Chaque jour qui passe est un autre jour sous le règne de la catastrophe. Il n’y aura pas d’apocalypse, pas de signe claire, de rupture réellement net, il y aura juste une accentuation continuelle, avec quelques accélérations, une succession de crises. Il y aura des saisons de plus en plus sèches, et des flics de mieux en mieux armés. Il y aura des famines ailleurs et des frontières de barbelés ici. Il y aura un peu plus d’îles qui disparaîtront sous les flots, des kilomètres de digues en béton et des bassines. On travaillera jusqu’à la mort ou on mourra de ne pas avoir de travail.
Nous sommes continuellement bombardés d’informations et de représentations qui nous empêchent de voir clairement ce qui se passe sous nos yeux. Et ce constat concerne autant la catastrophe climatique que la violence du patriarcat, la brutalité du capitalisme et les autres rouages de la domination quotidienne. Ces manipulations reposent toujours sur une combinaison de méthodes pour nous faire accepter l’inacceptable, pour que l’on abandonne nos rêves, pour que l’on se résigne à la résilience.
Il y a bien évidemment le mensonge. On nous ment sur les effets des pesticides, sur les violences policières, sur le contenu des lois votées, sur les buts, les méthodes et les causes.
On nous dépossède de notre capacité d’action en nous montrant le pire et en nous proposant des moyens ridicules pour agir. On nous montre un continent de plastique et on nous incite à mieux trier nos déchets. On nous montre l’horreur de la guerre et on nous invite à allumer des bougies. Les effets désastreux de l’élevage et à devenir flexitarien.ne… Tout paraît si large, si puissant, si contradictoire, que petit à petit, même notre quotidien devient un spectacle. On ne voit plus ici cette église qui défend des violeurs de gosses et s’oppose à une existence libre, on oublie que cette colline est un amas de déchets miniers toxiques, que derrière les murs de ces casernes s’entraînent les bourreaux en uniformes, que personne ne devrait avoir à vivre à côté d’un incinérateur d’ordure, que des maisons sont vides et que des personnes dorment dans la rue…
Mais il est possible de sortir de ce sommeil mortifère. Oui, le mur qui se dresse face à nous est immense. Oui, il nous empêche même d’imaginer ce que l’on pourrait construire de l’autre côté. Mais dans le même temps, il y a toujours des briques à portée de mains.
Oui, il semble si solide qu’il pourrait bien rester debout même en enlevant quelques bons morceaux.
Mais chaque trou dedans et c’est un peu plus d’air qui passe. Chaque trou et c’est de nouvelles briques que l’on peut desceller. Chaque trou nous offre la possibilité de voir un morceau de ce que pourrait être notre vie. Et cette possibilité, nous devons la saisir.
Parce que nous avons besoin d’une projection plus concrète de ce que l’on veut. Ni un programme, ni même un projet, plutôt une multitude d’utopies. Parfois complémentaires, parfois contradictoires. Nous ne pouvons nous contenter d’énumérer les horreurs qu’il faudra nécessairement détruire, nous devons aussi partager les rêves que nous avons possiblement en commun. Pour savoir avec qui les construir et les approfondir.
Car tout cela nous sera nécessaire pour transformer cette fin du monde en la fin de leur monde. Ce monde auquel nous nous retrouvons enchaîné.es à la fois par la contrainte et par notre résignation, par le subterfuge et la complaisance.
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Appel à soutien
Des personnes sont accusées d’avoir saboté des mâts de mesure du vent en haute-vienne sur des sites prévus pour l’installation d’éoliennes industrielles. Le 9 mars, elles passeront devant le tribunal de Limoges pour faire appel contre le contrôle judiciaire et la caution de 120 000 €. Un rassemblement de soutien aura lieu le 9 mars dès 8h place d’Aine (Limoges).
Extraits du communiqué du groupe de soutien :
« Ces personnes n’appartiennent à aucune organisation politique. Elles n’ont d’autre prétention que d’être conscientes de l’extrême gravité de la situation de notre monde.
