Mauvaise mine

Voilà un mot qu’on avait plus trop entendu sur le territoire français métropolitain depuis la vague de fermeture des années 1970-1980. Pourtant il y a toujours des exploitations de sel, bauxite, calcaires bitumineux, étain-tantale-niobium en métropole, à croire qu’elles se font discrètes. Les territoires colonisés, ont quant à eux jamais connu de répit, mines de nickel en Nouvelle-Calédonie et mines d’or en Guyane.
Concrètement une mine, c’est l’extraction industrielle d’un ou plusieurs minerais ou terre rares présentes dans les roches su sous-sol. Des milliers de m³ de roches brassées pour quelques tonnes de métaux. Quand on pense à quoi sert l’or… c’est-à-dire à pas-grand-chose à part en faire des bijoux (plus de 80_% de l’or sert à ça) ou des feuilles qui doreront le cul de jésus, on peut se dire que c’est franchement pas très utile. Après avoir été extrait à coup de bulldozer et d’explosif, fait du sous-sol un gruyère ou creusé des cratères géants à ciel ouvert, la roche est concassée dans une usine de raffinage pour ne pouvoir garder que les éléments présentant les matières recherchées. Dans les stériles (roche non exploitées), il reste des métaux soit en trop faible quantité, soit trop complexe à extraire pour être rentable, et oui une mine c’est fait pour faire de la thune. Ces stériles, contrairement à leur nom ne sont pas pour autant inoffensifs. Les roches stockées en tas géant à l’air libre font remonter des substances toxiques anciennement enfermées dans les couches du sous-sol. Avec le ruissellement et le lessivage des eaux de pluie, les substances s’écoulent tranquillement tout autour des sites, contaminant le sol et les eaux souterraines et de surfaces sur des kilomètres. L’ancienne mine de Salau en Ariège laisse ainsi s’échapper de l’amiante, dans la vallée de la Brévenne c’est le drainage minier acide qui dissous les métaux présents dans les roches et fait se déverser du cuivre… Mais sentons-nous rassuré, certains dépôts, ont été remodelés afin « d’adoucir les pentes » et « recouvert de terre végétale et ensemencé ».
Pour extraire les métaux des particules sélectionnées, celles-ci vont être secouées mécaniquement ou baignées de produits toxiques. Soit les produit dissolvent les métaux et permettent de les récupérer en surface, soit ils agrègent ceux-ci et permettent de les récupérer par gravité. Suite à ce traitement il reste des résidus, une boue hautement toxique qu’il faut stocker. Comme sur pas mal de site minier, les résidus sont stockés, parfois enfouis, parfois bâchés, souvent bâclé. I n’existe pas de recette miracle pour les faire disparaître.
Et pour couronner (en carton la couronne) le tout, les mines c’est aussi une construction de grosses infrastructures (route, chemin de fer…) pour acheminer les matériaux, la militarisation de zone pour défendre des cailloux et de l’exploitation d’humaine.s 24h/24h pour faire tourner la machine. Voilà le joli tableau.

Le retour des mines en france advient actuellement pour plusieurs raisons. Il y a le discours autour de la « souveraineté nationale », que l’on nous essaye de nous faire avaler. Celui-ci s’est développé dans un contexte de guerre aux portes de l’europe qui a provoqué une rupture de certains liens avec la russie, à qui la france achète pas mal de métaux et de terres rares. Environ 50_% du titane utilisé dans l’industrie de l’aéronautique en france proviendrait de russie. La pandémie a compliqué l’approvisionnement en provenance de chine, qui à elle seule produit plus de 80 % des terres rares. L’idée d’une nation souveraine, ne dépendant de (presque) rien d’autre que d’elle-même pour s’approvisionner est une illusion surfant sur des ressorts nationalistes.
La transition écologique et la numérisation du monde sont les autres pendants du retour des mines. Sous ses belles images vertes, l’éolien et le photovoltaïque sont des grands consommateurs (17kg de terre rare pour une éolienne, silicium cristallin et le tellurure de cadmium pour le solaire). La domotique et la smart city toute connectée, vidéo-surveillée, captée grâce à l’électronique et l’informatique omniprésente consomment également énormément (10kg de cobalt pour un ordi, 70 kg de matières premières extraites pour produire, utiliser et éliminer un seul smartphone). Le lithium, utilisé notamment dans les batteries de tous ses nouveaux joujoux électriques : bagnole, trottinette, vélo, soit disant non-polluant (sauf à la fabrication et à leur fin de vie) devient le nerf de la guerre techno-écolo.

