Étude de cas : Animal1st

Réalisé par le Collectif Anti-Rep de Poitiers et Environ (lacarpe.noblogs.org)

Le 28 janvier 2022 se déroulait le procès de neuf militant·es antispécistes de l’association Animal 1st, perquisitionné·es en même temps en juin 2021. Ielles étaient accusé·es de_: tags sur des exploitations agricoles entre 2019 et 2020, de sabotages de miradors de chasse et d’avoir évité à sept agneaux de finir en repas.
L’affaire est le produit de deux ans d’enquête par la cellule Déméter de la gendarmerie. Une cellule crée dans le but explicite de défendre l’élevage, la chasse, les pesticides et la monoculture. L’alliance concrète de la FNSEA et de l’état.
Ce que nous proposons ici, c’est de partir des techniques utilisées par la police et de partager les connaissances permettant de se protéger. Nous nous basons sur une synthèse, sûrement incomplète, des informations sorties dans la presse.

Bornage des téléphones :

Visiblement la gendarmerie a déployé les grands moyens puisqu’elle a analysé les bornages télé-*phoniques sur les lieux des tags. Vu que les cibles sont des exploitations agricoles, il ne devait pas y avoir grand monde, facilitant d’autant le recours à cette technique.
Pour éviter ce genre de désagrément, lorsque l’on part en action on laisse son téléphone/smartphone chez soi ou l’on utilise un téléphone jetable avec une carte SIM anonyme dont on se débarrasse après l’action.

Identification de l’ordinateur :

Les gendarmes ont été aussi capables de montrer que les photos des tags avaient été diffusées depuis les ordinateurs de certain·es accusé·es. On ne sait pas si cela s’est fait à partir de l’adresse IP (chiffre unique correspondant à chaque accès internet), l’adresse MAC (chiffre unique correspondant à chaque ordinateur/tablette/*smartphone), les métadonnées des fichiers ou autres.
Pour ce protéger de cela on peut utiliser le système d’exploitation Tails. Grâce à l’utilisation du réseau TOR, notre adresse IP demeure inconnu des sites sur lesquels on se connecte. Tails modifie aussi notre adresse MAC afin de nous rendre anonyme. De plus Tails permet facilement et rapidement de supprimer les métadonnées de documents : photos, vidéos, document texte, pdf…
De plus, utiliser un ordinateur sous Linux en chiffrant *le contenu du disque dur empêche la police d’accéder aux informations qu’il contient.

Preuves matériels :
Lors de la perquisition à leurs domiciles, des carnets contenant des cibles potentielles et slogans tagués sur les élevages ont été retrouvés.
Il est important de se débarrasser des preuves matérielles qui nous lient à des actes répréhensibles. Attention aux doubles « fantôme », imprimés sur les surfaces où vous avez écrit, qu’il s’agisse d’un bureau en bois ou de blocs de papier.
Il aurait été aussi possible de garder ces informations dans un document numérique chiffré. Par exemple dans la section « persistante » d’une clé Tails. Que l’on peut supprimer définitivement en utilisant l’option « écraser » dans tails.
Les flics ont aussi réalisé des moulages des empreintes de bottes et des analyses des peintures des tags mais on ne sait pas si ils en ont fait quelque chose.

Protocole garde à vue :

Face aux juges, les accusé·es n’ont reconnu leur participation à aucun des faits tout en défendant la justesse des actions dont ielles étaient accusées. De plus ielles ont visiblement gardé·es le silence en garde à vue. C’est une ligne de défense efficace que nous vous conseillons de suivre.

Surveillance :
Les antispécistes ont été l’objet d’une surveillance policière particulière_: filatures, épluchages de relevé téléphoniques, des comptes bancaires et des aides sociales. Il est important de développer une véritable culture de la sécurité, de privilégier les échanges anonymes ou à l’oral et d’utiliser de l’argent liquide pour les achats de matériel.

Conclusion
L’état a déployé les grands moyens pour condamner ces personnes et chercher ainsi à affaiblir un mouvement antispéciste qui prend de plus en plus d’ampleur. Mais malgré les moyens déployés par la répression, la mise en place de certaines pratiques de sécurité auraient compliquée voir rendu impossible la tâche de la répression. N’oublions pas que le temps que les flics passent sur une affaire, c’est autant de temps qu’ils ne passent pas sur d’autres.