Nous partageons leurs convictions sur la nuisance sans borne des installations des éoliennes industrielles et avons comme elles les yeux ouverts – et refusons de les fermer – sur le cauchemar technologique qui se propage dans le monde entier. »
« On veut faire croire au public-connecté, aux citoyens-esclaves qu’avec les aérogénérateurs industriels nous allons vers une transition énergétique. Il n’a jamais été dans l’intention de nos gouvernants de démanteler les centrales nucléaires. Il s’agit d’une addition énergétique. Ce qui semble durable dans tout cela n’est autre que la folie de la civilisation occidentale qui impose son modèle de développement coûte que coûte, son modèle de destruction de la vie et de notre pouvoir d’autodétermination. »
« Ici comme ailleurs, nous condamnons la déforestation, la pollution sous toutes ses formes, sonore et visuelle, la perturbation des vols d’oiseaux et tant d’autres conséquences néfastes de l’implantation de ces aérogénérateurs industriels. Sans oublier la pollution générée par l’extraction des matériaux utilisés pour la fabrication de telles machines.
Nous comprenons et soutenons les inculpé-e-s même si nous pouvons avoir d’autres façons d’agir.
Nous ne pouvons rester inactif-ves.
Nous nous devons de réagir lorsque de telles personnes se voient persécutées, fustigées, soumises à des contrôles judiciaires abusifs par des autorités qui cautionnent et financent des entreprises qui confisquent et polluent la terre, l’eau et l’air uniquement pour en tirer profit.
Si la destruction de quelques mâts de mesure est au regard de la loi un délit, c’est pour nous un acte de résistance légitime commis sans violence sur des êtres vivants, c’est un acte symbolique qui ne fait qu’entamer l’assurance sans borne, la volonté de conquête de ces prédateurs cupides.
Dans un contexte de guerre sociale, ces actes nous semblent de l’ordre de l’autodéfense. Les vraies victimes ne sont pas celles que la justice désigne. Les vraies victimes sont celles de ces prédateurs que rien n’arrête. »
« Innovatec, milice des irrigants »
C’est au 203, route de gençay, dans la zone commerciale de Saint-Benoît que se trouve l’entreprise Innovatec sécurité. Ces zélés protecteurs du capital fournissent notamment alarmes et caméras pour bâtiments et chantiers. Et notamment le chantier de la bassine de Sainte-Soline. C’est ce qui lui valut de retrouver ses vitres constellées d’une quinzaine d’impacts le lundi 30 janvier 2023. Le tout étant accompagné d’un imposant tag :« Innovatec, milice des irrigants. Vive le Mignon. No Bassaran ! ».
Mauvaise mine
Voilà un mot qu’on avait plus trop entendu sur le territoire français métropolitain depuis la vague de fermeture des années 1970-1980. Pourtant il y a toujours des exploitations de sel, bauxite, calcaires bitumineux, étain-tantale-niobium en métropole, à croire qu’elles se font discrètes. Les territoires colonisés, ont quant à eux jamais connu de répit, mines de nickel en Nouvelle-Calédonie et mines d’or en Guyane.