La multinationale Imerys, grande représentante de l’extractivisme à l’international, a obtenu un permis d’exploitation pour l’extraction de lithium dans l’Allier, à Echassière, à l’emplacement d’une actuelle carrière de kaolin (granit). Sur ce site, enfermé dans ce granit métallifère se retrouve également d’autre métaux : étain, tungstène, plomb… et une grande quantité d’uranium et de thorium. Dans cette future mine, il est prévu de récupérer 0,9 % de lithium sur les roches. On peut se demander ce que va devenir les 99,1 % de roche au potentiel radioactif, teinté de métaux lourds. Imerys reste flou sur la question de la quantité de résidus miniers, mais également sur la quantité d’eau qu’il utilisera pour transporter et traiter son minerai, car les mines sont de grandes consommatrices d’eau. On pense au Chili, à l’Argentine et à la Bolivie qui extraient une grande partie du lithium du monde. Dans ces régions, il faut deux millions de litres d’eau pour produire une tonne de lithium (par un procédé d’évaporation), c’est une menace permanente qui plane sur les écosystèmes et les populations locales. Mais les populations ne sont pas dupes. En Serbie, la firme Rio Tino s’est vu refuser le permis d’exploitation pour l’ouverture d’une mine de lithium. Face aux massives manifestations et nombreux blocages de routes, mais aussi pour des raisons électoralistes, le gouvernement a toutefois cédé.

Des écolo au grand cœur pourraient s’attarder à dire, vaut mieux ici qu’ailleurs, au moins les conditions d’exploitation et de travail seront moins pire. Et bien nous répondons ni ici, ni ailleurs. Ouvrir des mines ici ne fera pas fermer de mines ailleurs. La machine ne s’arrête pas_, elle ne fait que s’agrandir. L’utilisation d’énergie qu’elle quelle soit est grandissante_: l’éléctrique n’a pas remplacé le pétrole, le pétrole n’a pas remplacé le charbon… Ce n’est pas remplacer qu’il faut envisager, c’est tout arrêter.

Retour du loup

C’est quasi-officiel_: le loup est de retour dans la vienne. C’est peut-être aussi le bon moment pour remettre en question le rapport à la « nature » que nous avons hérités de celleux qui, il y a des siècles, les ont exterminés.
Cette relation est la même qu’entre le boucher et le cadavre qu’il dissèque, entre le bourreau et la victime. Un bourreau qui va toujours plus loin dans les supplices. Les plaines céréalières sont belles comme des parkings. Les campagnes sont remplis de prisons de tôle où viennent s’entasser des vies que l’on vend au poids. Les forêts deviennent des cultures comme les autres : pesticides, coupes rases et monoculture. Les cours d’eau sont couverts de barrages, retenues et se retrouvent vidés pour remplir les bassines.
Ce que l’on appelle nature est devenu le pendant biologique de l’usine quand elle n’est pas simplement ravagée pour récupérer des métaux, terres rares et combustibles en tout genre. Les paysages que l’on nous vend comme naturels sont des créations humaines. Les alpages en sont un des exemples les plus frappants : déboisement, exploitation intensive des ressources, élevage, bétonisation…
La nature n’est pas vue comme ce qui nous entoure et au sein de laquelle nous devrions nous inscrire mais comme une entité extérieure à contrôler et exploiter.