La pelleteuse

Parfois les pelleteuses s’enflamment, comme en juillet 2021 à Saint-Sauvant, retardant ainsi le démarrage d’un chantier de bassines. Parfois, comme le 22 juillet 2019 à Bouresse, elles se renversent et tuent. Ce jour là, un ouvrier est mort écrasé par une chenille de la pelleteuse lors de l’effondrement du tas de gravats sur lequel il était avec deux de ses collègues. Mais la responsabilité de sa mort repose surtout sur l’avidité de son employeur, Pierre Barrier (dirigeant de la coopérative STPR de Pleuville). En effet, celui-ci a confié le travail de démolition à des personnes non formées malgré les dangers évidents. De plus cet exploiteur n’a pas respecté les règles de sécurité minimales, ment pour se couvrir et fait porter la faute à la victime de sa cupidité. « On aurait pu avoir trois morts, constate la procureure. Il faut envoyer un signal fort aux employeurs. » en demandant 10 mois de prison avec sursis lors du procès en correctionnel le 10 mars 2022.

Le 25 mars, une personne qui avait siphonné le réservoir d’un autobus reçoit 4 mois de prison ferme lors de son passage devant le tribunal correctionnel.
Ces deux affaires mises en parallèles nous rappellent que dans la guerre social, celle où nous comptons nos morts en espérant voir exploser en vol leurs jets privés, l’état est un ennemi au même titre que la bourgeoisie.
Les 1 100 personnes qui meurent chaque année au travail et les nombreuses autres dont le corps est irrémédiablement détruit ne sont pas victimes d’accidents. Elles sont les victimes d’un système où la richesse des uns se construit sur les cadavres des autres, des mines d’uranium au niger aux usines de confection en thaïlande. Et si nos pratiques illégales de survie sont si sévèrement punis, c’est bien pour nous contraindre à gâcher nos vies pour les profits de la famille mulliez ou autres capitalistes.

Mais les anarchistes ne votent pas ?

Texte d’Alfredo M. Bonanno publié la première fois en italien dans le n°29 de Canenero *(2 juin 1995). Traduit et publié en français par le site Attaque en mars 2017.

Se dire anarchiste veut dire beaucoup, mais cela peut aussi ne rien vouloir dire du tout. Dans un monde d’identités faibles, quand tout semble s’estomper dans le brouillard de l’incertitude, se considérer anarchiste peut être une manière comme une autre de suivre un drapeau, rien de plus.
Mais parfois l’anarchisme est une étiquette inconfortable. Il peut te mettre des questions dans la tête, auxquelles il n’est pas facile de répondre. Il peut te faire remarquer les étranges contradictions de ta vie_: le travail, le rôle que la société t’a imposé, le statut auquel toi-même tu participes, la carrière à laquelle tu n’arrives pas à renoncer, la famille, les amis, les enfants, le salaire en fin de mois, la voiture et la maison dont tu es propriétaire. […]
Si quelqu’un pose des problèmes, pas tellement avec sa langue plus ou moins acérée, mais avec les choses qu’il fait, en mettant en danger cette position rassurante, cette sensation de protection, de se sentir comme chez soi, alors nous le rappelons à l’ordre, en lui listant au grand complet les principes de l’anarchisme, auxquels nous restons fidèles. Et, parmi ceux-ci, il y a celui de ne pas aller voter. Les anarchistes ne votent pas, sinon quels anarchistes seraient-ils ?
Tout est bien clair et lisse. Et pourtant, notamment ces derniers temps, ont été avancées des objections, des perplexités.
Quelle signification y-a-t-il dans le fait de ne pas aller voter ? Il existe une signification, ils ont répondu en chœur, spécialement parmi les plus âgés. Parce que voter c’est déléguer et les anarchistes sont pour la lutte directe. Joli, dirais-je, très joli.