Concrètement une mine, c’est l’extraction industrielle d’un ou plusieurs minerais ou terre rares présentes dans les roches su sous-sol. Des milliers de m³ de roches brassées pour quelques tonnes de métaux. Quand on pense à quoi sert l’or… c’est-à-dire à pas-grand-chose à part en faire des bijoux (plus de 80_% de l’or sert à ça) ou des feuilles qui doreront le cul de jésus, on peut se dire que c’est franchement pas très utile. Après avoir été extrait à coup de bulldozer et d’explosif, fait du sous-sol un gruyère ou creusé des cratères géants à ciel ouvert, la roche est concassée dans une usine de raffinage pour ne pouvoir garder que les éléments présentant les matières recherchées. Dans les stériles (roche non exploitées), il reste des métaux soit en trop faible quantité, soit trop complexe à extraire pour être rentable, et oui une mine c’est fait pour faire de la thune. Ces stériles, contrairement à leur nom ne sont pas pour autant inoffensifs. Les roches stockées en tas géant à l’air libre font remonter des substances toxiques anciennement enfermées dans les couches du sous-sol. Avec le ruissellement et le lessivage des eaux de pluie, les substances s’écoulent tranquillement tout autour des sites, contaminant le sol et les eaux souterraines et de surfaces sur des kilomètres. L’ancienne mine de Salau en Ariège laisse ainsi s’échapper de l’amiante, dans la vallée de la Brévenne c’est le drainage minier acide qui dissous les métaux présents dans les roches et fait se déverser du cuivre… Mais sentons-nous rassuré, certains dépôts, ont été remodelés afin « d’adoucir les pentes » et « recouvert de terre végétale et ensemencé ».
Pour extraire les métaux des particules sélectionnées, celles-ci vont être secouées mécaniquement ou baignées de produits toxiques. Soit les produit dissolvent les métaux et permettent de les récupérer en surface, soit ils agrègent ceux-ci et permettent de les récupérer par gravité. Suite à ce traitement il reste des résidus, une boue hautement toxique qu’il faut stocker. Comme sur pas mal de site minier, les résidus sont stockés, parfois enfouis, parfois bâchés, souvent bâclé. I n’existe pas de recette miracle pour les faire disparaître.
Et pour couronner (en carton la couronne) le tout, les mines c’est aussi une construction de grosses infrastructures (route, chemin de fer…) pour acheminer les matériaux, la militarisation de zone pour défendre des cailloux et de l’exploitation d’humaine.s 24h/24h pour faire tourner la machine. Voilà le joli tableau.
Le retour des mines en france advient actuellement pour plusieurs raisons. Il y a le discours autour de la « souveraineté nationale », que l’on nous essaye de nous faire avaler. Celui-ci s’est développé dans un contexte de guerre aux portes de l’europe qui a provoqué une rupture de certains liens avec la russie, à qui la france achète pas mal de métaux et de terres rares. Environ 50_% du titane utilisé dans l’industrie de l’aéronautique en france proviendrait de russie. La pandémie a compliqué l’approvisionnement en provenance de chine, qui à elle seule produit plus de 80 % des terres rares. L’idée d’une nation souveraine, ne dépendant de (presque) rien d’autre que d’elle-même pour s’approvisionner est une illusion surfant sur des ressorts nationalistes.
La transition écologique et la numérisation du monde sont les autres pendants du retour des mines. Sous ses belles images vertes, l’éolien et le photovoltaïque sont des grands consommateurs (17kg de terre rare pour une éolienne, silicium cristallin et le tellurure de cadmium pour le solaire). La domotique et la smart city toute connectée, vidéo-surveillée, captée grâce à l’électronique et l’informatique omniprésente consomment également énormément (10kg de cobalt pour un ordi, 70 kg de matières premières extraites pour produire, utiliser et éliminer un seul smartphone). Le lithium, utilisé notamment dans les batteries de tous ses nouveaux joujoux électriques : bagnole, trottinette, vélo, soit disant non-polluant (sauf à la fabrication et à leur fin de vie) devient le nerf de la guerre techno-écolo.