L’adaptation que l’on nous vend n’est pas la capacité de vivre dans un relatif équilibre avec son environnement mais la capacité de multiplier les ravages afin d’éviter de remettre en question le fonctionnement global. Les technologies et leurs nuisances ne se remplacent pas mais se superposent. Ainsi les anciens pesticides interdits ou plus assez efficaces n’auront pas disparus des sols, de l’air et de l’eau, quand viendront s’y rajouter leurs remplaçants. Les énergies « renouvelables » viennent augmenter la production électrique mais non pas fermer les anciennes centrales.
Le loup peut revenir mais l’environnement dans lequel ill vivait, il y a des centaines d’années, ne reviendra jamais. Les nuisances que nous avons crées, du nucléaire aux polluants éternelles (les PFAS par exemple), des terrils à la bétonisation ne disparaîtront probablement jamais, même si nous arrêtions tout maintenant.
Non seulement il faut détruire ce qui nous détruis, mais il nous faudra encore réparer pendant longtemps les conséquences de tout cela. D’où l’importance d’empêcher maintenant l’extension continue du désastre. Qu’il s’agisse de l’installation de nouveaux élevages, d’usines, de projets agro-industriels, d’infrastructures de transports (aéroports, autoroute, lignes ferroviaires…), ou énergétique (centrales, lignes THT, oléoducs ou gazoducs).

Portefeuille d’identité numér’hic

On n’en entend pas encore trop parler alors qu’il va bientôt nous tomber sur la tronche une nouvelle merde dématérialisée… on vous présente : le portefeuille d’identité numérique.
A la benne ton vieux larfeuille en cuir végan si encombrant, place au tout numérique.
En scannant ta tronche avec ton smartphone (et un code de sécurité quand même), tu vas avoir accès à tout tes documents « officiels », ta carte d’identité pour consommer dans les bars, ton passeport pour passer les frontières, ta carte de sécu pour la pharmacie, ton permis pour les keuf, ton diplôme pour ton employeur… Des documents pour des usages de services publics, mais aussi pour des acteurs du privé qui auraient envie d’une ou plusieurs données d’identification. Ce qui sera super, c’est que tu pourras l’utiliser partout en europe, juste pour préciser que c’est déjà le cas aujourd’hui avec tes papiers en papiers, mais bon un peu de fausse nouveauté ne fait pas de mal. La commission européenne vise à convertir 80 % de la population d’ici 2030 à l’utilisation de l’identification numérique. Évidement personne ne sera obligé d’y recourir mais la vie te sera juste un peu plus compliqué (voir impossible), on peut s’imaginer la complexité s’il n’y a plus que des machines pour traiter des Qcodes, s’il n’y a plus que des applis pour faire je ne sais quoi (comme c’est déjà le cas pour louer des vélos libre service…), il te faudra galérer pour avoir un rendez-vous avec un.e humain.e pour traiter avec tes vieux papiers obsolètes, sachant que la tendance est plutôt à la disparition de ce genre de service. Tu ne sera donc pas obligé.e mais fortement contraint.e.