Mais quand cette lutte consiste seulement dans le fait de témoigner de ses principes (donc également son abstentionnisme), et rien de plus, quand cela consiste dans le fait de se retirer en étant mal à l’aise quand quelques compagnons décident d’attaquer les hommes et les réalisations du pouvoir, ou bien consiste dans le fait de rester silencieux face aux actions des autres, quand c’est cela la lutte, eh bien, alors autant aller voter.
Pour ceux qui considèrent l’anarchisme comme le tranquille gymnase de leurs opinions (et de celles d’autrui) sur un monde qui n’existe pas – et n’existera jamais – tandis que pour eux les jours se suivent l’un après l’autre dans la grisaille monotone des matins tous identiques, des gestes tous identiques, des travaux, affects, hobbies et vacances tous identiques, pour ces derniers, quel sens y-a-t-il à s’abstenir, si ce n’est de réaffirmer, à peu de frais et avec assez de clarté, leur identité anarchiste ? Cependant, à bien y regarder, si leur anarchisme est seulement cette enseigne poussiéreuse et ridicule, dans un terrain de certitudes monotones et escomptées, il vaut mieux se décider à aller voter. Leur abstention ne signifie rien.
Ils pourront sans problèmes voter aux présidentielles, et aussi aux élections locales. A bien y réfléchir, ils pourront ainsi choisir de défendre un morceau de démocratie qui, à bien y regarder, est toujours mieux qu’une dictature qui remplirait les stades et les camps de concentration, dans l’attente de dresser des listes de proscription.[…] On ne rigole pas avec certaines choses, mieux vaut courir voter, spécialement dans une période dans laquelle des millions de personnes ne semblent pas comprendre la valeur des élections. L’abstention à des millions n’a plus de sens anarchiste, […]
Il reste de nombreux autres anarchistes. Il reste ceux pour lesquels leur anarchisme est un choix de vie, pas une conception à opposer, dans un tragique et insoluble oxymore, aux mille problèmes d’apparence que la société codifie et impose.
Pour ces compagnons, l’abstention est seulement une des nombreuses occasions de dire « non ». Leur action anarchiste se réalise dans bien d’autres faits et ce sont justement ces faits qui donnent une lumière et une signification différente à cette façon de dire « non ».

« Il pleut des lames sur les bassines »

Deux bassines ont été sabotées (découpage de la bâche d’étanchéité) en ce début mars. Simon Baille-Barrelle et Luc Tomowiak, propriétaires d’une des bassines ciblées (située au lieu-dit Les Bouilleaux, à Nouaillé-Maupertuis), devront sortir 25 000 € pour continuer à accaparer l’eau. L’autre bassine appartient à l’entreprise Pampr’oeuf (Pamproux) dirigée par Stéphane Nérault, une véritable usine à œufs (l’entreprise produit 1 milliard d’œufs par an et détient 20_% du marché des œufs à coquille français). Les poules passent leurs existences dans des cages exiguës au sol grillagé, sans jamais voir la lumière du jour et au milieu des cadavres de leurs congénères. Comme dit dans le numéro précédent_:
« Si les bassines sont tant défendues, c’est parce qu’elles sont un des maillons clés de l’agriculture industrielle et de l’élevage. Derrière les grands céréaliers se trouvent les éleveurs qui utilisent le maïs fourrage, les laiteries et abattoirs qui transforment les cadavres et les sécrétions issus des stabulation… Et les banques qui fournissent les liquidités, huilant ainsi tout les rouages.
Une chaîne qui va des bassines de Mauzé-sur-le-Mignon à l’entreprise Bonnilait à Chasseneuil du Poitou en passant par le Crédit Agricole et Groupama. Ces projets de bassines se font grâce à tout un système, cela doit être prise en compte dans les réflexions comme dans les pratiques. »

De plus comme le rappelle le communiqué d’action du Comité exécutif de la direction régionale de protection de l’eau (DRPE), les bassines sont financées à 70_% par l’état.
Un état visiblement très fâché que les bassines se fassent attaquer, puisque c’est devant un lieu de réunion du collectif « Bassines non merci ! » qu’à été trouvé une caméra militaire reliée à un routeur Pepwave et des batteries en lithium Accuwatt. Le tout sous un filet de camouflage.
Visiblement l’état est très curieux de savoir ce qui se trame dans ces réunions, et il ne serait pas étonnant que d’autres dispositifs de surveillance (écoutes, micros, filatures…) ciblent les opposant·es à l’agro-industrie. N’est pas précisément pour cela que l’état à mis en place la cellule de gendarmerie Demeter ?