La multinationale Imerys, grande représentante de l’extractivisme à l’international, a obtenu un permis d’exploitation pour l’extraction de lithium dans l’Allier, à Echassière, à l’emplacement d’une actuelle carrière de kaolin (granit). Sur ce site, enfermé dans ce granit métallifère se retrouve également d’autre métaux : étain, tungstène, plomb… et une grande quantité d’uranium et de thorium. Dans cette future mine, il est prévu de récupérer 0,9 % de lithium sur les roches. On peut se demander ce que va devenir les 99,1 % de roche au potentiel radioactif, teinté de métaux lourds. Imerys reste flou sur la question de la quantité de résidus miniers, mais également sur la quantité d’eau qu’il utilisera pour transporter et traiter son minerai, car les mines sont de grandes consommatrices d’eau. On pense au Chili, à l’Argentine et à la Bolivie qui extraient une grande partie du lithium du monde. Dans ces régions, il faut deux millions de litres d’eau pour produire une tonne de lithium (par un procédé d’évaporation), c’est une menace permanente qui plane sur les écosystèmes et les populations locales. Mais les populations ne sont pas dupes. En Serbie, la firme Rio Tino s’est vu refuser le permis d’exploitation pour l’ouverture d’une mine de lithium. Face aux massives manifestations et nombreux blocages de routes, mais aussi pour des raisons électoralistes, le gouvernement a toutefois cédé.
Des écolo au grand cœur pourraient s’attarder à dire, vaut mieux ici qu’ailleurs, au moins les conditions d’exploitation et de travail seront moins pire. Et bien nous répondons ni ici, ni ailleurs. Ouvrir des mines ici ne fera pas fermer de mines ailleurs. La machine ne s’arrête pas_, elle ne fait que s’agrandir. L’utilisation d’énergie qu’elle quelle soit est grandissante_: l’éléctrique n’a pas remplacé le pétrole, le pétrole n’a pas remplacé le charbon… Ce n’est pas remplacer qu’il faut envisager, c’est tout arrêter.
Retour du loup
C’est quasi-officiel_: le loup est de retour dans la vienne. C’est peut-être aussi le bon moment pour remettre en question le rapport à la « nature » que nous avons hérités de celleux qui, il y a des siècles, les ont exterminés.
Cette relation est la même qu’entre le boucher et le cadavre qu’il dissèque, entre le bourreau et la victime. Un bourreau qui va toujours plus loin dans les supplices. Les plaines céréalières sont belles comme des parkings. Les campagnes sont remplis de prisons de tôle où viennent s’entasser des vies que l’on vend au poids. Les forêts deviennent des cultures comme les autres : pesticides, coupes rases et monoculture. Les cours d’eau sont couverts de barrages, retenues et se retrouvent vidés pour remplir les bassines.
Ce que l’on appelle nature est devenu le pendant biologique de l’usine quand elle n’est pas simplement ravagée pour récupérer des métaux, terres rares et combustibles en tout genre. Les paysages que l’on nous vend comme naturels sont des créations humaines. Les alpages en sont un des exemples les plus frappants : déboisement, exploitation intensive des ressources, élevage, bétonisation…
La nature n’est pas vue comme ce qui nous entoure et au sein de laquelle nous devrions nous inscrire mais comme une entité extérieure à contrôler et exploiter.
L’adaptation que l’on nous vend n’est pas la capacité de vivre dans un relatif équilibre avec son environnement mais la capacité de multiplier les ravages afin d’éviter de remettre en question le fonctionnement global. Les technologies et leurs nuisances ne se remplacent pas mais se superposent. Ainsi les anciens pesticides interdits ou plus assez efficaces n’auront pas disparus des sols, de l’air et de l’eau, quand viendront s’y rajouter leurs remplaçants. Les énergies « renouvelables » viennent augmenter la production électrique mais non pas fermer les anciennes centrales.
Le loup peut revenir mais l’environnement dans lequel ill vivait, il y a des centaines d’années, ne reviendra jamais. Les nuisances que nous avons crées, du nucléaire aux polluants éternelles (les PFAS par exemple), des terrils à la bétonisation ne disparaîtront probablement jamais, même si nous arrêtions tout maintenant.
Non seulement il faut détruire ce qui nous détruis, mais il nous faudra encore réparer pendant longtemps les conséquences de tout cela. D’où l’importance d’empêcher maintenant l’extension continue du désastre. Qu’il s’agisse de l’installation de nouveaux élevages, d’usines, de projets agro-industriels, d’infrastructures de transports (aéroports, autoroute, lignes ferroviaires…), ou énergétique (centrales, lignes THT, oléoducs ou gazoducs).