Mais rassurons nous, c’est « Une technologie qui nous permettra de contrôler quelles données nous partageons et l’usage qui pourra en être fait. ». Le tout sera dans une appli super sécurisée alors tout va bien. Ils font même ça pour notre plus grand bien, car « la puissance publique [cherchent] à éviter que les Gafam ou d’autres géants d’internet étrangers ne préemptent ces dispositifs d’identification […] ». Nous, ça ne nous rassure pas tant que ça, car on se méfie des méchants Gafam mais aussi de l’État .
Ce qu’on constate, c’est que la pente glissante de la vérification d’identité permanente (mais pas obligatoire hein, tu as encore le droit de rester enfermé chez toi), banalisée par le pass sanitaire est en train d’être institutionnalisée et diffusée comme une pratique anodine et quotidienne. Actuellement, on te demande ton nom, prénom, etc, pour un billet de train, ta carte d’identité pour acheter un bouquin avec le pass culture… Et ce contrôle d’identité permanent servira à fliquer toujours plus les personnes sans les bons papiers que ce soit en raison de leur provenance géographique, de leur genre non conforme, de leur situation illégale… Et on peut se demander quelle sera la limite des infos qui seront accessibles par ce biais-là. Bref on peut imaginer le pire. On peut nous accuser d’être alarmiste et d’utiliser l’argument de la pente glissante à tors et à travers. Pourtant on voit bien qu’avec la diffusion du numérique on est dedans. Les ordis sont passés du choix privé à l’obligation/nécessité en prenant de plus en plus de place dans les écoles de la primaire à la fac, pour devenir incontournable, au lycée du futuroscope LP2II, tu y vas pas si t’as pas d’ordi. Charmante sélection sociale. Au départ, ça devait nous faciliter la vie… aujourd’hui sans smartphone il est de plus en plus compliqué de faire certaine chose car il n’y a plus que des applis pour le faire : avoir accès à des fonctions de ta banque, prendre un vélo soit disant en libre service, recevoir des infos de sous-traitant de pôle emploi… Donc on va se laisser à penser au pire, car le smartphone et le portefeuille d’identification numérique sont des prérequis nécessaires pour la mise en place de système de surveillance et de contrôle. On pense au crédit sociale développé en chine où environ 95% des utilisateurs utilisent le web via un smartphone. Les infos privées (l’historique de crédits, les liquidités, les données personnelles, les achats, les habitudes, les comportements et les contacts de réseaux sociaux) et publics (la base de données des tribunaux) sont collectées pour le calcul des scores à attribuer aux personnes. Ce score facilite ou restreint tes accès à des services publics ou privés. Voilà de quoi nous réjouir.

La police du futur

La police du futur, le marché de la violence et de ce qui lui résiste. Mathieu Rigouste
version longue 2022 en bouquin / version 2018 en article dans la revue le crieur

Si vous aimez les films d’angoisse futuriste, ce texte est pour vous ! On survol les nouvelles créations techno-policières en service ou en projet, sans rentrer non plus trop dans les détails très précis ou technique. En allant voir ce qui se trame au salon Milipol, grand rdv des boîtes d’armement et de sécurité on peut avoir un bon aperçu des tendances.
Une prolifération des armes dites non létale ou sublétale, qui ne viennent en rien remplacer les armes existantes ou réduire le nombre de mort par la police, mais viennent juste étendre le champ d’action, augmentent le degré de violence au quotidien et engendre de plus en plus de mutilation.
« la police du futur, c’est un peu comme l’armée du futur, c’est une police connectée » déclarait le ministre de l’intérieur en 2017. Flic connecté, camera connecté, drone connecté… On voit bien les liens entre flicage et télécom-
munication qui permettent d’aller toujours plus vite dans la transmission et la collecte de donnée, notamment avec la 5G.
La tendance actuelle c’est aussi la robotisation des moyens de contrôle et la recherche d’un policier « augmenté ».
Et pour encore plus de sérénité pourquoi ne pas instaurer le contrôle permanent et l’auto-surveillance des populations. Un flicage autogéré ! Cela passe par le concept de « safe ciy », des espaces en permanence vidéosurveillés où des algorithmes prédisent et/ou repèrent les situations où les personnes « à risques ». Lea bon·ne cityoen·ne vigilant·e est mis·e à contribution et encouragé·es à balancer ces voisin·es grâce à des applications participatives.
Ces évolutions technologiques ne sortent pas de nulle part, elles sont directement le fruit d’un business en constante augmentation. Comme n’importe quel produit (bon quand même là ça nous impacte plus que la nouvelle boite de chocapic) la sécurité et l’armement sont là pour faire du fric. L’économie et l’armement/sécurité, les entreprises privées et les institutions sont dans une étroite collaboration, les unes pour faire du fric, les autres pour la réalisation d’une croyance en un monde techo-sécuritaire.
Les keufs alimentent clairement le marché de l’armement en conseillant les entreprises et les entreprises incitent à la consommation et créent des besoins de toute pièce, en proposant des produits technologico-policier soit disant toujours plus performant. Les boîtes ne sont pas là pour répondre à des besoins (disons plutôt des envies), aussi nuls soit ils, elles sont là pour créer ces besoins. Les institutions achètent pour réaliser leurs mythes mais aussi dans des logiques de copinages de classe, filer de la thune à ses potes c’est chouette.
Il n’y aurait peut être pas de suréquipement technologique de la police si il n’y avait pas d’entreprise pour les inventer et les réaliser. Le livre file cite pas mal d’entreprises responsables de cela : IDEMIA, IBM, Thalès, Engie Ineo, Atos, Huawei, Verney-Carron, TBC-France…