P.S. :
Les deux communiqués de la DRPE :
AVIS DE DÉCISION – Comité exécutif de la direction régionale de protection de l’eau (DRPE)
IL PLEUT DES LAMES SUR LES BASSINES – Rapport d’exécution reçu le 2 mars 2022 à la DRPE

Voyeurisme d’état

Depuis le dimanche 27 février, Libre Flot, enfermé à l’isolement depuis le 8 décembre 2020 est en grève de la faim afin d’obtenir sa remise en liberté. Si Libre Flot subit cette torture blanche qu’est l’isolement carcéral, c’est parce que les petites mains de la DGSI ont tissé un filet pour les piéger, lui et 6 autres compas, à partir d’éléments volés de leurs vies. Son engagement aux côtés des combattant·es du Rojava contre l’état islamique devient une excuse pour l’enfermer. Comme l’utilisation d’applications chiffrées, la possession de deux fusils de chasse, des parties d’airsofts entre connaissances ou le fait de s’amuser avec des pétards à la campagne. Mais les fins brodeurs de la DGSI n’ont pas encore fait fuité si les inculpé·es utilisent des jerrycans d’essence pour alimenter leur tondeuse à gazon, préfèrent les films avec des explosions aux discours de macron.
De nombreux éléments disparates d’une vie qui, grâce aux talents de romanciers des barbouzes et des journaflics, prennent un sens nouveau et deviennent matières à procédures judiciaires. Des éléments obtenus grâce à un dispositif d’espionnage conséquent_: filatures, installation de micros jusque dans les chambres, écoutes téléphoniques…
En l’absence de tout projet d’action concret, ce qui est principalement reproché à Libre Flot, c’est sa détestation de la police et son refus de continuer à subir sans réagir la domination policière mais aussi son désir d’une société débarrassée de toute domination. Plus qu’une personne, c’est le mouvement anarchiste que l’état cible.
Car les inculpé·es du 8 décembre ne sont pas les seules personnes ciblées par la répression et la surveillance. Au cours du seul mois de mars, le gouvernement lançait une procédure de dissolution à l’encontre du Groupe Antifasciste Lyon et Environs (GALE) pour avoir appelé à des manifestations non-déclarées, relayés un appel à action contre les empoisonneurs de Bayer-Monsanto et avoir relayé des slogans anti-police. Quelques mois avant, c’était le site d’information Nantes Révoltée qui était menacé de dissolution par le gouvernement. Le 29 mars 2022, un micro de flic est retrouvé dans la photocopieuse de la bibliothèque anarchiste Libertad à Paris.
Ces affaires ne sont pas en soi des surprises. Depuis que les mouvements anarchistes existent, les états essayent de les briser par tous les moyens.
Au-delà de la volonté d’écraser celleux qui résistent au totalitarisme de l’état, du capital et du patriarcat, il s’agit d’empêcher d’imaginer un monde débarrassé de ces nuisances que l’on ne cesse de nous présenter comme nécessaire ou inévitable_: de la police à la famille, du travail à l’armée, de la prison aux frontières, des violences sexuelles au nationalisme.
Continuons d’agir pour que nos insatiables rêves de liberté deviennent nos réalités. Par les mots et par les gestes, faisons vivre l’anarchie. Trouvons des moyens de continuer à tisser nos complicités loin d’appareils électroniques qui peuvent à tout moment devenir des mouchards de l’état.

Secu #2 Se préparer à ….

On écrit à l’impératif, c’est plus court, direct, ça ne veux pas dire pour autant que c’est un ordre. Ça reste des conseils mais si tu prends des risques, ne les fait pas courir aux autres, stp.

SE RETROUVER
Pour parler tranquillou, on vous conseille d’éviter les endroits surveillés (résidences, centre commercial, caméra, local anar), où vous pourriez être observé.es en groupe (parc, place), les endroits d’où l’on peut vous voir entrer et sortir en groupe et où quelqu’un·e pourrait entrer inopinément. Si vous êtes peu ça peut se faire en marchant, sinon dans un bâtiment public où il est possible de se mettre à l’écart (salle d’étude de bibliothèque, classe, arrière salle d’un café de pote) ou en extérieur si c’est possible de s’isoler voir même de partir en balade. Le mieux c’est de varier les endroits où vous vous retrouvez, d’éviter la routine.