Dépasser la défense de territoire
La lutte contre les bassines est une lutte bien vivante : manifestations, sabotages et soirée de soutien sans compter évidemment toutes les actions diverses et variées. Nous soutenons cette lutte et cela fait déjà un moment que nous en parlons dans ce modeste torchon.
Les bassines font partis des processus d’adaptation du capitalisme à la catastrophe climatico-écologique dont il est à l’origine. Comme tout ces processus d’adaptation (de la voiture électrique à l’éolienne industrielle), elles ne feront qu’aggraver la situation. Ainsi je pense que la lutte des bassines doit se concevoir comme un support spécifique et concret de lutte contre un ensemble largement plus vaste et plus difficile voir impossible à saisir dans son entièreté. Parce qu’il s’agit seulement d’un rouage de la méga-machine, il me paraît important que cette lutte serve aussi à élargir et approfondir la critique contre le reste.
Nombres d’opposants notent que les bassines servent à la culture de maïs fourrage, destinée à alimenter les animaux d’élevage. Ceux dont les cadavres et les sécrétions, une fois devenues marchandises sont renommées viande et lait. Cette information aurait dû conduire à inclure des réflexions et pratiques anti-spécistes dans la lutte. Car l’élevage, sous toutes ses formes, est une nuisance. Une nuisance à la vie car il est inacceptable d’enfermer, de reproduire de force et de tuer des êtres qui ressentent la douleur pour le prétendu plaisir gustatif de quelqu’un·es. Une nuisance écologique car la question de la gravité des dommages écologiques produit par l’élevage ne dépend qu’à la marge du mode d’élevage. Par exemple, les émissions de gaz à effet de serre des bovidés ne changent pas fondamentalement si ils se nourrissent d’herbe dans les champs ou de fourrage (l’élevage représente 14,5 % des émissions de gaz à effets de serre).
Une nuisance sanitaire, l’élevage pollue les sols et les cours d’eau mais est aussi le lieu d’incubation et de mutation des maladies de demain : développement des résistances aux antibiotiques, transmission des animaux d’élevage aux humains…
Les bassines sont, pour simplifier, une réponse technique à une question simple : comment permettre que malgré le fait que tout va changer tout puisse continuer comme avant ? Comment permettre que la chaîne industriel de la viande et du lait puisse continuer de produire de la marchandise et générer du profit ?
Les réflexions et luttes antispécistes permettent d’ouvrir un nouveau champ d’action contre les bassines, en proposant un non ferme et définitif non seulement à réponse technique mais à la question. Si les bassines sont tant défendues, c’est parce qu’elles sont un des maillons clés de l’agriculture industrielle et de l’élevage. Derrière les grands céréaliers se trouvent les éleveurs qui utilisent le maïs fourrage, les laiteries et abattoirs qui transforment les cadavres et les sécrétions issus des stabulation… Et les banques qui fournissent les liquidités, huilant ainsi tout les rouages. Une chaîne qui va des bassines de Mauzé-sur-le-Mignon à l’entreprise Bonnilait à Chasseneuil du Poitou en passant par le Crédit Agricole et Groupama. Ces projets de bassines se font grâce à tout un système, cela doit être prise en compte dans les réflexions comme dans les pratiques.
Prendre en compte les réflexions antispéciste, implique aussi de remettre en question des éléments de l’alliance hétéroclite anti-bassine. Comme la question de la présence des fédérations de pêche qui se préoccupent de la pollution et des manques d’eau car elle pourrait impacter leur loisir meurtrier. Celle de la vienne se range du côté des irriguant, celle des deux-sèvres contre les bassines.
Que les bassines se construisent ou non, il est déjà trop tard pour espérer préserver encore longtemps ce mode de vie privilégié dont la consommation massive de produits animaux est un marqueur. Ce mode de vie est le produit de massacres : passés, présents et à venir. Le refuser dès maintenant, c’est une manière concrète de s’y opposer.