L’œil mécanique

Véritable lubie des autoritaires et autres flics de l’existence, la vidéosurveillance ne cesse de gagner du terrain. Dans l’agglomération poitevine, c’est le maire de buxerolles, gérard blanchard, qui a décidé de l’installation de pas moins de 22 caméras (280 000 €) pour fliquer les habitant·es. Comme si l’ajout d’un 3e flic municipal et l’armement de la milice du maire n’était pas suffisant. A poitiers, dès 2016, c’était alain claeys qui faisait installer 24 caméras (350 000 €). Sans compter évidemment les caméras dans les bus vitalis, à proximité des lieux de la domination (préfecture, commicos, science-po…), dans les commerces et chez les particuliers.
Tout autour de nous se tisse la toile d’une surveillance permanente, qui vise à empêcher toute rébellion face à l’autorité plutôt qu’à nous protéger. Toutes les études sur le sujet le montrent d’ailleurs : le vidéoflicage ne fait pas baisser la délinquance ou la criminalité et les vidéos stockées sont rarement utilisées ou concluantes. Dans une étude sur le sujet, le sociologue Laurent Muchielli indique qu’à marseilles, pourtant une ville très vidéofliqué, sur 60 000 enquêtes sur la voie publique, les caméras n’ont été utiles que dans 300 affaires. Soit 0,5 % des cas. Pour un coût annuel d’au moins 7 millions d’euros sans compter les 63 millions d’euros d’installation.
La vidéosurveillance ne stoppe pas les viols car l’immense majorité est le fait de proches dans des lieux privées. Le vidéoflicage dans les transports ne protège pas les passagers mais sert à renforcer le pouvoir des contrôleurs, et donc à soutirer encore plus d’argent aux personnes qui en ont besoin. Dans les centres de rétention, les prisons ou au veston des flics elles servent à punir encore plus celleux qui réagissent à l’arbitraire, au racisme et à la violence des bourreaux en uniforme. Les flics peuvent abattre des gens dans la rue, violer dans les comicos et continuer à parader librement tandis que le moindre crachat sur un contrôleur peut vous emmener en taule.
Pour chaque excuse donnée pour justifier l’installation de la surveillance, il existe une solution plus juste. De la gratuité des transports à la légalisation des drogues en allant jusqu’à l’abolition du capitalisme, des frontières, du patriarcat et des prisons.
Si les caméras continuent de s’installer, c’est parce qu’elles sont une des briques nécessaire au déploiement d’une surveillance global et total. La reconnaissance automatique d’images qui permet actuellement le déploiement de caméras lectrices de plaques permettrait, couplée avec le déploiement de la 5G, la mise en place de la reconnaissance facial. Instaurant de fait, un contrôle d’identité permanent.
Notons d’ailleurs que malgré les nombreuses prises de positions des différents groupes d’EELV contre la vidéosurveillance, la maire actuelle de poitiers léonore moncond’huy ne laissa aucune donnée accessible dessus et n’a absolument rien fait pour retirer les vidéoflics.

Air Rance

Les éoliennes poussent comme des champignons dans le coin, plus Amanite tue mouche que Coulemelle. On nous les vends à toutes les sauces, teintée de vert évidement. L’éolien à le vent en poupe auprès des politiques de tout bords (sauf des pro-nucléaire quand même !), auprès des écolo-capitalistes mais aussi auprès des promoteurs qui y trouvent un bon filon économique. Les éoliennes véhiculent une image mignonne du respect de l’environnement et une jolie solution toute trouvée pour réduire la consommation d’énergies fossiles.