LIENS ENTRE LES PERSONNES
Depuis votre téléphone, il est très facile d’avoir la liste des numéros composés et de l’utiliser pour établir des connexions entre les gens ; pareil pour vos mails surtout s’ils ne sont pas chiffrés de bout en bout ou au minima avec des boîtes mails « sécurisées » (riseup, proton mail, tutanotta…).
Les réseaux sociaux sont magiques, ils te disent déjà qui est pote avec qui ! Trop facile.

DÉPLACEMENTS
On sait ou tu es passé si tu utilises ta carte bancaire. Les données de ton GPS de smartphone ou de bagnole sont aussi utilisables, regarde comment l’éteindre. Ton téléphone en bornant aux antennes trace aussi des itinéraires plus ou moins précis selon la couverture des zones ou tu vas.
La voiture et sa plaque d’immatriculation sera repérée aux péages, si tu te fais flasher a un radar, ou avec les caméras en tout genre sur la route, voies rapides, en ville…

DOCUMENTS PAPIER
Sachez où se trouve chaque document qui pourrait vous incriminer et détruisez-les dès que possible. Le mieux est d’utiliser votre mémoire. Vos poubelles peuvent être fouillées. Pour faire disparaître le papier ya le feu ou l’eau en en faisant de la bouillie.
Assurez-vous de ne laisser aucun double «_fantôme », imprimé sur les surfaces où vous avez écrit, qu’il s’agisse d’un bureau en bois ou de blocs de papier.

EMPREINTES
Une empreinte est une marque laissée par un objet sur une surface ou un autre objet. Ça peut être celle de tes semelles, de la tête du marteau, de tes gants (texture du cuir, du plastique, maillage du tissu)…
Le mieux est de se débarrasser de tout ce qui peut laisser des traces identifiables ou de ne rien toucher mais souvent c’est compliqué (le sol au minima). Selon le degré de risque à toi de choisir ce qui craint ou pas et d’utiliser plutôt des objets, vêtements, protections… dont tu peux te séparer facilement.
Les flics vont chercher des traces autours des lieux, mais iels ne peuvent pas fouiller toutes les poubelles de la ville non plus, à toi d’évaluer le risque des objets que tu jettes.

EMPREINTES DIGITALES
Les empreintes digitales passent à travers les gants fin de type latex, et on peut aussi laisser des traces à l’intérieur de ceux-ci. On peut laisser des empreintes même sur du tissus, du bois, pq, la peau de quelqu’un.e… Attention au scotch, ça ne pardonne pas !
Pour nettoyer un objet des empreintes digitales, on cherche à dégraisser sa surface. Pour ça, on peut utiliser une éponge et frotter bien bien avec un peu d’acétone et frotter, frotter, bien frotter. La chaux mélangée au vinaigre blanc est censée dissoudre les graisses aussi.
Sur les surfaces métalliques c’est plus compliqué. L’oxydation sur le métal (par exemple, le fer rouillé) aura la forme des motifs du bout des doigts, il va falloir poncer au papier de verre la surface à nettoyer.

Lectures revanchardes

• Les orageuses / Marcia Burnier / ed. Cambourakis

C’est un petit bouquin, qui fait autant du bien qu’il tape là où ça fait mal, au cœur de l’hétérocispatriarcat. Sans trop être enrobé de fioritures, voir presque pas assez (on aimerait parfois en savoir un peu plus sur les personnages), on suit des bribes de vies reliées par une même envie. Une envie de vengeance, de violence collective par celleux qui se sont fait marcher dessus. Ça ne parle que de cela, un peu des dérives, des doutes aussi. Et ça fait du bien dans une fiction, d’avoir ce point de vue, celui des survivant.es amoché.es mais pas victimisé.es, et cette perspective, celle qui nous redonne la force et la capacité d’agir surtout quand on est épaulé.es.

Toute rage dehors/ infokiosque.net

Tu trouveras une compil de textes mettant en mots des actes de ripostes et de vengeances concrètes. Des mots de colère, de frustration mais aussi de joie et de plaisir. Ça va du récit d’expérience perso au communiqué d’action collective. Pour donner des idées, des envies, des moyens d’agir contre celleux qui perpétuent et profitent de la domination sexiste. Mais aussi pour nous questionner dans notre propre rapport au conflit, à la violence et faire notre chemin perso là dedans sans suivre une voie toute tracée.