Ces critiques peuvent être posés dans de nombreuses luttes qui peinent souvent à lier le spécifique au général, le local au global, le personnel au structurel. Penser ces liens permet des luttes horizontales, forte, vivante et résistante aux méthodes actuelles de la répression.
Air Rance
Les éoliennes poussent comme des champignons dans le coin, plus Amanite tue mouche que Coulemelle. On nous les vends à toutes les sauces, teintée de vert évidement. L’éolien à le vent en poupe auprès des politiques de tout bords (sauf des pro-nucléaire quand même !), auprès des écolo-capitalistes mais aussi auprès des promoteurs qui y trouvent un bon filon économique. Les éoliennes véhiculent une image mignonne du respect de l’environnement et une jolie solution toute trouvée pour réduire la consommation d’énergies fossiles.
Quelques voix s’élèvent tout de même, à droite et à gauche, pour dénoncer l’enmochissement des campagnes pourtant déjà bien ravagées par l’agro-industrie qui étend ses champs, ses produits de mort et ses hangars à bestiaux à perte de vue. Quelques écolos s’indignent car les pales des éoliennes tuent quelques oiseaux de plus, mais aussi perturbe la nidification et la reproduction de certaines espèces. Quelques riverain.es s’opposent car iels vont directement être impacté.es par le bruit de la nacelle ou du vent dans les pales, par les flash lumineux qui empêchent l’obscurité, par le prix de la maison qui va chuter.
Nous on aimerait porter la voix de celleux qui disent que l’éolien industriel, c’est de l’industrie lourde, polluante, qui va dans le sens d’un monde capitaliste, extractiviste et colonial.
Pour mettre en place une éolienne qui a une durée de vie d’environ 25 ans, il faut raser des forêts (sauf si c’est en plein champ), élargir et refaire des routes pour faire passer des convois géants, excaver et couler 500m3 de béton (ou plus) sous chaque mât. L’éolien industriel, c’est aussi des lignes à haute ou très haute tension (THT) et de gigantesques transformateurs pour envoyer ces mégawatt ailleurs.
« Chaque éolienne contient 600kg de terres rares, essentiellement du néodyme. L’exploitation et le raffinage de ce métal se fait principalement dans la ville de Baotou (en Mongolie Intérieure), surnommée « la ville du cancer ». Les rejets chimiques de cette industrie ont pollué toute la région : l’espérance de vie est désormais de 40 ans et la radioactivité est deux fois supérieure à celle mesurée à Tchernobyl. Chaque éolienne contient également plus de 4 tonnes de cuivre extrait dans les gisements d’Amérique du Sud où des villages entiers sont expropriés par les forces armées pour permettre aux firmes occidentales d’exploiter la richesse du sous-sol et la vie des ouvriers. Pour verdir ici, on noircit là-bas. »1
Les projets d’implantation de ces mégas machines industrielles poussent sans encombre, facilités par le ministère de la transition énergétique, les communes n’ont pas leur mots à dire. La procédure est rapide et simple. Une fois le foncier négocié avec les proprios, des études d’impacts sont réalisées. Suite à quoi le préfet délivre (ou non) l’autorisation environnementale étayée par les conclusions d’une enquête publique. En 2019, entre Poitiers, La Rochelle, Angoulême, Limoges et Guerret on compte une cinquantaine de parcs éoliens déjà en fonctionnement, plus de 75 projets autorisés, une soixantaine en cours d’instruction, et seulement une quinzaine de projets refusés ! On voit que les préfets vont bien dans le sens du vent.
Et ces projets industriels profitent évidement toujours aux mêmes, aux exploitants, qui vont revendre aux états leur énergie soit disant verte à prix d’or. Pour racheter à des prix faramineux cette électricité faut bien que l’état trouve de la thune, quoi de plus simple que de taxer encore un peu plus les consommateurices en leur prélevant notamment la CSPE (Contribution au Service Public de l’Électricité)2. La boucle est bouclé.