Quelques voix s’élèvent tout de même, à droite et à gauche, pour dénoncer l’enmochissement des campagnes pourtant déjà bien ravagées par l’agro-industrie qui étend ses champs, ses produits de mort et ses hangars à bestiaux à perte de vue. Quelques écolos s’indignent car les pales des éoliennes tuent quelques oiseaux de plus, mais aussi perturbe la nidification et la reproduction de certaines espèces. Quelques riverain.es s’opposent car iels vont directement être impacté.es par le bruit de la nacelle ou du vent dans les pales, par les flash lumineux qui empêchent l’obscurité, par le prix de la maison qui va chuter.
Nous on aimerait porter la voix de celleux qui disent que l’éolien industriel, c’est de l’industrie lourde, polluante, qui va dans le sens d’un monde capitaliste, extractiviste et colonial.
Pour mettre en place une éolienne qui a une durée de vie d’environ 25 ans, il faut raser des forêts (sauf si c’est en plein champ), élargir et refaire des routes pour faire passer des convois géants, excaver et couler 500m3 de béton (ou plus) sous chaque mât. L’éolien industriel, c’est aussi des lignes à haute ou très haute tension (THT) et de gigantesques transformateurs pour envoyer ces mégawatt ailleurs.
« Chaque éolienne contient 600kg de terres rares, essentiellement du néodyme. L’exploitation et le raffinage de ce métal se fait principalement dans la ville de Baotou (en Mongolie Intérieure), surnommée « la ville du cancer ». Les rejets chimiques de cette industrie ont pollué toute la région : l’espérance de vie est désormais de 40 ans et la radioactivité est deux fois supérieure à celle mesurée à Tchernobyl. Chaque éolienne contient également plus de 4 tonnes de cuivre extrait dans les gisements d’Amérique du Sud où des villages entiers sont expropriés par les forces armées pour permettre aux firmes occidentales d’exploiter la richesse du sous-sol et la vie des ouvriers. Pour verdir ici, on noircit là-bas. »1

Les projets d’implantation de ces mégas machines industrielles poussent sans encombre, facilités par le ministère de la transition énergétique, les communes n’ont pas leur mots à dire. La procédure est rapide et simple. Une fois le foncier négocié avec les proprios, des études d’impacts sont réalisées. Suite à quoi le préfet délivre (ou non) l’autorisation environnementale étayée par les conclusions d’une enquête publique. En 2019, entre Poitiers, La Rochelle, Angoulême, Limoges et Guerret on compte une cinquantaine de parcs éoliens déjà en fonctionnement, plus de 75 projets autorisés, une soixantaine en cours d’instruction, et seulement une quinzaine de projets refusés ! On voit que les préfets vont bien dans le sens du vent.
Et ces projets industriels profitent évidement toujours aux mêmes, aux exploitants, qui vont revendre aux états leur énergie soit disant verte à prix d’or. Pour racheter à des prix faramineux cette électricité faut bien que l’état trouve de la thune, quoi de plus simple que de taxer encore un peu plus les consommateurices en leur prélevant notamment la CSPE (Contribution au Service Public de l’Électricité)2. La boucle est bouclé.
A Poitiers on a la joie d’avoir les entreprises Eolise et Ostwind pour mettre en place des projets éoliens dans le coin et ailleurs.
Mais critiquer l’éolien, c’est critiquer l’énergie industrielle dans son ensemble qu’elle soit hydroélectrique ou nucléaire également, mais c’est critiquer surtout le monde pour lequel ces énergies sont produites…

Brochures trouvables sur infokiosque :
1/ Plaidoyer contre les éoliennes industrielles [courte et efficace]
2/ Le vent nous porte sur le système ou comment être anti-nucléaire sans devenir pro-éolien [plus technique]

Solidarité avec Boris

Un compagnon, Boris, incarcéré à la taule de Nancy-Maxéville depuis septembre 2020 pour l’incendie de deux antennes-relais dans le Jura pendant le confinement, est actuellement plongé en coma artificiel au service des grands brûlés de l’hôpital de Metz. Le feu aurait pris vers 6h30 dans la cellule samedi 7 août. La seule certitude est que la prison est un système de torture institutionnalisée, et que l’État –de la police à la justice jusqu’à la prison–, est directement responsable de cette situation. Que la tristesse se transforme en rage contre toute autorité….