J’ai perdu tout espoir

J’ai perdu tout espoir qu’un jour ce monde change réellement. J’avais déjà perdu celui qu’on puisse le changer par la démocratie, mais j’ai perdu récemment celui qu’on le change par l’extérieur de la démocratie. L’espoir est la laisse de la soumission, disait l’autre.

Pourquoi donc ça me rend si triste ? Parce que l’espoir est aussi la branche sur laquelle j’avais juché mes plus précieux rêves de soulèvement, et qu’en la sciant ils se sont brisés. Et je me trouve là, seule devant l’immensité du néant. Et il n’y a aucune racine qui ne survive à l’abattage du tronc.
Me voilà donc démuni, entre l’effondrement de ma vision fantasmée d’un futur potentiel et ma compréhension du passé qui s’effrite à sa suite. Enfermé dans le « no future » des punks, tant décriés par les spécialistes politiques d’un « milieu radical » quelconque. Je me retrouve à poil au centre d’un monde qui me fait gerber, des militaires aux assistants sociaux, des capitalistes aux pacificatrices qui ne font que frustrer ma rage en temporisant son expression jusqu’à nouvel ordre.

Mais pourquoi attendre encore lorsqu’on a réalisé qu’il n’y a rien à attendre ? Et pourquoi ne dit-on pas qu’on a perdu cet espoir alors que plus personne n’ose vraiment croire à un grand basculement possible ? Parce qu’on n’ose pas s’avouer qu’on a toutes eu la même idée ? Qu’on préfère se rassurer en propagandes sur l’insurrection qui n’en finit plus de venir ? Qu’on n’ose pas vraiment tirer les conclusions qui s’imposent après la perte de cette illusion ? Que finalement on partage l’idée naïve que répéter à l’envi un slogan résolument mensonger peut le rendre vrai, et que tout le monde se mette réellement à détester la police ?

On essaie de parler aux opprimées pour politiser leur révolte, ou aux gens politisés pour qu’ielles se révoltent. Mais on ne se demande même pas pourquoi ce qui nous semble être l’évidence représente pour tout le monde un non-sens évident.
Pourquoi même consacre-t-on tant d’énergie à cette vaine tentative de persuasion ? On méprise le verbiage condescendant de celleux qui cherchent à « massifier le mouvement », mais on s’imagine apparemment que les attaques diffuses et anonymes vont parler à des complices potentiels et se multiplier. Si l’anonymat limite assez certainement l’apparition de spécialistes de l’attaque, est-ce qu’il n’y a pas, dans notre hallucination collective à voir des complicités révoltées partout, la persistance tenace d’une croyance qu’un jour ces complices imaginés se soulèveront pour détruire ce qui les détruit ?

Et si on n’y croit pas réellement, mais qu’on continue de prêcher la mythologie de la révolution insurrectionnelle, est-ce qu’on ne fuit pas notre confrontation avec l’absurde ? Si on tente de convaincre d’autres que cette révolution/insurrection va venir, sans y croire nous-mêmes, qu’est-ce qui nous distingue des pires charlatans, promoteurs sans relâche de la marchandise et du Spectacle ? Et qu’est-ce que cela révèle sur notre rapport aux autres et sur notre humilité, lorsqu’on essaie de faire croire à d’autres ce à quoi nous ne croyons même plus nous-mêmes ?

S’il n’y a rien à espérer, pourquoi conserver de tels vestiges du catéchisme révolutionnaire ?
Et comment imagine-t-on répondre à celles et ceux qui en voudront aux évêques de l’insurrection, lorsqu’on les tiendra pour responsables de la souffrance endurée lors de la disparition de ces rêves impossibles ?

Si on a pu être séduites par ce refus catégorique d’attendre sagement la réunion des conditions objectives, pourquoi nous sommes-nous alors empressées d’élaborer des stratégies théoriques, qui ne sont finalement que de nouveaux prétextes à la patience et à l’inaction ?