A Poitiers on a la joie d’avoir les entreprises Eolise et Ostwind pour mettre en place des projets éoliens dans le coin et ailleurs.
Mais critiquer l’éolien, c’est critiquer l’énergie industrielle dans son ensemble qu’elle soit hydroélectrique ou nucléaire également, mais c’est critiquer surtout le monde pour lequel ces énergies sont produites…
Brochures trouvables sur infokiosque :
1/ Plaidoyer contre les éoliennes industrielles [courte et efficace]
2/ Le vent nous porte sur le système ou comment être anti-nucléaire sans devenir pro-éolien [plus technique]
Assechons l’agro-industrie
Ce samedi 6 novembre à mauzé-le-mignon, tout le monde était au rendez-vous. Les flics et la FNSEA venus défendre en bloc la monoculture, l’élevage, les pesticides et une bassine en construction. Mais aussi les opposant·es qui sont allées rendre inutilisable une bassine déjà construite : démontage de la pompe, bâches découpées et en partie brûlés. Une démonstration en acte du « Une bassine construite, trois détruites » qui à valut une visite matinale de la flicaille à un opposant. Sans oublier les perquisitions et poursuites contre au moins trois autres personnes, dont l’une est accusée d’avoir enrichi le carburant d’une pelleteuse avec du blé.
Les villes de servitude
Une des pratiques de la domination est de verrouiller totalement nos schémas de pensée pour que bien souvent même nos révoltes se déroulent dans la norme. Cette fermeture mentale empêche d’imaginer la possibilité d’un monde autre et donc d’agir pour mettre fin à celui-ci.
Ose-t-on seulement évoquer l’idée que les prisons doivent être rasées, et voilà que dans la tête des personnes avec qui on parle se lève une armée d’objections. Pourtant que l’on y adhère ou pas, il existe de multiples propositions de société sans prisons, certaines existent encore aujourd’hui. Certaines sont juste la continuité de ce monde, en proposant de transformer chaque appartement en cellule grâce aux bracelets électroniques. Celle que nous voulons représente une transformation largement plus radicale, puisqu’il ne s’agit pas de changer la manière de punir, mais de se débarrasser du besoin et de l’envie de punir. Mettre fin au vol en mettant fin à la propriété. Mettre fin aux viols en détruisant la culture du viol et le patriarcat. Mettre fin aux violences racistes en détruisant les races sociales et le colonialisme.
Ce verrouillage des imaginaires est clairement le produit de la propagande constante de l’état, du capital et du patriarcat, qui cherche à faire passer l’être humain comme naturellement mauvais et comme inévitable l’horreur quotidienne. Alors que c’est cette même propagande qui pourrit aussi les individus qui sont comme des éponges dans une fosse septique. À travers les médias, la publicité, les films, les séries et nombre de livres, une production culturelle permanente pour nous empêcher de voir que les rouages qui font tourner cette société peuvent non seulement être arrêtés, mais aussi détruits. Parce qu’on nous cache comment ces rouages ont été forgés et l’entretien constant qu’il demande.
Ce verrouillage mental se retrouve aussi dans le monde que nous parcourons à pied plutôt qu’en pensée. Une des illustrations les plus parlantes, c’est celle de toutes ces petites villes où l’économie repose sur quelques activités du pouvoir.
Comment les 7 200 habitant·es de Saint-Maixant l’école pourrait imaginer un monde sans armée quand toute la ville repose sur l’existence d’un lieu de formation annuelle de plusieurs milliers de bourreaux d’état ?
Comment penser un monde sans nucléaire dans l’ombre menaçante de la centrale de Civaux ? Une centrale qui apporte son lot d’ouvrier·es intérimaires (les plus exposé·es aux radiations) et d’absurdités en tout genre. Comme cette cage géante à crocodiles en plein cœur du poitou.