Le labyrinthe technologique

Ce texte a été publié dans le numéro 3 de la revue Salto – subversion & anarchie parue en aout 2013 et diffusée sur internet sur salto.noblogs.org. Nous avons mis dans cette version uniquement des extraits du début de l’article pour des raisons de place. Nous vous incitons à aller voir l’article dans sa version complète en ligne.

«Comment s’attaquer à une question aussi complexe que celle de la technologie ? Passer la technologie au crible signifie analyser la totalité de cette civilisation moderne : non seulement ses perspectives industrielles, ses appareils et structures, mais aussi les hiérarchies et les spécialisations que ces appareils induisent dans les rapports sociaux, ces « modestes objets » qui ont bouleversé notre mode de vie jusque dans ses racines et ont mis sans dessus-dessous nos rêves et désirs, la façon de se concevoir soi-même et de concevoir notre monde.

Un mode de vie

[…] identifier la technologie uniquement comme des instruments et des machines, ou prétendre que tout effort physique pour fabriquer des objets matériels relève de la technologie, revient à ne pas avoir compris sa signification. La technologie a totalement changé la vie, et les structures technologiques ont modifié entièrement les rapports humains et les ont remodelés à leur propre image.
Définir la technologie comme la façon dont l’humain accomplit une action – de la récolte des fruits au lancement d’une fusée spatiale –, prétendre qu’une société où tous les efforts humains sont dominés par la technologie est substantiellement semblable à une société qui dispose de techniques limitées, revient à voiler le fait que la technologie est un mode de vie, un type spécifique de société. Ainsi fonctionne la conscience technocratique qui objectivise le monde et l’ampute de façon à ce que la technologie soit d’un côté perçue comme omniprésente et universelle et de l’autre réifiée comme un objet extérieur aux rapports sociaux, car soi-disant « neutre ». […]
Tout comme le capital a été assimilé aux structures industrielles et aux richesses accumulées, alors qu’en vérité il est beaucoup plus que des usines et de l’argent – car un fait des rapports sociaux –, la technologie a été confondue de la même manière avec les machines et les instruments alors qu’il s’agit d’une forme qualitativement différente de domination – consistant en des rapports sociaux. La technologie, c’est le Capital, le triomphe de l’inorganique, l’humanité séparée de ses outils et universellement dépendante des appareils technologiques. (Les critiques de la technologie sont régulièrement accusées de s’opposer à l’outil, tandis que c’est la technologie moderne qui, à travers la mécanisation de la vie, a détruit les outils et a ainsi dégradé l’activité humaine.)
La technologie, c’est l’incorporation et la mécanisation de la vie, la prolétarisation universelle de l’humanité et la destruction de la sociabilité. Il ne s’agit pas simplement de machines, ni de la seule mécanisation ou incorporation. Un tel phénomène n’est pas nouveau dans l’histoire ; ce qui est nouveau, c’est le fait que ces fonctions aient été projetées et incorporées dans tous les aspects de notre existence.
[…]
Aujourd’hui, la technologie n’est plus un ensemble d’instruments et de techniques, mais un ordre social. Autrefois les techniques locales, diverses et limitées portaient la marque de la culture et des individus qui s’en servaient (ce qui ne signifie pas pour autant que cette culture était émancipatrice), tandis que la technologie actuelle transforme universellement toutes les conditions individuelles. Elle crée une civilisation singulière, écrasante et homogène qui abat « toute muraille de Chine », crée un sujet humain dépossédé et atomisé, sous le voile de la différentiation apparente, identique de la Laponie à Taïwan.
Aucune machine spécifique ou aspect particulier de la technologie n’est responsable de cette transformation. C’est plus la convergence d’une pluralité dans l’être humain, non pas de techniques, mais de systèmes techniciens. Le résultat est un totalitarisme opératif ; aucun aspect de l’humain n’est libre et indépendant de ces techniques. […] »