J’en ai marre de me trouver des prétextes. J’en ai marre d’essayer de convaincre d’autres de ce à quoi je ne crois plus. J’en ai marre d’être sans cesse déçu par ces mouvements qui meurent et tout ce monde qui revient si facilement à la normalité.

La triste réalité me dit que je ne suis que quelques-unes, au beau milieu d’une foule de résignations accumulées. Je n’ai rien d’autre que mon corps, et au-delà de ma mort il n’y a rien. Ni Dieu, ni Euromillions, ni Révolution, ni Insurrection.

La survie quotidienne n’a rien à voir avec ce que j’appelle vivre. La vie sérieuse des adultes responsables me répugne, car je veux rester un vilain garnement. Leurs principes et leur vivre-ensemble puent la charogne, parce qu’ils consistent surtout à toujours supporter dans la douleur, sans réagir. J’emmerde le stoïcisme et leur pieuse religiosité, j’ai pas envie de m’autodétruire en laissant ce monde me dissoudre peu à peu.

Ils veulent m’anéantir en me rendant prévisible, en me surveillant dans la rue, en traçant mon téléphone, en supprimant les recoins et les virages, limitant ainsi les possibilités d’embuscade ; en fixant solidement le mobilier urbain au sol et en remplaçant les pavés par des grandes dalles indestructibles ; en délimitant scrupuleusement les espaces et les pratiques autorisées, tout ce qui sort de ce cadre étant blasphème ; en nourrissant ma peur des châtiments infligés à celleux qui franchissent la ligne qu’ils ont tracée pour que je réprime moi-même mes désirs singuliers.

Mais je sais aussi que rien de vivant n’est prévisible et que je refuse de mourir de l’être.

Si je tiens tant à vivre, c’est pour ces rayons de soleil qui percent les sous-bois, pour l’embrasement de cette voiture de flics, pour le son de cette vitrine qui éclate, mais surtout pour la sensation de celle qui serre le marteau lorsqu’il traverse le verre, pour le frisson qui me traverse lorsque j’allume la mèche, pour la sensation de ton sexe qui jaillit par saccades dans le fond de mon rectum, pour les pas feutrés et nocturnes dans mon nouveau chez-moi, pour la chaleur enveloppante de l’amitié qui m’envahit lorsque je pense à toi, pour mes larmes irrépressibles à l’annonce de ton incarcération, pour tous ces fous-rires incontrôlables et ces orgasmes fulgurants qui se gravent dans ma mémoire.

J’ai perdu tout espoir de voir un jour ce monde rêvé dont on m’a tant chanté les louanges et qui me permettrait de vivre dans l’harmonie avec mes semblables, en l’absence de tout pouvoir et de toute autorité. J’ai perdu tout espoir que ce monde soit réellement détruit, que je vive cette fameuse révolution.

Mais cet espoir était un mirage artificiel qui camouflait bien mal les ravages qui s’annoncent.

Aventurière dans la fourmilière, à la recherche d’une vie vraiment vécue, je ne crois plus en rien et je vivrai tout.

france, novembre 2016

texte trouvé sur attaque.noblogs.org et qui nous a parlé

Les petits colibris de l’extrême droite

Pour se diffuser les idées ont besoin de mots. L’extrême-droite, la droite, ou plutôt toutes les personnes ne reconnaissant pas l’existence des oppressions systémiques et ne luttant pas contre, mettent en place des termes pour véhiculer leurs idées de merde. On a vu fleurir le concept de théorie du genre, de cancel culture, d’islamo-gauchiste… On les retrouve dans les discours des policien·nes et relayé dans leurs médias. Mais malheureusement leur diffusion ne s’arrête pas là, et tels des petits colibris de l’extreme-droite, les mots et les idées sont reprises dans tous le spectre politique, chacun·e faisant sa part pour les rendre acceptables. La droite n’est pas en reste, elle reprend à sa sauce des concepts (l’affiche « liberté » de marine le pen) et revisite l’histoire sans aucun problème (théories révisionnistes en plus des faits habituellement passés sous silence). Il n’y a plus de vérité des faits, les mots sont vidés de leur sens et des théories improbables sont acceptées. Dans cette confusion ambiante, il nous parait important de ne pas céder à cela et donc de ne pas accepter des discours confus peu importe d’où ils viennent.