La ville de Vivonne, c’est 4 300 habitant·es, dont au moins 600 prisonnier·es des geôles de l’état. Et combien des 261 tortionnaires se sont installé·es sur place ? Entre 2009 (construction de la prison) et 2014, la commune est ainsi passée de 3 200 habitant·es à 4 200. L’ancien maire, Maurice Ramblière, ne cesse de se féliciter de la présence d’un lieu de torture et d’exploitation à longueur d’interview dans la presse. Sans contrat de travail, payé·e 1,23€ de l’heure (voir à la pièce), avec des comptes bancaires gérés par l’administration pénitentiaire, il est évident que ce genre de conditions fait saliver bien des employeurs (comme EDF, Renault, Yves Rocher, L’Oreal, Agnes B, Post It, Hachette, JC Decaux et d’autres).
Comment imaginer ce monde sans la prison, quand du voisin·e au buraliste, tous en « profitent » ? Nouvelle ligne de bus, écoles agrandies, trains régionaux augmentés, halle des sports, station d’épuration, et bien sûr une nouvelle gendarmerie.
Des prisons aux casernes en passant par le nucléaire, la domination n’est pas une accumulation de faits séparés. Elle est une immense toile qui partout s’étend.
La domination, ce n’est pas quelques personnes en costume et uniforme qui siègent dans des palais lointains. La domination, c’est aussi un ensemble de structures réparties sur tout le territoire.
Mais la domination est aussi dans la résignation quotidienne. Dans nos tolérances envers celleux qui permettent la reproduction de ce monde.
Et Poitiers dans tout ça ? De quoi la ville aux mille clochers de trop est-elle dépendante ? Ne serait-ce pas de cette tentaculaire université ?
Solidarité avec les rebelles de la forêt
Parce quee nous pensons que la solidarité doit s’affranchir des frontières, nous diffusons cet appel à la solidarité avec une lutte en Allemagne ainsi qu’une photo qui nous est parvenue par mail.
Le 10 novembre a commencé l’expulsion de la forêt de Dannenröder (Allemagne), squattée depuis septembre 2019. La police a attaquée de nombreuses cabanes perchées dans les arbres. Ces cabane, situées sur le couloir de construction du tronçon d’autoroute A49, visent notamment à empêcher l’abattage des arbres et donc à empêcher la réalisation de l’autoroute.
À cause des interventions quotidiennes des flics, plusieurs personnes sont blessées, parfois gravement. D’autres ont été arrêtées et quelques unes ont étés jetées en prison.En envoyant des centaines de flics occuper la zone et procéder à l’expulsion, l’état (propriétaire de DEGES, entrepris e qui construit le tronçon) se met comme toujours au service de ceux qui recherchent à tout prix à faire du fric sur la vie.
Cette décision ne nous surprend pas et réaffirme notre volonté de lutter contre le capital et pour une écologie radicale, sans concessions !
Nous qui vivons en ville, exprimons notre solidarité la plus chaleureuse aux rebelles de la forêt, et n’oublions pas que si nos luttes prennent des formes différentes, elles se retrouvent dans des pratiques communes, celles des groupes auto-organisés, des barricades et des assemblées horizontales, contre l’oppression, l’exploitation, et pour la liberté !
Envoyez vos messages de soutien à solidaritynoborders@@@riseup.net, en précisant si les photos peuvent être publiées sur internet ou juste transmises aux ami.es.
Qui sème la misère récolte une volée de pierres, écolos, déters et révolutionnaires !
Ce n’est pas seulement en Allemagne que les forêts sont rasées pour laisser la place aux infrastructures du capitalisme ou transformées en usine à bois, mais partout dans le monde. Nous pensons notamment aux coupes rases dans la forêt de Scévolles, près de Loudun ou encore à la tentative infructueuse d’installation d’une usine à pellets à Bugeat. Nous n’oublions pas non plus les 13 zadistes condamnés récemment en appel dans la lutte contre le CGO à Strasbourg.