Les villes de servitude

Une des pratiques de la domination est de verrouiller totalement nos schémas de pensée pour que bien souvent même nos révoltes se déroulent dans la norme. Cette fermeture mentale empêche d’imaginer la possibilité d’un monde autre et donc d’agir pour mettre fin à celui-ci.
Ose-t-on seulement évoquer l’idée que les prisons doivent être rasées, et voilà que dans la tête des personnes avec qui on parle se lève une armée d’objections. Pourtant que l’on y adhère ou pas, il existe de multiples propositions de société sans prisons, certaines existent encore aujourd’hui. Certaines sont juste la continuité de ce monde, en proposant de transformer chaque appartement en cellule grâce aux bracelets électroniques. Celle que nous voulons représente une transformation largement plus radicale, puisqu’il ne s’agit pas de changer la manière de punir, mais de se débarrasser du besoin et de l’envie de punir. Mettre fin au vol en mettant fin à la propriété. Mettre fin aux viols en détruisant la culture du viol et le patriarcat. Mettre fin aux violences racistes en détruisant les races sociales et le colonialisme.
Ce verrouillage des imaginaires est clairement le produit de la propagande constante de l’état, du capital et du patriarcat, qui cherche à faire passer l’être humain comme naturellement mauvais et comme inévitable l’horreur quotidienne. Alors que c’est cette même propagande qui pourrit aussi les individus qui sont comme des éponges dans une fosse septique. À travers les médias, la publicité, les films, les séries et nombre de livres, une production culturelle permanente pour nous empêcher de voir que les rouages qui font tourner cette société peuvent non seulement être arrêtés, mais aussi détruits. Parce qu’on nous cache comment ces rouages ont été forgés et l’entretien constant qu’il demande.

Ce verrouillage mental se retrouve aussi dans le monde que nous parcourons à pied plutôt qu’en pensée. Une des illustrations les plus parlantes, c’est celle de toutes ces petites villes où l’économie repose sur quelques activités du pouvoir.
Comment les 7 200 habitant·es de Saint-Maixant l’école pourrait imaginer un monde sans armée quand toute la ville repose sur l’existence d’un lieu de formation annuelle de plusieurs milliers de bourreaux d’état ?
Comment penser un monde sans nucléaire dans l’ombre menaçante de la centrale de Civaux ? Une centrale qui apporte son lot d’ouvrier·es intérimaires (les plus exposé·es aux radiations) et d’absurdités en tout genre. Comme cette cage géante à crocodiles en plein cœur du poitou.
La ville de Vivonne, c’est 4 300 habitant·es, dont au moins 600 prisonnier·es des geôles de l’état. Et combien des 261 tortionnaires se sont installé·es sur place ? Entre 2009 (construction de la prison) et 2014, la commune est ainsi passée de 3 200 habitant·es à 4 200. L’ancien maire, Maurice Ramblière, ne cesse de se féliciter de la présence d’un lieu de torture et d’exploitation à longueur d’interview dans la presse. Sans contrat de travail, payé·e 1,23€ de l’heure (voir à la pièce), avec des comptes bancaires gérés par l’administration pénitentiaire, il est évident que ce genre de conditions fait saliver bien des employeurs (comme EDF, Renault, Yves Rocher, L’Oreal, Agnes B, Post It, Hachette, JC Decaux et d’autres).
Comment imaginer ce monde sans la prison, quand du voisin·e au buraliste, tous en « profitent » ? Nouvelle ligne de bus, écoles agrandies, trains régionaux augmentés, halle des sports, station d’épuration, et bien sûr une nouvelle gendarmerie.

Des prisons aux casernes en passant par le nucléaire, la domination n’est pas une accumulation de faits séparés. Elle est une immense toile qui partout s’étend.
La domination, ce n’est pas quelques personnes en costume et uniforme qui siègent dans des palais lointains. La domination, c’est aussi un ensemble de structures réparties sur tout le territoire.
Mais la domination est aussi dans la résignation quotidienne. Dans nos tolérances envers celleux qui permettent la reproduction de ce monde.
Et Poitiers dans tout ça ? De quoi la ville aux mille clochers de trop est-elle dépendante ? Ne serait-ce pas de cette tentaculaire université ?