avant le covid. Alors n’attendons pas que les orages passent en continuant à prendre toujours le même chemin alors qu’il mène droit à un mur ; soit on change toustes de chemin et on avance vers du mieux, soit on sort les paillettes et les massettes et on fracasse le mur pour enfin accéder à la forêt qu’est derrière ! (n’essayez pas de trouver un sens clair à cette métaphore, même moi j’en ai pas forcément..)

Sous la rage la rage !!!!

Vent