La cancel culture est une expression fourre-tout, inventée par la droite américaine pour disqualifier certaines revendications en matière de justice sociale. C’est un ensemble de réponses à l’impunité des dirigeants et à l’effacement des dominations. Et pourtant la cancel culture fait aussi peur à gôche (charli hebdo par exemple qui a peur de la censure populaire). Quand les personnes qui se font marcher dessus décident de dénoncer et d’agir sans avoir recours au système judiciaire que l’on sait complice des gens de pouvoirs, c’est la panique. Quand on boycotte le film d’un violeur ou qu’on toy un graff qu’on trouve nase, c’est la panique. Quand on veut dégager une statue de colon esclavagiste, c’est la panique. Que ce soit sur internet ou dans la rue ces « annulations » sont un moyen d’action face aux puissan·es.
L’acheter français gangrène certains cerveaux. Derrière ces mots n’y a-t-il pas des relents de protectionnisme nationaliste. Le silp français n’est-il pas produit par des travailleureuse francais·es exploité·es. L’usine en france n’est pas plus reluisante que celle en pologne. On a envie de crier au PCF que sont des exploité·es où qu’ielles soient.
Le mot migrant.e a remplacé sans papier. Une manière de reporter les problèmes sur leur passage alors que ce qui est merdique ce sont ces frontières étatiques et ces bouts de papier appelé carte d’identité qui te donne des avantages de passage ou te relègue dans les marges.
La théorie du genre, est une expression créee pour décrédibiliser la prise en compte du genre dans la sociabilissation des gosses. Attention à vous, la « théorie du genre » va transformer les filles en garçons et les garçons en filles, avec une idée très précise de ce qu’est une fille ou un garçon (entre les deux rien n’existe évidement !). Comment un concept comme celui là a pu se retrouver au programme d’une discussion à la grotte, à poitiers, un lieu ou les personnes se reconnaissent plus dans les squatteureuses que dans les huissiers ? Une des luttes de la manif pour tous est crédibilisée dans le milieu libertaire et se diffuse tranquillou, sans questionnement sur l’origine de cette théorie fumeuse.

Les mots engendrent la mise en place de pratiques. Cela amène souvent à des phénomènes d’exclusions, de rejet et de stigmatisations des minorités.
On peut parler du courant « féministe » TERF (trans exclusionary radical feminism), qui ne se revendique pas toujours ouvertement sous cette appellation, mais qui, par des pratiques et des oublis volontaires excluent les meufs trans des luttes féministes. Radicale oui, dans certaines de leur action, mais pour nous la radicalité, c’est de lier toutes les luttes et les causes des oppressions. Les TERFs basent les oppressions sexistes sur le vécu d’un corps féminin stéréotypé (reproducteur, avec des organes génitaux femelle binaire) et invisibilisent le sexisme vécu par les trans. Nous pensons que le sexisme est lié au genre que nous performons, perçu par la société. Que ce soit des féminismes aux anarchismes, n’importe qui se doit de se questionner sur, qui iel oubli, qui iel stigmatise.

Sur cette question de l’oubli, il y a une marge de tolérance face à des personnes n’ayant jamais été confrontée ces questions. Seulement, jusqu’où va l’ignorance ? Nous ne pensons pas que les Terf oublient, car elles se confortent dans cette exclusion, nous ne pensons pas que les anti-tec actuels comme PMO oubli que leurs propos sont validistes et sexistes, car cela leur a déjà été dit et que rien ne change dans leurs discours, nous ne pensons pas que les habitants légalisés et propriétaires de l’ex-zad de nndl est oubliés dans la lutte les personnes faisant le choix (ou étant contraint) d’occuper illégalement. L’oubli a bon dos pour mettre des questions de côté ou des gens, des choses que l’on trouve plus facile d’omettre, car cela colle mieux à des théories ou parce que cela facilite des pratiques.

On trouve ça dégeux de piocher tranquillement ce qui nous arrange ou des idées créées par la droite et de s’opposer farouchement à d’autres, c’est comme s’il y avait les mots de haines tolérables et ceux qui ne le seraient pas. Et donc on continuera à s’opposer à tous ces discours, à toutes les personnes qui les diffusent, qu’ielles brandissent un drapeau noir, rouge, violet ou bleu/blanc/rouge.